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Je suis un de ces arbres (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 17 mars 2023




Illustration: Catherine Fichaux
    
Je suis un de ces arbres,
Un érable élégant
Ou bien encore un charme,
J’en demandais pas tant …

Il a plu sur le Bois,
Trois gouttes porte-voie,
Scintillements vermeils
Ont trouvé le soleil.

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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Sous-bois (Guy Meunier)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2023



Illustration: ArbreaPhotos
    
Sous-bois

Quand je rentre dans les bois,
je referme la porte derrière moi.
Pompon
(Auteure de l’auteur)

Tiens, il pleut sur le Bois,
Clapotis sur les feuilles,
Quelques gouttes aux abois
Viennent m’agacer l’oeil.

Une fraîcheur discrète
Exhale les fragrances
Des fleurettes secrètes
Qui peuplent le silence.

Puis le tonnerre roule
Déchaînant son raffut,
Ses grondements s’enroulent,
Foudre parmi les fûts.

Un vrai bonheur alors,
Me prend arbre le corps,
Je me sens brusquement
Fondu dans le décor.

Je suis un de ces arbres,
Un érable élégant
Ou bien encore un charme,
J’en demandais pas tant …

Il a plu sur le Bois,
Trois gouttes porte-voie,
Scintillements vermeils
Ont trouvé le soleil.

(Guy Meunier)

Recueil: On fait comme on a dit
Editions: Lavillatte

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LES BARRIÈRES CÉLESTES (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 12 mars 2023



Illustration: Ron Mueck
    
LES BARRIÈRES CÉLESTES

Quelques secondes avant de mourir
la mère tourna son visage vers nous
et d’une voix rauque s’écria :
Il n’y a rien !
Puis la voûte du silence s’éleva sur sa bouche.

Dans quel abîme se sont répandus
les grains de son chapelet
cent fois embrassés,
où sont tombés les mots de toutes ses prières
et le bruissement des chansons
qu’elle chantait depuis l’enfance ?
Que sont devenues la peur et l’angoisse
devant ses actes les plus menus ?
Ils portent les noms des péchés
sans être meilleurs ou pires
que les autres.

Quelle obscurité a-t-elle aperçue
dans cette cruelle seconde,
où, du talon, nous repoussons le sol
pour retomber aussitôt sur lui ?

e sortis sur le balcon
et de la chaise branlante de ma mère
je regardai quelque part,
dans les hauteurs célestes.
Durant toute notre longue vie
elles ne cessent de lorgner vers nos fenêtres,
elles n’ordonnent rien,
elles ne demandent rien
et, si vous voulez, elles
sont d’une beauté indicible.
Et nous, nous essayons de les acheter
par un grain d’encens par un grain du chapelet,
par des mots, par une larme !

Et à la fin
nous voulons soulever leurs barrières lumineuses
par notre dernier soupir,
celui qui, de tous nos gémissements,
est le plus vain.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

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Accueille (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023



Illustration: Erte
    
Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse,
Tisseuse de ruse à l’âme d’arc-en-ciel,
Le frémissement, l’orage et la détresse
De mon long appel.

J’ai longtemps rêvé : ne brise pas mon âme
Parmi la stupeur et l’effroi de l’éveil,
Blanche Bienheureuse aux paupières de flamme,
Aux yeux de soleil.

Jadis, entendant ma triste voix lointaine,
Tu vins l’écouter dans la paix des couchants
Où songe la mer, car ta faveur hautaine
Couronne les chants.

Je vis le reflet de tes cheveux splendides
Sur l’or du nuage et la pourpre des eaux,
Ton char attelé de colombes rapides
Et de passereaux.

Et le battement lumineux de leurs ailes
Jetait des clartés sur le sombre univers
Qui resplendissait de lueurs d’asphodèles
Et de roux éclairs.

Déchaînant les pleurs et l’angoisse des rires,
Tu quittas l’aurore immuable des cieux.
Là-bas surgissait la tempête des lyres
Aux sanglots joyeux.

Et Toi, souriant de ton divin visage,
Tu me demandas : « D’où vient l’anxiété
A ton grave front, et quel désir ravage
Ton corps tourmenté ?

« Qui te fait souffrir de l’âpre convoitise ?
Et quelle Peithô, plus blonde que le jour
Aux cheveux d’argent, te trahit et méprise,
Psappha, ton amour ?

« Tu ne sauras plus les langueurs de l’attente.
Celle qui te fuit te suivra pas à pas.
Elle t’ouvrira, comme la Nuit ardente,
L’ombre de ses bras.

« Et, tremblante ainsi qu’une esclave confuse,
Offrant des parfums, des présents et des pleurs,
Elle ira vers toi, la vierge qui refuse
Tes fruits et tes fleurs.

« Par un soir brûlant de rubis et d’opales
Elle te dira des mots las et brisés,
Et tu connaîtras ses lèvres nuptiales,
Pâles de baisers. »

(Sappho)

 

Recueil: 52 poèmes d’Occident pour apprendre à s’émerveiller
Editions: Pocket

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Dans les prisons de Nantes (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2023




    
Dans les prisons de Nantes

Dans les prisons de Nantes
Y avait un prisonnier

Personne ne vint le « vouère »
Que la fille du geôlier

Un jour il lui demande
Et que dit-on de « moué » ?

On dit de vous en ville
Que demain vous mourrez

Mais s’il faut que je meure
Déliez-moi les pieds

La fille était jeunette
Les pieds lui a délié

Le prisonnier alerte
Dans la Loire s’est jeté

Dès qu’il fût sur les rives
Il se prit à chanter

Je chante pour les belles
Surtout celle du geôlier

Si je reviens à Nantes
Oui je l’épouserai

Dans les prisons de Nantes
Y avait un prisonnier

(Anonyme)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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Alors, elle a repris la route (Martine Laffon)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2023



Illustration: Marie Boutroy
    
Alors, elle a repris la route
là où elle l’avait abandonnée,
elle a repris son coeur
là où elle l’avait noyé.

Alors, patiemment,
elle s’est mise à aimer.
A aimer, à donner, à se perdre
sans rien demander.

Elle a aimé les gens
avec leurs pauvres maux de tous les jours,
avec leurs refus,
avec leur haine au fond des poings.

Elle a aimé les gens de peine,
ceux qu’elle trouvait sur le chemin.
Elle a aimé les gens de douleur,
ceux qui criaient, la bouche sanglante,
tout au bout de leur peur.

Elle les a accompagnés
au long de cette solitude désespérée
qui ne permet plus de marcher.

Elle a aimé l’enfant
abandonné.
Elle a aimé les vieux
effrayés par la mort,
effrayés d’avoir égaré
tout ce dont ils pensaient
avoir rempli leur vie.

Elle a aimé,
plus que de raison,
les esseulés, les blessés
d’amours piétinées.

Elle a aimé la mort,
la souffrance
et le désespoir
pour qu’aux autres
ils soient épargnés.

(Martine Laffon)

 

Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives

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Plus jamais (Ayyappa Paniker)

Posted by arbrealettres sur 23 janvier 2023



Illustration: Jérôme Royer
    
Plus jamais

Puisque tu me le demandes
Il faut bien que je le dise :
Je n’en veux plus, je n’en veux plus jamais.
Je ne veux pas de nouvelle existence.
Une vie m’aura largement suffi.

D’une si longue peine —
Arrivées et départs du début à la fin,
L’amour créé, l’amour détruit,
L’instant de douleur
Qui vient pulvériser une vie de délices,
L’heure solitaire des désirs morts
Et sa survie de bavardage —
Je ne veux plus, je ne veux plus jamais
Ni vivre, ni mourir, ni exister encore.

Le récipient près de l’évier,
Les bruits qu’on étouffe au grenier,
La tombée de la nuit dans les tumeurs du ciel,
La chouette qui hulule sur le toit de l’école,
Aux proues des barques qui s’éloignent
Le regard fixe, muet,
Et sur l’aire des départs le sourire évanoui,
Je n’en veux plus, je ne veux plus jamais
Ni vivre, ni mourir, ni exister encore.

Une autre maison ?
Une mère nouvelle ?
Une enfance recommencée ?
Des défis jamais lancés ?
Des élans à découvrir ?
Des blessures, encore ?
De nouveaux rythmes à prendre ?
Des promesses fraîches du jour?
Je n’en veux plus, je n’en veux plus jamais.

(Ayyappa Paniker)

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Songe d’une nuit d’été (Cécile Coulon)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2023



Illustration: Benjamin Chaud
    
Songe d’une nuit d’été

C’est une mélodie simple qui passe par la fenêtre,
les amants sont rompus, ils vont pour s’endormir,
mais dans la chaleur du soir le plus fort
c’est le désir.
La voilà qui demande : Encore?
Et lui de répondre : Peut-être…

(Cécile Coulon)

 

Recueil: Les romantiques
Traduction:
Editions: Robert Laffont

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30 cents, deux tickets, amour (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
30 cents, deux tickets, amour

Je pensais à toi très fort
en montant dans le bus
j’ai payé 30 cents et
demandé deux tickets
au conducteur
avant de comprendre que
j’étais tout seul.

***

30 Cents, Two Transfers, Love

Thinking hard about you
I got onto the bus and
paid 30 cents car fare
and asked the driver for
two transfers
before discovering that I
was alone.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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Ton ami le poisson-chat (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Ton ami le poisson-chat

Si je devais vivre ma vie
sous forme de poisson-chat
dans des échafauds de peau et de moustaches
au fond d’un étang
et que tu venais à passer
un soir
où la lune brille
dans mon domicile de ténèbres
et que tu te tenais au bord
de mon affection
et pensais : « C’est magnifique
ici au bord de cet étang. J’aimerais
que quelqu’un m’aime. »
Eh bien moi je t’aimerais et serais ton ami
poisson-chat et chasserais de si tristes
pensées de ton esprit
et soudain tu serais
en paix,
et tu te dirais : « Je me demande
s’il y a des poissons-chats
dans cet étang. Ça semble être
un endroit parfait pour eux. »

***

Your Catfish Friend

If I were to live my life
in catfish forms
in scaffolds of skin and whiskers
at the bottom of a pond
and you were to come by
one evening
when the moon was shining
down into my dark home
and stand there at the edge
of my affection
and think, « It’s beautiful
here by this pond. I wish
somebody loved me »,
I’d love you and be your catfish
friend and drive such lonely
thoughts from your mind
and suddenly you would be
at peace,
and ask yourself, « I wonder
if there are any catfish
in this pond? It seems like
a perfect place for them. »

(Richard Brautigan)

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