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Posts Tagged ‘demain’

Après le jardin (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2023




Illustration: Gilbert Garcin
    
Après le jardin

L’homme se souvenait du ventre de la demeure
de l’étreinte du jardin
de l’escale des mots
du crépuscule enfoui en de juteuses racines

Un regret furtif
le fit osciller
vers l’arrière

Puis demain s’aviva
d’autres secrets

Et l’homme s’élança
dans l’espace blanc.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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LE CHARME DU PLAISIR (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
LE CHARME DU PLAISIR

1

Jeune beauté faite pour nos désirs
A la gaité joignez la volupté.
C’est la divinité
Qui soutient votre empire
Dans les bras d’un amant.
Que son cœur est charmant.
Qu’en pensez-vous ?
Bon je vous vois sourire.

2

Pour vos appas Lucie mon cœur soupire.
Laissez moi voir
Par dessous ce mouchoir
Ah le beau reposoir.
Souffrez que l’on admire.
Je voudrais que ma main
Y commette un larcin.
Qu’en pensez-vous ? (bis)

3

Quoi, vous boudez !
Lucie je me retire
J’irai plus bas chercher d’autres appas.
Si je fais du fracas
Vous n’aurez rien à dire ;
Si je donne du désir
Et aussi du plaisir
Qu’en pensez-vous ? (bis)

4

Il ne faut pas
Mourir vierge martyre.
Faisons un tour au palais de l’amour.
Des secrets de sa cour
Je vais vous instruire.
Son trône est un sofa,
Son sceptre le voilà
Qu’en pensez-vous ? (bis)

5

Suivez mes pas
Je suis un vaillant sire :
Cinq à six fois
C’est le moins de mes exploits
Cet ouvrage je crois,
C’est vous qui me l’inspirez.
Demain je reviendrai, je recommencerai
Qu’en pensez-vous ? (bis)

6

Fanchette, hé bien
Ne voulez-vous rien dire ?
Répondez donc si cela est ou non.
Vous savez qu’un garçon
Demande à se produire.
Son plus cher agrément
Est celui d’être amant
Qu’en pensez-vous (bis).

7

Qu’en pensez-vous
Plus belle que l’aurore ?
Vos yeux riant me rendront-ils content ?
Ne tardez pas longtemps
Tendre objet que j’adore.
Rendez-moi mon cœur joyeux.
Faites un amant heureux
Qu’en pensez vous ? (bis)

8

Qu’en pensez-vous ?
Ah daignez donc m’instruire.
Vos sentiments me semblent surprenants.
Un silence aussi grand !
Faites que mon cœur soupire.
Apprenez moi enfin
Quel sera mon destin.
Qu’en pensez-vous ? (bis)

9

Laissez charmer votre cœur Zémire
Pourquoi tarder
Puisqu’il faut s’engager.
Le temps est précieux
Quand le cœur le désire.
Comblerez-vous mes vœux ?
Oui, je lis dans vos yeux.
Qu’en pensez-vous ? (bis)

10

Oui cher Tircis votre amour j’accepte
Mais un amant doit agir prudemment.
Si je fus si longtemps
A demeurer muette,
C’est pour mieux sentir
Le charme du plaisir
Qu’en pensez-vous ?
Bon je vous vois sourire.

(Chansons du XVIIIè)

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NON, ET PUIS OUI, MAIS DANS LES FORMES (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2023



Illustration: Louis Marin Bonnet 
    
NON, ET PUIS OUI, MAIS DANS LES FORMES

1

Il est passé minuit
Je n’entends plus de bruit.
Mignonne mes amours,
Dormirez vous toujours ?
Ouvrez-moi la fenêtre
Je vous ferai connaître
Le tendre sentiment
D’un véritable amant.

2

Quel est cet étourdi
Qui se rend si hardi
De troubler mon repos
La nuit mal à propos ?
J’appellerai mon père
J’éveillerai ma mère.
Monsieur retirez-vous
Evitez leur courroux.

3

Calmez pour un moment
Votre ressentiment.
Mignonne écoutez-moi.
Je vous promets ma foi
Vous voyez mon martyre :
Je n’ose vous le dire.
Surtout pendant le jour
Je cache mon amour.

4

N’avez-vous point de peur
D’exposer mon honneur ?
Si quelqu’un nous voyait
Qu’est-ce qu’on dirait ?
Evitez le scandale,
Crainte que l’on étale
Tous vos doux entretiens
Aussi bien que les miens.

5

Je saisis cet instant
Mon petit cœur charmant,
Pour vous entretenir
Un moment à loisir.
Plus on a de tendresse
Plus on a de sagesse.
Ouvrez mon petit cœur
Faites-moi cet honneur.

