Posts Tagged ‘douleur’
Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023

J’ai su comment les visages se défont,
Comment on voit la teneur sous les paupières,
Comment des pages d’écriture au poinçon
Font ressortir sur les joues la douleur,
Comment les boucles noires ou cendrées
Ressemblent soudain à du métal blanc.
Le sourire s’éteint sur les lèvres dociles
Et la peur tremble dans un petit rire sec.
Si je prie, ce n’est pas pour moi seule,
Mais pour tous ceux qui ont avec moi attendu
Dans le froid féroce, ou sous la canicule,
Au pied du mur rouge, du mur aveugle.
(Anna Akhmatova)
Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Traduction: Jean-Louis Backès
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Anna Akhmatova), attendre, aveuglé, écriture, blanc, boucle, canicule, cendre, docile, douleur, féroce, froid, joue, lèvre, métal, mur, noir, page, paupière, peur, pied, poinçon, prier, ressembler, ressortir, rire, rouge, s'éteindre, savoir, se défaire, sec, seul, sourire, teneur, trembler, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 23 mai 2023

Bataille
La douleur a fondu sur ma chair. La douleur
A passé renversant mon cerveau d’un coup d’aile.
Et je me suis battu seul à seule avec elle
Toute la nuit, sans voir, comme avec un voleur.
Et me voilà gisant mais je ne suis pas mort
Prends garde à toi, douleur, à peine est-ce une trêve
Prends garde à toi, douleur, déjà je me relève
Prends garde à toi, demain, je serai le plus fort.
La douleur m’a jeté garrotté dans sa forge
Elle m’a retourné les deux yeux à l’envers
Pour m’empêcher d’y voir elle a tordu mes nerfs
Pour m’étrangler comme des cordes à ma gorge.
Prends garde à toi ! Je t’empoignerai par les ailes,
Je te les casserai comme un bout de bois sec
Et les petits enfants s’amuseront avec
Je te les briserai ces deux poignets rebelles
Et partout où j’irai tu iras me suivant
Aussi loin qu’à mon gré je voudrai t’y contraindre
et les maisons la nuit t’écouteront te plaindre
Comme un aigle blessé qui lutte avec le vent.
Je brûlerai tes yeux pour éclairer mon livre
Je marcherai sur toi comme sur un chemin
Ton sang j’en ferai boire à tout le genre humain.
Je le lui servirai jusqu’à ce qu’il soit ivre.
Pour m’élever au ciel j’ouvrirai pas à pas
Dans ta chair les degrés d’une échelle vivante,
Je te commanderai, tu seras ma servante
Et quand je te crierai : « Chante ! » tu chanteras. »
(Marie Noël)
Recueil: Quelqu’un plus tard se souviendra de nous
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Marie Noël), aclairer, aigle, aile, aller, à l'envers, échelle, écouter, étrangler, bataille, blesser, boire, bois, brûler, briser, casser, cerveau, chair, chanter, chemin, ciel, commander, contraindre, corde, coup, crier, degré, douleur, empêcher, empoigner, enfant, fondre, forge, fort, garrotter, gésir, gorge, gré, humain, livre, loin, lutter, maison, marcher, mort, nerf, nuit, ouvrir, passer, petit, plaindre, poignet, prendre garde, rebelle, renverser, retourner, s'amuser, s'élever, sang, se relever, sec, servant, seul, suivant, tordre, trêve, vent, vivant, voir, voleur, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 21 mai 2023

