Je sombre, je meurs!
O vent qui fais ma détresse,
Calmant tes clameurs,
Va toucher d’une caresse
Les cheveux de ma maîtresse!
(Inconnu)
Traduction: Judith Gautier
Editions: Beaux-Arts de Paris
Posted by arbrealettres sur 27 mars 2022
Je sombre, je meurs!
O vent qui fais ma détresse,
Calmant tes clameurs,
Va toucher d’une caresse
Les cheveux de ma maîtresse!
(Inconnu)
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Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022
Mais que peuvent les poètes
en temps de détresse?
(Hölderlin)
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Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022
TROP DE MORTS ET DE MAL
C’est un parc aux pigeons
Et vous le croyez doux
Pensez donc!
C’est la grille d’enfer
Pour votre serviteur
songez-y!
Le parc ne lui fait peur
Mais quelques souvenirs
A haïr
Ainsi sommes-nous
Des deux côtés de cette grille
De belle herbe fraîche
Et d’arbres aérés
Vous dites que c’est doux
Que n’y suis-je!
Tandis que j’y frémis
Ah ! Dieu oui !
Car moi je ne m’en tire
Que rompu et roussi
Trop de morts et de mal
Et une nuit trop longue
Pour trop de cruauté
Et nos coeurs trop longtemps serrés
Et presque sans souffler
Trop de notre vie passé dans la terreur et dans la guerre
Jusqu’à nous avoir changés de nature
Et accablés de notre péché la fatigue
Comment décharger nos mémoires
Et les laver des fours et des gibets et de l’outrage ?
Comment revivre ?
Comment des graines dans la cendre
Dans notre âme mortelle nourrie de sable
Trop longtemps bue par le désert ?
Comment revivre ?
Comment des branches vertes
Dans le charbon des arbres calcinés ?
Il faudrait un printemps plus fort
Pour nous reprendre tout à fait
I1 faudrait nous refaire
Au lieu de ces ravines de ces fentes
Dont nous sommes en nous
Tout blanchis et ouverts
Désarmée
Attardée
En tendresse
En détresse
O ma soeur profonde
Que je te reconnais
Nous portons même cendre
Dans un pauvre sachet
Nous avons même soif
Humble et très en peine
De rejaillir et de trembler
De toutes ces fleurs du soleil
Où nos yeux ont recommencé
Vent de la vie au crin puissant
Viens attaquer
Pour en tirer
Les accents et les cris d’une pleine musique
Ces deux violons penchés
Bons pêcheurs ces filets
Allez les replonger
Dans les eaux ruisselantes
(Pierre Morhange)
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Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022
Illustration: Aina Frozt
En guerre
Il fait nuit si profonde autour de moi,
tant de solitude et de détresse.
Les murs tremblent et se pressent,
les larmes coulent du pain froid.
Il fait froid à pierre fendre dans la maison.
Aucun feu ne brûle, nulle part de lumière.
Mon souffle fume et expire dans l’air,
et tout espoir devient renonciation.
Dans le pays les routes bâillent largement
et m’appellent sûrement aussi.
Mais je suis fatiguée et emplie de peine…
ll fait nuit si profonde autour de moi.
***
Im Krieg
Es ist so tiefe Nacht um mich
und Einsamkeit und graue Not.
Die Wände drängen zitternd sich
und Tränen rinnen aus dem Brot.
Es ist so bitter kalt im Haus.
Kein Feuer brennt und nirgends Licht.
Mein Atem raucht im Raume aus
und aile Hoffnung wird Verzicht.
Im Lande gähnen Strassen weit
und rufen mich auch sicherlich.
Doch ich bin miide und volt Leid…
Es ist so tiefe Nacht um mich.
(Ingerborg Bachmann)
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Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2022
LES LÈVRES ET LE SECRET
ENVOI
Je suis pareil à cet enfant
Qui, laissé seul, dans sa détresse
Fit une lettre et, comme adresse,
Mit simplement : Paris, maman…
De ceux qui m’aimeraient, peut-être,
Moi aussi je suis seul très loin ;
Au hasard, j’ai jeté ma lettre…
Que les hommes en prennent soin !
Pour des êtres charmants et tendres,
Dont j’ignore même le nom,
J’ai fait ces petites chansons…
Puisse une femme les comprendre !
J’ai transcrit là sincèrement
Mon cœur ingrat et peu fidèle…
Maman, Paris… écrit l’enfant…
Mais la lettre arrivera-t-elle ?…
(Maurice Magre)
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Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2021
Premier adieu
Les étoiles s’avancent tristement
au ciel nu
les vents demandent avec détresse,
pourquoi je suis si calme.
Et la fenêtre déverse
l’éclat de la pleine lune,
ô rayons chéris, apaisez
mon coeur et sa peine !
Je ne sais si je dois rire, plaisanter,
ou pleurer ici —
mes yeux sont emplis de douleur
mais aussi d’ironie amère.
Et mes mains passent
ici et là presque en tremblant,
et mes pensées s’élargissent
à l’infini comme une mer.
J’ai entendu tinter les cloches
brièvement vers minuit.
Cela veut dire à présent pour moi
qu’on a fait une tombe.
