Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021
À UNE FEMME DÉTESTÉE
Combien je vous déteste et combien je vous fuis:
Vous êtes pourtant belle et très noble d’allure,
Les Séraphins ont fait votre ample chevelure
Et vos regards couleur du charme brun des nuits.
Depuis que vous m’avez froissé, jamais depuis,
N’ai-je pu tempérer cette intime brûlure :
Vous m’avez fait souffrir, volage créature,
Pendant qu’en moi grondait le volcan des ennuis.
Moi, sans amour jamais qu’un amour d’Art, Madame,
Et vous, indifférente et qui n’avez pas d’âme,
Vieillissons tous les deux pour ne jamais nous voir.
Je ne dois pas courber mon front devant vos charmes ;
Seulement, seulement, expliquez-moi ce soir,
Cette tristesse au coeur qui me cause des larmes.
(Emile Nelligan)
Illustration: Albert Edelfelt
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Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2016

Tu me faisais croire que ton nom maudit
c’était le mien, l’imprononçable,
que ta face, c’était ma face, ma prison,
que ma peau détestée vivait de ta vie,
mais je t’ai vu : tu es un autre,
tu peux bien me tourmenter à jamais,
tu peux m’écraser dans des charniers
sous les cadavres de toutes les races disparues,
tu peux me brûler dans la graisse des dieux morts,
je sais que tu n’es pas moi-même…
(René Daumal)
Illustration: William Blake
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (René Daumal), autre, écraser, brûler, cadavre, charnier, détestée, Dieu, disparu, face, faire croire, graisse, imprononçable, maudit, mien, mort, nom, peau, prison, race, tourmenter | 2 Comments »