Posted by arbrealettres sur 27 février 2022

Les Maisons
Les vieilles maisons sont toutes voûtées,
elles sont comme des grand’mères
qui se tiennent assises, les mains sur les genoux,
parce qu’elles ont trop travaillé dans leur vie;
mais les neuves sont fraîches et jolies
comme des filles à fichus
qui, ayant dansé, vont se reposer
et qui se sont mis une rose au cou.
Le soleil couchant brille dans les vitres,
les fumées montent dévidées
et leurs écheveaux embrouillés
tissent aux branches des noyers
de grandes toiles d’araignées.
Et, pendant la nuit, sur les toits,
l’heure du clocher dont les ressorts crient — et le poids descend —
(Charles-Ferdinand Ramuz)
Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite
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Posted by arbrealettres sur 21 juillet 2021

LE HOUX
le houx flagelle les pluies
chute du fruit dans les bois
un frémissement de détresse
le front nu contre le tronc
lève des nuées d’insectes
et le choc d’un bec taraude
ce suaire de granit
dévidé de seuil en seuil
(Herri Gwilherm Kèrourédan)
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Posted by arbrealettres sur 30 mars 2017

Les Jarretières
Le rouge va bien sur le noir.
– Quand je m’en irai à Séville
– et que j’aurais quatre douros,
– j’achèterai des jarretières pour ma belle.
J’achèterai des jarretières rouges,
– avec une devise brodée,
– et je les attacherai moi-même
– sur la cuisse ronde, au-dessus du genou.
La fille que j’aime a de la nuit dans les cheveux,
– et du soleil sur la peau dorée ;
– Ses seins droits ont la pointe sanglante :
– ils ont blessé tant de coeurs…
Ses yeux sont des étoiles noires ;
– sa bouche, une grenade mûre et parfumée ;
– ses dents, des perles sans tache…
– Ce n’est pourtant rien de cela que j’aime.
Ce qui me rend fou d’amour,
– c’est la courbe gracieuse de sa jambe,
– qu’emprisonne la soie noire,
– à travers laquelle transparaît la chair rose.
Lorsqu’elle danse le fandango,
– et que je l’accompagne sur ma guitare,
– toutes les filles sont jalouses d’elle,
– et tous les garçons de moi.
Par le Christ ! Lorsque sa jambe nerveuse,
– plie et bondit avec des tournoiements,
– noire dans l’envolement blanc des jupes,
– je deviens fou et ne sais plus ce que je joue.
En mon coeur s’allume le désir,
– et je voudrais enlever ma belle et l’emporter,
– la couvrir de caresses folles et troublantes,
– et me griser de ses baisers embaumés.
Car ce que j’aime en ma brune,
– ce n’est pas le flot noir et plein de reflets de sa chevelure,
– ni son oeil caché sous la paupière comme une guêpe dans une rose :
– C’est la rondeur de sa jambe et la petitesse de son pied.
Lorsque j’aurai quatre douros, j’irais à Seville,
– et j’achèterai pour ma maîtresse des jarretières,
– que je veux attacher moi-même au-dessus du genoux.
– Le rouge va si bien sur le noir !
(Léon Xanrof)
Illustration: Tatieva
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