6

Mon cher ami bonsoir.
Juste ciel, qu’il fait noir !
Je ne puis seulement
Vous voir mon cher amant.
Mais ce qui me console
J’entends votre parole.
Mon bonheur le plus doux
C’est d’être auprès de vous.

7

Le ciel comble mes vœux
Ah que je suis heureux.
Ma belle voulez-vous
Que je sois votre époux ?
Vous m’aimez, je vous aime.
Mon bonheur est extrême
Remplissez, s’il vous plaît
Mignonne mes souhaits.

8

Parlez à mes parents
D’un bon cœur j’y consens.
Que ce soit dès demain,
Touchez moi dans la main.
Parlez à mon cher père
Je gagnerai ma mère
Amant soyez discret
Gardez bien le secret.

9

Adieu, séparons-nous
Je prends congé de vous.
Ma poulette bonsoir
Adieu jusqu’au revoir.
Au lever de l’aurore
Je reviendrai encore
Te souhaiter le bon jour
De la part de l’amour.

(Chansons du XVIIIè)

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LA BATELIÈRE ÉVANOUIE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



Illustration

    

LA BATELIÈRE ÉVANOUIE

1

Sur le bord de la rivière
Un jour m’allant promener
J’aperçus une batelière
De moi elle s’est approchée,
En me disant d’un air si tendre
« Monsieur, venez me passer l’eau »
Sur ma foi (sans) plus attendre (bis)
J’ai entré dans son bateau (bis).

2

Quand nous y fûmes au large
Le vent se mit à souffler.
J’apercevais que l’orage,
Les eaux se sont abaissées.
Mon bateau fait la cadence,
Est tout prêt à renverser,
La belle perd connaissance (bis)
Sans me pouvoir plus parler (bis).

3

Je ne savais comment faire,
Me voyant en pareil cas.
J’employais mon savoir faire
Pour la tirer d’embarras.
Son corset je lui délace
Pour qu’elle puisse respirer.
Son cœur froid comme une glace (bis)
M’annonce tout le danger (bis).

4

Par bonheur que dans ma poche
J’avais un joli flacon.
Je le prends, je le débouche.
Cette odeur je lui fait sentir.
Le beau bouchon reprend lumière,
Me regarde tendrement
Me prend ma main, me la serre (bis).
Je l’embrasse tendrement (bis).

5

J’apercevais que l’orage
Les eaux s’étiont abaissées.
La belle reprend courage.
En voyant nous approcher
Elle m’embrassa cette belle.
Et en me donnant la main,
En me disant d’un air tendre (bis),
Demain vous repasserez (bis)

(Chansons du XVIIIè)

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LE VOEU DE LOUISE DE FRANCE : CARMELITE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2023



Illustration: Jean-Marc Nattier
    
LE VOEU DE LOUISE DE FRANCE : CARMELITE

1

S’en est fait l’esprit divin
Vient s’emparer de mon âme.
Je sens naître dans mon sein
Une merveilleuse flamme.
Mon cœur en est consolé
Qu’un seul dieu me plaise mes charmes
Tant que je le possédrai
Je ne tarirai point mes larmes.

2

Non le plaisir de la cour
Ne saurait me satisfaire.
Un si aimable séjour
Ne saurait à mon cœur plaire.
Les biens de l’éternité
De mes pensées sont les délices,
Mais comme un cerf altéré
Qui court aux eaux de la justice.

3

A quoi sert ce grand cela
D’une vaine créature
Qui du séjour au trépas
Devient les verts de la parure.
Les rois et les empereurs
Ne risquent hélas que sur la terre,
Mais devant leur créateur
Ne sont que cendres et poussières.

4

Nous voyons le conquérant,
Ces César, ces Alexandre
Dans un affreux monument,
En pourriture et en cendres,
Et les biens pour incertains
Que le bonheur est manifeste
C’est aspirer au vrai bien
Et abandonner les terrestres.

5

Nous avons trois ennemis :
J’entends la chair et le monde
Qui nous combattra à l’envie.
Leur fureur est sans seconde,
Mais pour me mettre à l’abri
De leurs insolentes poursuites
Au couvent de Saint-Denis
Je veux me rendre carmélite.

6

Aujourd’hui toute chargée d’or
Et de pierres précieuses,
Demain être au rang des morts,
Abandonnée et affreuse,
Retombée dans le néant !
Sans nul égard à la noblesse :
Elle prouve constamment
Notre orgueil et notre faiblesse.

7

Ouvrez mes chères sœurs, ouvrez
La porte du monastère.
Je veux rester renfermée
Courant ma vie tout entière
Je suis venue en secret
Sans la vue de mon cher père
Mais il a tant de bonté
Qu’il saura ma vie austère.

