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Posts Tagged ‘dépit’

Le zizi perpétuel (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



    

Le zizi perpétuel

Mon petit frère a un zizi
Mais moi, Zaza,
Je n’en ai pas.

Mon petit frère a un zizi
Toujours placé au bon endroit
Mais moi, Zaza,
Je n’en ai pas.
Pourquoi ?

Il me le montre sans répit
Pour me donner du dépit
Pour se donner un air gaulois
Pour m’enfoncer dans l’désarroi !

Il me le sort en catimini’
En tapis rouge en tapinois’
Et me le fait toucher du doigt :
C’est assez doux
Comme caoutchouc
Mais y’a pas de quoi
Perdre la foi.

Et moi, et moi, moi je me dis
Pourquoi mon frère a un zizi
Dans quel tiroir se font les lois ?
Le jour et la nuit
Son zizi le suit
Toujours placé au bon endroit.

Et moi, Zaza, dans les draps blancs
J’ai beau me tâter
Me tâter souvent
À la place où ç’aurait dû été
Que du vent ! Que du vent !

« Tu verras Zaza
Avec mon zizi
Un jour je serai le Roi »
Qu’il dit
Tout en lui collant tout autour du sparadrap.

À la fin c’est énervant
De manquer obstinément
De cette sorte d’émolument.

Si j’ai le regard zoulou
Si j’ai le nombril sournois
Si je fais des coups en d’ssous
Si je pousse de guingois
Si je ne fais pas mon poids
Faut pas demander pourquoi !

Mais pourquoi ?
Pourquoi ?

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

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CHÂTEAU RURAL (Emile Nelligan)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2020



CHÂTEAU RURAL

J’eus ce rêve. Elle a vingt ans, je n’en ai pas moins;
Nous habiterons ces chers coins
Qu’embaumeront ses soins.

Ce sera là tout près, oui, rien qu’au bas du val;
Nous aurons triple carnaval :
Maison, coq et cheval.

Elle a les yeux de ciel, tout donc y sera bleu :
Pignon, châssis, seuil, porte, heu!
Dedans peut-être un peu.

Elle a les cheveux blonds, nous glanerons épis,
Soleils, printemps, beaux jours, foins, lys
Et l’amour sans dépits.

Sans doute, elle m’aura, m’ayant vu si peu gai
— Ne fût-ce que pour me narguer —
Un ange délégué !

Brusque je m’éveillai. Mon coq au jour qui gagne
Pleurait là-bas dans la campagne
Son poulailler d’Espagne.

(Emile Nelligan)


Illustration: Georges Paul François Laurent Laugée

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Lorsque je découvre ton dos qui m’attend (Tawara Machi)

Posted by arbrealettres sur 31 août 2019


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Lorsque je découvre ton dos qui m’attend
en lisant un livre de poche
j’en ressens un peu de dépit

(Tawara Machi)

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NOM CACHÉ (Victor Segalen)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2018



NOM CACHÉ

Le véritable Nom n’est pas celui qui dore les portiques,
illustre les actes; ni que le peuple mâche de dépit;

Le véritable Nom n’est point lu dans le Palais même, ni aux
jardins ni aux grottes, mais demeure caché par les eaux
sous la voûte de l’aqueduc où je m’abreuve.

Seulement dans la très grande sécheresse, quand l’hiver crépite
sans flux, quand les sources, basses à l’extrême, s’encoquillent dans leurs glaces,

Quand le vide est au coeur du souterrain et dans le souterrain
du coeur, — où le sang même ne roule plus, — sous la
voûte alors accessible se peut recueillir le Nom.

Mais fondent les eaux dures, déborde la vie, vienne le torrent
dévastateur plutôt que la Connaissance!

(Victor Segalen)

Illustration: William Blake

 

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L’alligator (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 31 décembre 2016



 

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L’alligator

Sur les bords du Mississipi
Un alligator se tapit.
ll vit passer un négrillon
Et lui dit: «Bonjour, mon garçon.»
Mais le nègre lui dit «Bonsoir,
La nuit tombe, il va faire noir,
Je suis petit et j’aurais tort
De parler à l’alligator. »
Sur les bords du Mississipi
L’alligator a du dépit,
Car il voulait au réveillon
Manger le tendre négrillon.

