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Poésie

Posts Tagged ‘déplacer’

Chimère (Adil Mahmud)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2023




    
Chimère

J’imaginais avoir beaucoup appris,
j’ai passé bien des années dans des rêveries,
et ai récolté maintes déceptions de mes chimères.
J’ai fait ce que j’étais incapable de faire :
j’ai déplacé les montagnes, fait rouler des trains
dans leur ventre.
Comme un roi content que ses volontés soient faites
j’étais satisfait,
et ma conscience s’envolait haut comme un oiseau et revenait à moi

Mais ce que j’ai raté,
la plus grande chose que j’ai ratée, c’est d’apprendre
à dire
au bon moment
à qui j’aime
je
t’aime.

(Adil Mahmud)

***

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Les vers (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022



Illustration: Xavier de Fraissinette
    
Les vers – ce n’est pas que le reflet
En petit des grands événements,
Ils sont pour déplacer cette terre,
Un levier soudain trouvé.

Les vers – ce n’est pas qu’une illumination,
Une lanterne dans les brumes et ténèbres.
Ils sont la création en mouvement
Permanent et l’obstination du rêve.

Les vers c’est toujours une note d’enfance,
En même temps que la douleur d’hier,
C’est la quenouille artisanale
Qu’on a reçue en héritage.

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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La pensée de l’horizon (Pierre Reboul)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2022



Illustration: ArbreaPhotos
    
la pensée de l’horizon
déplace
la montagne

(Pierre Reboul)

Recueil: Un désir de haïku
Traduction:
Editions: Le Prunier Sully

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Un objet déplacé (Robert Roman)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2021



Illustration: Christen Dalsgaard
    
Un objet déplacé
Une galaxie de secondes
Un geste d’adieu
Toute une vie

(Robert Roman)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

 

Recueil: Pensées Ultérieures
Traduction:
Editions: Le Contentieux

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Déplacée (Florentine Rey)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2021



Illustration: Salvador Dali    
    
Déplacée

Parfois quand tu t’absentes
tu emportes avec toi tout
l’intérieur de moi. Je me
remplis de silence
pour rester habitable.

(Florentine Rey)

 

Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Chaque geste que tu fais (Christiane Singer)

Posted by arbrealettres sur 30 août 2020



    

Chaque geste que tu fais peut t’ouvrir ou te fermer une porte.
Chaque mot que bredouille un inconnu peut être un message à toi adressé.
A chaque instant, la porte peut s’ouvrir sur ton destin et,
par les yeux de n’importe quel mendiant,
il peut se faire que le ciel te regarde.
L’instant où tu t’es détourné, lassé, aurait pu être celui de ton salut.
Tu ne sais jamais.
Chaque geste peut déplacer une étoile.

(Christiane Singer)

 

Recueil: Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ?
Traduction:
Editions: LE LIVRE DE POCHE

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Coeur de bois (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



Illustration
    
Coeur de bois

Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois
Ce soir, je serai ton Roi.
Si tu veux, tu seras la Reine.

J’ai ôté mon tablier
J’ai mis mes plus beaux souliers
Dans ma poche des sous neufs
Pour les distribuer aux veufs

Comme trône j’ai le fauteuil
Du Grand Oncle Cancrelat
Qui fume dans son cercueil
Une pipe en chocolat.

Ma couronne vif argent
Vient tout droit du pâtissier.
Sur mes épaules flotte un drap
On se cachera dedans.

Le fauteuil est à roulettes
Quelle aubaine pour un Roi !
Je le déplace et les traîtres
Frappent au mauvais endroit.

Amandine, tes yeux verts
Illuminent toutes mes nuits.
Je voudrais t’écrire en vers
Quand je serai plus instruit

Amandine, tu m’as dit .
« Je viendrai sept heures sonnées.
Je viendrai dans ton grenier
Avec ma chemise à plis. »

L’heure passe et je suis là
Ma couronne pour les rats !
Ah ! ce bruit de patinette !
Mais non, ce n’est pas ici.

