Posts Tagged ‘délice’
Posted by arbrealettres sur 18 février 2023

Illustration: Erich Heckel
En travaillant la terre
Le vieux est là
Muet comme une souche
Il attend que le nuage passe
Ses outils sont comme des promesses
Un supplément de force
Malgré les années
Chaque muscle est à sa place
Pour faucher
Bêcher
Ratisser
Je regarde ma main
Pas un pli
La finesse des doigts qui ne trompe pas
Elle n’a donc servi à rien
Le vieux ne me le dit pas
Trop brave
Sa poigne montre l’exemple
Mes pas deviennent les siens
Je suis vite à la traîne
Sans un mot
Le voilà qui porte deux fois plus que moi
J’ai vu la ville de près ses fulgurances
Ses éclats mystiques
Ses passions au rabais
Rastignac du pauvre
J’ai croisé le fer avec elle
Ne blessant que moi-même
Le vieux n’a rien vu lui
Aucune lutte
Une simple ligne d’horizon
Des remparts de forêts sous un ciel vide
Il ne goûtera jamais à l’ennui qui élève
Aux délices de la foule
Son champ sera sa seule ivresse
Et pourtant lui en a palpé de la terre
Sué pour la rendre fertile
Son nom restera une empreinte
Que laisserai-je dans le bitume ?
Des projets froissés
Des rêves léthargiques…
Au loin je vois des tours
Les murs se rapprochent
Que restera-t-il du vieux
Quand même les arbres alentour seront maigres comme mes dix doigts ?
(Grégory Rateau)
Recueil: Conspiration du réel
Traduction:
Editions: Unicité
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Posted in poésie | Tagué: (Grégory Rateau), alentour, année, arbre, attendre, éclat, élever, bêcher, bitume, blesser, brave, ciel, croiser, délice, dire, doigt, empreinte, ennui, exemple, faucher, fer, fertile, finesse, forêt, force, foule, froisser, fulgurance, goûter, horizon, ivresse, jamais, laisser, léthargie, ligne, lutte, maigre, main, montrer, mot, muet, mur, muscle, mystique, nom, nuage, outil, palper, passer, passion, pauvre, place, pli, poigne, porter, projet, promesse, rabais, ratisser, rêve, regarder, rempart, rendre, rester, rien, se rapprocher, servir, simple, souche, suer, supplément, terre, tour, traîne, travailler, tromper, vide, vieux, ville, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 janvier 2023

Illustration: Jérôme Royer
Plus jamais
Puisque tu me le demandes
Il faut bien que je le dise :
Je n’en veux plus, je n’en veux plus jamais.
Je ne veux pas de nouvelle existence.
Une vie m’aura largement suffi.
D’une si longue peine —
Arrivées et départs du début à la fin,
L’amour créé, l’amour détruit,
L’instant de douleur
Qui vient pulvériser une vie de délices,
L’heure solitaire des désirs morts
Et sa survie de bavardage —
Je ne veux plus, je ne veux plus jamais
Ni vivre, ni mourir, ni exister encore.
Le récipient près de l’évier,
Les bruits qu’on étouffe au grenier,
La tombée de la nuit dans les tumeurs du ciel,
La chouette qui hulule sur le toit de l’école,
Aux proues des barques qui s’éloignent
Le regard fixe, muet,
Et sur l’aire des départs le sourire évanoui,
Je n’en veux plus, je ne veux plus jamais
Ni vivre, ni mourir, ni exister encore.
Une autre maison ?
Une mère nouvelle ?
Une enfance recommencée ?
Des défis jamais lancés ?
Des élans à découvrir ?
Des blessures, encore ?
De nouveaux rythmes à prendre ?
Des promesses fraîches du jour?
Je n’en veux plus, je n’en veux plus jamais.
(Ayyappa Paniker)
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Posted in poésie | Tagué: (Ayyappa Paniker), aire, amour, arrivée, autre, école, élan, étouffer, évanoui, évier, barque, bavarder, blessure, bruit, chouette, ciel, créer, découvrir, défi, délice, départ, désir, détruire, demander, dire, douleur, encore, enfance, existence, exister, fixe, frais, frenier, heure, hululer, instant, jamais, lancer, largement, long, maison, mère, mort, mourir, muet, nouveau, nuit, peine, prendre, promesse, prour, pulvériser, récipient, recommencer, regard, rythme, s'éloigner, solitaire, sourire, suffire, survie, toit, tombée, tumeur, vie, vivre, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

