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Poésie

Posts Tagged ‘dissiper’

CE QUI SE LÈVE (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023



    

CE QUI SE LÈVE

Une barque se meut dans les creux de l’esprit,
une voile, une vague où s’enfle le désir,
un élan né de soi quand le soi se retire,
une brise reçue à l’aube de l’esprit.

L’orage a la douceur de toute intimité.
Le mouvement fait fond sur l’air et sur l’écume.
L’acte reste vivant alors qu’il est posthume.
L’insaisissable est pris dans le temps dissipé.

(Jean Mambrino)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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JOAN MIRÓ (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2023



Illustration: Joan Miró
    
JOAN MIRÓ

Soleil de proie prisonnier de ma tête
Enlève la colline, enlève la forêt.
Le ciel est plus beau que jamais.
Les libellules des raisins
Lui donnent des formes précises
Que je dissipe d’un geste.
Nuages du premier jour,
Nuages insensibles et que rien n’autorise,
Leurs graines brûlent
Dans les feux de paille de mes regards.
A la fin, pour se couvrir d’une aube
Il faudra que le ciel soit aussi pur que la nuit.

(Paul Eluard)

Recueil: Miro oeuvre

Editions: Maeght

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CHANSON DE ROUTE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2023




    
CHANSON DE ROUTE

Ô soleil, viens briller dans mon coeur,
Vent, dissipe soucis et misère.
Je ne sais joie si pure sur terre
Que partir, se faire voyageur.

Je suis prêt à courir vers la plaine.
Brûle-moi soleil, baigne-moi, mer.
Ouvrez-vous, mes sens et vous ma chair,
Aux saveurs de notre vie humaine.

Que les jours, se suivant, me dévoilent
Nouveaux frères, compagnons nouveaux,
Que je sois, louant tout en repos,
Hôte, ami de toutes les étoiles.

***

REISELIED

Sonne leuchte mir ins Herz hinein,
Wind verweh mir Sorgen und Beschwerden !
Tiefere Wonne weiß ich nicht auf Erden,
Als im Weiten unterwegs zu sein.

Nach der Ebne nehm ich meinen Lauf,
Sonne soll mich sengen, Meer mich kühlen ;
Unsrer Erde Leben mitzufühlen
Tu ich alle Sinne festlich auf.

Und so soll mir jeder neue Tag
Neue Freunde, neue Brüder weisen,
Bis ich leidlos alle Kräfte preisen,
Aller Sterne Gast und Freund sein mag.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Le pain à l’intérieur du poème (Hamid Tibouchi)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2023



Le pain à l’intérieur du poème
ou le poème dans le pain
leur seule présence suffit
à dissiper la faim

(Hamid Tibouchi)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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LE TEMPS (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2023



Illustration: Lionel Valot
    
LE TEMPS

Mon temps s’achève
J’en suis consciente

Ce temps si frêle si transitoire
Qui boude et qui s’obstine
Puis s’évanouit à chaque pas
Jour après jour il me rappelle
Ma mort inscrite quelque part
Dans un coin de ma vie ?
Dans l’inconnu ?

Ces jours précieux
Je les gaspille,
Les dilapide et les dissipe
Je les prodigue à tout venant
Et les disperse à tous les vents

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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Quel repos ? (Mario Luzi)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022




    
Quel repos ? Quelle pierre
où poser sa tête ? Rien,
elle n’existe pas, cette pierre, il n’y a aucun lieu
où tu puisses demeurer. Tu dois
être. Être toujours
et rien que pour cela indéfectiblement brûler, corps et âme —
c’est ce que lui disent en se dissipant les cavernes du sommeil
où il cherchait refuge,
pour lui elles se changent en flammes.
Et lui ne se tient pas
comme il le voudrait, pas encore,
«jusqu’à quand, mon père,
réponds-moi» — ou est-ce seulement mon pauvre dialecte
et lui il resplendit
disséminé et épars dans la multitude du monde
— comme du sel ?— comme du sel et comme du sang.

