Posts Tagged ‘détacher’
Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023

Parcourons la nouvelle maison américaine
Il y a des portes
qui veulent être libres
de leurs gonds pour
voler avec de parfaits nuages.
Il y a des fenêtres
qui veulent être
détachées de leur
chambranle pour courir avec
les daims à travers les prés
de l’arrière-pays.
Il y a des murs
qui veulent rôder
avec les montagnes
à travers les premières
lueurs de l’aube.
Il y a des sols
qui veulent digérer
leurs meubles pour en faire
des fleurs et des arbres.
Il y a des toits
qui veulent voyager
gracieusement avec
les étoiles à travers
des cercles d’obscurité.
***
Let’s Voyage into the New American House
There are doors
that want to be free
from their hinges to
fly with perfect clouds.
There are windows
that want to be
released from their
frames to run with
the deer through
back country meadows.
There are walls
that want to prowl
with the mountains
through the early
morning dusk.
There are floors
that want to digest
their furniture into
flowers and trees.
There are roofs
that want to travel
gracefully with
the stars through
circles of darkness.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted in poésie | Tagué: (Richard Brautigan), américain, arbre, arrière-pays, aube, à travers, étoile, cercle, chambranle, courir, daim, détacher, digérer, faire, fenêtre, fleur, gond, gracieusement, libre, lueur, maison, meuble, montagne, mur, nuage, obscurité, parcourir, parfait, porte, pré, premier, rôder, sol, toit, voler, vouloir, voyager | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022

Illustration: Shan Sa
Assis avec ma femme au début du printemps
Toilettes et parures audacieuses,
Tu t’apprêtes toujours d’avant-garde.
L’herbe encore courte perce au travers des sandales
Les prunes en promesse détachent leur parfum d’à venir
Les arbres s’inclinent pour cueillir ton châle de brocarts
Et l’air s’élève délicat puis dégage ton col écarlate
Remplis ma coupe de vin d’orchidée !
Cette seule vue fait chanter mon esprit.
(Xu Junqian)
(540-609)
Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel
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Posted in poésie | Tagué: (Xu Junqian), air, arbre, assis, au travers, audacieux, avant-garde, à venir, écarlate, brocart, chanter, châle, col, coupe, court, cueillir, début, dégager, délicat, détacher, esprit, faire, femme, herbe, orchidée, parfum, parure, percer, printemps, promesse, prune, remplir, s'apprêter, s'élever, s'incliner, sandale, toilette, toujours, vin, vue | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 février 2021

Pour réjouir ton cœur voici dans mes paumes
Un peu de soleil et un peu de miel,
Selon la loi des abeilles de Perséphone.
Nul ne peut détacher la barque à la dérive,
Nul n’entend l’ombre bottée de fourrure,
Nul ne peut vaincre la peur au bois de la vie.
Il ne nous reste plus que des baisers
Aussi velus que les minces abeilles
Qui meurent, à peine enfuies de leur ruche.
Dans les fourrés de la nuit elles bruissent,
La forêt du Taygète est leur patrie,
Leur pâture le temps, la mélisse et la menthe…
Prends pour réjouir ton cœur mon offrande sauvage,
Ce simple collier sec d’abeilles mortes
Qui ont su changer le miel en soleil !
*
Возьми на радость из моих ладоней
Немного солнца и немного меда,
Как нам велели пчелы Персефоны.
Не отвязать неприкрепленной лодки,
Не услыхать в меха обутой тени,
Не превозмочь в дремучей жизни страха.
Нам остаются только поцелуи,
Мохнатые, как маленькие пчелы,
Что умирают, вылетев из улья.
Они шуршат в прозрачных дебрях ночи,
Их родина – дремучий лес Тайгета,
Их пища – время, медуница, мята.
Возьми ж на радость дикий мой подарок,
Невзрачное сухое ожерелье
Из мертвых пчел, мед превративших в солнце.
(Ossip Mandelstam)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
Recueil: Poésies d’amour
Traduction: Henri Abril
Editions: Circé
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Posted in poésie | Tagué: (Ossip Mandelstam), abeille, baiser, barque, bois, botter, bruire, changer, coeur, collier, dérive, détacher, entendre, forêt, fourré, fourrure, Loi, mélisse, menthe, miel, mince, mort, mourir, nuit, offrande, ombre, patrie, paume, pâture, peur, prendre, réjouir, rester, ruche, s'enfuir, sauvage, savoir, sec, simple, soleil, temps, vaincre, velu, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2021

