Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘devoir’

Je dois maintenant (Jean Todrani)

Posted by arbrealettres sur 9 mai 2023




    
Je dois maintenant
désormais je dois
serrer mes lignes
que nul n’en sorte.

Ne plus refuser
le nom et sa voix
ne pas recouvrir
la pierre reverdie.

Loi des heures
passant noircies,
la parole amputée
l’art du silence.

Et la peur d’arracher
un mot au marbre
un soupir à l’ombre
un cheveu au sommeil.

(Jean Todrani)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Porteur (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
Porteur

Je dois vous dire
Oui monsieur,
Tout le temps.
Oui monsieur !
Oui monsieur !
Tous les jours
J’gravis une énorme montagne
De oui monsieur !

Le monde appartient
Aux vieux riches blancs.
Donnez-moi vos chaussures
A cirer.

Oui monsieur !

***

Porter

I must say
Yes, sir,
To you all the time.
Yes, sir!
Yes, sir!
All my days
Climbing up a great big mountain
Of yes, sirs!

Rich old white man
Owns the world.
Gimme yo’ shoes
To shine.

Yes, sir!

(Langston Hughes)

Recueil: Mes beaux habits au clou
Traduction: Frédéric Sylvanise
Editions: JOCA SERIA

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Tout doit disparaître (Pascale Senk)

Posted by arbrealettres sur 15 avril 2023



    

     

tout doit disparaître
écrit sur la vitrine
mes yeux s’attardent

(Pascale Senk)

Recueil: Un haïku chaque jour
Editions: Points

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , , , , | Leave a Comment »

Pourtant j’ai souvent la sensation (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023



Illustration: Edvard Munch
    
Pourtant j’ai souvent
la sensation que je dois
éprouver cette angoisse —
elle m’est nécessaire
— et que je ne pourrais pas
vivre sans — Souvent
je ressens aussi que la maladie
a été nécessaire — Dans
les périodes sans angoisse
et sans maladie je me suis
senti comme un bateau
voguant par vent violent —
mais sans gouvernail
— et me suis demandé vers où?
où vais-je échouer ?

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Je sais que chaque poème (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 28 mars 2023



   Herman Hesse
    
Je sais que chaque poème ou chaque tableau authentique,
chaque mesure de musique véritable
continue à naître de la vie et de la souffrance,
à se payer au prix du sang,
comme à toute autre époque du passé.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Sur une place sans arbres (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2023




sur une place sans arbres
fouettant par devoir
sa toupie de buis
un enfant reste bien réel
sans temps morts.

(Jean Follain)

Illustration

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Mon père ne doit pas mourir (Aya Shobu)

Posted by arbrealettres sur 1 février 2023




    
Mon père ne doit pas mourir.
Il faut
qu’il scie des blocs de charbon.

***

(Aya Shobu)

 

Recueil: Haïjins japonais
Traduction: Dominique Chipot & Makoto Kemmoku
Editions: Points

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , , , , | Leave a Comment »

Pleine lune (Salih Diyab)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023




    
Pleine lune

J’aurais dû
murmurer ton nom
une soirée durant
pour que ce ciel
s’élargisse un peu

regarder ta voix souffler
de loin pour que
l’obscurité ne revienne
plus remplir mon sommeil

maintenant
ton parfum apparaît
dans un autre jardin
je ne fais rien
j’écoute seulement
la lune de mon remords
entrer dans sa plénitude

***

 

(Salih Diyab)

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Ton ami le poisson-chat (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Ton ami le poisson-chat

Si je devais vivre ma vie
sous forme de poisson-chat
dans des échafauds de peau et de moustaches
au fond d’un étang
et que tu venais à passer
un soir
où la lune brille
dans mon domicile de ténèbres
et que tu te tenais au bord
de mon affection
et pensais : « C’est magnifique
ici au bord de cet étang. J’aimerais
que quelqu’un m’aime. »
Eh bien moi je t’aimerais et serais ton ami
poisson-chat et chasserais de si tristes
pensées de ton esprit
et soudain tu serais
en paix,
et tu te dirais : « Je me demande
s’il y a des poissons-chats
dans cet étang. Ça semble être
un endroit parfait pour eux. »

***

Your Catfish Friend

If I were to live my life
in catfish forms
in scaffolds of skin and whiskers
at the bottom of a pond
and you were to come by
one evening
when the moon was shining
down into my dark home
and stand there at the edge
of my affection
and think, « It’s beautiful
here by this pond. I wish
somebody loved me »,
I’d love you and be your catfish
friend and drive such lonely
thoughts from your mind
and suddenly you would be
at peace,
and ask yourself, « I wonder
if there are any catfish
in this pond? It seems like
a perfect place for them. »

(Richard Brautigan)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le tigre (Lu Ji)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Le tigre

Le sage a soif mais il ne boit pas aux sources malignes
Le sage a chaud mais il ne s’abrite pas sous des ombres faciles
L’homme véritable sait porter le poids de la liberté.
Mon cheval est sellé ; il m’emporte auprès du devoir.
Ma cravache rythme son pas vif vers l’aventure qui appelle
Ma faim recherche l’antre des tigres — je me nourris de leur sauvagerie
Le froid et le sommeil me conduisent au bois des oiseaux où trouver refuge
La fin du jour presse mon coeur insatisfait — ma quête n’est pas finie.
Je vois le déroulement des jours ; l’an s’épuise dans la nuit qui vient.
De lourds nuages occupent le rivage et poussent leurs soupirs vers la montagne.
La vallée retient mes vers et la crête des pics libère mes souffles angoissés.
Si l’agitation heurte les cordes du luth, Les hautes aspirations élèvent la parole.
Ô ! Comme vivre peut être pesant parfois !
Mais que se passe-t-il en moi qui braille la lâcheté qui s’épanche ?
Je frappe mon coeur — « réveille-toi et garde droite la vertu nécessaire ! »
Si ma poitrine se gonfle, voilà ma tête qui s’abaisse — comme j’ai honte…

(Lu Ji)

(261-303)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »