La nuit sans étoiles
Dérobe en ses sombres toiles
Les fleurs du pêcher.
Mais, parfum, quels sont les voiles
Où tu pourrais te cacher ?
(Tsoura-Youki)
Traduction: Judith Gautier
Editions: Beaux-Arts de Paris
Posted by arbrealettres sur 25 mars 2022
La nuit sans étoiles
Dérobe en ses sombres toiles
Les fleurs du pêcher.
Mais, parfum, quels sont les voiles
Où tu pourrais te cacher ?
(Tsoura-Youki)
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Posted by arbrealettres sur 25 mars 2022
Les brumes complices
Cachent les fleurs du prunier.
O vent printanier,
Va dérober aux calices
L’odeur qui fait mes délices.
(Monnésada)
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Monnésada), brume, cacher, calice, complice, délice, dérober, faire, fleur, odeur, printanier, prunier, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2022
Illustration: Konstantin Kryzhitsky
PEU M’IMPORTE !
Peu m’importe
De vivre ou non en Ukraine.
Que l’on se souvienne de moi ou que l’on m’oublie,
De moi dans ces neiges étrangères.
Cela m’importe peu.
En captivité, j’ai grandi avec des étrangers,
Sans que les miens ne me pleurent,
En captivité, en pleurant, je mourrai
Et j’emporterai tout avec toi
Ne laissant même pas une seule petite trace
Dans notre glorieuse Ukraine,
La nôtre – qui n’est plus notre propre terre.
Et le père dans ses souvenirs,
Le père ne dira pas à son fils : « Prie,
Prie, mon fils : pour l’Ukraine
Il fut torturé jadis. »
Peu m’importe, si demain,
Si ce fils priera, ou non…
Mais ce qui m’importe réellement
C’est de constater qu’un ennemi ignoble
Endort, dérobe et consume l’Ukraine
La volant et la violant …
Ô, comme cela m’importe !
***
В казематі III
Мені однаково, чи буду
Я жить в Україні, чи ні.
Чи хто згадає, чи забуде
Мене в снігу на чужині –
Однаковісінько мені.
В неволі виріс меж чужими,
І, не оплаканий своїми,
В неволі, плачучи, умру,
І все з собою заберу,
Малого сліду не покину
На нашій славній Україні,
На нашій – не своїй землі.
І не пом’яне батько з сином,
Не скаже синові: “Молись,
Молися, сину: за Вкраїну
Його замучили колись”.
Мені однаково, чи буде
Той син молитися, чи ні…
Та не однаково мені,
Як Україну злії люде
Присплять, лукаві, і в огні
Її, окраденую, збудять…
Ох, не однаково мені.
***
Eu não me importo!
Eu não me importo
Para viver ou não na Ucrânia.
Lembre-se de mim ou me esqueça
De mim nessas neves estrangeiras.
Isso realmente não importa para mim.
Em cativeiro, cresci com estranhos,
Sem chorar minha ausência
Em cativeiro, chorando, vou morrer
E eu vou levar tudo com você
Não deixando nem um pequeno traço
Na nossa gloriosa Ucrânia,
Nossa – que não é mais nossa própria terra.
E o pai em suas memórias
Não dirá a seu filho: « Ora,
Ore, meu filho: para a Ucrânia
Ele foi torturado uma vez. «
Eu não me importo, se amanhã,
Se esse filho vai orar, ou não …
Mas o que realmente importa para mim
É notar que um inimigo ignóbil
Endortar, roubar e consumir a Ucrânia
O volante e o violador …
Oh, como isso importa para mim!
(Taras Chevtchenko)
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Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2021
Illustration: Henri Eisenberg
Mon aimée, mon coeur, nuit et jour,
brûle de te rencontrer comme on rencontre la mort dévorante.
Que je sois balayé par toi comme par une tempête.
Prends tout ce que j’ai;
détruis mon sommeil et ravis mes rêves.
Dérobe-moi ma vie.
Par cette dévastation,
par ce dépouillement total de mon âme,
devenons un seul être de beauté…
Hélas! mon désir est vain.
Où est l’espoir de communion complète
sinon en toi, mon Dieu?
(Rabindranath Tagore)
Recueil: Le jardinier d’amour La jeune Lune
Traduction: Mme Sturge Moore
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 2 février 2021
Illustration: Annie Predal
La nuit, on se connaît par la voix, par la respiration,
par une noire tendresse des bras ;
on se connaît lentement,
comme si on ne s’était jamais rencontré,
ni échangé les mots étranges d’un adieu;
on se connaît par le désespoir de l’ignorance,
qui aux uns et aux autres dérobe le sentiment,
les laissant livrés à la sécheresse d’un reflet.
