Posted by arbrealettres sur 11 janvier 2018

Le cageot
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot,
simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits
qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu’au terme de son usage
il puisse être brisé sans effort,
il ne sert pas deux fois.
Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées
fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles,
il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc.
Tout neuf encore, et légèrement ahuri
d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour,
cet objet est en somme des plus sympathiques
– sur le sort duquel il convient toutefois
de ne s’appesantir longuement.
(Francis Ponge)
Recueil: Le Parti pris des choses
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2015

Le poète, vois-tu, est comme un ver de terre,
Il laboure les mots, qui sont comme un grand champ
Où les hommes récoltent les denrées langagières ;
Mais la terre s’épuise à l’effort incessant !
Sans le poète lombric et l’air qu’il lui apporte
Le monde étoufferait sous les paroles mortes.
(Jacques Roubaud)
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