Mes yeux ne cessent de chercher ta présence
dans cette opaque nuée
ne parvenant à te révéler qu’à moitié
mêlant sa substance primordiale
à la vérité de ton souffle
le secret et le chuchotement de tes signes
au parfum de tes sphères
J’en prends plein les narines
au coeur de cette effusion divine
Je tourbillonne dans les dédales de mes pensées
sans savoir si elles m’appartiennent réellement
ou si je te les emprunte par allusion
du moins voudrais-je te les prêter
pour qu’ensemble nous les habitions
Quelles pensées!
Autant de couleurs incarnant l’arc-en-ciel
dont elles épousent la composition
plus subtiles encore
car exhalant une gamme de transparences
se déclinant comme une symphonie
comme une dévotion
une caresse
la céleste sensation…
(Touria Iqbal)
Recueil: Anthologie des femmes poètes du monde arabe
Traduction: Maram al-Masri
Editions: Le Temps des Cerises
Les fibres des heures tissent
Les livres des jours
S’envolent en étincelles
Les sillons rêveurs des labours
S’ouvrent aux cris les dédales sourds
Et de nouvelles portes invitent les bras lourds
De tant de désespoirs à s’envoler
Telles des ailes fleurissant d’amour
Limace pure et sans tache
dont la bave trace dans le dédale des bourraches
son espace tout en surface
limace vorace dont la fringale
ravage la salade automnale
limace âme sagace
semblable aux sargasses humaines
limace brave qui perpétue ta race
vivace malgré la haine du campagnard
limace trisyllabe limace méconnue
il faut te donner un peu d’affection
pour que tu continues paisiblement ton chemin
et que sur ta face s’efface la trace de ton angoisse
et celle de ta bave aussi
sur les soucis
La rouille mord
à même un fer de lance
des chevaux demeurent silencieux
cependant qu’on poursuit
un seul homme
qui court par des dédales
et des ruines
car il n’a jamais pu
s’habituer à ce temps.
Tu m’accompagnes partout dans ce monde mal fait
Ton poids est plus léger que la buée du premier jour
Je te respire par tous les pores de ma peau triste
Et ton sang reconnaît sans effort le dédale brûlant de mes veines
Dans cette saison de fer je ne me sens plus seul
Car tu me donnes la force d’être ce que je suis
Je mêle l’espoir et la peine, la joie et la souffrance
Je peins la peur et le courage des mêmes couleurs
Je donne à l’ortie et au blé la pluie et le soleil
Je mets la graine et l’épi dans la seule balance
J’accepte sans choisir les larmes et l’amour
J’abandonne le ciel pour cette terre amère
Mais je ferme les yeux pour retenir ton ombre
Immobile et debout dans mon sang ébloui.
Je ne parle qu’à toi de la vie, de la mort.
Derrière l’arbre, la maison, les étoiles,
Il y a la présence que je ne peux voir
Autrement que maison, arbre ou étoiles.
Arbre, maison, étoiles
S’étendent à l’infini à l’intérieur d’eux-mêmes
Dans le mystère du monde
Où tournent les roues de la Puissance dont bat le pouls
Issu de rien, issu de la nuit,
Feuilles, pierres et feux,
L’arbre de fête vivant autour duquel la danse
— Chromosomes, noyaux d’atomes —
Trace un dédale de branches et de feuilles,
La maison de pierre, dressée, qui s’est désagrégée
Dans le torrent en fusion quand fut précipité
Hors du chaos ce vaste monde,
Et les soleils dont l’embrasement fait renaître
Ou s’achever la course que l’arbre, la maison et le monde traversent,
Maintenus par l’Être que je ne peux connaître
Sous une autre forme que les toiles, les pierres et les arbres
Dans le miroir de la nature, dans les yeux de la nature.
***
SEEN IN A GLASS
Behind the tree, behind the bouse, behind the stars
Is the presence that I cannot see
Otherwise than as bouse and stars and tree.
Tree, bouse and stars
Extend to infinie within themselves
Into the mystery of the world
Where whirl the wheels of power whose pulses beat
Out of nothing, out of night,
Leaves, Stones and fares,
The living tree whose maypole dance
Of chromosome and nucleus
Traces the ma
The standing bouse of Stone that poured
In malien torrent when was hurled
Out of chaos this great world,
And suns whose kindling begins anew
Or ends the course that tree, bouse, world nove through,
Upheld by being that I cannot know
In other foret than stars and stones and trees
Assume in nature’ s glass in nature’s eyes.
(Kathleen Raine)
Recueil: Sur un rivage désert
Traduction: Marie-Béatrice Mesnet et Jean Mambrino
Editions: Granit
Si tu songes l’Amour, si tu rêves la Mort,
Si ton miroir est trouble à te sourire, écoute
Les feuilles, feuille à feuille, et l’onde, goutte à goutte,
Tomber de la fontaine et de l’arbre. Tout dort.
La rose de septembre et le tournesol d’or
Ont dit l’été qui brûle et l’automne qui doute;
Le bosquet s’entrelace et la grotte se voûte,
Le dédale et l’écho te tromperaient encor.
Laisse l’allée oblique et le carrefour traître
Et ne regarde pas à travers la fenêtre
Du pavillon fermé dont la clef est perdue.
Silence! L’ombre est là; viens respirer plutôt,
Ainsi que les hermès et les blanches statues,
L’amère odeur du buis autour des calmes eaux.
Maintenant j’écris
comme l’aveugle voit
La lumière glisse sur mes paupières
et s’évacue par le trou de la page
Les mots font les cent pas dans leur cage
J’entends claquer le fouet du dompteur
et pas de rugissement
Mes images toutes
sont périmées
je marche
dans le dédale du cœur
sans chien-guide