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Poésie

Posts Tagged ‘dénuder’

Femme (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2023



Femme

Ton regard était une route blanche
Qui toucha mon front.
Puis je me détachai
D’elle, comme on délaisse les vrais chemins trop beaux
Tendus au fond des heures et de la forêt.

Ta voix venait de l’ombre la plus charnelle,
Ton regard:
La plus grave des ombres autour du sang.

Parler t’ouvrait plus loin que l’amour
Plus loin qu’un fruit dévoré.
Ton regard était par delà
Plaisir
Ou pensée.
Même on sentait glisser et fuir et reculer
Tes souvenirs,
Reculer ton destin.
Chaque mot de lumière m’arrachait à une halte
Pour m’engloutir.

Ta voix venait ainsi,
Ton regard,
Me dénuder jusqu’à la douleur.

Il faut finir ce jour sans rien à finir.
J’ai choisi le silence.
Mes matelots sourds ont ramé,
Mes matelots aveugles,
Sans le savoir, au rythme de ta voix.

(Georges-Emmanuel Clancier)

 

 

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DÉCOUVRIR (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2023




    
DÉCOUVRIR

Je dénude le ciel
Sans réponse
Je dépiste le ciel
Sans voix
J’explore d’autres domaines
J’invente mon langage
J’explore la Poésie
Et m’évade

Dans ce terre à terre
À voix basse
J’y découvre
Inventions et soucis.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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Passage de midi (Paul Nougé)

Posted by arbrealettres sur 27 septembre 2022



Passage de midi

Le parfum de ce corps écartait les vêtements trop faibles
et la clarté oblique de la chair achevait de dénuder la femme blanche mollement étendue.
Les cloisons de la chambre ne résistaient pas davantage et bien que l’on fût à l’instant de midi,
les fenêtres s’emplirent soudain d’une épaisse nuit sucrée.
Les mains parlaient à la blancheur abandonnée
que l’on savait délicieusement tendue de sang
et les ventouses des yeux en gorgeaient la tête avide.
Enfin, la forte roue de l’ivresse
entraîna cet univers nouveau
qui retrouvait ainsi la marche liquide
des premiers instants du monde.

(Paul Nougé)

 

 

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Gagner les profondeurs (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2022



Illustration: Gao Xingjian
    
Gagner
les profondeurs.

Forer.
Forer.

Dégager
l’authentique,

dénuder
le vrai,

desceller
l’énergie.

Enraciner
la paix.

Le reste
est vain.

(Charles Juliet)

Recueil: Pour plus de lumière anthologie personnelle
Traduction:
Editions: Gallimard

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Quelqu’un a-t-il déjà vu le cheval ? (António Ramos Rosa)

Posted by arbrealettres sur 20 juin 2021



Illustration: Nisaburo Ito  
    
Quelqu’un a-t-il déjà vu le cheval ? Je le
dessine dans le jeu des syllabes
musculaires. Haleine longue, volume de
désir, air pulsé des naseaux, jour clair.

Ici le pied ne pèse pas plus que l’ombre
du cheval en liberté lente,
pour que le cheval perde son halo, pour
que la main soit fidèle au regard lent,

et le profil de cendre bleue baigné
d’une clarté hivernale. Haletant, le temps
du cheval est une terre piétinée,

dénudée, aux vertèbres apparentes,
lisez le cheval dans l’ombre, en alerte,
dans la solitude de la plaine. Et d’une montagne.

(António Ramos Rosa)

 

Recueil: Le cycle du cheval
Traduction: du portugais par Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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LE MIRADOR (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021



Illustration: Giorgio de Chirico
    
LE MIRADOR
(La nostalgie de l’infini)

Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
de dénuder le bleu du ciel car l’infini est
une tour
une forteresse apatride
un phare inassouvi
un silo cerclé d’oriflammes

Je le sais maintenant :
inutile pour apercevoir l’infini
d’apprivoiser la Voie lactée car l’infini est
un parcours austère
une géométrie sans pitié
une rectitude hantée d’absence

Peut-être est-il aussi un mirador
surveillant les coulées d’étoiles entre les barbelés des galaxies ?

Mais alors qui veille en son extrémité, juste au-dessous des oriflammes,
et quel souffle les fait battre immobiles sous une éternité d’orage ?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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Orange (Diana Burazer)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2021



    

Orange
(ou poème d’amour)

Grosse et mûre, je la prends dans ma main gauche,
je la caresse de la droite,
mon index effleure presque tous ses plis.
Les noeuds,
où demeure sa tristesse durcie,
me surprennent toujours par leur taille.
De mes ongles, je fais une première incision.
Pas de résistance particulière,
pas de révolte.
En silence
une larme jaune
marque notre consentement
mutuel au pénible processus qui s’ensuit
et annonce le début.
Le reste en découle:
je lui dénude une épaule,
puis l’autre.
Ensuite la taille.

Bientôt entièrement nue
dans une fine chemisette transparente,
elle tremble devant nos yeux.

Vas-y, partage-la, elle a l’air bonne —
en attendant à une distance d’où
tout a l’air bon.
Je retarde mes derniers gestes
car je sais
qu’une fois nue et partagée
il sera difficile de garder
ne fût-ce que la mémoire
de sa beauté intégrale.

(Diana Burazer)

Traduit du croate par Vanda Miksic

Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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L’eider (Henrik Ibsen)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2020



Illustration 
    
L’eider

L’eider habite la Norvège ;
c’est là qu’il réside au bord du fjord bleu de plomb.

Il arrache de son sein le moelleux duvet, et bâtit son nid chaud et tiède.
Mais le pêcheur du fjord avec son pic d’acier trempé s’en vient dépouiller le nid jusqu’au dernier flocon.

Si le pêcheur est cruel, l’oiseau a la chaleur ; de nouveau il se dénude le sein.
Et qu’on le pille encore, il revêt tout de même de nouveau son nid dans un recoin bien caché.

Mais que l’on ravisse son troisième, son dernier trésor, il déploie ses ailes par une nuit de printemps.
Il fend la brume, poitrine ensanglantée ; vers le sud, vers le sud pour une côte ensoleillée !

(Henrik Ibsen)

 

Recueil: Poèmes
Traduction: Régis Boyer
Editions: Les Belles Lettres

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Une voix (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020



au coeur
d’une grammaire
de l’adoration
brusque remontée
de l’origine

un brasier de béatitudes
où les fêlures brûlent
une voix
qui dénude l’orage

(Zéno Bianu)


Illustration: Jan Joest of Kalkar

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Une étoile ralentit (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2020




    
Une étoile ralentit, dénudée jusqu’au jour.
Appel capté tout au fond, le feu ne laisse pas de trêve.
Mieux vaut une vie sans parole qu’une parole sans vie.
Il faudra bien ouvrir la permanence du souffle.

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard

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