(Robert Desnos)

 

 

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Dépit (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Dépit

Ah, que je suis fatiguée ! J’ai tant ri,
tant, que les larmes m’en sont montées aux yeux ;
tant, que ce rictus qui contracte ma bouche
est une trace étrange de mon fou rire.
Tant, que cette intense pâleur que je montre
(comme sur les portraits de vieille lignée)
vient de la fatigue du fou rire
Qui, dans tout mon corps, glisse sa torpeur
Ah, que je suis fatiguée ! Laisse-moi dormir ;
car, comme l’angoisse, la joie rend malade.
Quelle drôle d’idée de dire que je suis triste !
Quand me suis-je vue plus joyeuse qu’à présent ?

Mensonge ! Je n’ai ni doutes, ni envies,
ni inquiétude, ni angoisses, ni peines, ni désirs,
si dans mes yeux brille la rosée des larmes,
c’est parce que j’ai fait l’effort de rire autant…

***

Despecho

¡Ah, qué estoy cansada! Me he reído tanto,

tanto, que a mis ojos ha asomado el llanto;
tanto, que este rictus que contrae mi boca
es un rastro extraño de mi risa loca.
Tanto, que esta intensa palidez que tengo
(como en los retratos de viejo abolengo)
es por la fatiga de la loca risa
que en todo mi cuerpo su sopor desliza.

¡Ah, qué estoy cansada! Déjame que duerma;
pues, como la angustia, la alegría enferma.
¡Qué rara ocurrencia decir que estoy triste!
¿Cuándo más alegre que ahora me viste?

¡Mentira! No tengo ni dudas, ni celos,
Ni inquietud, ni angustias, ni penas, ni anhelos,
Si brilla en mis ojos la humedad del llanto,
es por el esfuerzo de reírme tanto…

(Juana de Ibarbourou)

Illustration: Jeff Scher

 

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Poème mon frère sauve ma misère (Mano Solo)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2016



Poème mon frère sauve ma misère
déroule l’horreur et en trois mots
rends-la belle
imprime ce cerveau de papier
avant qu’il ne brûle à jamais
poème mon air
emplis mes poumons
pour en chasser les miasmes du ressenti
poème mon eau
lave ma bouche pâteuse de dépit
apaise ma gorge raclée d’insultes
éteins ce feu-là dans la tripe au fond
poème ma musique
que dansent les cadavres sanguinolents
de mes espoirs d’enfant
poème ma voix
parle-lui tout bas
que s’évanouisse sa peur de mes bras
poème ma chaleur
enrobe mon corps de cette sueur
qui naît d’un désir assouvi
cent fois recommencé
poème mon fils
remplis ma paume de ta main fraîche
le jour durant droit devant
poème ma ville
que chaque trottoir soit au soleil
que j’y rencontre une étincelle.

(Mano Solo)

Illustration

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OISEAUX DES ILES… (Ruben Dario)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2015



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OISEAUX DES ILES…
(Pájaros de las islas…)

Oiseaux des îles, en votre affluence
il y a une volonté,
il y a un art secret, une divine science,
grâce d’éternité.

Vos évolutions d’élégance expressive,
signes sur l’azur,
épandent rêve à l’Orient, à l’Occident passion,
paix au Nord et au Sud.

Le triomphe des roses et la candeur des lys
sont pour vos yeux;
pour vos ailes lyriques, les brises d’Ulysse
et les vents de Jason.

Âmes douces, hermétiques, à l’éternel problème
vous êtes, abrégé prompt,
de même que le roc, l’ouragan et la gemme,
la voix et l’arc-en-ciel,

Oiseaux des îles, oiseaux marins !
Votre essor, en dépit
du bonheur de mes yeux, est problème divin
de ma méditation.

Et avec les ailes pures de mon désir ouvertes
vers l’immensité,
j’imite vos envols en quête des portes
de l’unique Vérité.

(Ruben Dario)

Illustration

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