***

Quale riposo ? quale pietra
su cui posare il capo ? Niente,
non c’è quella pietra, non c’è luogo
alcuno in cui tu possa stare. Devi
essere. Essere sempre
e anche solo per questo
anima e corpo indefettibilmente ardere —
gli dicono sfacendosi
le caverne del sonno
in cui cercava asilo,
gli si commutano in flamme.
E lui non si compone
corne vorrebbe, non ancora,
« fino a quando, padre mio,
rispondimi » — o è solo il mio miserabile dialetto
e lui risplende
disseminato e sparso nella moltitudine del mondo —
corne sale ? — corne sale e corne sangue.

(Mario Luzi)

Traduction de Moussia et Jean-Marie Barnaud

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Vieux mineur (Johannes Kühn)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2022




    
Vieux mineur

Es-tu allé dans la nuit —
je connais
la nuit, c’est de la roche.
De mes mains j’ai frappé,
des battoirs mes mains à force.
Il sont partis en fumée
les charbons que j’ai abattus,
et dans les airs
se sont dissipées les fumées,
et dans les poêles des blancs hivers
elle est morte
la chaleur.

À la place des mains des battoirs.

Mais ils ne sont pas morts
les gens dans le froid
des blancs hivers.
À l’usine, qui fumait de toutes ses cheminées,
ce que j’ai abattu
est devenu fer
il sert pour les voitures
et étayent les maisons

Habite ! vis ! tout va bien,
mes mains sont des battoirs :
pas pour rien.

***

Alter Bergmann

Bist du in der Nacht gegangen —
ich kenn
die Nacht, die Gestein ist.
Ich schlug mir die Hände zu Brettern.
Es sind verraucht
die Kohlen, die ich gebrochen,
es sind die Rauchschwaden
vergangen in Luft,
es ist in Öfen
der weißen Winter
die Wärme
gestorben.

Mir sind die Hände zu Brettern geworden.

Gestorben sind nicht die Menschen
in Kälte
der weiBen Winter.
In Fabriken, wo durch Schornsteine rauchte,
was ich gebrochen,
ist Eisen geworden,
das dient an Wagen,
als Träger in Häusern.

Wohnt! Lebt! Wie gut,
mir sind die Hände zu Brettern geworden
nicht umsonst.

(Johannes Kühn)
Traduction de Claude Vercey

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Excursion en montagne un jour d’automne (Sonsu)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2022



Illustration: Tachibana Morikuni
    
Excursion en montagne un jour d’automne

L’oie sauvage d’elle-même vole haut, les eaux d’elles-mêmes coulent,

Nuages blancs, arbres rouges, se mêlent aux cimes des monts.
Les feuilles mortes au bord du torrent au retour vous égarent,
Une cloche lointaine en forêt dissipe votre tristesse.

(Sonsu)

***

 

Recueil: Ivresse de brumes, griserie de nuages
Traduction: Ok-sung / Anne Baron / Jean-François Baron
Editions: Gallimard

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SOLEIL COUCHANT (Du Fu)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2021




    
SOLEIL COUCHANT

Les rayons obliques du soleil
scintillent sur les perles des rideaux.
Les fleurs du printemps resplendissent sur les rives.
Un parfum enivrant.
monte des jardins,
le long du fleuve.
Sur les chalands immobiles
s’allument les feux
pour le repas du soir.
Les moineaux piailleurs
bataillent farouchement
dans les branches.
Une nuée d’insectes a envahi la cour.
Qui a inventé ce vin trouble ?
Un seul verre suffit
à dissiper mille chagrins !

(Du Fu)

 

Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche

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Bien tard, je t’ai aimée (Saint Augustin)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2021



Saint Augustin 
    
Bien tard, je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle,
bien tard, je t’ai aimée !

Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors,
et c’est là que je te cherchais,
et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais !

Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ;
elles me retenaient loin de toi, ces choses
qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas !

Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ;
tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ;
tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi ;
j’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif ;
tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix.
(Saint Augustin)

 

Recueil:
Traduction:
Editions:

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