AUTOPORTRAIT DU FEU
(sur un solo d’Albert Ayler)
pour Christian Jaccard
Je tisonne le monde
Je souffle
Et c’est un acte de générosité
Je souffle
Et c’est la poésie du coeur
Je souffle
Et c’est un don de soi
Omega is the Alpha
Je souffle et j’invective
Aux quatre coins du ciel nocturne
Litanie
Hymne
Prière
Psalmodie
Mantra
Je souffle-semence
Je souffle-verset
Je souffle vital
Je souffle parce que
Quelque chose brûle en moi
Light in darkness
Eau de vie eau de feu
Je souffle en coup de foudre
Le feu de la femme
[…]
Dans le ciel du coeur
Dans le coeur du ciel
Je m’offre
Je brûle au paradis
Je suis un accélérateur de particules divines
Quand ma lampe est éteinte, et que pas une étoile
Ne scintille en hiver aux vitres des maisons,
Quand plus rien ne s’allume aux sombres horizons,
Et que la lune marche à travers un long voile,
Ô vierge ! ô ma lumière ! En regardant les cieux,
Mon coeur qui croit en vous voit rayonner vos yeux.
Non ! Tout n’est pas malheur sur la terre flottante :
Agité sans repos par la mer inconstante,
Cet immense vaisseau, prêt à sombrer le soir,
Se relève à l’aurore élancé vers l’espoir.
Chaque âme y trouve un mât pour y poser son aile,
Avant de regagner sa patrie éternelle.
Et tous les passagers, l’un à l’autre inconnus,
Se regardent, disant : » D’où sommes-nous venus ? »
Ils ne répondent pas. Pourtant, sous leur paupière,
Tous portent le rayon de divine lumière ;
Et tous ces hauts pensers m’éblouissent… j’ai peur ;
Mais je me dis encor : » Non, tout n’est pas malheur ! »
L’amour de mes pensers, comme de son pinceau,
Vous peint à mon esprit, si je clos ma paupière,
Je vous vois en dormant, si je suis sans lumière,
Pour m’éclairer de nuit vous êtes mon flambeau.
Si je suis sur la terre, ou si je suis sur l’eau,
Vous me suivez sur terre, et dessus la rivière,
Car je vous vois toujours et devant et derrière
La croupe du cheval, la poupe du bateau.
Encor que de mon corps le vôtre soit absent,
A mon esprit toujours votre corps est présent :
Concevez-vous cela, ma divine maîtresse ?
Si pénétrer les corps par son agilité
Est la propre action de la divinité,
L’amour m’avait bien dit que vous étiez déesse.
Enfin je t’ai roulé, opiniâtre rocher,
dans l’abîme.
— Temps,
(perdu ?), pierre, de mon oeuvre pure,
pour vaincre ta laideur grossière ! —
Maintenant, debout, haletant encore,
sur la plaine à nouveau. Là-haut, le ciel
du couchant pacifique, comme une eau de rose,
d’où j’ai rejailli, pur,
le front perlé d’étoiles pâles.
Et entre la poitrine et les bras douloureux,
la sensation divine d’une rose géante,
qui fut — mais quand ? — de pierre.
***
Ya te rodé, canto obstinado,
en el abismo.
— iTiempo
¿perdido?, piedra, de mi obra pura,
para vencer tu fealdad grosera!—
Ahora, de pie, jadeante aún,
otra vez en lo todo llano. Arriba, el cielo
del ocaso pacífico, como un agua rosada,
de donde me he salido, puro,
sudando estrellas pálidas.
Yentre el pecho y los brazos doloridos,
la sensación divina de una jigante rosa,
que fue — ¿cuándo? — de piedra.
Je pleure … de Beauté
Tellement un Grand est Grand
Quand il est si simple
Il est particule d’Amour à la Source
Il n’a rien à dire
Il ressent, Il émet
Il unifie ceux qui sont prêts
Sans le savoir car
Le Grand ne le sait pas lui-même
Le silence déploie son souffle
Et le vent emporte son étincelle divine …
… Étincelle qui Elle-même
Viendra éclore l’Innocent
Le Grand sait qu’il ne sait pas,
Qu’il ne sait plus.
Il devient …
Il devient …
Il devient …
… l’Unité de l’Instant au cœur de la Vie
Il s’est quitté pour se répartir
Sans le savoir
Dans l’Infini Récepteur du Tout : …
… Battement du Cœur Universel.
Souvent j’ai rencontré le mal de vivre:
c’était le ruisseau étranglé qui bouillonne,
c’était la feuille desséchée qui se recroqueville,
c’était le cheval terrassé.
Du bien, je n’ai rien su, hormis le prodige
qui entrouvre la divine Indifférence:
c’était la statue dans la somnolence
de midi, et le nuage, et le faucon haut dans le ciel.
dans le noir des pierres
et des sentiments anguleux
qui farinent
et tourbillent
dansant sur eux-mêmes
parmi les flammes mentales
de la raison
résiste toujours
la porte blanche
de la fulgurance divine