LA COULEUR DE MES LARMES
Je pleure des larmes sèches à mon coeur qui se meurt.
Ces flammes qui me lèchent ont du sang la saveur.
Je ne sais ce qui pêche et il n’est point de leurre.
La nuit me paraît fraîche, j’ai des envies d’ailleurs.
Je pleure des larmes noires en mon coeur évanoui.
Drapé dans mon peignoir, je cherche en vain l’oubli.
Les souvenirs, ce soir, me poussent á l’insomnie.
Je n’ai plus mal à boire face aux maux de la vie.
Je pleure des larmes vaines au son de mes douleurs.
Entravé par ces chaînes, j’ai le mal des fleurs.
Ce manque que je traîne atténue leurs couleurs.
Elle a quitté ma scène, engendrant la tumeur.
Je pleure des larmes grises aux sentiments passés.
Ces flammes qui attisent amertume et regrets.
Cet amour infini que je n’ai embrassé
Qu’au début de ma vie et qui s’est envolé.
Je pleure des larmes chaudes comme ses câlins,
Ses regards d’affection, ses sourires, nos matins.
Sa lune a disparu, elle était de satin.
Évanouie sa clarté, interrupteur éteint.
Je pleure des larmes blanches au vide immaculé.
Ces flammes sont des lames aux dents trop aiguisées.
Ce désert de tendresse à jamais irrigué
Des sanglots de l’amour qu’on n’a pu se donner.
(Jérôme Bories-Azeau)
Recueil: Anthologie poétique 2019 volume 2
Editions: Flammes Vives
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Posted in poésie | Tagué: (Jérôme Bories-Azeau), affection, aiguiser, ailleurs, amertume, atténuer, attiser, évanoui, blanc, boire, câlin, chaîne, chaud, chercher, coeur, couleur, début, désert, dent, disparaître, donner, douleur, draper, embrasser, en vain, engendrer, entraver, envie, flamme, fleur, frais, gris, immaculé, infini, insomnie, irriguer, lame, larme, lécher, leurre, lune, mal, manque, matin, mourir, noir, nuit, oubli, passer, pêcher, peignoir, pleurer, pousser, pouvoir, quitter, regard, regret, s'envoler, sang, sanglot, satin, saveur, savoir, scène, sec, sentiment, soir, son, sourire, souvenir, tendresse, traîner, tumeur, vain, vide, vie | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 mai 2023

FADAISES
Daignez souffrir qu’à vos genoux, Madame
Mon pauvre coeur vous explique sa flamme
Je vous adore autant et plus que Dieu,
Et rien jamais n’éteindra ce beau feu.
Votre regard, profond et rempli d’ombre,
Me fait joyeux, s’il brille, et sinon, sombre
Quand vous passez, je baise le chemin,
Et vous tenez mon coeur dans votre main
Seule, en son nid, pleure la tourterelle.
Las, je suis seul et je pleure comme elle.
L’aube, au matin ressuscite les fleurs,
Et votre vue apaise les douleurs.
Disparaissez, toute floraison cesse,
Et, loin de vous, s’établit la tristesse.
Apparaissez, la verdure et les fleurs
Aux prés, aux bois, diaprent leurs couleur
Si vous voulez, Madame et bien-aimée,
Si tu voulais, sous la verte ramée,
Nous en aller, bras dessus, bras dessous,
Dieu! Quels baisers! Et quels propos de fous!
Mais non! Toujours vous vous montrez revêche
Et cependant je brûle et me dessèche,
Et le désir me talonne et me mord,
Car je vous aime, ô Madame la Mort!
(Paul Verlaine)
Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette
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Posted in poésie | Tagué: (Paul Verlaine), adorer, aimer, apaiser, apparaître, aube, baiser, beau, bien-aimé, bois, bras, brûler, briller, cesser, chemin, coeur, couleur, daigner, désir, dessous, dessus, diaprer, Dieu, disparaître, douelur, douleur, expliquer, fadaise, feu, flamme, fleur, floraison, fou, genoux, jamais, joyeux, las, loin, madame, main, matin, mordre, mort, nid, ombre, passer, pauvre, pleurer, plus, pré, profond, propos, ramée, regard, remplir, ressusciter, revêche, s'établir, s'éteindre, s'en aller, se déssécher, se montrer, seul, sombre, souffrir, talonner, tenir, toujours, tourterelle, tristesse, verdure, vert, vouloir, vue | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 mai 2023