Illustration
MANGO
Je m’appelle Mango et le soir tombe sur la lagune d’Ébrié.
Il n’y a que le bruit de ma pagaie dans l’eau à peine mouvante.
Et mon frère, derrière moi, qui essaie de me rejoindre,
Déjà confondu dans la mer des ombres, et détaché de ma solitude.
Je suis Mango, le pêcheur de carpes et je vais vers ma femme,
Vers mes enfants,
Vers ma paillote. Qui m’attendent.
Quelle est mon attente ?
Les jours sont pareils, pareilles sont les nuits, pareils les visages de ma vie.
Quelle est mon attente ?
L’obscurité déjà m’enveloppe, et je ne suis plus qu’une silhouette,
Sur la lagune d’Ébrié,
Sous le ciel encore mauve avant de s’éteindre dans mon coeur au sang noir.
Je n’étais plus Mango, tantôt, au milieu de la lagune d’Ébrié,
Mais l’air humide et lourd qui couvrait mon corps nu ;
Mais l’eau qui me portait ;
J’étais tout et l’infini de mes paysages,
J’étais la forêt et la savane.
Je n’étais plus Mango, mais le chant qui sourd au fond de moi,
Âme de toutes les âmes,
Respiration secrète du fromager et du feu flamboyant.
J’étais terre et eau, et la sève de l’arbre enraciné dans la vérité de ma nature.
Maintenant, je m’approche de la rive obscure,
Et je retournerai parmi vous, mes amis :
Vous me demanderez qui je suis ?
Je serai le matin où je vous ai quittés et la nuit de mon retour.
Je serai le lieu entre deux pôles et vêtu d’univers,
Ma voix montera des origines avec le murmure des sources.
J’ai peu du poids que je porte en moi :
C’est le poids de ma vérité et le poids du monde.
Je suis Mango, le pêcheur de la lagune d’Ébrié, et vous ne me reconnaîtrez pas.
(Adrien Jens)
Recueil: Je est un autre Anthologie des plus beaux poèmes sur l’étranger en soi
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Adrien Jens), air, aller, ami, arbre, attendre, attente, âme, bruit, carpe, chant, ciel, coeur, confondre, corps, couvrir, détacher, eau, enfant, enraciner, envelopper, essayer, femme, feu, flamboyer, fond, forêt, frère, fromager, humide, infini, jour, lagune, lieu, lourd, matin, mauve, mer, monde, monter, mouvant, murmuré, nature, noir, nu, nuit, obscur, obscurité, ombre, origine, pagaie, paillote, pareil, paysage, pêcheur, pôle, poids, porter, quitter, reconnaître, rejoindre, respiration, retour, retourner, rive, s'appeler, s'approcher, s'éteindre, sang, savane, sève, se demander, secret, silhouette, soir, solitude, source, sourdre, terre, tomber, univers, vérité, vêtir, vie, visage, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 mai 2020