(Nuno Jùdice)
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Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020
LE DIEU DE CHAQUE HOMME
Lorsque je dis «mon Dieu»,
j’affirme ma propriété.
Il est mille dieux personnels
dans les niches de la cité.
Lorsque je dis « mon Dieu»,
je crée une complicité.
Plus faible, je suis plus fort
que la défraternité.
Lorsque je dis «mon Dieu»,
je crie mon orphelinité.
Le roi auquel je m’offre
me dérobe ma liberté.
Lorsque je dis «mon Dieu»,
je pleure mon anxiété.
Je ne sais que faire de lui
dans ma microéternité.
(Carlos Drummond de Andrade)
Recueil: La machine du monde et autres poèmes
Traduction: Didier Lamaison et Claudia Poncioni
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020
Illustration: Higorca
RICHESSE
J’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu :
l’un en tant que rose
l’autre comme épine.
Ce qui m’a été dérobé
je n’en suis pas privé :
j’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu :
et me voilà riche de pourpre
et de mélancolie.
Ah, quel amant que la rose
et que l’épine est aimée !
Ainsi que la double forme
de fruits jumeaux,
j’ai le bonheur fidèle
et le bonheur perdu.
***
RIQUEZA
Tengo la dicha fiel
y la dicha perdida:
la una como rosa,
la otra como espina.
De lo que me robaron
no fui desposeída:
tengo la dicha fiel
y la dicha perdida,
y estoy rica de púrpura
y de melancolía.
¡Ay, qué amante es la rosa
y qué amada la espina!
Como el doble contorno
de dos frutas mellizas,
tengo la dicha fiel
y la dicha perdida….
***
WEALTH
I have the faithful
and the lost bliss:
the one as rose,
the other as thorn.
What they stole from me
did not leave me properly less:
I have the faithful
and the lost bliss:
and I’m rich of purple.
and melancholy.
Oh, what a lover is the rose
and how beloved the thorn!
As the double contour
of two twin fruits,
I have the faithful
and the lost bliss.
***
***
BOGĂȚIE
O soartă mi-este dată
și alta înstrăinată:
întâi am trandafirul,
apoi mai am un spin.
Dar ce mi-a fost furat
tot mie-mi aparține:
căci am o soartă dată
și una înstrăinată,
în purpuri sunt bogată
și în melancolii.
Ah, pătimașă-i roza
și adorat e spinul!
Conturul se dublează
rodind îngemănat,
o soartă ce mi-e dată
și una înstrăinată.
***
REICHTUM
Ich habe das wahre
und das verlorene Glück:
das eine ist wie eine Rose,
das andere wie ein Dorn.
Was mir gestohlen wurde
hat man mir nicht geraubt:
Ich habe das wahre
und das verlorene Glück
und ich bin reich an Purpur
und an Melancholie.
Ach, welch ein Liebhaber ist die Rose
und wie geliebt der Dorn!
Wie der doppelte Umriss
von Zwillingsfrüchten,
Ich habe das wahre
und das verlorene Glück.
***
RICCHEZZA
Io ho la felicità devota
e la felicità perduta
una come rosa
l’altra come spina.
Di ciò che mi è stato rubato
non sono stato privato
Io ho la felicità devota
e la felicità smarrita
e eccomi ricco di porpora
e di malinconia.
Ah, chi non ama che la rosa
è amato dalle spine !
Così come la doppia forma
di frutti gemelli,
io posseggo la felicità devota
e la felicità perduta.
***
RIJKDOM
Ik heb het trouwe
en het verloren geluk:
het ene als roos,
het andere als doorn.
Wat mij werd ontvreemd
ben ik niet kwijt:
Ik heb het trouwe
en het verloren geluk:
en ik ben rijk aan paars.
en aan melancholie.
Ach, wat een minnaar is de roos
en hoe geliefd de doorn!
Zoals de dubbele vorm
van tweelingsvruchten,
ik heb het trouwe
en het verloren geluk.
***
RIQUEZA
Tenho a justa ventura
e a ventura perdida:
uma como rosa,
outra como espinho.
Do que me roubaram
não fui despojada:
tenho a justa ventura
e a fortuna perdida,
e sinto-me rica
de púrpura e melancolia.
Ai, que amante é a rosa
e que amado é o espinho!
Como o duplo contorno
de dois frutos gémeos,
tenho a justa ventura
e a ventura perdida.