Retour des fleurs
Tout-à-coup la porte s’ouvrit comme d’elle-même à deux
battants,
et l’on vit paraître la Fée.
Les fleurs tombèrent à ses genoux en versant des larmes,
mais elle les releva avec bonté.
—Entrez, leur dit-elle, pauvres enfants,
venez reprendre auprès de moi la place que vous n’auriez jamais dû quitter.
Pas une qui ne revît avec délice, les lieux où elle était née,
pas une qui ne se rappelât avec une terreur mêlée de honte,
les heures qu’elle avait passées sur la terre.
La Pensée maudissait les hommes qui, à l’envi les uns des autres,
semblaient se faire un plaisir de la repousser.
L’Aubépine frissonnait en pensant au sécateur.
La Tulipe se demandait comment elle avait pu s’habituer aux ennuis du sérail.
L’Églantine tremblait intérieurement, qu’en punition de son escapade,
la Fée ne la forcit à lire les livres qu’elle avait composés
du temps qu’elle figurait parmi les bas-bleus.
Mes filles, [dit la Fée], je pourrais vous faire de la morale, mais je m’en dispense.
Je lis au fond de votre coeur et je vois qu’il vous adresse lui-même une semonce
que toutes les miennes ne vaudraient peut-être pas.
Vous vous contenterez désormais d’être fleurs, j’en suis certaine,
si cependant quelqu’une d’entre vous voulait devenir femme tout-à-fait,
elle n’a qu’à le dire.
Je donne ma parole de Fée que son souhait sera exaucé à l’instant.
Un silence universel accueillit cette proposition.
Maintenant, reprit la Fée, allez vous reposer.
Demain commenceront les fêtes par lesquelles je veux célébrer votre retour.
Les fleurs crièrent: Vive la Fée!
et défilèrent devant elle.
Il y eut un baise-main général.
(J.J. Grandville)
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Posted in poésie | Tagué: (J.J. Grandville), aubépine, baise-main, célébrer, contenter, délice, enfant, fée, fête, fleur, frissonner, honte, lire, maudire, parole, pensée, plaisir, porte, rappeler, retour, s'habituer, tulipe | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022
Illustration: Shan Sa
Assis un soir à la terrasse de la lune
La chaleur ne quitte pas les jours déclinants
Mais les nuits sont désormais plus promptes à tomber
Aussi le vieil homme, depuis déjà quelques soirs,
S’est assis dehors jusqu’à la troisième veille.
Le vent bourrasque et fanfaronne
Les étoiles clignent leur respiration lumineuse
Les nuages se précipitent vers la lune épanouie
Elle les disperse ensuite dans l’encre du ciel.
Tu cours, haletant, vers la jouissance
Tu cours en vain
Mais lorsque tu renonces aux délices
Les voilà qui arrivent soudain.
(Yang Wan-li)
(1127-1206)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Yang Wan Li), arriver, assis, épanoui, étoile, bourrasque, chaleur, ciel, cligner, courir, décliner, délice, désormais, disperser, en vain, encre, fanfaronner, haleter, homme, jouissance, jour, lumineux, lune, nuage, nuit, prompt, quitter, renoncer, respiration, s'asseoir, se précipiter, soir, soudain, terrasse, tomber, veille, vent, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2022

