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Poésie

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Je suis en quête (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2021



Je suis en quête

J’écarte les vapeurs du matin
Pour étreindre des couleurs
Et entendre les accords
D’une musique inaudible.

Le feu s’évapore
Et la sève s’élève
Secoué par des doigts invisibles
Le diapason de la pluie
Scande le rythme de vivre.

J’entre par effraction
Dans ce lieu et connais
Des après-midi secrets
Faits de rires et de caresses
Où j’oublie tout car pour moi
S’est tu l’écho des jours anciens

Je vis hors de l’espace et du temps

Un soupçon de clarté
Se glisse dans la chambre
Et une pointe d’ombre
Se pose sur ton épaule
Je me blottis entre tes bras
Pour mettre mon coeur à l’abri

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration: Zhaoming Wu

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Sur le rivage (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2021



Sur le rivage

L’air tremble au-dessus du rivage
Au milieu d’un délire de mâts
Je respire l’odeur des vagues

La terre presse ses lèvres
Sur la gorge nue de la mer
Entre nuage et écume
Entre vol et immobilité
Un cormoran plane
A ras des flots que rythme
Le diapason du vent

Sous un ciel engrossé de nuages
Nous rêvons sur un tapis de sable
Incrusté de coquillages
Où tu te couvres d’algues
Pour couvrir ta nudité
Au regard des passants
Qui longent les plages
A la recherche de coups d’oeil
Tandis que la mer noie ses poissons

Au bout de nos mains
La mer berce la baie.

(Jean-Baptiste Besnard)


Illustration: William Bouguereau

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RITUEL D’AMPLIFICATION DU MONDE (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 14 octobre 2020



 

Tereza Vlcková -a-perfect-day-elise...-10

RITUEL D’AMPLIFICATION DU MONDE

Je commencerai par être
un verbe
sans limites
un langage
où rien ne serait dit
mais tout pressenti
dans le monde visible
et nulle part ailleurs
un grain de sable
qui dialogue avec les dieux
une élévation
dans l’affection et le bruit neufs
un miracle inouï
sous le soleil de la conscience
je commencerai par être
en devenant ce que je suis

Je commencerai par être
un dispositif
d’émerveillement
un voyage
au bout du possible
vers
ce qui m’apprend
à mourir
la raison
la plus silencieuse
en moi-même
le loup
chaviré
d’une langue universelle
je commencerai par être
là voix d’une résonance

Je commencerai par être
un souffle
d’année-lumière
contre le vertige
de la tentation
du malheur
une anthologie
des bouleversements
un retour
de nuit blanche
qui coule
dans les veines
une tendresse
démesurée
je commencerai par être
au milieu de la poussière

Je commencerai par être
un sourire
blessé
une fêlure
centrale
un tressaillement
une souveraineté
fluide
tendue
la part donnée
offerte
au vide
une salve
dans l’imprévisible
je commencerai par être
avec la peau des dents

Je commencerai par être
le refus
de rêver pareil
le refus
du bureaucrate intérieur
une exaltation sereine
un visage
qui se transforme
en tigre
à chaque émotion
un visage sans visage
qui accueille
tous les visages
un tremblement de ciel
je commencerai par être
jusqu’au paroxysme

Je commencerai par être
mille kilomètres
de battements
de coeur
à la seconde
ici-haut
contre tous les robots
couleur chair
un saut
dans la vie
un saut
dans le vide
un saut
de lumière noire
je commencerai par être
une pulpe d’aimantation

Je commencerai par être
un soir
d’anéantissement
la plus haute
obstination
une science
de l’excès
l’empreinte
digitale
de la mort dans la vie
le toujours
maintenant
la parfaite
insoumission
je commencerai par être
à bout portant

Je commencerai par être
celui qui
chaque jour
découvre l’infinie
première fois
la parure du chaos
l’abandon
des masques
l’éclosion accélérée
d’une fleur de sens
celui qui
ne veut plus
traduire la vie
en cendres mortes
je commencerai par être
incomparable

