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Posts Tagged ‘délétère’

Le démoniaque (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Le démoniaque

Ai-je sucé les sucs d’innommés magistères ?
Quel succube au pied bot m’a-t-il donc envoûté ?
Oh ! Ne l’être plus, oh ! Ne l’avoir pas été !
Suc maléfique, ô magistères délétères !

Point d’holocauste offert sur les autels des Tyrs,
Point d’âpres cauchemars, d’affres épileptiques !
Seuls les rêves pareils aux ciels clairs des tryptiques,
Seuls les désirs nimbés du halo des martyrs !

Qui me rendra jamais l’hermine primitive,
Et le lis virginal, et la sainte forêt
Où, dans le chant des luths, Viviane apparaît
Versant les philtres de sa lèvre fugitive !

Hélas ! Hélas ! Au fond de l’Erèbe épaissi,
J’entends râler mon coeur criblé comme une cible.
Viendra-t-on te briser, sortilège invincible ? –
Hâte-toi, hâte-toi, bon Devin, car voici

Que l’automne se met à secouer les roses,
Et que les jours rieurs s’effacent au lointain,
Et qu’il va s’éteignant le suave matin :
Et demain, c’est trop tard pour les métamorphoses !

(Jean Moréas)

Illustration

 

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LES NUAGES (Michel Lermontov)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2022




    
LES NUAGES

Nuages vagabonds, éternels pèlerins
Par la steppe azurée, en des colliers de perles,
Vos libres flots, sans être ainsi que moi contraints,
Du nord abandonné vers le sud se déferlent.

Qu’est-ce qui vous poursuit: implacable destin,
Secrète jalousie ou haine qui se terre,
Ou portez-vous le poids d’un crime clandestin,
Sentez-vous des amis le souffle délétère?

Vous en avez assez de ces plaines flétries.
Exempts de passions, gardant votre équilibre,
Vous ignorez l’exil, à défaut de patrie,
Eternellement froids, éternellement libres.

(Michel Lermontov)

Recueil: Michel Lermontov Poèmes
Traduction: Igor Astrow
Editions: Du Tricorne

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LES MÉFAITS DE LA LUNE (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 11 juin 2020



LES MÉFAITS DE LA LUNE

SUR
mon front, mille fois solitaire,
Puisque je dois dormir loin de toi,
La lune déjà maligne en soi,
Ce soir jette un regard délétère.

Il dit ce regard — pût-il se taire !
Mais il ne prétend pas rester coi, —
Qu’il n’est pas sans toi de paix pour moi;
Je le sais bien, pourquoi ce mystère,

Pourquoi ce regard, oui, lui, pourquoi ?
Qu’ont de commun la lune et la terre ?
Bah, reviens vite, assez de mystère !
Toi, c’est le soleil, luis clair sur moi !

(Paul Verlaine)

 

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Vers vagues (Stuart Merrill)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2017



Vers vagues

Le fébrile frisson des murmures d’amour
M’émeut ce soir les nerfs et vieillit ma mémoire.
La voix d’un violon sous la soie et la moire
Me miaule des mots d’inéluctable amour.

La verveine se pâme en les vases de jade :
Un fantôme de femme en l’alcôve circule.
Mais ma mémoire est morte avec le crépuscule,
Et j’ai perdu mon âme en les vases de jade.

Oh ! mol est mon amour, vague est le violon !
Un arôme d’horreur rôde en l’air délétère,
Et je rêve de rêve en l’ombre du mystère

Mais oh ! la volupté veule du violon !

(Stuart Merrill)

Illustration

 

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