Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘dimension’

On ne doit plus peindre d’intérieurs (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023



Illustration: Edvard Munch
    
On ne doit plus peindre
d’intérieurs, de gens qui lisent
et de femmes qui tricotent
Ce doit être des personnes
vivantes qui respirent et
s’émeuvent, souffrent et aiment –
Je vais peindre une série
de tableaux de ce genre
Les gens en comprendront
la dimension sacrée
et ils enlèveront leur chapeau
comme à l’église

*

Mieux vaut peindre
un bon tableau inachevé
qu’un mauvais achevé –
Beaucoup croient
qu’un tableau est achevé
quand ils y ont mis
le plus de détails possible
Un trait peut être
une oeuvre d’art achevée
Ce que l’on peint doit
l’être avec volonté
et sentiment – Cela n’aide
en rien de l’exécuter
si c’est pour y mettre
des choses involontaires
et non ressenties

*

L’art est le contraire
de la nature. Une oeuvre
d’art ne peut surgir que
de l’intérieur de l’être humain.
— L’art est la forme que prend
l’image une fois passée
à travers les nerfs de l’être
humain — son coeur —
son cerveau — son oeil.
— L’art correspond chez
l’homme à son besoin
de cristallisation.
La nature est le royaume
éternellement vaste d’où
l’art tire sa nourriture.

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Je vis le long des jours très lents (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2021




Je vis le long des jours très lents. Un torrent coule.
Il va du temps à l’autre dimension du coeur
où s’en vont ceux qui ont suivi la profondeur.
Car le fond seul est véritable à notre attente.

(Henry Bauchau)

Illustration

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’aube serait belle (Gérard Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2020



Illustration: Thérèse Bisch
    
L’aube serait belle
Sans la plainte

Sans ceux que l’on a fusillés
Quand le jour se lève

Sans ceux écartés
Contre toute raison de justice

La vérité ne peut pas rencontrer
La philosophie

Cette dimension ici et là
Traverse le cancer de toutes les gorges

Sous l’eau froide du lac
Grouille une vermine étincelante

Parler avec si peu
Pour ceux qui seraient beaucoup

(Gérard Lemaire)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Un poète à hauteur d’homme
Traduction:
Editions: du Contentieux https://lecontentieux.blogspot.com/

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le passage (Christiane Singer)

Posted by arbrealettres sur 2 septembre 2020


le-passage


Il n’est pas abstrus de penser
qu’il existe en chaque vie
un trou vertigineux
par lequel s’opère le passage
à une dimension autre.

(Christiane Singer)

Posted in méditations | Tagué: , , , , , | Leave a Comment »

Par une porte entrouverte (Josée Tripodi)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2019



Illustration: Pablo Picasso
    
Par une porte entrouverte
Sur tout ce que j’ai oublié
Je regarde ma vie

Vieille Demoiselle de Picasso
En quatre dimensions

Un œil à l’envers
Le nez en travers
Les pieds sur la mer
La tête ici
Ou là-bas

D’aujourd’hui
Et d’hier
Je regarde ma vie

En biais

(Josée Tripodi)

 

Recueil: Le temps court plus vite que moi
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Douce est la belle (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2019



Douce est la belle comme si musique et bois,
agate, toile, blé, et pêchers transparents,
avaient érigé sa fugitive statue.
À la fraîcheur du flot elle oppose la sienne.

La mer baigne des pieds lisses, luisants, moulés
sur la forme récente imprimée dans le sable ;
maintenant sa féminine flamme de rose
n’est que bulle battue de soleil et de mer.

Ah, que rien ne te touche hormis le sel du froid
Que pas même l’amour n’altère le printemps.
Belle, réverbérant l’écume indélébile,

laisse, laisse ta hanche imposer à cette eau
la neuve dimension du nénuphar, du cygne
et vogue ta statue sur l’éternel cristal.

***

Suave es la bella como si música y madera,
ágata, telas, trigo, duraznos transparentes,
hubieran erigido la fugitiva estatua.
Hacia la ola dirige su contraria frescura.

El mar moja bruñidos pies copiados
a la forma recién trabajada en la arena
y es ahora su fuego femenino de rosa
una sola burbuja que el sol y el mar combaten.

Ay, que nada te toque sino la sal del frio !
Que ni el amor destruya la primavera intacta.
Hermosa, reverbero de la indeleble espuma,

deja que tus caderas impongan en el agua
una medida nueva de cisne o de nenúfar
y navegue tu estatua por el cristal eterno.