Je commencerai par être
au diapason
d’un vent bleu
une danse exacerbée
des atomes
une mise au jour
de l’ossature du temps
le feu insoupçonné
de ma propre consumation
une vigilance détendue
une porte battante
qui va et qui vient
quand j’inspire
quand j’expire
je commencerai par être
jusqu’au bout du monde

Je commencerai par être
un maquisard de l’esprit
un étoilement
de précipices
pour saluer sans fin
les grands isolés
une secousse
de moelle
à mourir de fou rire
un accomplisseur
secret
préférant le coup de sang
au coup de dés
un infini départ
je commencerai par être
repassionné

(Zéno Bianu)

Illustration: Tereza Vlcková

 

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Arche de l’amour (Alain Suied)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2019




    
Arche de l’amour

Au coeur du temple en secret
elle veille : présence invisible !

Qui es-tu, matière du rêve ?

Une parole qui ne se livre pas ?
Un regard qui se dévoile ?

Une main a construit l’arche
mais nul ne verra

briller l’infini

s’ouvre et s’éteint
dans sa nuit.

Au coeur de l’arche, en secret
il s’éveille : amour invincible !

Qui es-tu matière du rêve ?

Un chant qui cherche son diapason ?
Une énigme qui ne se dévoile pas ?

Une loi a voulu l’arche
mais nul ne verra

briller l’infini

qui s’ouvre et nous ouvre
à sa joie.

(Alain Suied)

 

Recueil: Sur le seuil invisible
Traduction:
Editions: Arfuyen

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Ce qui manque à la parole (Alain Suied)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2019



Illustration: Karen LaMonte

    
Ce qui manque à la parole

Oublier, c’est aimer :
je t’oublie pour te retrouver
tu t’éloignes pour que revienne
le mystère de ta présence
je te parle et tu me parles
pour que s’échappe de nous
ce qui manque à la parole.

Oublier ? Le corps n’oublie pas
ses blessures, ses éveils, ses désirs
mais veut-il se souvenir
de leur secrète source ?
Oublier, c’est aimer :
c’est se fondre
au diapason des jours
à la mélodie des espaces

c’est accepter de ne plus savoir
pour connaître

et de ne plus connaître
pour exister.

Oublier, c’est aimer.

(Alain Suied)

Recueil: Sur le seuil invisible
Traduction:
Editions: Arfuyen

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Dans la vie, dans le mystère limpide (Alain Suied)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2019




    
Dans la vie, dans le mystère limpide
tu peux avancer

et même au pays des ombres

tu peux chanter
ou retrouver la mélodie
brisée
du vivant.

Cela parle au fond de toi
comme une source, cela chante.

Il faut écouter.

Il ne faut par forcer l’écoute.
Cela écoute aussi.

Le poème du vivant.

Éclat de lumière.
Souffle de voix.
Il vibre au diapason de l’univers.

(Alain Suied)

 

Recueil: Sur le seuil invisible
Traduction:
Editions: Arfuyen

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Que cherches-tu ? (Eve Saint-Prix)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2017



Que cherches-tu ?

Que cherches-tu dans son regard
Sous sa douleur et sous son fard
Quelle blessure encore ouverte
Quelle absence au fond de son être

Crois-tu donc qu’elle te fasse écho
Que dans ta voix au timbre chaud
Elle reconnaisse ton mystère
Qu’elle t’atteigne où tu te terres

Peut-être au fond vivez-vous
Au diapason de l’amour fou
Mais sans jamais vous reconnaître

Peut-être a-t-elle envie de toi
Peut-être veux-tu qu’elle te voie
Et qu’elle apprenne à te connaître

(Eve Saint-Prix)

 Illustration: Kajan: https://dessinrencontre.com/

 

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Diapasons Tordus (Marie-Anne Bruch)

