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Posts Tagged ‘déchirure’

LE LIEU MIRACULEUX DE L’AMOUR (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 8 février 2023




    
L’amour nous annule

LE LIEU MIRACULEUX DE L’AMOUR

Si intimement pareille à qui j’étais,
révolté dans le malheur d’exil.
Ton présent, miroir encore de mes jours passés,
et moi soudain loin d’eux
pour me soustraire aux déchirures dont ton amour m’a guéri,
nous avons aveuglé les miroirs
et nous nous reconnaissons dans la même buée,
compagnons d’un pays où nous avons su nous perdre,

(André Frénaud)

Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard

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J’attends le printemps (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2022



« Vous cherchez du côté du plus grand…
C’est tellement plus simple : J’attends le printemps.
Ce que j’appelle le printemps n’est pas affaire de climat ou de saison.
Cela peut surgir au plus noir de l’année.
C’est même une de ses caractéristiques :
Quelque chose qui peut venir à tout moment pour interrompre, briser
– et au bout du compte, délivrer.

Le printemps n’est rien de compréhensible
– c’est même ce qui lui permet de tenir dans trois fois rien
– un bruit, un silence, un rire.

Il se moque de conclure.
Il ouvre et ne termine jamais.
Il est dans sa nature d’être sans fin.

Ce que j’appelle le printemps ne va pas sans déchirure.
C’est une chose douce et brutale.
Nous ne devrions pas être surpris de ce mélange.
Si nous le sommes, c’est que la vie nous rend distraits.
Nous ne faisons pas assez attention.

Si nous regardions bien, si nous regardions calmement,
nous serions effrayés par la souveraineté de la moindre pâquerette :
elle est là, toute bête, toute jaune.
Pour être là, elle a dû traverser des morts et des déserts.
Pour être là, toute menue,
elle a dû livrer des guerres sans pitié.

Ce que j’appelle le printemps est une chose du même ordre…

Dans le printemps, rien de tranquille ni de gagné d’avance.
Lorsqu’il arrive, nous ne nous y retrouvons plus.
Presque rien n’a changé et ce presque rien change tout.

Nous nous accoutumons trop vite à ce que nous avons.

Dieu merci, le printemps vient remettre du désordre dans tout ça.
Nous découvrons que nous n’avons jamais rien eu à nous,
et cette découverte est la chose la plus joyeuse que je connaisse. »

(Christian Bobin)

 

 

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PLUS TRANSPARENTE QU’UNE GOUTTE D’EAU… (Marc Rombaut)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022



Illustration: Egon Schiele
    
PLUS TRANSPARENTE QU’UNE GOUTTE D’EAU…

Plus transparente qu’une goutte d’eau
tu brilles de ton sexe déployé.
Tu es un fleuve blessé, tu es le jour
qui dispense l’air, tu brûles les mots
morts et les mots tu les traverses avec ton ventre.
Tes seins se gonflent au vertige de mes mains. Jambes
ouvertes, tu dispenses le miel et la braise, je m’habille de
ta chair et je me répands en toi, femme. Nous habitons
une déchirure que le soleil et l’eau polissent lentement
pendant que nos corps émigrés dans les caresses s’inventent
leur écriture.

(Marc Rombaut)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Certains jours (Bernard Mazo)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2021



 

Certains jours
plus noirs
que la nuit
la plus noire

on ne sait plus
que faire
pour survivre

on voudrait peut-être
tout simplement
demeurer là
terrés
à ras des choses

loin très loin
de la vie meurtrière

à ne plus bouger
à ne plus parler

à enfin oublier
la déchirure béante
de nos rêves calcinés

(Bernard Mazo)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 
Illustration: ArbreaPhotos

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Sens (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 1 juin 2021



Par la déchirure du sens
dans l’éternité sans vocables

(Henry Bauchau)

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Le coeur se mange cru (Hubert Nyssen)

Posted by arbrealettres sur 27 mai 2021



Videz l’amour
réservez le coeur
salez poivrez l’intérieur
puis ajoutez le songe
une coquille d’amertume
cousez les déchirures
bridez les ailes
disposez sur le feu
retournez quatre fois
à l’heure des marées
faites dorer la plage
canapé sur le quel
vous servirez l’amour.

Le coeur se mange cru.

(Hubert Nyssen)

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L’AURORE (Volker Braun)

Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2020



Torino Zigler
    

L’AURORE

Chaque pas que je fais encore
ouvre en moi une déchirure.

(Volker Braun)

 

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean-Paul Barbe et Alain Lance
Editions: Gallimard

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L’envie de vivre (Gérard Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2020



Illustration: Flo DS
    

L’envie de vivre
S’écoule lentement

Derrière les pierres
Une mer d’écritures

Que les vagues effacent
Sous la vague céleste

Est-ce le désir
Qui brouille les cartes

Être le seul n’importe
Cousu dans la déchirure

Dans le grain de poussière
Je trouve mon paradis

Se taire et trembler
Dans l’exubérance des voix

(Gérard Lemaire)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Un poète à hauteur d’homme
Traduction:
Editions: du Contentieux https://lecontentieux.blogspot.com/

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Simple (Raymond Carver)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020




    
Simple

Une déchirure dans les nuages. Le bleu
du contour des montagnes.
Jaune foncé des champs.
Noir de la rivière. Qu’est-ce que je fais ici,
seul et plein de remords ?

Je continue distraitement de manger le bol
de framboises. Si j’étais mort,
penses-y me dis-je, je ne serais pas
en train de les manger. Ce n’est pas si simple.
C’est tout simple.

(Raymond Carver)

 

Recueil: Poésie
Traduction: Jacqueline H. jeem-Pierry Carasso et Emmanuel Moses
Editions: De l’olivier

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Alors passe, in-attendu, l’ange (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2020


Plume

 

Non corps à corps
Mais âme à âme

N’annulant nullement chair et sang
N’évacuant ni source ni flamme

Laissant cependant circuler l’air
La brume, la vapeur, éclair et tonnerre

Bourrasque et averse, ardente déchirure…

De la vallée du manque montent à présent
Les choses par l’azur aspirées

La lumière envahit tout l’intervalle
Propageant haleine d’embruns et saveurs d’algues

Le lointain est l’envol des pétales
Eperdus de vent

Et le proche l’écho d’une louange
Au nid éclaté

Alors souffle le juste Vide médian
Alors passe, in-attendu, l’ange

(François Cheng)

 

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