On a enterré une année,
le nouvel an s’annonce.
On a enterré mon coeur,
et nul ne s’est enquis de moi.
(Friedrich Nietsche)
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Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2021
Vénus noire à l’étreinte squameuse et froide…
Tous les murs se sont renversés dans l’eau, les pignons ont coulé a fond,
et les cheminées, comme des pilotis, sont fichées dans la vase.
C’est l’eau noire qui vit maintenant
pour tous ceux qui dorment un sommeil de mort entre les murs.
[…]
oh! la belle eau, noire comme une bohémienne, lisse et luisante comme l’ébène…
Pas une détresse qui ne souhaite d’y finir avec volupté.
Pas une joie qui ne rêve de s’étirer dans ce baiser…
Elle s’obscurcit de cette nuit qu’elle surpasse,
comme un amant qui prend au contact de l’autre le feu dont il le dévore.
(Franz Hellens)
Posted in poésie | Tagué: (Franz Hellens), amant, ébène, étreinte, baiser, bohémienne, cheminée, contact, couler, détresse, dévorer, feu, joie, mur, pignon, pilotis, rêver, s'obscurcir, se renverser, se surpasser, Vénus | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2021
LE HOUX
le houx flagelle les pluies
chute du fruit dans les bois
un frémissement de détresse
le front nu contre le tronc
lève des nuées d’insectes
et le choc d’un bec taraude
ce suaire de granit
dévidé de seuil en seuil
(Herri Gwilherm Kèrourédan)
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Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021
NUIT D’ÉTÉ
Le violon, d’un chant très profond de tristesse,
Remplit la douce nuit, se mêle aux sons des cors,
Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,
Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.
Le souffle du Veillant anime chaque feuille;
Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein;
Les oiseaux sont rêveurs; et sous l’oeil opalin
De la lune d’été ma Douleur se recueille…
Lentement, au concert que font sous la ramure
Les lutins endiablés comme ce Faust ancien,
Le luth dans tout mon cceur éveille en parnassien
La grande majesté de la nuit qui murmure
Dans les cieux alanguis un ramage lointain
Prolongé jusqu’à l’aube, et mourant au Matin.
(Emile Nelligan)
Posted in poésie | Tagué: (Emile Nelligan), amer, animer, arbre, aube, été, bois, chant, coeur, concert, cor, détresse, douce, douleur, endiablé, feuille, lune, luth, lutin, majesté, matin, mort, mourant, murmurer, nuit, oeil, oiseaux, opalin, plainte, pleurer, prolongé, ramage, ramure, rêveur, remplir, se recueillir, sein, son, souffle, souvenir, sylphe, tristesse, veillant, violon | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 février 2021
Illustration: Josephine Wall
Quand tu te tiens
dans la proximité du centre
la moindre parcelle de vie
est intégrée à la sphère
Avoir la force de t’arracher
aux joies plaisirs émotions
que te donnent tes semblables
Pour boire à cette source
où capiteuse se fait la vie
Combien seul
combien étranger à ce monde
celui que le manque
contraint à chercher
une vie plus haute
Instants
de folle ébriété
Quand un même flux
mêle en son torrent
la lumière et les eaux
Ce feu doux
de l’amour
quand l’oeil
a clarifié la flamme
Femme
c’est de toi
que me vient la vie
et je n’en finirai pas
de te louer te célébrer
que comprendre
comment rendre compte
parfois c’est le dégoût
la détresse
cette fureur du sang
parce que tout avorte
que chaque effort est vain
que rien n’échappe à la faux
ou parfois
c’est cette vénération cette joie
jubilante cette suffocante
lumière
et chaque visage m’émeut
alors jusqu’aux larmes
je déambule
dans la rue
parmi la foule
désobstrué
transparent
anonyme
avec
oui
avec
comme une lumière invaincue
qui pétille
et bat dans mes veines
minutieusement
goulûment
je vois les visages
happe cette vie
qui déferle
je me livre à chacun
je me love en chacun
en moi
s’enlacent des regards
se nouent des étreintes
s’ébauchent des nuits d’amour
et soudain me saisit
le sentiment suffocant
du mystère de la vie
hautes lames
de l’immense
dévotion éperdue
spacieux vertige
(Charles Juliet)
Posted in poésie | Tagué: (Charles Juliet), amour, avorter, ébriété, échapper, émotion, émouvoir, éperdu, étranger, étreinte, battre, boire, capiteux, célèbre, centre, chercher, clarifier, comprendre, contraindre, déambuler, dégoût, désobstruer, détresse, dévotion, donner, doux, eau, effort, faux, femme, feu, finir, flamme, flux, fou, foule, fureur, goulu, haut, immense, instant, intégrer, invaincu, joie, jublier, larme, louer, lumière, manquer, mêler, minutieux, moindre, monde, mystère, nuit, oeil, parcelle, pétiller, plaisir, proximité, regard, rien, rue, s'arracher, s'ébaucher, s'enlacer, saisir, sang, se livrer, se lover, se nouer, se tenir, semblable, sentiment, seul, soudain, source, spacieux, sphère, suffoquer, torrent, transparent, vain, vartige, vénération, veine, venir, vie, visage, voir | Leave a Comment »