Posts Tagged ‘distant’
Posted by arbrealettres sur 21 novembre 2019
MONTAGNE, CIEL, SOLEIL ET PAIX
Au coeur du monde, quelque part au coeur du monde
Il existe un marais comme un orgue qui gronde,
Un crapaud noir plus gros qu’un ours attend
De-ci de-là ballottant
Depuis mille ans déjà, peut-être plus longtemps
De-ci de-là ballottant.
Quelque part au-dessus du monde – l’oeil pareil
Sur la cime d’un arbre à l’éclat du soleil
Un oiseau las et malade est tapi,
Rêvant au moucheron mourant sur un épi
Et depuis mille ans sa tête se plie
Vers le bel épi, vers le bel épi.
Au-dessus du monde, ô toi ciel distant,
Comme mon exil crie en sanglotant
Ton silence au-dessus des lumineux lointains,
Ton soleil dans la soie et dans l’or qui s’éteint
Au fil des faux tranchant chantant dans le matin
Des lumineux lointains, des lumineux lointains.
Vois-tu l’or dans le ciel et l’arbre – tu dis soir,
Veux-tu savoir ce qu’est le soir – tu dis tristesse,
Veux-tu savoir ce qu’est la tristesse
Avec ta bouche et tes yeux tu te vois
Aveugle et muet dans le triste soir
Pleurant alors comme la clarté pleure
Dans la main d’un enfant le soir
Tu es la lumière et l’enfant qui pleure
En ton sang – dans le triste soir.
(Moshe-Leib Halpern)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Moshe-Leib Halpern), arbre, attendre, au-dessus, aveuglé, éclat, épi, ballotter, bouche, ciel, cime, coeur, crapaud, crier, distant, enfant, exil, exister, faux, gronder, gros, las, lointain, lumineux, main, malade, marais, monde, montagne, moucheron, mourant, noir, oiseau, or, orgue, ours, paix, quelque part, rêver, s'éteindre, sang, sangloter, se plier, silence, soie, soir, soleil, tapi, tête, tranchant, triste, tristesse | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 18 août 2019

Amour
Amour, tu ne reviens plus vers mes yeux morts;
et comme mon coeur idéaliste te pleure.
Mes calices attendent tous ouverts
tes hosties d’automne et tes vins d’aurore.
Amour, croix divine, abreuve mes déserts
de ton sang d’astres qui rêve et qui pleure.
Amour, tu ne reviens plus vers mes yeux morts
qui redoutent et désirent tes larmes d’aurore!
Amour, je ne t’aime pas quand tu es distant
balançant entre tes fards de joyeuse bacchante,
et tes traits fragiles et fades de femme.
Amour, viens sans chair, d’un ichor qui étonnera;
et que moi, comme un Dieu, je sois l’homme
qui aime et engendre sans plaisir sensuel!
(César Vallejo)
Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: (César Vallejo), abreuver, aimer, amour, astre, attendre, aurore, automne, étonner, bacchante, balancer, calice, chair, coeur, croix, désert, désirer, Dieu, distant, divin, engendré, fade, fard, femme, fragile, homme, hostie, ichor, idéaliste, joyeux, larme, mort, ouvert, plaisir, pleurer, rêver, redouter, revenir, sang, sensuel, trait, venir, vin, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019

