Posts Tagged ‘dépense’
Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022

Le Bon Ménager
(conte)
Un campagnard bon ménager,
Trouvant que son cheval faisait trop de dépense,
Entreprit, quelle extravagance !
De l’instruire à ne point manger.
« Que ne peut, disait-il, une soigneuse étude ?
Retranchons à diverses fois,
D’abord une poignée, et puis deux et puis trois ;
Par une insensible habitude,
L’animal trop gourmand viendra sans doute à bout
De ne plus rien manger du tout. »
Charmé d’une pensée et si rare et si fine,
Petit à petit il réduit
Sa bête à jeûner jour et nuit.
Fier d’un si beau succès il bénit sa lésine ;
Il croit, plein d’allégresse, avoir atteint son but.
Mais courte l’allégresse fut ;
Bientôt, de cruelle famine,
L’étique palefroi mourut.
Le campagnard surpris au désespoir se livre :
« Quel malheur, dit-il, est le mien !
Mon cheval justement, hélas ! cesse de vivre,
Dans le temps qu’il sait l’art de ne manger plus rien. »
(Bernard De La Monnoye)
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Posted in poésie | Tagué: (Bernard De La Monnoye), allégresse, animal, art, atteindre, à bout, étique, étude, bénir, but, campagnard, cesser, charmer, cheval, croire, cruel, dépense, désespoir, entreprendre, extravagance, famine, fier, fin, gourmand, habitude, hélas, insensible, instruire, justement, malheur, manger, ménager, mourir, palefroi, pensée, petit à petit, poignée, rare, réduire, retrancher, sans doute, savoir, se livrer, soigneux, succès, trouver, venir, vivre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 octobre 2018

Je crois que Dieu, quand je suis né,
Pour moi n’a pas fait de dépense,
Et que le coeur qu’il m’a donné
Etait bien vieux, dès mon enfance.
Par économie, il logea
Dans ma juvénile poitrine
Un coeur ayant servi déjà,
Un coeur flétri, tout en ruine.
Il a subi mille combats,
Il est couvert de meurtrissures,
Et cependant je ne sais pas
D’où lui viennent tant de blessures :
Il a les souvenirs lointains
De cent passions que j’ignore,
Flammes mortes, rêves éteints,
Soleils disparus dès l’aurore.
Il brûle de feux dévorants
Pour de superbes inconnues,
Et sent les parfums délirants
D’amours que je n’ai jamais eues!
O le plus terrible tourment!
Mal sans pareil, douleur suprême,
Sort sinistre ! Aimer follement,
Et ne pas savoir ce qu’on aime.
(Henri-Charles Read)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Henri-Charles Read), aimer, amour, éteint, brûler, coeur, combat, délirant, dépense, Dieu, douleur, enfance, flamme, flétri, meurtrissure, parfum, savoir, sinistre, sort, souvenir, suprême, terrible, tourment | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 mai 2017

