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Poésie

Posts Tagged ‘digérer’

Parcourons la nouvelle maison américaine (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Parcourons la nouvelle maison américaine

Il y a des portes
qui veulent être libres
de leurs gonds pour
voler avec de parfaits nuages.

Il y a des fenêtres
qui veulent être
détachées de leur
chambranle pour courir avec
les daims à travers les prés
de l’arrière-pays.

Il y a des murs
qui veulent rôder
avec les montagnes
à travers les premières
lueurs de l’aube.

Il y a des sols
qui veulent digérer
leurs meubles pour en faire
des fleurs et des arbres.

Il y a des toits
qui veulent voyager
gracieusement avec
les étoiles à travers
des cercles d’obscurité.

***

Let’s Voyage into the New American House

There are doors
that want to be free
from their hinges to
fly with perfect clouds.

There are windows
that want to be
released from their
frames to run with
the deer through
back country meadows.

There are walls
that want to prowl
with the mountains
through the early
morning dusk.

There are floors
that want to digest
their furniture into
flowers and trees.

There are roofs
that want to travel
gracefully with
the stars through
circles of darkness.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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Ma Seine (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 6 août 2020



Ma Seine

Le matin le brouillard cache
La vague endormie
Qui se réveille avec
Un bâillement de bateau

Un courant furtif
Entoure d’un clapotis
La barque attachée à la berge
Et ma Seine m’entraîne
En rêve jusqu’à la mer

Elle ceinture une robe
Bariolée de champs vastes
Et de jardins petits
De villes et de villages

Elle étrangle
Des îlots de verdure
Glisse sous les ponts
Ses anneaux
Secoués de convulsions
Et avale la lente navigation
De lourdes péniches
Qu’elle digère mal.

(Jean-Baptiste Besnard)

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LENDEMAIN MATIN (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 8 avril 2020



    
LENDEMAIN MATIN

Les nouilles de votre jardin
chère Madame on désespère
ne sont pour moi débile
que balançoires et boulingrins

Comment veut-on que je digère
chère Madame aidez-moi
ces vautours trop mal cuits
et les valseurs au gratin

Pardonnez papillons
vous êtes les miracles
qui peuplez nos rêves
et nous laissez rêveurs

(Philippe Soupault)

 

Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset

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Amour enrobé saveurs cacao et café (Bernard Friot)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2019




    
Amour enrobé
saveurs cacao et café

Je lèche au coin de tes lèvres
tes moustaches chocolatées

Et si l’on trempait l’amour
dans le chocolat fondu

Ne pas abuser
de cet amour-là

attention les gourmands
il est un peu écoeurant

penser à avaler
pour mieux digérer
un verre d’eau glacée

(Bernard Friot)

 

Recueil: Je t’aime, je t’aime, je t’aime… Poèmes pressés
Traduction:
Editions: Folio Junior

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Je suis une image (Gilles Weinzaepflen)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2019




    
Je suis une image que tu manges et digères
Ainsi moi-même ma propre image
Je te deviens moi et mon image
Avec toutes les images que j’ai mangées

(Gilles Weinzaepflen)

 

Recueil: Noël Jivaro
Traduction:
Editions: Le clou dans le fer

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Il est des nuits(Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 août 2018



    

Il est des nuits où l’on ne saurait dormir sans les bruits du jour.
Turnhout. Jour de l’An.

Carillons, vos silences
me tiennent éveillé
J’entends les souris
grignoter le parquet
les termites
qui digèrent les poutres
le grésillement des vers
dans les meubles
les râles d’une braise
sous la cendre
les frôlements des corps
où s’usent les caresses

Nous mourons de murmures
vivons de carillons

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Traduction:
Editions: Gallimard

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Il ne faut pas travailler tout le temps (Max Jacob)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2018



Illustration: René Baumer
    
Il ne faut pas travailler tout le temps.
Il faut prendre des temps,
prendre son temps.

Il faut digérer. Oui.
C’est dans la digestion des connaissances
que réside le talent.

L’essentiel est de n’avoir pas de minutes vulgaires ou insignifiantes.
Ennuyez-vous.

Car ce jour-là vous prendrez un porte-plume et un papier
et vous ferez peut-être un chef-d’oeuvre.
Tout est dans la qualité de l’ennui.

Aimer les mots. Aimer un mot.
Le répéter, s’en gargariser.
Comme un peintre aime une ligne,
une forme, une couleur.

