Recueil: L’intégralité des Haïkus
Traduction: Makoto Kemmoku et Dominique Chipot
Editions: Points
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Bashô), callebasse, distrait, fleur, longtemps | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 avril 2023
Recueil: L’intégralité des Haïkus
Traduction: Makoto Kemmoku et Dominique Chipot
Editions: Points
Posted in haïku, poésie | Tagué: (Bashô), callebasse, distrait, fleur, longtemps | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 avril 2023
FAUSSE ÉLÉGIE
Nous ne faisons que partager un lent désastre.
Je me vois mourir en toi, en d’autres, en tout
et pourtant je bâille et je suis distraite
comme à un spectacle ennuyeux.
Les jours se défissent,
les nuits se consument avant qu’on s’en rende compte :
ainsi finissons-nous.
Rien. Il n’y a rien
entre lever et fermer les paupières.
Mais si quelqu’un vient à naître (son annonce,
la possibilité de son imminence,
son poids de syllabes dans l’air)
il bouleverse ce qui existe,
il est plus fort que le réel
et déloge les vivants dans leur corps.
(Rosario Castellanos)
Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud
Posted in poésie | Tagué: (Rosario Castellanos), air, annonce, élégie, bâiller, bouleverser, corps, déloger, désastre, distrait, ennuyeux, exister, faire, faux, fermer, finir, fort, imminence, jour, lent, lever, mourir, naître, nuit, partager, paupière, poids, possibilité, quelqu'un, réel, rien, se consumer, se défaire, spectacle, syllabe, venir, vivant, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 février 2023
Illustration
On n’est pas n’importe qui !
Quand tu rencontres un arbre dans la rue,
dis-lui bonjour sans attendre qu’il te salue.
C’est distrait, les arbres.
Si c’est un vieux. dis-lui « Monsieur ».
De toute façon, appelle-le par son nom :
Chêne, Bouleau, Sapin, Tilleul…
Il y sera sensible.
Au besoin, aide-le à traverser.
Les arbres, ça n’est pas encore habitué
à toutes ces autos.
Même chose avec les fleurs, les oiseaux, les poissons:
appelle-les par leur nom de famille.
On n’est pas n’importe qui !
Si tu veux être tout à fait gentil,
dis « Madame la Rose » à l’églantine ;
on oublie un peu trop qu’elle y a droit.
(Jean Rousselot)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Rousselot), aider, appeler, arbre, attendre, auto, églantine, bonjour, bouleau, chêne, dire, distrait, droit, famille, fleur, gentil, habituer, madame, monsieur, nom, oiseau, oublier, poisson, rencontrer, rose, saluer, sapin, sensible, tilleul, traverser, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2022
FILLE
Tes chaudes mains, souples brandons,
Frôlent en vain ma solitude;
Ton plaisir ne m’est qu’une étude;
Le dédain préside à mes dons.
Le fruit banal où nous mordons
Pend triste au clos de l’habitude;
Je farde mal mon hébétude
Du frais carmin des abandons.
Sans que ta force ne le sente,
Ton désir n’étreint qu’une absente;
Le coeur distrait rêve ou s’endort.
Comme une fille ses piastres,
Au bord du ciel, alcôve d’or,
Mes yeux pensifs comptent les astres.
(Marguerite Yourcenar)
Posted in poésie | Tagué: (Marguerite Yourcenar), abandon, absent, alcôve, astre, étreindre, étude, banal, bord, brandon, carmin, chaud, ciel, clos, coeur, compter, dédain, désir, distrait, don, en vain, farder, fille, force, frais, frôler, fruit, habitude, hébétude, main, mal, mordre, or, pendre, pensif, piastre, plaisir, présider, rêver, s'endormir, sentir, solitude, souple, triste, yeux | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2020
– Y a-t-il un lieu de silence
Où je puisse essayer mon chant
Sans que le submerge en moi-même
Le tumulte de ces orages,
Les cris aigus de ce prétoire
Où se proclament par cent voix
Le mensonge des criminels
La cupidité des voleurs
Et la lâcheté des esclaves ?
– Un seul accent vrai de ton cœur
En toi couvrira cent voix fausses.
Ah ! mon cœur n’est-il pas pareil
À un fruit jeté dans la mer :
Quand un batelier le recueille
Il est encore plein et doré
Mais sa chair que l’eau a forcée
N’a plus que l’âcreté du sel.
J’ai regardé bien trop de morts
Avec des yeux secs et distraits ;
J’ai connu trop de paysages,
J’ai pressé pendant ces cinq ans
Trop de mains, vu trop de visages ;
Des flots ont noyé ma mémoire.
– La moisson étouffe et aveugle
L’ample grenier qui la contient
Mais d’où jaillira chaque gerbe
À son tour, avec tous ses grains.
Sur le lourd butin qui t’accable
Penche-toi ! Dans un cœur aimant
Rien n’est perdu, rien ne s’efface
De ce qu’y a mis chaque jour.