Illustration: Antonio Ballesta
ETERNELS
Je rêve parfois
de mon père pendant notre dernier entretien.
Il disait : « Je t’attendais ».
Et j’étais satisfait
de sonner à temps,
bien que ce soient nos adieux,
et courts
et longs comme l’éternité :
éternels comme les toits souvent mouillés
et les jours humides de Shahi,
éternels comme les paysans
qui labourent pour semer,
pour détacher la terre et herser
chaque printemps à nouveau.
*Shahi: ville dans la province de Mazandaran, Iran
***
ETERN
Îl visez uneori pe tata,
vorbindu-mi pentru ultima dată.
„Te-așteptam”, mi-a zis
Ce mult m-am bucurat
că l-am sunat la timp.
Acel scurt rămas bun
ne-a fost îndeajuns,
în el a încăput o veșnicie:
eternă ca olanele umezite
de ploaia care cade în Shahi,*
eternă ca țăranii care ară
pământul fraged, semănând
în glia sfărâmată
noi primăveri.
***
ETERNO
A volte sogno mio padre,
la nostra ultima conversazione.
Mi disse, “ti stavo aspettando.”
Fui felice
di essere riuscito a chiamare in tempo,
anche se per il nostro addio
che fu breve
ma lungo come l’eternità:
eterno come i tetti spesso bagnati
e i giorni umidi di Shahi,*
eterno come i contadini
che arano per seminare
e rompono le zolle per rendere morbida
la terra, ad ogni primavera.
***

***
ETERNO
Às vezes sonho
com meu pai na nossa última chamada.
Disse: “Estava te esperando”.
E fiquei aliviado
por chamar a tempo,
embora fosse nossa despedida,
e fosse breve,
mas tão longa como a eternidade:
Eterno como os tetos habitualmente molhados
e os últimos dias de Shahi,
eterno como os camponeses
que lavram para plantar as sementes,
e amaciar e preparar a terra
cada primavera.
***
ETERNO
A veces sueño
con mi padre en nuestra última llamada.
Dijo: « Te estaba esperando ».
Y me quedé aliviado
por llamar a tiempo,
aunque fuese nuestra despedida,
y fuese breve,
pero tan larga como la eternidad:
eterno como los techos habitualmente mojados
y los húmedos días de Shahi *,
eterno como los campesinos
que labran para sembrar semillas,
y ablandar y rastrear la tierra
cada primavera.
***
ETERNAL
I dream sometimes
of my father in our last call.
He said, “I was waiting for you.”
And I was delighted
for calling in time,
though it was our farewell
which was short
but long as eternity:
eternal like the frequently wet roofs
and humid days of Shahi,*
eternal like farmers
who plow in order to sow seeds
and loosen and harrow the soil
each spring.
***
ΑΙΩΝΙΟ
Μερικές φορές θυμάμαι
το τελευταίο τηλεφώνημα στον μπαμπά μου
που είχε πει, σε περίμενα
κι εγώ χαιρόμουν
που είχα τηλεφωνήσει έγκαιρα
που τελικά ήταν αποχαιρετισμός μας
σύντομος κι αιώνιος
σαν τις βρεμένες στέγες
κατά τις νωπές μέρες στο Σάχι*
αιώνιες σαν τους αγρότες
που για να σπείρουν οργώνουν
κι ετοιμάζουν το χώμα
κάθε άνοιξη.
***

***
EEUWIG
Ik droom soms
van mijn vader tijdens ons laatste gesprek.
Hij zei: « Ik wachtte op jou. »
En ik was opgetogen
om tijdig te bellen,
alhoewel het ons afscheid was,
en kort,
maar lang als de eeuwigheid:
eeuwig zoals de vaak natte daken
en de vochtige dagen van Shahi *,
eeuwig zoals boeren
die ploegen om te zaaien,
om de aarde los te maken en te eggen
ieder voorjaar opnieuw.
***

***
ETERNU
Quacchi vota m‘insonnu a me patri
di l‘urtima tilifunata.
Mi dissi,“T‘aspittava.“
E yo era cuntentu
p‘aviri chiamatu a l‘ura giusta,
ammatula ca chiddu fu
lu nostru addiu,
curtu in virità
ma longu na eternità,
eternu comu li tetti ô spissu bagnati
e li jurnati umidi di Shai,
eternu comu li cuntadini
chi aprunu la terra
turmintannu la terra
a ogni primavera
pi vurricaricci simenza.
***
EWIG
Ich träume manchmal
vom letzten Telefongespräch mit meinem Vater.
Er sagte: « Ich habe auf dich gewartet. »
Und ich war erleichtert,
rechtzeitig angerufen zu haben,
auch wenn es unser Abschied war,
und kurz,
aber so lange wie die Ewigkeit:
ewig wie die oft nassen Dächer
und die Regentage von Shahi *,
ewig wie die Bauern
die pflügen, damit sie säen können,
und die Erde auflockern und eggen,
jeden Frühling
***
永 恒
我有时梦见
上次通电话的父亲。
他说:“我正等着你呢。”
而我很高兴
因为及时通了话,
虽然这是我们
短暂的相会
但只要永恒:
就像常湿的屋顶和
沙希*潮湿的日子那样永恒,
就像农民每年
春天松土耙土
为播种而耕种
那样永恒。
*沙希: 伊朗马赞达兰省的一座城市
***