Posted by arbrealettres sur 5 janvier 2017



Diapasons Tordus

Si ma tête était un bocal mes yeux déploieraient leurs nageoires.
Si l’amour n’était pas le pansement il serait la plaie ouverte à la belle étoile et nous pourrions dormir dessus.
Si j’étais double je serais l’amie de l’autre mais je suis une et méfiante à mon égard.
Si la réalité perdait son âme nous ferions des cauchemars moins troglodytes.
S’il n’y avait pas d’oasis cachés dans les sabliers on verrait le temps se promener à dos de chameau.
Si les mots contenaient le réel je tatouerais ton nom sur chaque personne que je rencontre.
Si je pouvais dire la vérité elle me raconterait des mensonges.
Si le hasard ne jouait pas les bouffons à la cour de la mort nous ne serions que fées d’hiver.
S’il n’y avait pas la menace d’un supplice sous la moindre goutte d’eau je craindrais moins de disparaître.
Si le rêve devenait absurde et sournois il s’appellerait la vie et nous aussi.
Si je savais de quoi j’espère être sauvée je cesserais toute résistance.
Si j’attendais l’avenir il viendrait certainement en armure brinquebalante me demander l’aumône.
Si l’oubli ne dirigeait pas l’esprit je serais un livre fermé sans voie aux chapitres.
Si j’étais dupe du malheur je chercherais le bonheur.

(Marie-Anne Bruch)

Découvert ici: Lucarne Poétique

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La confirmation (Edwin Muir)

Posted by arbrealettres sur 23 juin 2016



La confirmation

Oui, ton visage, mon amour, est le visage exact de l’humain:
Celui qu’en esprit j’attendais depuis longtemps,
Voyant bien le faux, cherchant le vrai,
Te rencontrant comme un voyageur son répit
Soudain après tant de fausses routes et de vallées
De rocaille. Oui, soudain, tu fus devant moi.
Mais Comment te nommer ? Une source parmi les eaux usées,
Un puits ouvert dans un pays de sécheresse,
Ou tout ce qui est honnête et bon, un œil
Oui rend le monde enfin lumineux. Ton cœur
Offre simplement, offre le premier don,
Le premier monde de bonté, la moisson, la graine
Fleurie, l’âtre, la terre constante, la mer vagabonde,
Ni beaux, ni rares en aucune façon,
Mais, comme toi, au diapason de la Création.

(Edwin Muir)

Illustration: Jonathon Earl Bowser

 

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LES FORMULES DE L’HIVER (Tomas Tranströmer)

Posted by arbrealettres sur 17 mai 2016



LES FORMULES DE L’HIVER

I
Je m’assoupis dans mon lit
et m’éveillai sous la carène.

À quatre heures du matin
quand les os récurés de la vie
se fréquentent à froid.

Je m’assoupis parmi les hirondelles
et m’éveillai parmi les aigles.

II
Dans la lueur du phare, la glace du passage
brille comme de l’axonge.
Ce n’est pas l’Afrique.
Ce n’est pas l’Europe.
Ce n’est pas autre part qu’« ici».

Et ce que j’étais « moi»
n’est plus qu’un mot
dans la bouche de la nuit de décembre.

III
Les pavillons de l’asile
exposés à la nuit
luisent comme des écrans télé.

Un diapason caché
dans le grand froid
émet sa tonalité.

Je suis sous les étoiles
et sens que le monde entre
et ressort de mon manteau
comme d’une fourmilière.

IV
Trois chênes noirs sous la neige.
Si grossiers, mais adroits.
Dans leurs flacons immenses
la verdure au printemps moussera.

V
L’autobus se traîne dans la soirée d’hiver.
Il luit comme un navire dans cette forêt de pins
où la route est un canal mort étroit profond.

Peu de passagers : quelques vieux et aussi quelques très jeunes.
S’il s’arrêtait, s’il éteignait ses phares
le monde soudain disparaîtrait.

(Tomas Tranströmer)

 

 

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