(Charles Vildrac)
Posted in poésie | Tagué: (Charles Vildrac), accabler, accent, aigu, aimer, ample, aveugler, âcreté, étouffer, batelier, butin, chair, chant, coeur, connaître, contenir, couvrir, cri, criminel, cupidité, distrait, doré, eau, effacer, esclave, essayer, faux, flot, forcer, fruit, gerbe, grain, grenier, jaillir, jeter, jour, lâcheté, lieu, lourd, main, mémoire, mensonge, mer, mettre, moisson, mort, noyer, orage, pareil, paysage, perdre, plein, prétoire, presser, recueillir, regarder, se pencher, se proclamer, sec, sel, silence, submerger, trop, tumulte, visage, voir, voix, voleur, vrai, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 9 juin 2020
REPIT
Nombreuses et grandes
Sont mes tentatives —
Dans les profondeurs et dans les hauteurs,
Entre les ténèbres et la lumière,
De l’atome aux galaxies,
Du premier baiser sur les lèvres
Au dernier baiser sur les paupières,
De la fleur au serpent,
Du pain au poison,
De la caresse au poignard,
Du rugissement du lion
Au chant de l’alouette,
De moi,
Saisi par les vrilles du temps,
A toi,
Qui laisses s’enrouler distraitement le temps
Dans ton giron, comme une pelote.
Du rivage de mes heures,
Je contemple les bords de tes éternités.
Mon compas
Elargit son angle
Jusqu’à 180°.
Je regarde,
Et les lointains que j’aperçois
Sont poussière de voie lactée.
Mes ères
Frappent avec des poings d’enfant
A ta porte d’azur
Cloutée d’étoiles.
Que faire ?
Je n’ai pas de bateau qui puisse
Me mener par-delà les frontières de mon être,
Et lorsque je reviens en moi-même, je vois toujours
Des immensités et des ports qui ne sont que rêves.
Ma halte
Est celle du vent
Que l’air délogera
D’entre deux branches frémissantes
(Mihai Beniuc)
Posted in poésie | Tagué: (Mihai Beniuc), air, alouette, angle, apercevoir, atome, azur, ère, élargir, éternité, étoile, être, baiser, bateau, bord, branche, caresse, chant, clouter, compas, contempler, déloger, distrait, enfant, enrouler, fleur, frapper, frémir, frontière, galaxie, giron, grand, hauteur, heure, immensité, laisser, lèvres, lointains, lumière, mener, nombreux, pain, paupières, pelote, poignard, poing, poison, port, porte, poussière, premier, profondeur, répit, rêve, revenir, rivage, rugissement, saisir, serpent, ténèbres, temps, tentative, toujours, vent, Voie Lactée, voir, vrille | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 4 juin 2020
Une déchirure dans les nuages. Le bleu
du contour des montagnes.
Jaune foncé des champs.
Noir de la rivière. Qu’est-ce que je fais ici,
seul et plein de remords ?
Je continue distraitement de manger le bol
de framboises. Si j’étais mort,
penses-y me dis-je, je ne serais pas
en train de les manger. Ce n’est pas si simple.
C’est tout simple.
(Raymond Carver)
Posted in poésie | Tagué: (Raymond Carver), bleu, bol, champ, continuer, contour, déchirure, distrait, foncé, framboise, jaune, manger, montagne, mort, noir, nuage, penser, plein, remords, rivière, seul, simple | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 mars 2020
Illustration: Pierre Paul Rubens
BESTIAIRE DES AMANTS
Amants endormez-vous
après de tendres soins
serrez-vous aimez-vous
vos rêves iront loin
Bien au-delà du jour
au profond du sommeil
du bon-chaud de l’amour
renaîtra le soleil
Un écureuil viendra
Entre vos deux orteils
un lézard glissera
Tous vos amis de nuit
la loutre et le renard
le chat et la fourmi
accourront sans retard
à pas feutrés de rêve
jusqu’au chant de l’alouette
et se mélangeront
sans mordre ni crier
au jaune hérisson
à la fauvette huppée
Les hôtes amicaux
viendront à pas feutrés
jusqu’au cocorico
d’un grand coq très distrait
qui chassera enfin
cette ménagerie
que la soif ni la faim
n’auront jamais surpris
Sur la main de l’enfant aimée
un rossignol vient et se pose
(La gazelle viendrait aussi
mais elle a peur et elle n’ose)
La truite et le chien de mer
s’en vont naviguant de conserve
Le toucan l’étoile de mer
restent tous deux sur la réserve
Devant le bélier qui insiste
pour que le chat touche à ses cornes
ne sachant trop si elle existe
longuement pleure la licorne
La taupe et le corbeau
s’en vont à petits pas
Le renard les chevaux
marchent tout près du rat
et la chauve-souris
veille sur la dormeuse
tandis qu’une perdrix
lui chante une berceuse
La girafe et le chien
le lion le pangolin
le zèbre et la vigogne
flairent les endormis
les lèchent doucement
et parlent en amis
aux fidèles amants
qui s’éveillent enfin
lorsque le réveil sonne
et leur rend leur matin
de vraies grandes personnes.
(Claude Roy)
Posted in poésie | Tagué: (Claude Roy), accourir, aimé, aller, alouette, amant, ami, amical, amour, au-delà, écureuil, étoile de mer, bélier, berceuse, bestiaire, bon, chant, chanter, chasser, chat, chaud, chauve-souris, cheval, chien, cocorico, coq, corbeau, corne, crier, distrait, dormeur, doux, endormi, enfant, enfin, exister, faim, fauvette, feutré, flairer, fourmi, gazelle, girafe, glisser, hérisson, hôte, insister, jaune, jour, lécher, lézard, licorne, lion, loin, loutre, main, marcher, matin, ménagerie, mordre, naviguer, nuit, orteil, oser, pangolin, parler, perdrix, personne, peur, pleurer, profond, rat, réveil, rêve, renaître, renard, rendre, retard, rossignol, s'aimer, s'éveiller, s'endormir, se mélanger, se poser, se serrer, soif, soin, soleil, sommeil, surprendre, taupe, tendre, toucan, toucher, truite, veiller, venir, vigogne, zèbre | 3 Comments »