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Poésie

Posts Tagged ‘désolation’

Île (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2023




    
Île

Solitude au vent, ô sans pays, mon Île,
Que les barques de loin entourent d’élans
Et d’appels, sous l’essor gris des goélands,
Mon Île, mon lieu sans port, ni quai, ni ville,

Mon Île où s’élance en secret la montagne
La plus haute que Dieu heurte du talon
Et repousse… Ô Seule entre les aquilons
Qui n’a que la mer farouche pour compagne.

Temps où se plaint l’air en éternels préludes,
Mon Île où l’Amour me héla sur le bord
D’un chemin de cieux qui descendait à mort,
Espace où les vols se brisent, Solitude.

Solitude, Aire en émoi de Cœur immense
Qui sans cesse jette au large ses oiseaux,
Sans cesse au-dessus d’infranchissables eaux,
Sans cesse les perd, sans cesse recommence.

Désolation royale, terre folle
Que berce l’abîme entre ses bras massifs,
Mon Île, tu tiens un Silence captif
Qu’interroge en vain la houle des paroles.

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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Je pense à toi (Salih Diyab)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023



Illustration: Amedeo Modigliani
    
Je pense à toi
sur mon chemin
pour trouver la maison
pour voyager tranquille
vers le soir
et arriver indemne
au matin

en passant
la longue file des jours
aux cous inclinés tels des
portraits de Modigliani
je traverse midi
où la désolation
est un olivier luisant

chaque fois que je ferme
mes yeux sur ton odeur
je vois la petite main
de la rose
mes pensées bleuissent
deviennent cerfs-volants
mon coeur divague
plus qu’une fenêtre

j’ouvre la porte
j’entre doucement
pour que ton sommeil se promène
à la manière d’un ange

***

(Salih Diyab)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Cent fois que je vais à la poste (Varlam Chalamov)

Posted by arbrealettres sur 21 décembre 2022




    
Cent fois que je vais à la poste
Pour aller chercher ta lettre.
À présent la nuit je ne dors plus,
je ne vis plus le jour.

Je crois, je crois à tous les signes,
Aux songes comme aux araignées,
Je crois aux skis, je crois en été
Aux barques étroites qui filent.

Je crois au vrombissement des automobiles,
À leurs orageux diesels,
Aux colombes messagères,
Aux mâts des navires.

Je crois aux sifflets des vapeurs,
Je crois aux trains,
Même à l’été
Je crois parfois.

Je crois dans les traîneaux à rennes,
Dans la boussole du voyageur
Près de ses cartes engivrées
Et dans la désolation de l’heure.

Dans les vaillantes kibitkas
Et dans les chiens d’attelage,
Aux escargots et leur sang-froid,
À l’indolence des tortues.

Je crois comme par enchantement,
Au sang qui se glace,
Je crois aussi à la patience
Et à ton amour.

(Kibitka : traîneau couvert)

(Varlam Chalamov)

 

Recueil: Cahiers de La Kolyma
Traduction: du russe par Christian Mouze
Editions: Maurice Nadeau

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Je ne demande au bleu… (Marc-Henri Arfeux)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2022



Illustration
    
Je ne demande au bleu…

Je ne demande au bleu de mon absence
Que ce lointain,
Si proche que je le sens frôler ma joue,
Ce peu de songe et de feuillages
En forme de parfum sur un sentier du monde
Où je ne suis que la buée d’un jour
Longtemps porté.

Je ne demande à l’éclosion des heures
Que l’effacement des pas,
La lente fumée du seul silence
Et l’embellie du vide
Pour mieux laisser venir,
Peut-être,
La pure désolation d’un chant
Selon la cendre et la lumière.

(Marc-Henri Arfeux)

 

Recueil: La désir Aux couleurs du poème Anthologie établie par Bruno Doucey et Thierry Renard
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Dans une vive désolation (Gérard Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2020



Gérard Lemaire
    
Dans une vive désolation.