8

Je ne veux pas parmi vous
Ouvrir la préférence
Mais partageons entre nous
Le jeûne et la pénitence.
Allez, partez, écriez,
Dites au Roi avec révérence
Que vous avez vu cloîtrer
Madame Louise de France.

(Chansons du XVIIIè)

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ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (VI) (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2023



Illustration
    
ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (VI)

VI

Il faudra se lever demain matin très tôt
Dans le noir sous le coup d’un dégoût enfantin
À l’heure noire se lever pour y voir clair.

*

Tu fuis contre le vent la jupe ramassée
Les cheveux en déroute sous la pluie furieuse
Le ciel est inondé la terre est détrempée.

*

Découverte d’un désert
Où la lumière est timide.

*

Et l’horizon fuit avec toi contre le vent
Fuit avec moi nous enfermant.

*

Aller sans fin c’est aller loin
Il pleut sans fin il fera beau bientôt

*

Nous sommes bien venus de plus loin l’un vers l’autre
Sans grand espoir de grand soleil et de pain chaud
Mais pourtant le flot des moissons brûlait le mauvais temps.

*

Une seule goutte d’eau
Multipliait ses halos
Dans l’anneau d’une alliance.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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Je rêve de déserts (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2023




    
Je rêve de déserts lourds de bruissements d’ailes
Où la sève engourdie figée en son mystère
Se souvient encore des saisons d’autrefois
Des symphonies de joie dans l’air éparpillé
De miracles anciens que la pierre éternise
Et je vois dans mon ciel le vert étonnement
De la première aurore du monde
Jaillie au-delà des collines bleues du temps
Comme une fulgurante gerbe de lumière.

Cycles après cycles Vie et Mort de toujours
Je vous revois ce soir les yeux écartelés
Entre Hier et Demain trajectoires sans fin
Et je brasse moi ce témoin sans âge
De ma lucidité le mystère de vivre

Et je cerne en tremblant des printemps millénaires
Épars dans le silence où revient toute chose.

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

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Paroles pour demain (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2023



Illustration
    
Paroles pour demain
à Vincent Monteiro

J’ai parlé à la pierre
lovée en sa nuit millénaire
le langage de la lumière
J’ai parlé aux oiseaux
le langage mouvant des eaux

J’ai dit aux grands arbres figés
la lente aventure des nuages légers
et la fuite éperdue des ramiers
J’ai raconté aux coquillages
des histoires de naufrages
la nostalgie sans âge de la mer

J’ai chanté pour une fille étrange
la trouble poésie des corps
l’éternel retour des temps morts
J’ai dit à un enfant les légendes de la nuit
et j’aurais voulu croire comme lui
que l’aube toujours recommence…

et voici que la première étoile
n’est plus que le dernier lampadaire.

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

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L’AUBE DISSOUT LES MONSTRES (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2023



Illustration: David Delamare  
    

L’AUBE DISSOUT LES MONSTRES

Ils ignoraient
Que la beauté de l’homme est plus grande que l’homme

Ils vivaient pour penser ils pensaient pour se taire
Ils vivaient pour mourir ils étaient inutiles
Ils recouvraient leur innocence dans la mort

Ils avaient mis en ordre
Sous le nom de richesse
Leur misère leur bien-aimée

Ils mâchonnaient des fleurs et des sourires
Ils ne trouvaient de coeurs qu’au bout de leur fusil

Ils ne comprenaient pas les injures des pauvres
Des pauvres sans soucis demain

Des rêves sans soleil les rendaient éternels
Mais pour que le nuage se changeât en boue
Ils descendaient ils ne faisaient plus tête au ciel
Toute leur nuit leur mort leur belle ombre misère
Misère pour les autres

Nous oublierons ces ennemis indifférents

Une foule bientôt
Répétera la claire flamme à voix très douce

La flamme pour nous deux pour nous seuls patience
Pour nous deux en tout lieu le baiser des vivants.

(Paul Eluard)

Recueil: Paul Eluard par Louis Parrot
Editions: Seghers

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BONNE GARDE Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2023




    
BONNE GARDE

Aux confins des forêts un écureuil me garde
Et parfois il devient oiseau pour voir au loin
Puis, reprenant fourrure, il cherche et me regarde
Mais que peut-il pour moi qui pour lui ne peux rien.

Nous allongeons le cou pelé par l’ignorance.
Toujours quelque nuage au moment d’y voir clair…
Nous n’en restons pas moins dans notre vigilance
Espérant en connaître un peu plus long demain.

Mais le silence en sait plus sur nous que nous-mêmes,
Il nous plaint à part soi de n’être que vivants,
Toujours près de périr, fragiles il nous aime
Puisque nous finirons par être ses enfants.

(Jules Supervielle)

Recueil: La Fable du monde suivi de Oublieuse mémoire
Editions: Gallimard

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