LE CANTIQUE DES CANTIQUES
I
Nos destins vont franchir les termes des promesses.
Ils s’en iront, parmi les rondes des amours,
Annoncer le lever de nos astres qui naissent,
Fêter l’aurore unique et chanter tour à tour
et ta grâce et ta tresse.
Ma Bien-aimée, à toi ma vie, à toi mon coeur !
Par quel signe, quel mot te traduire ma flamme.
Pas un seul verbe humain, pas même tous mes pleurs
Ne sauraient exprimer les élans de mon âme
et toutes ses langueurs.
II
Nous voici parvenus au tournant de la voie.
Et, la main dans la main, vers un monde nouveau,
Nous allons parsemer la route de nos joies
Et dénouer du Sort l’énigme et l’écheveau
fait d’ardeur et de soie.
Sur la pente du ciel où l’Amour nous sourit,
L’Avenir, fraternel, escorte l’Espérance.
D’un geste tu m’auras de mes peines guéri ;
Et nous glorifierons, tous deux, d’un même cri,
l’heureuse délivrance.
Quel charme à notre ivresse ajoutera l’azur ?
La nuit multipliera l’éclat de ses étoiles.
Mais j’attends le signal où l’instant le plus pur
M’attachera captif à l’ombre de ton voile :
Tout est prêt ! Tout est mûr !
II
O Bien-Aimée, à nous la coupe des délices !
Nos voeux ont prospéré. Nos désirs sont comblés.
Pour consacrer l’aveu le temps se fait complice
Et je sens tout le ciel à mes genoux trembler
d’émois sans artifice…
L’étreinte de tes bras formera l’horizon.
Tout l’Univers, ce soir, d’un bout à l’autre pôle,
Viendra nous accueillir au seuil de la maison.
Le poids de mon bonheur chargera ton épaule
de jours en floraison.
(Jacques Rabemananjara)
Illustration: Marc Chagall
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Posted in poésie | Tagué: (Jacques Rabemananjara), accueillir, amour, ardeur, aurore, aveu, écheveau, émoi, énigme, étreinte, bonheur, cantique, charmé, ciel, coupe, délice, destin, espérance, fêter, floraison, franchir, glorifier, grâce, ivresse, joie, nouveau, promesse, ronde, tournant, trembler, tresse, univers, voile | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 30 avril 2022

Illustration: Philippe de Champaigne
IDOLES
Amour, je t’ai d’abord
Gavé de chair et d’or
Comme un César farouche;
Incube au sein pesant, Ton
baiser épuisant A fatigué
ma bouche.
Je t’ai revu, sanglant, Tu
marchais, chancelant
Sous la terrible équerre;
Messie au flanc percé,
À tes pieds j’ai versé
Tout le nard de la terre.
Tu souris, pâle et beau : Ta
chair m’est un flambeau Fait
de cire et de flamme;
J’étreins, délice nu,
Ton visage inconnu
Identique à mon âme.
Je te verrai, pensif,
Sur le dernier récif,
Doux naufrageur des choses;
Sombre dieu sans dévots,
Quelque nuit tes pavots
Me guériront des roses.
(Marguerite Yourcenar)
Recueil: Les charités d’Alcippe
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Marguerite Yourcenar), amour, âme, épuisant, équerre, étreindre, baiser, beau, bouche, chair, chancelant, ciré, délice, dévot, dernier, Dieu, doux, farouche, fatiguer, flambeau, flamme, flanc, gaver, guérir, identique, idole, inconnu, incube, marcher, messie, nard, naufrageur, nu, nuit, or, pavot, pâle, pensif, percer, pesant, pied, récif, revoir, rose, sanglant, sein, sombre, sourire, terre, terrible, verser, visage, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 mars 2022