UN GRAND BONHEUR…
Un grand bonheur,
C’est ce que désirait mon coeur,
Il y a quelques mois encore.
Un grand bonheur,
Est entré dans mon coeur
Le jour ou je t’ai aperçu
Dans toute ta splendeur.
Un grand bonheur,
Une mélodie d’amour,
Que je chante au présent.
Ce grand bonheur,
Mon amour,
Qui illumine mes yeux,
Et fait vibrer mes sens .
Un grand bonheur,
Cette magnifique tempête,
Qui a emporté ma sénile raison.
Ce grand bonheur ,
Transcrit un désir fugace,
D’arrimer mon coeur.
Ce grand bonheur,
Me permet de croire en l’état de transe
Qui nous catapultera
Vers cet amour fatal,
Fruits d’instants magiques,
Et de calmes douleurs,
Qui laissera couler la sève…
Un grand bonheur…
(Sandrine Faivre)
Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe
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Posted in poésie | Tagué: (Sandrine Faivre), amour, apercevoir, arrimer, état, bonheur, calme, catapulter, chanter, coeur, couler, croire, désir, désirer, douleur, emporter, entrer, fatal, fruit, fugace, grand, illuminer, instant, jour, laisser, magique, magnifique, mélodie, mois, permettre, raison, sève, sénile, sens, splendeur, tempête, transcrire, transe, vivrer, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023

Illustration
FAIS CHANTER TA LYRE
Sais-tu qu’il faut aimer pour devenir heureux ?
C’est la loi de la vie on ne peut la trahir
Sans se blesser soi-même et parfois se haïr
Heureuse condition pour le coeur généreux.
Tu n’as jamais médit. Surtout n’y songe pas
Reste bien grand de paix et fais chanter ta lyre
Au-dessus du pardon comme l’amour délire
C’est la belle prière à faire encor tout bas.
Il te faut donc aimer au grand jeu du destin
Le soleil et les fleurs, le prix de la souffrance
Alors t’apparaîtra celui de l’espérance
Plus grand que la douleur lumineux et certain.
Puisque tu crois au ciel il faut lever les yeux
Ne fais jamais douter ton cœur de sa puissance
Prends ce chemin qui monte et console joyeux
Toutes choses, un jour perdent leur suffisance.
Il te faut donc aimer au fort de l’aquilon
Et même plus encor comme au jour le plus long
Dieu peut-il oublier et le roseau qui tremble
Et l’amour qui se donne à lui et marche d’amble.
(Rosa Burel)
Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout
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Posted in poésie | Tagué: (Rosa Burel), aimer, amble, amour, apparaître, aquilon, au-dessus, bas, beau, certain, chanter, chemin, ciel, coeur, condition, consoler, croire, délirer, destin, devenir, Dieu, donner, douleur, douter, faire, fleur, fort, grand, heureux, heurzux, jamais, jeu, jour, joyeux, lever, Loi, long, lumineux, lyre, marcher, médire, monter, oublier, paix, pardon, perdre, prendre, prière, prix, puissance, rester, roseau, savoir, se blesser, se haïr, soi-même, soleil, songer, souffrance, suffisance, surtout, trahir, trembler, vie, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023
Illustration: ArbreaPhotos
COMME UNE SIMPLE FLEUR
La vie est un mystère où les soucis abondent
Plus encor que les joies. Mais, du moindre bonheur
Ou d’un insigne espoir en faire le meilleur…
Vont apparaître alors les heures qui fécondent
«L’art de se rendre heureux comme une simple fleur»
Qui s’offre à tous les vents, de son nectar parsème
D’effluves l’alentour et met sur la douleur
D’un pauvre vagabond ou souriant bohème
Ce magnifique don ; faire de son chemin
Quelque trêve d’amour plus lumineuse encore
Que le scintillement s’élevant de l’aurore
«Réjouir aujourd’hui toujours plus que demain.»
(Rosa Burel)
Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout
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Posted in poésie | Tagué: (Rosa Burel), abonder, alentour, amour, apparaître, art, aujourd'hui, aurore, Bohème, bonheur, chemin, demain, don, douleur, effluve, encore, espoir, faire, féconder, fleur, heure, heureux, insigne, joie, lumineux, magnifique, meilleur, mettre, moindre, mystère, nectar, parsemer, pauvre, réjouir, rendre, s'élever, s'offrir, scintillement, simple, souci, souriant, toujours, trêve, vagabond, vent, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023