Je ne crois pas en moi en ce moment
Ai-je d’ailleurs été quelquefois autrement

Mais pourquoi vouloir être quelqu’un
Pourquoi ce faux désir de ne pas être oublié des hommes

Puis-je être dans autre chose qu’un devoir
Mais si difficile d’accès malgré cette apparence

Aucune métaphore au violon lyrique ne me traverse
Peut-on avoir plus nettement conscience de sa tombe

Vérité et justice ne me sortent pas de la bouche
Ils sont gravés sur le marbre d’un météore inconnu

Ils passent sur tant de fronts abaissés
Aucun pilier de temple ne peut les porter

Où aller en clarté avec si peu de force
Ce que j’entends du monde m’a jeté si bas

(Gérard Lemaire)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Un poète à hauteur d’homme
Traduction:
Editions: du Contentieux https://lecontentieux.blogspot.com/

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HAMPI (INDE) (Anise Koltz)

Posted by arbrealettres sur 8 septembre 2020




Illustration
    
HAMPI (INDE)

Nulle part
le silence des pierres
n’est plus éloquent
la désolation
plus somptueuse
Sous un soleil pesant
l’éternité rôde
Le temps assis sur un roc
se repose d’être le temps

(Anise Koltz)

 

Recueil: Somnambule du jour
Traduction:
Editions: Gallimard

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Désolation hivernale (Taigi)

Posted by arbrealettres sur 12 décembre 2019



 

Désolation hivernale –
dans le bassin d’eau de pluie
des moineaux se promènent

(Taigi)

Illustration: Hokusaï

 

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Je suis triste (Gilles Weinzaepflen)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2019



Illustration: Edvard Munch
    
Je suis triste mon âme est triste
Malgré ce beau soleil qui brille pour rien
Tant mon âme est triste pour rien
De la désolation pure sans soulagement

Du désastre sans rien de cassé

Quelque chose est en morceaux
Quelque chose est plié comme un coin
Comme une oreille de chien trop longue
Qui se replie au sommet du crâne

Avec le tatouage à l’intérieur devenu visible

Ça gémit à l’intérieur comme si ça voulait sortir
Mais c’est pas capable de sortir
Ça sait d’avance que sortir ne sert à rien
Même dehors est encore du dedans retourné

(Gilles Weinzaepflen)

 

Recueil: Noël Jivaro
Traduction:
Editions: Le clou dans le fer

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ORAISON (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019




    
ORAISON
Dhyâna

Hier je suis revenu sans vous dire mot.

J’ai mis fin pour toujours
au duel entre espoir et désolation,
aux griefs accablants des envies excédées.

Au sombre ciel d’absence il fait soir.
Je vous contemple
vous tiens dans l’infini
dans l’absolu.

Le cours du monde n’est plus,
ni soleil ni lune
ni astre ni planète aucune ;
l’air se tient coi, nul tracé d’arbres
à l’horizon ne se dessine.

Point de gens ni de chuchotements,
le bruit des pas du temps aboli
arrêté l’instant inachevé
dont je ne compte pas les fragments.

N’est plus ni jour ni obscurité —
ni moi ni attache vous liant à moi.
Il n’y a ni plaisir ni peine ni crainte,
tout désir se trouve éteint —
une quiétude se sent
dans le silence du ciel.

Tout est en vous recueilli,
en vous solitaire —
dans mon esprit sans moi ne se profile
que l’intime vision de vous.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: L’écrin vert
Traduction: Saraju Gita Banerjee
Editions: Gallimard

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LA CIGALE ET LE GRILLON (John Keats)

Posted by arbrealettres sur 14 avril 2019



 

LA CIGALE ET LE GRILLON

La Poésie de la Terre jamais ne meurt :
Quand tous les oiseaux défaillent sous le soleil brûlant,
Et se cachent dans la fraîcheur des arbres, une voix court
De haie en haie par la prairie fraîche fauchée ;
C’est la voix de la cigale ; elle mène le branle
Dans la féerie d’été puis — car il n’est point de terme
A ses enchantements — épuisée de plaisir,
S’enivre d’indolence sous une herbe accueillante.
La Poésie de la Terre ne s’achève jamais :
Dans la désolation d’un soir d’hiver, quand le gel
A tissé son silence, de l’âtre monte
Le chant aigu du grillon, dont la chaleur sans cesse croît,
Apportant à celui que gagne la torpeur
Le chant de la cigale parmi les monts herbeux.

(John Keats)

 

 

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