Illustration: Josephine Wall
L’INITIAL
Âditama
Qui en mon for intérieur muet
arpente les brumes de ma pensée,
demeure près du coeur et pourtant
reste distant,
qui habite l’air à jamais inouï?
Mon espérance est de le chanter
mais mon jour passe dans le silence
lancinant
de ne pouvoir dire mon sentiment.
Où sont les mots, les mots
qui me fuient ?
Le monde en pleurs qui ruisselle
dans mon sang
que veut-il
qui connaît le message du primitif
originel ?
Le rayon qui franchit l’orage
perçant le voile des vapeurs
pour venir embrasser la planète
est l’enfant du paradis ;
les mots qu’il lui dit à l’oreille
la terre encore aujourd’hui
en répand le souvenir
parmi les brins d’herbe
et entend,
les yeux sur son passage rivés,
l’air de son chant.
La pulsion première de la vie
palpite dans la moelle des figuiers,
ses harmoniques insonores vibrent .
nuit et jour au fond du ciel
et mes veines jusque dans les fibres
résonnent d’elle ;
et dans les profondeurs du conscient
une danse se compose
de figures invisibles
au chant du feuillage susurrant.
Volubiles sont ces arbres, ces plantes
en feuilles et en fleurs
au fond de l’abysse de silence
où le verbe est roi,
au travers des terres et des eaux
silencieux
j’écoute la respiration première
sacrée,
j’entends la muette rumeur
de la pensée enfouie.
Dans cet univers orphelin de parole
qui s’étend de la poussière terrestre
aux confins stellaires
je prends place
les yeux ouverts emplis d’un chant
sans sonorité.
(Rabindranath Tagore)
Recueil: L’écrin vert
Traduction: Saraju Gita Banerjee
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), abysse, air, arbre, arpenter, écouter, brume, chant, chanter, ciel, coeur, composer, confins, connaître, conscient, danse, demeurer, dire, distant, eau, embrasser, emplir, enfant, enfouir, entendre, espérance, feuillage, feuille, fibre, figuier, figure, for, franchir, fuir, habiter, harmonique, herbe, initial, inouï, insonore, invisible, jour, lancinant, message, moelle, monde, mot, muet, orage, oreille, originel, orphelin, palpiter, paradis, parole, pensée, percer, planète, plante, pleur, poussière, primitif, profondeur, pulsion, rayon, répandre, résonner, respiration, river, ruisseler, rumeur, s'étendre, sacré, sang, sentiment, silence, silencieux, sonorité, souvenir, stellaire, sussurer, terre, univers, vapeur, veine, verbe, vibrer, vie, voile, volubile, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018

Toi
Toi c’est un mot
Toi c’est une voix
Toi c’est tes yeux et c’est ma joie
Toi c’est si beau
Toi c’est pour moi
Toi c’est bien là et je n’y crois
Toi c’est soleil
Toi c’est printemps
Toi c’est merveille de chaque instant
Toi c’est présent
Toi c’est bonheur
Toi c’est arc-en-ciel dans mon coeur
Toi c’est distant…
Toi c’est changeant…
Toi c’est rêvant et esquivant…
Toi c’est pensant…
Toi c’est taisant…
Toi c’est tristesse qui me prend…
Toi c’est fini.
Fini ? Pourquoi ?
Toi c’est le vide dans mes bras…
Toi c’est mon soleil qui s’en va…
Et moi, je reste, pleurant tout bas.
(Esther Granek)
Illustration: Maria Amaral
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Posted in poésie | Tagué: (Esther Granek), beau, bonheur, bras, changeant, distant, joie, merveille, mot, pleurer, présent, printemps, soleil, toi, tristesse, vide, voix, yeux | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2018

Quel mot fit notre perte ?
quel geste inaperçu rompit notre équilibre ?
qui donc nous réveilla distants?
Les barques des pêcheurs sont désertées
et l’Automne n’a plus de feuilles.
(Pierre Béarn)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Pierre Béarn), automne, équilibre, barque, déserte, distant, feuille, geste, inaperçu, mot, pêcheur, perte, réveiller, rompre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2018

Vers qui va notre désir ?
Vers celles qui, en écartant leurs cuisses
vont créer un évènement.
Soit qu’elles révèleront une gourmandise cachée,
soit que l’intimité rendra moins distante leur beauté ou,
au contraire, plus étrangère leur camaraderie.
Peu de mystère, rien que ce télescopage du connu et du voilé;
mais avec tout l’éclat de deux transparences soudain confrontées.
(Petr Král)
Recueil: Cahiers de Paris
Traduction:
Editions: Flammarion
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Posted in poésie | Tagué: (Petr Král), écarter, éclat, étranger, évènement, beauté, caché, camaraderie, confronté, connu, créer, cuisse, désir, distant, gourmandise, intimité, mystère, révéler, rendre, télescopage, transparence, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 juin 2018

NOUS SOMMES INVISIBLES
Quand tu es loin
Il y a plus d’ombre
dans la nuit
il y a
plus de silence
Les étoiles complotent
dans leurs cellules
cherchent à fuir
mais ne peuvent
Leur feu blesse
il ne tue pas
Vers lui quelquefois
la chouette lève la tête
puis ulule
Une étoile est à moi
plus qu’au sommeil
et plus qu’au ciel
distant absent
prisonnière hagarde
héroïne exilée
Quand tu es loin
Il y a plus de cendres
dans le feu
plus de fumée
Le vent disperse
(Edmond Jabès)
Recueil: Le Seuil Le Sable Poésies complètes 1943-1988
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Edmond Jabès), absent, étoile, blesser, cellule, cendre, chercher, chouette, ciel, comploter, disperser, distant, exiler, feu, fuir, fumée, hagard, héros, invisible, loin, nuit, ombre, prisonnier, silence, sommeil, tuer, ululer, vent | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 mai 2018