Les brumes complices
Cachent les fleurs du prunier.
O vent printanier,
Va dérober aux calices
L’odeur qui fait mes délices.
(Monnésada)
Recueil: Poëmes de la libellule
Traduction: Judith Gautier
Editions: Beaux-Arts de Paris
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Posted in haïku, poésie | Tagué: (Monnésada), brume, cacher, calice, complice, délice, dérober, faire, fleur, odeur, printanier, prunier, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 mars 2022

Illustration
Assise dans son jardin
La femme contemple une coccinelle
Qui exhibe ses frêles ailes.
Elle tend les bouts de doigts, sa fébrilité heurte
l’insecte
Qui vacille un moment
Puis tombe sur une feuille salutaire.
La fragilité de l’instant se mue en souvenir fugace
Reconstituer l’histoire
Trouver un sens à chaque chose qui vit
L’insondable de la beauté
Dans cette couleur rouge sang
Dans cette chute exquise.
Du coup, la femme assise dans son jardin
Se souvient de tous les délices de son monde enfoui.
(Nassira Belloula)
Recueil: Anthologie des femmes poètes du monde arabe
Traduction: Maram al-Masri
Editions: Le Temps des Cerises
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Posted in poésie | Tagué: (Nassira Belloula), aile, assis, beauté, bout, chute, coccinelle, contempler, couleur, délice, doigt, enfouir, exhiber, exquis, fébrilité, femme, feuille, fragilité, frêle, fugace, heurter, histoire, insecte, insondable, instant, jardin, moment, monde, reconstituer, rouge, salutaire, sang, se muer, se souvenir, sens, souvenir, tendre, tomber, vaciller, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 décembre 2021

Quel flamboiement inattendu,
Que cet arc dans les hauteurs,
Qui s’élance à travers les nues
Dans son éphémère splendeur !
Un bout fiché dans les feuillages,
Il embrasse le ciel à demi,
Il se perd dans les nuages,
Et tout là-haut s’évanouit.
Oh, cette brève vision irisée,
Quel délice pour les yeux !
C’est un cadeau qui t’est donné,
Saisis-le, vite, saisis-le !
Regarde, il pâlit déjà,
Encore une minute — eh oui !
Il s’en est allé
comme s’en ira
Tout ce qui fait notre vie.
(Fiodor Tiouttchev)
Recueil: POÈMES
Traduction: traduit du russe par Sophie Benech
Editions: Interférences
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Posted in poésie | Tagué: (Fiodor Tiouttchev), arc, à travers, éphémère, bref, cadeau, ciel, délice, donner, embrasser, encore, feuillage, ficher, flamboiement, hauteur, inattendu, iriser, là-haut, minute, nuage, nues, pâlir, regarder, s'élancer, s'évanouir, s'en aller, saisir, se perdre, splendeur, vie, vision, vite, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2021

PARIS SANS TOIT, PARIS SANS TOI
Paris sans toit, Paris la nuit,
Vole les étoiles une à une,
Ne laissant aux cieux que la lune.
Et jusqu’au matin Paris luit,
Paris joue, s’exhale en délices :
Billards enfumés, pianos-bars,
Paris secret des boulevards,
Entrevu par ton interstice…
Paris sans toit, fin de la nuit,
Le creux de jolies cernes brunes
À un baiser a servi d’urne.
Le temps a un goût de litchi.
Le silence soudain se hisse
Face au jour tel un étendard
Murmurant qu’il n’est pas trop tard
Pour que dans tes bras je me glisse.
Paris sans toi, sans jour ni nuit,
N’est plus que relents d’amertume :
Fleur inachevée se consume,
S’étiole la saveur d’un fruit
Trop tôt cueilli. Un long supplice…
Un coeur cloué avec un dard,
Mais cette fois il est trop tard.
N’étais-je à tes yeux qu’un caprice ?
(Morgane Rozier)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Morgane Rozier), amertume, étoile, bras, cerne, clouer, cueillir, délice, fleur, fruit, goût, inachevée, interstice, jouer, litchi, Paris, s'étioler, se consumer, secret, supplice, tard, toi, toit | 2 Comments »