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Poésie

Posts Tagged ‘désarroi’

Peut-être que le poème n’est pas une réponse (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2022



Illustration: Henri Matisse
    
Peut-être que le poème n’est pas une réponse
et qu’il n’est pas non plus une question
ou bien il est une question
à l’absence de réponse
et une réponse à l’absence de question
peut-être que le pourquoi
le poème le pose comme une certitude
et le parce que, le poème le pose
comme un désarroi

(Laurent Albarracin)

Recueil: Nous, avec le poème comme seul courage
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Trêve (Abdourahman A. Waberi)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2022



Trêve

je sème ma voix aux quatre coins de la ville
l’eau y dessine le temps
je mêle mon corps aux effluves remontant de la nuit
j’y noie mon désarroi
je cherche dans tes yeux nos querelles d’antan
les clans défaits tissent la toile de leur discorde
je demande aux plantes grasses de me rendre
ma tendre mémoire
indécise tu écoutes les bruissements de ma brisure
tu remets à demain
l’approche de la nuit

(Abdourahman A. Waberi)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

Illustration: Isabelle Fournier Perdrix

 

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Je vis dans les images (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022



 

Carl Warner -13

Je vis dans les images innombrables des saisons
Et des années
Je vis dans les images innombrables de la vie
Dans la dentelle
Des formes des couleurs des gestes des paroles
Dans la beauté surprise
Dans la laideur commune
Dans la clarté fraîche aux pensées chaude aux désirs
Je vis dans la misère et la tristesse et je résiste
Je vis malgré la mort

Je vis dans la rivière atténuée et flamboyante
Sombre et limpide
Rivière d’yeux et de paupières
Dans la forêt sans air dans la prairie béate
Vers une mer au loin nouée au ciel perdu
Je vis dans le désert d’un peuple pétrifié
Dans le fourmillement de l’homme solitaire
Et dans mes frères retrouvés
Je vis en même temps dans la famine et l’abondance
Dans le désarroi du jour et dans l’ordre des ténèbres

Je réponds de la vie je réponds d’aujourd’hui
Et de demain
Sur la limite et l’étendue
Sur le feu et sur la fumée
Sur la raison sur la folie
Malgré la mort malgré la terre moins réelle
Que les images innombrables de la mort
Je suis sur terre et tout est sur terre avec moi
Les étoiles sont dans mes yeux j’enfante les mystères
A la mesure de la terre suffisante

La mémoire et l’espoir n’ont pas pour bornes les mystères
Mais de fonder la vie de demain d’aujourd’hui.

(Paul Eluard)

Illustration: Carl Warner

 

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Pour des prunes (Bernard Delvaille)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2022


mirabelles

Roses lourdes
de juillet
et l’épeire fasciée
tisse sa toile
dans les buis.
Ces jours d’été
de ma mémoire
jamais
ne s’enfuiront
non plus que les rags
de Scott Joplin.
C’était hier
à peine
au grand désarroi du temps.
Nous nous aimâmes
ah bel été
couleur de mirabelles!
pour des prunes.

(Bernard Delvaille)

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Demain de bon matin (Boulevard Des Airs)

Posted by arbrealettres sur 2 août 2021



    
Demain de bon matin

Mes chers amis je suis en fête
Mes chers voisins, mon cher facteur
Je vous laisse enfin une lettre
Que vous lirez tout à l’heure

On va pas se mentir cette fois
Pour la dernière je veux être clean
C’est le coeur libre que je vous quitte
Sans grand discours et sans émoi

Je laisse tomber j’abandonne
Je largue tout, je pars devant
A vrai dire, je me trouvais morne
Un peu pervers, un peu navrant

Ce n’est pas pour vous fâcher
Et entre nous, ça changera rien
Mais je m’en vais déserter
Je pars voyager avec mon chien

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

J’ai l’impression que pour le môme que j’étais
Tout était tracé
Jusqu’à devenir une homme
Alors je me suis laissé

Le changement se déroule
D’un coup d’un seul comme un coup de boule
C’est lorsque plus rien ne vous choque
Qu’on accepte de baisser son froc

Alors tout devient secondaire
Les enfants, la mère et le froid
Et l’important c’est la carrière
Vous comprendrez mon désarroi.

Alors demain de bon matin
Je laisserai tout derrière moi
Et ce sera moi l’orphelin
De mes projets et de nos choix

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo

Je deviendrai vagabond
Et en passant mais pas plus con
Mon coeur et mon corps à l’envie
Renaîtront petit à petit

Si je croise un ou deux vauriens
En cours de route et j’en suis sûr
Nous trinquerons à la nature
A nos amours et à mon chien

Qu’on me parle plus jamais
Ni de mon job ni de ces faits
Qui ont fait de moi un dégueulasse
Qui sont des faits qui me dépassent

Ceux qui jugent ou me recherchent
Car je suis pas tout blanc je l’avoue
Je sais pas, dites leur que je me perche
Inutile de me mettre au trou

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Demain de bon matin
Je pars seul sans escorte
J’irai sur les chemins
Retrouver mes amours mortes

Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo
Hoo ooo ooo

(Boulevard Des Airs)

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LE CHANSONNIER (extrait) (Francesco Petrarca)(Pétrarque)

Posted by arbrealettres sur 19 mai 2021



Pétrarque
    
LE CHANSONNIER (extrait)

Comme un pauvre vieillard quitte, pâle et chenu,
Le doux lieu où il a tout son âge accompli,
Laissant en désarroi une tendre famille
Qui voit qu’elle a perdu un père bien-aimé,

Et ensuite s’en va, en traînant son vieux corps
Tout au long des journées extrêmes de sa vie,
S’aide de son vouloir autant qu’il peut le faire,
Épuisé par les ans et du chemin lassé,

Et vient à Rome, obéissant à son désir
De pouvoir contempler l’image de Celui
Qu’il espère là-haut revoir encore au ciel,

Ah! de même aujourd’hui je vais parfois cherchant,
Autant que je le peux, ô dame, chez les autres,
La forme vraie de vous, objet de mon désir.