(Pablo Neruda)

Illustration: William Bouguereau

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Approche (Mina Loy)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2019



Illustration: René Julien
    
Approche J’ai quelque chose
À te dire que je ne puis dire
Quelque chose prenant forme
Quelque chose au nom inédit
Une nouvelle dimension

(Mina Loy)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , | Leave a Comment »

Formes (Alain Suied)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2019



Illustration: Josephine Wall
    
Formes

Pourquoi sommes-nous une forme ?

Et les objets —
sont-ils piégés
dans une forme
à jamais ?

Ou voguent-ils
dans plusieurs dimensions

selon le regard

selon le moment

selon les vagues de matière
qui les ont composés ?

Pourquoi sommes-nous une forme
passagère ?

Un cri de la matière
ou le souvenir
de la première lueur du vivant ?

Étincelle et miracle

feu et brûlure
forme en dérive

sur l’océan des univers ?

(Alain Suied)

 

Recueil: Sur le seuil invisible
Traduction:
Editions: Arfuyen

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La vénus mathématique (Guy Béart)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2019



venus

La vénus mathématique

Dans un journal à fascicules
J´ai lu en lettres majuscules
Qu´on ne peut vivre sans calcul
En ce siècle où les automates
Sont les grands rivaux des primates
Qu´on ne peut plus vivre sans maths

Comme d´ailleurs depuis toujours
Quel que soit l´homme et ses recours
On ne peut vivre sans amour

Moi qui tiens fermement à vivre
Et qui suis lucide autant qu´ivre
J´ai uni le lit et le livre

J´ai rencontré au point critique
La femme la plus érotique
Une Vénus mathématique
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Au bal de l´Hôtel Terminus
Je vis soudain cette Vénus
Qui embrasa mes cosinus

C´était la folle nuit du rythme
Au bras d´un jeune sybarite
Elle exhibait ses logarithmes

C´était pour moi un jour de bol
La voilà qui me carambole
D´un grand sourire en hyperbole

C´était la grande nuit du rut
Le temps de pousser un contre-ut
Je l´attaquai comme une brute

Grâce à son triangle et son pis
Aussi rond que le nombre Pi
Elle augmenta mon entropie
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

Et moi, très vite, j´adorai
Cette enfant qui suivait de près
De toute science les progrès

Les manuels, les opuscules
Les courbes, les tests, les calculs
Lui tenaient lieu de crépuscules

Au saint nom des mathématiques
Elle appliqua ses statistiques
À nos étreintes frénétiques

Au diable les gens qui attifent
Leur passion de préservatifs
Ou de retraits intempestifs

Bientôt, nous réglâmes tous nos
Exercices abdominaux
Selon la méthode Ogino
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Et la Vénus aux équations
Me fit goûter des sensations
D´une nouvelle dimension

Les entités humanoïdes
Aux formes hyperboloïdes
Charment les spermatozoïdes

Dans mon vieux grenier en spirale
Chaque soir, quel concert de râles
Quand je frôlais son intégrale

Elle avait uni sans histoire
La mécanique ondulatoire
Et les positions giratoires

Mes caresses venaient en troupe
Selon la théorie des groupes
Pour réunir jambes et croupes
Vive la nouvelle Vénus mathématique

Hélas, un jour, un jour funeste
Elle me fit passer un test
Qui lui démontra sans conteste
En comparant des numéros
Que j´étais un pauvre zéro
Elle prit la tangente au trot

Avec ses courbes inconnues
Dans l´espace discontinu
Elle s´en alla toute nue
Vive la nouvelle Vénus mathématique!

(Guy Béart)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Anges oiseaux (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2018




Anges oiseaux, véhicules célestes,
Ils meurent et renaissent — l’oiseau est poussière
Mais l’immortelle extase ailée poursuit sa route.

Voyageurs scintillants venus d’une autre dimension,
Dont le vol envoyé des cieux fait retour à la terre verte,
Quel filandre du désir se déroule pour guider
L’esprit qui monte et qui descend entre la tombe et le ciel ?

***

Bird angels, heavenly vehicles,
They die and are reborn — the bird is dust
But the deathless winged delight pursues its way.

Shining travellers from another dimension
Whose heaven-sent flight homes to the green earth,
What gossamer desire floats out to guide
Spirit ascending and descending between grave and sky ?

(Kathleen Raine)

Illustration: William Blake

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :