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Poésie

Posts Tagged ‘découper’

Aux frontières errantes (Michaël Glück)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023




    
Aux frontières errantes
Variations sur une page de Jean-Jacques Rousseau

L’arbre a des racines, c’est bien
l’homme a des jambes, c’est mieux

GEORGES STEINER

les cartes
mappemondes planisphères
ont des lignes de partage des terres

comparables
aux cartes qu’on peut lire
dans certaines boucheries

découper la viande
selon les pointillés

les limites tracent les tranchées
entre deux morceaux

on se partage la bête
on se réserve la part du lion

on nous fait avaler qu’à chacun
il y a une part de gâteau

un premier
ayant enclos terrain
dit à moi

ce premier fonde
crimes guerres
meurtres misères

horreurs
un premier est
un imposteur

la terre n’est à personne

(Michaël Glück)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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REFUGE (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2023




    
REFUGE

Entaillée
Découpée
Envahie par ce temps
Je me détourne
Tournant le dos
À mes peurs ancestrales

Pour échapper à leurs chaînes
Je m’accroche au symbole
Refuge de mon imaginaire.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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FOUDROYER… (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2023




    
FOUDROYER…

Foudroyer par l’obscur langage
Le rire du prisme solaire
C’est à quoi mon règne s’engage
Avec l’ange de colère.

Plus de profil ni de face.
Sur les armes de Persée
Il ne restera de trace
Autre que d’une pensée.

Et seul le jet pourpre d’elle
(La Gorgone) d’où s’élance
Le cheval aux longues ailes
Qui découpent le silence.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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NOUVELLES FRAÎCHES (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022




    
NOUVELLES FRAÎCHES

Souvenirs de la mer
Le grand panneau du fond découpé par l’éclair
La vague abandonnée aux démons du parterre
La fumée des étoiles
Aux ras des flots le lustre éteint
Les voyageuses du matin
Plus haut que nous la robe ouverte

Le regard bleu
Les mouches vertes
Une heure après
L’espace blanc
Le beau gaillard est à l’avant
Ses mains mesurent l’entourage
Le vent se lève
Une autre page

Il est trop tôt pour s’attarder
Le monde va par coups de dés
L’étrave blesse les paupières
Creuse la route la lumière
Aucun regret des passeports
C’est l’aventure naturelle
Et plus nouvelle que la mort.

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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TROIS CYPRES (Daniel Birnbaum)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2022



trois-cypres

TROIS CYPRES

Trois cyprès
à la nuit tombante
on aurait dit trois fantômes
venant prendre le pain de la maison

Trois cyprès
à la nuit tombante
découpant le ciel
en tranches fines.

(Daniel Birnbaum)

 

 

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LA DISTRIBUTION (Nikiforos Vrettakos)

Posted by arbrealettres sur 7 juin 2021



Illustration: Nikiforos Vrettakos

    

LA DISTRIBUTION

Il est peu probable que l’on me demande
ce que j’ai fait de mon âme. Je dois
cependant une réponse avant de clore ce monologue
en vers.

Eh bien
mon âme, je l’ai découpée avec un ciseau douloureux en mille
petites feuilles, en mille petits bouts de papier, en mille éclairs
et la distribue aux passants.

(Nikiforos Vrettakos)

 

Recueil: Mon soleil
Traduction: Traduit du grec par Ioannis Dimitriadis
Editions: ainigma.net

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CONSTELLATIONS D’HUMILITÉ (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020




    
CONSTELLATIONS D’HUMILITÉ
Je n’ai pas pu être ton printemps…
STANKA PENTCHEVA

Pendant que j’évoque les esprits
de mes ancêtres païens
pour qu’ils m’apprennent les pas de la ronde
qui peut amener deux jours d’été
en plein décembre,
il aiguise les cisailles rouillées
de ses devoirs familiaux
et découpe les soleils
que je dessine au-dessus de la ville.