***

Movesi il vecchierel canuto et biancho
Del dolce loco ov’à sua età fornita
Et da la famigliuola sbigottita
Che vede il caro padre venir manco;

Indi trahendo poi l’antiquo franco
Per l’externe giornate di sua vita,
Quanto piú pò, col buon voler s’aita,
Rotto dagli anni, et dal camino stanco;

Et viene a Roma, seguendo’1 desio,
Per mirar la sembianza di colui
Ch’ancor lassú nel ciel vedere spera:

Cosi, lasso, talor vo cerchand’io,
Donna, quanto è possibile, in altrui
La disïata vostra forma vera.

(Francesco Petrarca)(Pétrarque)

Recueil: Petite anthologie Poésie européenne
Traduction:
Editions: Singulières

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Désarroi (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020



Désarroi

Un grand soleil de rire éclaire ma détresse.
Les oiseaux migrateurs frissonnent au départ
Et je vois qu’il est bon de dresser un rempart
Pour se bien protéger quand cesse la tendresse.

Le chemin qui poudroie à travers tous les champs
A emporté la meute avec tout son tumulte
Au galop des chevaux, avec des cris, des chants,
Derrière la colline où l’horizon culbute.

Un grand soleil de pierre a lapidé mon cœur
Dont le sang coule avec celui de la rivière
Et tout le paysage exprime sa rancœur
Dans un regard limpide où pleure la lumière.

(Jean-Baptiste Besnard)

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je n’ai pas choisi (Amina Saïd)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020



Amina Saïd
    
je n’ai pas choisi…

je n’ai pas choisi de naître
mais je dois accepter et la vie et la mort

je n’ai pas choisi le jour l’heure le lieu
ou l’époque de ma venue au monde
ni choisi le nom que je porte
ou mon sexe ou la couleur de mes yeux

mais faire des prédictions cela je l’ai voulu

j’espère et désespère dans le même temps
je fais des rêves étranges qui chassent le sommeil
j’ai des moments de long silence
puis les mots se bousculent sur mes lèvres

il est pénible de ne pas être entendue
ma parole n’est pourtant pas trompeuse
elle est dans la douleur du monde

il me faut garder une vision limpide
parler le langage de l’âme
qui est lumière et sagesse

sans quoi la stupeur et le désarroi
me rendront muette à jamais
je suis née femme ma parole
est dans la douleur du monde

(Amina Saïd)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Le zizi perpétuel (René de Obaldia)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2020



    

Le zizi perpétuel

Mon petit frère a un zizi
Mais moi, Zaza,
Je n’en ai pas.

Mon petit frère a un zizi
Toujours placé au bon endroit
Mais moi, Zaza,
Je n’en ai pas.
Pourquoi ?

Il me le montre sans répit
Pour me donner du dépit
Pour se donner un air gaulois
Pour m’enfoncer dans l’désarroi !

Il me le sort en catimini’
En tapis rouge en tapinois’
Et me le fait toucher du doigt :
C’est assez doux
Comme caoutchouc
Mais y’a pas de quoi
Perdre la foi.

Et moi, et moi, moi je me dis
Pourquoi mon frère a un zizi
Dans quel tiroir se font les lois ?
Le jour et la nuit
Son zizi le suit
Toujours placé au bon endroit.

Et moi, Zaza, dans les draps blancs
J’ai beau me tâter
Me tâter souvent
À la place où ç’aurait dû été
Que du vent ! Que du vent !

« Tu verras Zaza
Avec mon zizi
Un jour je serai le Roi »
Qu’il dit
Tout en lui collant tout autour du sparadrap.

À la fin c’est énervant
De manquer obstinément
De cette sorte d’émolument.

Si j’ai le regard zoulou
Si j’ai le nombril sournois
Si je fais des coups en d’ssous
Si je pousse de guingois
Si je ne fais pas mon poids
Faut pas demander pourquoi !

Mais pourquoi ?
Pourquoi ?

(René de Obaldia)

 

Recueil: Innocentines
Traduction:
Editions: Gracet & Fasquelle

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POÈMES DE LA SEINE (Elhonen Vogler)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2019



Illustration: Leonod Afremov
    
POÈMES DE LA SEINE
(extrait)

Qui ne mesure nuit et jour
Que par Vénus aux bras ouverts
Voit dans le giron de Lutèce
Le songe devenir un ver.

À travers les prés verdissants
La terre sent, par lui foulée,
Dans la fumée des jours naissants
Les villes, ruines, s’écrouler.

Qui ne possède point de femme
Muet vers la Seine descend
Pour voir se mirer dans sa larme
Sa tête aux cheveux déjà blancs.

À qui n’a rien, pas même un toit,
Elle apprend, au bruit de sa vague,
Le langage du désarroi
Sur le boulevard Saint-Michel.

Pour tous les vagabonds elle est
Véritablement une mère
Qui sait apaiser toute plaie
Brûlant aux pieds de ceux qui errent.

(Elhonen Vogler)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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