Illustration: Gao Xingjian
L’INFINITIF DU BLEU (extrait)
Cette longue errance n’aura donc été
qu’un rêve magnifique sous une étoile damnée,
et la cause perdue d’un exode sans fin,
une lune à cueillir sur un ciel trop distant
et pourtant,
l’âme naquit au soleil solitaire
de passagers sans lendemain qui vont, faits de mystère
et ne deviennent que par l’orage d’un secret ;
et pourtant la lumière éclaire un cheminement
incertain, mais il eût fallu monter plus haut
pour connaître enfin que la terre était loin,
et la route s’arrête là où le froid greffe
la plante fugace d’une erreur splendide
qui nous oblige à l’espoir d’encore espérer.
(Claudine Helft)
Recueil: Une indécente éternité
Traduction:
Editions: De la Différence
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Claudine Helft), âme, éclairer, étoile, bleu, cause, cheminement, ciel, connaître, cueillir, damné, devenir, distant, encore, errance, erreur, espérer, espoir, exode, fin, froid, fugace, greffer, haut, incertain, infinitif, lendemain, loin, lune, magnifique, monter, mystère, naître, obliger, passager, perdre, plante, rêve, route, s'arrêter, soleil, solitaire, splendide, terre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 mars 2017

Écrit sur une lamelle d’un wagon
Si un jour quelqu’un doit trouver des perles
enfilées sur une ficelle de soie rouge-sang
qui, près de la gorge, courent aux plus minces des jours
comme le chemin propre de la vie jusqu’à qu’il s’en aille
quelque part dans un brouillard pour ne pas être vu,
Si quelqu’un doit trouver ces perles
Dites-lui comment –froides, distantes -elles ont illuminé
les dix-huit ans, de la danseuse de Paris,
au cœur impatient, Marie.
Maintenant, traîné à travers la Pologne inconnue –
Je lance mes perles à travers la grille.
Si un jeune homme les trouve
Que ces perles ornent sa petite amie.
Si une fille les trouve
Qu’elle les porte, elles lui appartiennent.
Et si elles sont trouvées par un vieil homme
laissez-le, pour ces perles, réciter une prière.
(Avrom Sutzkever)
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Posted in poésie | Tagué: (Avrom Sutzkever), ami, appartenir, écrit, brouillard, chemin, coeur, danseuse, distant, enfilé, ficelle, fille, froid, gorge, illuminer, impatient, laisser, lamelle, orner, perle, porter, prière, réciter, rouge, sang, soie, trouver, vie, vieux, wagon | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 10 décembre 2016
Apprentis distants
du plus proche,
connaisseurs de la rose
qui ne peuvent la respirer,
vivants d’une vie
qui se consume en se vivant,
lanceurs d’un filet
qui se retourne et les capture,
voyageurs d’une distance qui n’existe pas.
Pourquoi commencer
si tout débute
où ils finissent ?
Pourquoi ouvrir la porte
ou pourquoi la fermer
s’il y a toujours à sa place quelque chose d’immobile,
une icône impénétrable
qui ne change pas dans l’ouvert et le fermé?
Est-il aussi des roues dont le destin est de ne pas tourner,
de l’eau dont le sens n’est pas de mouiller,
des vents dont l’objet n’est pas de souffler,
du feu dont la fonction n’est pas de brûler?
Si le plus haut consiste
à n’être pas ce qu’on est,
en quel singulier espace
doit-on se séparer de soi-même?
(Roberto Juarroz)
Illustration: Île Nancy
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Posted in poésie | Tagué: (Roberto Juarroz), apprenti, brûler, capturer, commencer, connaisseur, consumer, distance, distant, espace, fermé, feu, filet, finir, icône, impénétrable, ouvert, ouvrir, porte, proche, respirer, rose, se séparer, singulier, soi-même, vie, vivant, voyageur | Leave a Comment »