Posts Tagged ‘déformé’
Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2022

Cette vieille connaissance — dans ma mémoire son portrait
jauni et combien déformé —
elle et moi autour d’une bonne bouteille — de part et d’autre
les souvenirs affluent —
portrait dépoussiéré retouché au fil de la parole — gorgée après gorgée
après bien des années nous nous rencontrons enfin
(Hamid Tibouchi)
Illustration: Sylvie Bertrand
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Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2018

EAU MORTE
Eau morte, sommeil des marais
où de larges feuilles de venin macèrent,
tantôt blanche tantôt verte dans les éclairs,
tu es semblable à mon coeur.
Alentour le peuplier grisonne et le chêne vert;
feuilles et glands s’apaisent du dedans
et chacune a ses cercles issus d’un centre originaire
déformés par le sombre bourdon du vent.
Ainsi comme sur l’eau le souvenir dessine
des cercles de plus en plus grands, ainsi mon coeur
part d’un centre et quand il meurt,
eau morte il te ressemble comme une soeur.
***
ACQUAMORTA
Acqua chiusa, sonno delle paludi
che in larghe lamine maceri veleni,
ora bianca ora verde nei baleni,
sei simile al mie cuore.
Il pioppo ingrigia d’interno ed il leccio;
le foglie e le ghiande si quietano dentro,
e ognuna ha i suoi cerchi d’un unico centro
sfrangiati dal cupo ronzar del libeccio.
Cosi, come su acqua allarga
il ricordo i suoi anelli, mio cuore;
si muove da un punto e poi muore :
cosi t è sorella acquamorta.
(Salvatore Quasimodo)
Recueil: Et soudain c’est le soir
Traduction: Patrick Reumaux
Editions: Librairie Elisabeth Brunet
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Posted by arbrealettres sur 5 août 2018

Tenebrae
Proches nous sommes, seigneur,
Proches et saisissables. Déjà saisi, seigneur,
Agrippés l’un à l’autre, comme si
Le corps de chacun d’entre nous
Était ton corps, seigneur. Prie, seigneur,
Prie-nous,
Nous sommes proches. Déformés nous sommes allés,
Nous sommes allés, pour nous baisser
Vers l’auge et les trous.
Vers l’abreuvoir nous sommes allés, seigneur.
C’était du sang, c’était ce que tu avais
Fait couler, seigneur. Cela brillait.
Cela nous jetait ton image dans les yeux, seigneur. Nous avons bu, seigneur.
Le sang et l’image, qui était dans le sang, seigneur. Prie, seigneur.
Nous sommes proches.
(Paul Celan)
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Posted by arbrealettres sur 13 mai 2018

Le dessein de la poésie étant de nous rendre souverains en nous impersonnalisant,
nous touchons, grâce au poème,
à la plénitude de ce qui n’était qu’esquissé ou déformé
par les vantardises de l’individu.
Les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles
que nous lançons à la gueule répugnante de la mort,
mais assez haut pour que, ricochant sur elle,
ils tombent dans le monde nominateur de l’unité.
(René Char)
Illustration: Christian Schloe
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Posted in méditations | Tagué: (René Char), déformé, dessein, esquissé, existence, gueule, incorruptible, individu, monde, mort, plénitude, poème, poésie, répugnante, ricocher, souverain, tomber, toucher, unité, vantardise | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mars 2017

La nue
A l’horizon monte une nue,
Sculptant sa forme dans l’azur :
On dirait une vierge nue
Emergeant d’un lac au flot pur.
Debout dans sa conque nacrée,
Elle vogue sur le bleu clair,
Comme une Aphrodite éthérée,
Faite de l’écume de l’air.
On voit onder en molles poses
Son torse au contour incertain,
Et l’aurore répand des roses
Sur son épaule de satin.
Ses blancheurs de marbre et de neige
Se fondent amoureusement
Comme, au clair-obscur du Corrège,
Le corps d’Antiope dormant.
Elle plane dans la lumière
Plus haut que l’Alpe ou l’Apennin ;
Reflet de la beauté première,
Soeur de » l’éternel féminin « .
A son corps, en vain retenue,
Sur l’aile de la passion,
Mon âme vole à cette nue
Et l’embrasse comme Ixion.
La raison dit : » Vague fumée,
Où l’on croit voir ce qu’on rêva,
Ombre au gré du vent déformée,
Bulle qui crève et qui s’en va ? »
Le sentiment répond : » Qu’importe !
Qu’est-ce après tout que la beauté,
Spectre charmant qu’un souffle emporte
Et qui n’est rien, ayant été !
» A l’Idéal ouvre ton âme ;
Mets dans ton coeur beaucoup de ciel,
Aime une nue, aime une femme,
Mais aime ! – C’est l’essentiel ! »
(Théophile Gautier)
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Posted in poésie | Tagué: (Théophile Gautier), aimer, air, azur, âme, écume, éternel, éthérée, beauté, bulle, conque, corps, crever, déformé, embrasser, emporter, essentiel, femme, forme, fumée, horizon, idéal, lac, lumière, nue, ouvrir, pur, rêver, rose, satin, sculpter, souffle, torse, vierge, voguer | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 mai 2016
![James Mensor la-mort-et-les-masques [800x600]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2016/05/james-mensor-la-mort-et-les-masques-800x600.jpg?w=732&h=600)
Sortie, comme on se glisse par mégarde dans une ville, une foule ;
comme on se découvre à la fois démuni et protégé.
Comme on s’effraie de ces silhouettes grotesques
dont toute vie véritable semble s’être retirée.
On nage en pleine désertion.
Le choc est d’autant plus fort
que l’on se sait démuni, fragile ;
avec une sorte d’angoisse
(pourvu qu’il ne m’arrive rien dans la rue…)
qui ne veut pas céder.
Je songe aux masques d’Ensor.
La grande danse macabre, le carnaval d’inconsistance.
Mon Dieu comment faire pour que la vie retrouve
cette folle dignité qui devrait être la sienne ?
Ou bien ma vue est-elle si déformée ?
Démuni, disais-je, et protégé.
À l’écart, sur un banc.
Pas un tonneau, non.
Et quelques lueurs que je garde encore,
à l’abri dans le creux de mes mains
comme une flamme vacillante,
comme une promesse qui restera promesse.
(Pierre-Albert Jourdan)
Illustration: James Mensor
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Pierre-Albert Jourdan), abri, angoisse, banc, carnaval, céder, choc, creux, danse, déformé, démuni, désertion, dignité, flamme, fort, foule, fragile, grotesque, inconsistance, lueur, macabre, main, masque, mégarde, nager, promesse, protégé, retiré, retrouver, s'effrayer, se découvrir, silhouette, songer, sorti, vacillant, vie, ville, vue | Leave a Comment »