Illustration: Printemps-Eté-Automne-Hiver
Berceuse
Pose ta tête endormie, mon amour
Humaine sur mon bras infidèle ;
Le temps et les fièvres consument
La part de beauté
Des enfants pensifs et la tombe
Prouve que l’enfant est éphémère ;
Mais que dans mes bras jusqu’au point du jour
Repose cet être vivant,
Mortel, coupable, mais pour moi
Beauté absolue.
L’âme et le corps n’ont point de bornes ;
Aux amants étendus
Dans leur pâmoison coutumière
Sur la pente enchantée de son indulgence
Vénus gravement apporte la vision
D’une compassion surnaturelle,
Un amour, un espoir universels ;
Tandis qu’une intuition abstraite
Eveille parmi les glaciers et les rocs
L’extase sensuelle de l’ermite.
Certitude, fidélité
Sur le coup de minuit passent
Comme les vibrations d’une cloche,
Et les fous à la mode poussent
Leurs cris ennuyeux de pédants ;
Chaque centime de la dépense,
Tout de que prédisent les cartes redoutées
Sera payé, mais de cette nuit
Que pas un murmure, pas une pensée
Pas un baiser ni un regard ne soient perdus.
Tout meurt, la beauté, la vision, minuit :
Que les vents de l’aube qui demeurent
Soufflent sur ta tête rêveuse
Annonçant un jour d’une telle douceur
Que les yeux et le cœur qui cogne puissent louer
Ce monde mortel et s’en satisfaire ;
Que les midis de sècheresse te voient nourri
Par les puissances irréfléchies,
Que les nuits d’insulte te laissent vivre
Sous la garde de tout amour humain.
***
Lullaby
Lay your sleeping head, my love,
Human on my faithless arm;
Time and fevers burn away
Individual beauty from
Thoughtful children, and the grave
Proves the child ephemeral:
But in my arms till break of day
Let the living creature lie,
Mortal, guilty, but to me
The entirely beautiful.
Soul and body have no bounds:
To lovers as they lie upon
Her tolerant enchanted slope
In their ordinary swoon,
Grave the vision Venus sends
Of supernatural sympathy,
Universal love and hope;
While an abstract insight wakes
Among the glaciers and the rocks
The hermit’s carnal ecstasy.
Certainty, fidelity
On the stroke of midnight pass
Like vibrations of a bell,
And fashionable madmen raise
Their pedantic boring cry:
Every farthing of the cost,
All the dreaded cards foretell,
Shall be paid, but from this night
Not a whisper, not a thought,
Not a kiss nor look be lost.
Beauty, midnight, vision dies:
Let the winds of dawn that blow
Softly round your dreaming head
Such a day of welcome show
Eye and knocking heart may bless,
Find the mortal world enough;
Noons of dryness find you fed
By the involuntary powers,
Nights of insult let you pass
Watched by every human love.
(Wystan Hugh Auden)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Wystan Hugh Auden), absolu, amant, amour, annoncer, aube, âme, étendu, éveiller, baiser, beauté, berceuse, bras, compassion, consumer, corps, coupable, dépense, douceur, endormi, enfant, ennuyeux, ermite, extase, fièvre, fou, garder, humain, indulgence, infidèle, insulte, midi, mortel, murmuré, naturel, nourri, part, pâmoison, pensée, pensif, rêveur, regard, reposer, roc, sûr, sensuel, temps, tombe, Vénus, vision | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2017
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Posted by arbrealettres sur 9 juin 2016

Mercredi des Cendres
Si la parole perdue est perdue, la parole dépensée dépensée
Si la parole inentendue, improférée
Est improférée, inentendue;
Pourtant demeure la parole improférée, la Parole inentendue,
La Parole sans parole, la Parole dans
Le monde et pour le monde;
Et la lumière brilla dans les ténèbres et
A l’encontre du Monde le monde inapaisé continua de tournoyer
Autour de la Parole silencieuse.
***
Ash-Wednesday
If the lost word is lost, if the spent word is spent
If the unheard, unspoken
Word is unspoken, unheard;
Still is the unspoken word, the Word unheard,
The Word without a word, the Word within
The world and for the world;
And the light shone in darkness and
Against the Word the unstilled world still whirled
About the centre of the silent Word.
(Thomas Stearns Eliot)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Thomas Stearns Eliot), autour, briller, cendre, continuer, dépense, demeurer, improféré, inapaisé, inentendu, lumière, mercredi, monde, parole, perdu, silencieux, ténèbres, tournoyer | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 juin 2016

Tout est départ.
Du mouvement il n’y a pas à démordre.
Du mouvement dans l’azur ou l’asphalte, les volcans ou les glaces.
Le moindre geste a semé des étoiles sur la terre.
Qui ne sent la cavalcade, le carnaval, la migration des corps et des pierres ?
Le moindre écart a jeté des outrages au ciel.
Qui n’accueille les cahots, les blasphèmes, les caresses et les traces ?
Le moindre pas a levé d’autres horizons.
Qui ne vit d’alertes, de temps anéantis, de souffles brûlants et d’ombres ?
Tout est dépense.
Tout est désert.
Au grand miroir de nos mains vides.
(André Velter)
Illustration: Bénédicte Pontet
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