(Sepideh Zamani)
Recueil: ITHACA 619
Traduction: Français Germain Droogenbroodt Elisabeth Gerlache / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg / Persan / Italien Luca Benassi / Portugais José Eduardo Degrazia / Espagnol Rafael Carcelén / Anglais Stanley Barkan / Grec Manolis Aligizakis / Russe Daria Mishueva / Néerlandais Germain Droogenbroodt / Indi Jyotirmaya Thakur / Corse Gaetano Cipolla / Allemand Wolfgang Klinck / Chinois William Zhou /Editions: POINT
Site:
http://www.point-editions.com/en/
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Posted in poésie | Tagué: (Sepideh Zamani), adieu, attendre, à nouveau, à temps, éternel, éternité, court, détacher, dernier, dire, entretien, herser, humide, jour, labourer, long, mouiller, parfois, paysan, père, printemps, rêver, satisfait, semer, sonner, terre, toit | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 avril 2020
L’heure où l’enfant s’arrêtait
de jouer avec des coquillages
étincelait de futur
les valves au dedans lisse
gardaient l’odeur de la mer
l’on entendait hacher
pour les bêtes les herbes amères
les mouches sur les mots
du calendrier des jours
se posaient entre les murs étanches
et la phrase
se détachait d’entre les lèvres
livrant à l’espace des ondes éternelles.
(Jean Follain)
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Follain), éternel, étinceler, calendrier, coquillage, détacher, espace, futur, heure, jouer, livrer, mer, mouche, odeur, onde, phrase, poser, s'arrêter, valve | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 février 2020

La feuille
De ta tige détachée,
Pauvre feuille desséchée,
Où vas-tu ? – Je n’en sais rien.
L’orage a brisé le chêne
Qui seul était mon soutien.
De son inconstante haleine
Le zéphyr ou l’aquilon
Depuis ce jour me promène
De la forêt à la plaine,
De la montagne au vallon.
Je vais ou le vent me mène,
Sans me plaindre ou m’effrayer :
Je vais où va toute chose,
Où va la feuille de rose
Et la feuille de laurier.
(Vincent Arnault)
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Posted in poésie | Tagué: (Vincent Arnault), aller, aquilon, briser, chêne, déssécher, détacher, feuille, forêt, haleine, inconstant, laurier, mener, orage, pauvre, plaine, rose, s'effrayer, savoir, se plaindre, se promener, soutien, tige, vallon, vent, zéphyr | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 février 2020

La chanson des heures
A qui sait aimer, les heures sont roses
Car c’est le bonheur qu’elles font germer
En l’Eden secret des amours écloses,
Les heures sont roses,
A qui sait aimer
A qui sait souffrir, les heures sont noires
Car c’est la douleur qu’elles font germer
En l’âme blessée, au choc des histoires,
Les heures sont noires,
A qui sait souffrir
A qui sait aimer, les heures sont grises
Car c’est le souci qu’elles font lever,
Par les cœurs troublés, par d’amères crises,
Les heures sont grises,
A qui sait aimer
A qui sait mourir, les heures sont blanches
Car c’est le repos qu’elles font fleurir,
Aux cœurs détachés de vitales branches,
Les heures sont blanches,
A qui sait mourir.
(Xavier Privas)
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Posted in poésie | Tagué: (Xavier Privas), aimer, amer, amour, éclos, blanc, bonheur, branche, chanson, choc, coeur, crise, détacher, douleur, eden, fleurir, germer, gris, heure, histoire, lever, mourir, noir, repos, rose, savoir, secret, souci, souffrir, troubler, vital | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2019

