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Posts Tagged ‘dévoiler’

« Si je n’ai une autre voix… » (José Saramago)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2022



Illustration: Chantal Dufour
    
« Si je n’ai une autre voix… »

Si je n’ai une autre voix qui me dédouble Ce
silence en échos d’autres sons,
C’est parler, parler encore, jusqu’à dévoiler La
parole cachée de ce que je pense.

C’est, brisé, la dire entre des détours
De flèche qui elle-même s’envenime,
Ou mer haute coagulée de navires Où
le bras noyé nous fait signe.

C’est forcer vers le fond une racine Quand
la pierre rigoureuse coupe le chemin, C’est
lancer vers le haut tout ce qu’on dit Car
plus arbre est le tronc le plus seul.

Elle dira, parole découverte,
Les dits de l’habitude de vivre :
Cette heure qui serre et desserre,
Le non voir, le non avoir, le presque être.

***

«Se nao tenho outra voz…»

Se não tenho outra voz que me desdobre Em
ecos doutros sons este silêncio,
É falar, ir falando, até que sobre A
palavra escondida do que penso.

É dizê-la, quebrado, entre desvios De
flecha que a si mesura se envenena,
Ou mar alto coalhado de navios Onde
o braço afogado nos acena.

É forçar para o fundo urna raiz
Quando a pedra cabal corta caminho,
É lançar para cima quanto diz
Que mais árvore é o tronco mais sozinho.

Ela dirá, palavra descoberta, Os
ditos do costume de viver: Esta
hora que aperta e desaperta,
É não ver, o não ter, o quase ser.

(José Saramago)

 

Recueil: Les poèmes possibles
Traduction: Nicole Siganos
Editions: Jacques Brémond

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L’aube de nous-mêmes (Elie-Charles Flamand)

Posted by arbrealettres sur 31 mai 2021



L’aube de nous-mêmes dévoila ses offrandes
Une nuée tutélaire fit s’épanouir la lenteur
Libérant le phénix en son été

(Elie-Charles Flamand)

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L’inaccessible, comme il est proche (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2021



    

L’inaccessible, comme il est proche.
Le dévoiler, scruter ? interdit ! mais
tel un mot dans la main glissé prière
d’y répondre sans tarder !

(Ossip Mandelstam)

 

Recueil: Nouveaux poèmes 1930-1934
Traduction: Traduction du russe par Christiane Pighetti
Editions: Allia

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Dévoiler le réel (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 1 décembre 2020



venir
d’une connaissance tremblée
trait nu de cristal

les membres grevés
par le poids du monde

dévoiler le réel
dans sa splendeur germinale

(Zéno Bianu)

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LOINTAIN SOUFFERT (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2020



    

LOINTAIN SOUFFERT

la souffrance
ne sait penser
qu’en angles morts

glissons
jusqu’à l’extrême étoile
pour perdre tous les angles

éprouvons d’un coup
la mesure de notre gouffre

dévoilons
ce qui jamais ne fut

plus haut
où tout s’affole
où scintille l’inattendu

(Zéno Bianu)

 

Recueil: Infiniment proche et Le désespoir n’existe pas
Traduction:
Editions: Gallimard

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ECCE HOMO (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 12 juin 2020




    

ECCE HOMO

Tout ce qu’on voit est le jeu des reflets
De la grande, incertaine vérité,
Voilée, dévoilée, celle qu’on arrache
A l’infiniment fugace infini.

Mais chacun prend l’attitude qu’il peut,
Volant, couché, se dressant, accoudé
Sur le rocher, orgueilleux ou petit,
Pour contempler ou l’azur ou l’abîme.

Au loin les éperviers tournent et guettent
Et dans l’eau veillent les requins agiles,
Pendant qu’impassible un soleil éclaire
Le monde tordu par tant de tempêtes.

Mais tu es l’homme Et, là-haut, tu dois rompre,
Parmi les loups, un rameau d’olivier
Chargé de fleurs qui appellent la paix.
A toi de décider ce que tu fais.

(Mihai Beniuc)

 

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L’Aube (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 27 mai 2020



Un toit de maison puis l’étoile
au-dessus pâlissante
arrêtaient les regards d’un homme
qui se sentaient repris par le fin jeu des causes
plus bas les enseignes
dévoilaient leurs mots d’or
le bois, le fer, la pierre
imposaient leur présence
une fenêtre grande ouverte
montrait le mur d’ocre et l’armoire
et la main qui posait une cuiller de fer
sur la faïence d’une assiette
à l’ancien ébrèchement.

(Jean Follain)

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DÉSALTÉRER (Jean-Claude Xuereb)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2020


 


Leonor Fini   La-Serrure-1965-Leonor-Fini [1280x768]

 

DÉSALTÉRER

Ô toi corps fléché de questions
que cherches-tu que cherches-tu ?
qui peut prétendre dévoiler l’énigme
des temps et fins de l’univers?

Croyant avancer tu t’obstines
dans cette quête sans issue
ton pied s’enfonce dans les sables
vulnérable au dard des scorpions

Loin de la pollution des sources
tu brûles de boire de cette eau pure
qui irrigue l’arbre de vie
et avive la soif d’aimer

(Jean-Claude Xuereb)

Illustration: Leonor Fini 

 

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La chose « la plus belle » (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 29 janvier 2020




Pour moi, qui décidément ne comprends pas grand-chose au monde,
j’en viens à me demander si la chose « la plus belle »,
ressentie instinctivement comme telle,
n’est pas la chose la plus proche du secret de ce monde,
la traduction la plus fidèle du message
qu’on croirait parfois lancé dans l’air jusqu’à nous;
ou, si l’on veut, l’ouverture la plus juste sur ce qui ne peut être saisi autrement,
sur cette sorte d’espace où l’on ne peut entrer mais qu’elle dévoile un instant.

Si ce n’était pas quelque chose comme cela,
nous serions bien fous de nous y laisser prendre.

(Philippe Jaccottet)

Illustration: ArbreaPhotos

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Nul battement de coeur (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2020



Nul battement de coeur n’annonce
la présence des bras tendus
vers la brusque reconnaissance
du seul visage qui approche,
et dissipe la nuit en plein soleil ;
la nuit où le bleu de l’été se change
en sang (misère et beauté se confondent),
effaçant les merveilles du monde
offertes nûment aux yeux
qui peuvent transformer l’obscur
en éclat, et dévoiler l’alliance.

(Jean Mambrino)


Illustration

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