***
财 富
我有忠实而
失去的幸福:
一个像玫瑰,
另一个像刺。
他们从我身上偷的东西
留给我的恰恰一样多:
我有忠实而
丢失的幸福:
我富于华丽文辞。
也易于忧郁。
哦, 这玫瑰是情人啊
这刺多么可爱啊!
就像两个并蒂
果实的双轮廓,
我有忠实的
失去的幸福…
(Gabriela Mistral)
Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), aimer, amant, épine, bonheur, dérober, double, fidèle, forme, fruit, jumeau, mélancolie, perdre, pourpre, priver, riche, richesse, rose | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2020
L’APPROCHE DU SILENCE
En brèves apparitions, par la porte du jardin,
la jeune pluie subrepticement dérobe en ses voiles qu’elle déploie, la lumière qu’elle irise.
Sur ses pointes de danseuse, elle virevolte, s’arrête aux aguets,
se mire dans des boules de verre, sautille, s’esquive, s’éclipse,
mais sa présence persiste dans le jardin de gouttes constellé.
Les plantes ont pris le parti du soleil, tout brille davantage sous la lumière mouillée.
Un seul oiseau inquiet, attentif, cesse ses trilles.
Sur mon âge lourd la pluie est si légère et je sens les changements faciles.
Encore un oiseau se tait et je perçois ce peu de silence aussi.
Cet infime silence amical, pourtant parcelle d’infini, crée un cadre à tant de charmes légers, entourant ce qui s’appesantit.
(Gyula Illyès)
Posted in poésie | Tagué: (Gyula Illyès), amical, apparition, approche, briller, charmé, dérober, goutte, infini, jardin, lumière, oiseau, percevoir, plante, pluie, présence, s'appesantir, se taire, silence, soleil | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 mars 2020
Illustration: Fred Einaudi
La peur de la mort
La Mort à son gré se promène dans nos vies, douce Mort
qui s’affaire à chaque souffle.
Pourquoi la redouter ? Voyez comme elle rit,
son visage est la rose de lumière d’une grâce enjouée !
Une aimante et charmante vierge cueillant des fleurs
dans un jardin embaumé, frais des ondées printanières,
telle est la chose que vous craignez, une jeune et radieuse tourière
qui ouvre à nos âmes les mondes de lumière.
Est-ce parce que la branche tordue doit souffrir
quand les plus tendres mains lui dérobent sa gloire ?
Est-ce parce que la tige sans fleur retombe, ternie
et blême, qui naguère fut si belle ?
Ou est-ce le grincement affreux quand s’ouvre le portail
qui vous ébranle, faibles âmes sans courage ?
La mort n’est que le changement de nos robes pour attendre
en habits de noce à la porte de l’Éternel.
(Sri Aurobindo)
Posted in poésie | Tagué: (Sri Aurobindo), affreux, aimant, attendre, âme, ébranler, éternel, beau, blême, branche, changement, charmant, courage, craindre, cueillir, dérober, doux, embaumé, enjoué, faible, fleur, frais, gloire, grâce, grincement, habit, jardin, jeune, lumière, monde, mort, noce, ondée, ouvrir, peur, portail, porte, printanier, radieux, redouter, retomber, rire, robe, rose, s'affairer, s'ouvrir, se promener, souffle, souffrir, tendre, terni, tige, tordu, vie, vierge, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 février 2020
Illustration
L’INFINI
Toujours elle me fut chère cette colline solitaire
et cette haie qui dérobe au regard
tant de pans de l’extrême horizon.
Mais demeurant assis et contemplant,
au-delà d’elle, dans ma pensée j’invente
des espaces illimités, des silences surhumains
et une quiétude profonde ; où peu s’en faut
que le cœur ne s’épouvante.
Et comme j’entends le vent
bruire dans ces feuillages, je vais comparant
ce silence infini à cette voix :
en moi reviennent l’éternel,
et les saisons mortes et la présente
qui vit, et sa sonorité. Ainsi,
dans cette immensité, se noie ma pensée :
et le naufrage m’est doux dans cette mer.
(Giacomo Leopardi)
Posted in poésie | Tagué: (Giacomo Leopardi), assis, au-delà, éternel, bruire, cher, coeur, colline, comparer, contempler, dérober, demeurer, doux, entendre, espace, extrême, feuillage, haie, horizon, illimité, immensité, infini, inventer, mer, mort, naufragé, pan, pensée, présent, profond, quiétude, regard, revenir, s'épouvanter, saison, se noyer, silence, solitaire, sonorité, surhumain, toujours, vent, vivre, voix | Leave a Comment »