Le sang me monte à la tête
J’entends les cloches aussi.
Et pourtant, je suis le Roi !
Tu devrais, genou en terre,

Baiser le bout de mon drap
Et pleurer pour la manière !
« Madame, relevez-vous »
Te dirai-je noblement !

Et sur tes lèvres de houx
T’embrasserai jusqu’à cent.
L’heure fuit , mes oripeaux
Juste bons pour les corbeaux !

Amandine, tu te moques
Tu te ris toujours de moi.
Quand tu remontes tes socques
Je tremble et ne sais pourquoi…

Amandine, je vais mourir
Si vraiment tu ne viens pas.
Je t’ordonne de courir
De grandir entre mes bras !

Le silence, seul, répond
Aile blanche sur mon front.

Le grenier comme un navire
Se balance dans la nuit.
Le trône vide chavire
L’Oncle fume en son réduit.

Amandine sans foi ni loi
Amandine ne viendra pas.
Jamais elle ne sera Reine
D’Occident ou de Saba

Jamais elle ne régnera
Sur c’qu’il y a de plus sacré.
Peste noire ou choléra
Jamais ne pourra pleurer.

Et pourtant comme je l’aime
Amandine des chevaux d’bois
De Jean-Pierre et de Ghislaine
De tout le monde à la fois !

Et pourtant comme je l’aime
(À mes pieds tombe le drap)
Amandine si hautaine
Amandine au coeur de bois.

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

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Fracasse les vitrines (Paul-Alexis Robic)

Posted by arbrealettres sur 7 juillet 2020



Fracasse les vitrines
Brise les carapaces
Déplace les montagnes
Comble l’abîme et passe
Le mur est toujours là
Le même mur debout
Tout est toujours de face
Et la mort est au bout.

(Paul-Alexis Robic)

 

 

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Nous y voilà, nous y sommes ! (Fred Vargas)

Posted by arbrealettres sur 21 mai 2020




    
Nous y voilà, nous y sommes !

Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.

Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance.

Nous avons chanté, dansé.

Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine.

Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air,
nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde,
nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche,
nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés.

On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles,
comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre,
déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome,
enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

Franchement on s’est marrés.

Franchement on a bien profité.

Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses
que de biner des pommes de terre.

Certes.

Mais nous y sommes.

A la Troisième Révolution.

Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie.

« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.

Oui.

On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.

C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies.

La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.

De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.

Son ultimatum est clair et sans pitié :

Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).

Sauvez-moi, ou crevez avec moi.

Evidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.

D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance.

Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.

Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs,
éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin,
relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, (attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille)
récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines,
on s’est quand même bien marrés).

S’efforcer. Réfléchir, même.

Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.

Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde.

Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.

Pas d’échappatoire, allons-y.

Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.

Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible.

A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut être.

A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.

A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

(Fred Vargas)

Fred Vargas – 7 novembre 2008 – EuropeEcologie.fr

Lu mise en musique par Philippe Torreton et Richard Kolinka
https://twitter.com/elsaboublil/status/1253749194910838785?s=20

 

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JE CHERCHE PAIX (Olivier De Magny)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2020




    
JE CHERCHE PAIX

Je cherche paix, et ne trouve que guerre,
Ores j’ai peur, ores je ne crains rien,
Tantôt du mal et tantôt j’ai du bien,
Je vole au ciel et ne bouge de terre.

Au cœur douteux l’espérance j’enserre,
Puis tout à coup je lui romps le lien,
Je suis à moi et ne puis être mien,
Suivant sans fin qui me fuit et m’enferre.

Je vois sans yeux, je cours sans déplacer,
Libre je suis et me sens enlacer
D’un poil si beau que l’or même il égale :

J’englace au feu, je brûle dedans l’eau,
Je ris en pleurs, et ronge mon cerveau,
Chantant toujours comme fait la cigale.

(Olivier De Magny)

 

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