Illustration: Laurent S
Nuit blanche
Les bouteilles vidées, les couples désenlacés, on a secoué les nappes, les calèches s’en vont, baisers, la musique s’est tue, les fleurs ont détaché leurs pétales, échos, on a rangé les instruments, les arbres ont perdu leurs feuilles, lueurs, replié partitions et pupitres, les oiseaux se sont dissous dans le froid, pause, la Lune s’est répandue en neige, les flots se sont calmés, sommeil, un trait léger signale encore quelques balustres, les graviers et les vents se sont enrobés de silence, respiration, les marches deviennent transparentes, le mur, le sol, glissement, et même cette feuille de papier va disparaître.
(Michel Butor)
Recueil: Collation précédé de HORS-D’OEUVRE scandés par les SOUVENIRS ILLUSOIRES D’UN JAPON TRES ANCIEN
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in poésie | Tagué: (Michel Butor), arbre, écho, baiser, balustre, blanc, bouteille, calèche, coupe, désenlacer, détacher, devenir, disparaître, encore, enrober, feuille, fleur, flot, froid, glissement, gravier, instrument, léger, lueur, lune, marche, mur, musique, nappe, neige, nuit, oiseau, papier, partition, pause, pétale, perdre, pupitre, ranger, replier, respiration, s'en aller, se calmer, se dissoudre, se répandre, se taire, secouer, signaler, silence, sol, sommeil, trait, transparent, vent, vider | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 novembre 2019

Illustration
Derrière le mur
Je pends aux branches comme neige
dans le printemps de la vallée,
comme source froide je flotte au vent,
je tombe humide dans les fleurs en bouton
comme une goutte,
elles pourrissent tout autour
comme autour de la fange.
Je suis ce qui sans cesse pense à la mort.
Je vole, car ne peux aller tranquillement,
à travers les solides bâtiments des cieux
et renverse piliers et murs creux.
J’alerte les autres, car la nuit ne peux dormir,
avec le bruissement lointain de la mer.
Je me glisse dans la bouche des cascades
et des montagnes détache des tonnerres de pierres.
je suis enfant de la grande angoisse du monde,
suspendu à la paix et à la joie
comme les coups de glas aux pas du jour
comme la faux dans les champs mûrs.
Je suis ce qui sans cesse pense à la mort.
***
Hinter der Wand
Ich hänge als Schnee von den Zweigen
in den Frühling des Tals,
als kalte Quelle treibe ich im Wind,
feucht fall ich in die Blüten
als ein Tropfen,
um den sie faulen
wie um einen Sumpf.
Ich bin das Immerzu-ans-Sterben-Denken.
Ich fliege, denn ich kann nicht ruhig gehen,
durch aller Himmel sichere Gebäude
und stürze Pfeiler um und höhle Mauern.
Ich warne, denn ich kann des Nachts nicht schlafen,
die andern mit des Meeres fernem Rauschen.
Ich steige in den Mund der Wasserfälle,
und von den Bergen lös ich polterndes Geel.
Ich bin der großen Weltangst Kind,
die in den Frieden und die Freude hängt
wie Glockenschläge in des Tages Schreiten
und wie die Sense in den reifen Acker.
Ich bin das Immerzu-ans-Sterben-Denken.
(Ingerborg Bachmann)
Recueil: Toute personne qui tombe a des ailes
Traduction: Françoise Rétif
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Ingerborg Bachmann), alerter, aller, angoisse, à travers, bâtiment, bouche, bouton, branche, bruissement, cascade, champ, ciel, coup, creux, détacher, derrière, dormir, enfant, fange, faux, fleur, flotter, froid, glas, glisser, goutte, humide, joie, lointain, mer, monde, montagne, mort, mur, neige, nuit, paix, pendre, penser, pierre, pilier, pourrir, printemps, renverser, sans cesse, solide, source, suspendre, tomber, tonnerre, tranquille, vallée, vent, voler | Leave a Comment »