Autour d’un mot se coagule une phrase, un vers, une strophe, une idée.
Ah ! quel beau mode d’extériorisation !
Et extérioriser, c’est tout!

Sans doute par la quantité d’idées, de sentiments qui se sont incendiés pour la produire
ou bien parce qu’elle s’attache à un pivot qui n’est pas en vous.

Je crois que les œuvres très extériorisées sont très rares.
Le style c’est d’extérioriser!

(Max Jacob)

 

Recueil: Conseils à un jeune poète
Traduction:
Editions: Gallimard

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LES MURS NE CROULENT PAS (Hilda Doolittle)

Posted by arbrealettres sur 13 mai 2018



 

LES MURS NE CROULENT PAS

Il existe, par exemple, une formule
en chaque coquillage :

la mer pousse, continuelle,
et ne peut rien contre corail,

os, pierre, marbre
taraudés du dedans par cet artisan,

l’hôte de la coque :
huître, palourde, mollusque,

c’est un maître-maçon qui façonne
la merveille de pierre :

oui, cet ermite amorphe, flasque
là-dedans, comme la planète

pressent le fini,
il limite l’orbite

de son être, sa maison,
temple, sanctuaire, lieu saint :

il délivre les portails
à intervalles fixes :

tiraillé par la faim,
il s’ouvre au flux de la marée :

mais l’infini ? non,
de rien-de-trop :

je ressens ma propre limite,
les mâchoires de ma coque claquent

et refusent l’invasion du sans-limite,
le poids de l’océan ; l’infinité de l’eau

ne peut me briser, moi œuf dans ma coquille ;
cercle clos, immortel, complète

plénitude, je sais la force
de la marée, et la bonace

tout autant que la lune ;
le poulpe et son obscurité

sont sans pouvoir contre
sa froide immortalité ;

de même moi à ma façon, je sais
que la baleine

ne peut me digérer :
tiens bon dans ton orbite limitée, statique,

toute petite, et les mâchoires de requin
de ce qui dehors t’entoure

te recracheront :
sois indigeste, dur, sans cœur,

et ainsi vivant en dedans,
engendre-toi, toi-même de toi-même,

et sans toi,
cette perle-de-grand-prix.

***

THE WALLS DO NOT FALL

There is a spell, for instance,
in every sea-shell:

continuous, the seathrust
is powerless against coral,

bone stone marble
hewn from within by that craftsman,

the shell-fish:
oyster, clam, mollusc

is master-mason planning
the stone marvel:

yet that flabby, amorphous hermit
within, like the planet

senses the finite,
it limits its orbit

of being, its house,
temple, fane, shrine:

it unlocks the portals
at stated intervals:

prompted by hunger,
it opens to the tide-flow:

but infinity? no,
of nothing-too-much:

I sense my own limit,
my shell-jaws snap shut

at invasion of the limitless,
ocean-weight; infinite water

can not crack me, egg in egg-shell;
closed in, complete, immortal

full-circle, I know the pull
of the tide, the lull

as well as the moon;
the octopus-darkness

is powerless against
her cold immortality;

so I in my own way know
that the whale

can not digest me:
be firm in your own small, static, limited

orbit and the shark-jaws
of outer circumstances

will spit you forth:
be indigestible, hard, ungiving

so that, living within,
you beget, self-out-of-self,

selfless,
that pearl-of-great-price.

(Hilda Doolittle)

Illustration

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Digérer tous les mots (Séverine Daucourt-Fridriksson)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2018




    
digérer tous les mots. ceux qui éteignent alors que d’autres
étreignent. ceux où s’enclave ma langue contenue dans la langue

.

(Séverine Daucourt-Fridriksson)

 

Recueil: Salerni
Traduction:
Editions: La lettre volée

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Écoutez battre le coeur-machine (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2018



 

    

Écoutez battre le coeur-machine
son Vaudou son électro je vole
vautour dans le ciel déployé
la lumière pulse

Vaudou gnaoua sans paroles
mon coeur dans les serres du vautour
la lumière tremble

Son électro en barcarolle
le vautour a digéré mon coeur
le rayon vert illumine l’espace

Le coeur-machine bat encore
dans le vert des aurores boréales
où planent d’autres charognards

De coeur en coeur de ciel en ciel
je renais à chaque pulsation
du coeur-machine

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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