Tu n’étais pas encore née
quand j’ai vécu mon printemps,
me dit-il, tu es venue trop tard
pour être mon automne
et je ne sais que faire
avec tous ces soleils
qui font mal aux yeux
de mon quotidien.

Chaque matin depuis lors j’étale
tous les soleils et lunes découpés
pour composer une nouvelle carte céleste :
celle des constellations d’humilité.

Chaque matin il s’assoit sur le balcon
pour boire son café
mais un brouillard épais et humide
s’empare de son corps
et j’ai du mal à trouver
sur ma carte
où placer le soleil noir
qui apparaît
au fond de sa tasse de café.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’éphémère et la silhouette (Mariem Mint Derwich)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2020




    
L’éphémère et la silhouette

Je te danserai l’éphémère sur la dune endormie
L’imperceptible de la trace
Le vent qui efface, caresse chuchotée,
Les notes envolées, fugitives des histoires d’antan

Je te danserai la lumière de la lune
la lumière tremblotante
au feu assoupie,
ce que murmure l’homme quand il rêve

Je te danserai les palmiers au ciel découpés
le nuage dans le regard des bergers,
les gestes esquissés et qui s’en sont allés,
la paume au sol posée, disparue

Je te danserai l’entre souffle,
les crépuscules, l’instant parfait,
la plénitude d’ici
quand d’autres parlent de demain

Je te danserai l’ailleurs, l’horizon en renaissance,
le lieu secret de l’homme qui s’expire,
il y aura cet à peine visible,
silence

Je te danserai les pistes et les déserts,
un mot balbutié sur la paupière de la nuit,
que tout s’enfuit, que tout reste,
qu’il n’est de battement que celui que l’on porte

Je te danserai la flamboyance de la mer,
la goutte d’eau puisée,
la vague qui fait les mondes,
l’empreinte de ton pied sur le sable mouillé

Je te danserai les brumes qui rendent aux yeux la fulgurance,
les silences des choses, les chants des mondes,
les animaux de l’aube et les premiers frissons,
la beauté de ce qui est et la silhouette tremblée de toi homme

Je te danserai les couleurs à peine rencontrées,
les livres qu’on n’écrira jamais,
la poésie enfermée dans la main,
les mots et les oiseaux, la trace et le rien

Et, au milieu de la nuit du monde,
l’heure bleue, celle des hommes en prières,
l’immensité de ce qui s’écoute,

Je te danserai l’éphémère et la silhouette…

(Mariem Mint Derwich)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Et si l’on vous demande (Barbara Auzou)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020




    
Et si l’on vous demande

Et si l’on vous demande
Vous répondrez que je ne suis qu’une crieuse d’herbes
Cultivant son âge et sa déraison dans un rire frais
Découpé dans les clairières de l’enfance et que je répare
En toutes saisons l’oiseau que le vent indocile a cassé
Qu’il aurait été trop facile de faire rimer demande avec amandes
Dans ces conditions et au coin de votre oeil hilare.

(Barbara Auzou)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Revue Traction-Brabant 88
Traduction:
Editions: Patrice Maltaverne

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Berceuse (Rouben Mélik)

Posted by arbrealettres sur 11 février 2020




    
Berceuse

Mon enfant dort avec les fleurs
Elle a sa ville à décorer
Elle a son rêve à protéger
Prenez sa main
Elle a ses fleurs à partager

Mon enfant dort prenez sa main
Elle a pendu à un soleil
Un ruban rose et un nuage

Une enfant dort avec les fleurs
Sur l’oreiller de la misère
Elle a son rêve à découper
À petit jeu
Prenez sa main

Elle a construit au coin du feu
Une maison pour abriter
Toute la terre

Mon enfant dort avec les fleurs
Je coupe et lie à une fleur
Une autre fleur pour mon enfant
Elle a un parc à dessiner
Et sur l’étang
Une fleur prend soleil
De la mort à la vie

(Rouben Mélik)

 

Recueil: Les poèmes ont des oreilles
Traduction:
Editions: Rue du Monde

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