Illustration
COMMUNICATION
Quelle foudre inflexible a pris ce corps en main,
l’a pétri, ravagé d’orages sans pitié !
Ce qui dévaste n’a pas de nom, pas de mains,
saisit l’esprit entier.
Il faut manger ses cris.
Et le corps en douleurs sent le vent de la peur,
un vide où rien ne protège plus de la mort,
l’espace du rien qui l’angoisse, l’humilie,
ne laisse plus qu’un noir entre lui et la mort.
La personne petite où se débat la vie
voit derrière son oui les arbres toujours verts,
puis soudain ce visage imprégné de noblesse,
presque inconnu dans sa douceur et sa noblesse,
rayonnant d’un souvenir qui n’a pas de fin,
et dans ses yeux tout ce qui reste de lumière.
(Jean Mambrino)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Jean Mambrino), angoisse, arbre, communication, corps, cri, dévaster, derrière, douceur, douleur, entier, espace, esprit, fin, foudre, humilier, imprégner, inconnu, inflexible, laisser, lumière, main, manger, mort, noblesse, noir, nom, orage, oui, pétrir, personne, petit, peur, pitié, prendre, protéger, ravager, rayonner, rester, rien, saisir, se débattre, sentir, soudain, souvenir, test, toujours, vent, vert, vide, vie, visage, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023

Illustration: Nadav Kander
PRIÈRE
Qu’on me laisse partir à présent
Je pèserais si peu sur les eaux
J’emporterais si peu de chose
Quelques visages le ciel d’été
Une rose ouverte
La rivière est si fraîche
La plaie si brûlante
Qu’on me laisse partir à l’heure incandescente
Quand les bêtes furtives
Gagnent l’ombre des granges
Quand la quenouille
Du jour se fait lente
Je m’étendrais doucement sur les eaux
J’écouterais tomber au fond
Ma tristesse comme une pierre
Tandis que le vent dans les saules
Suspendrait mon chant
Passants ne me retenez pas
plaignez-moi
Car la terre n’a plus de place
pour l’étrange Ophélie
On a scellé sa voix on a brisé le vase
De sa raison
Le monde m’assassine et cependant
Pourquoi faut-il que le jour soit si pur
L’oiseau si transparent
Et que les fleurs
S’ouvrent à chaque aurore plus candides
Ô beauté
Faisons l’adieu rapide
Par la rivière par le fleuve
Qu’on me laisse à présent partir
La mer est proche je respire
Déjà le sel ardent
Des grandes profondeurs
Les yeux ouverts je descendrais au cœur
De la nuit tranquille
Je glisserais entre les arbres de corail
Écartant les amphores bleues
Frôlant la joue
Enfantine des fusaïoles
Car c’est là qu’ils demeurent
Les morts bien-aimés
Leur nourriture c’est le silence la paix
Ils sont amis
Des poissons lumineux des étoiles
Marines ils passent
Doucement d’un siècle à l’autre ils parlent
De Dieu sans fin
Ils sont heureux
Ô ma mémoire brise-toi
Avant d’aller troubler le fond
De l’éternité
Ainsi parle Ophélie
Dans le jardin désert
Et puis se tait toute douleur
La rivière scintille et fuit
Sous les feuilles
Le vent seul
Porte sa plainte vers la mer
(Anne Perrier)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Anne Perrier), adieu, aller, ami, amphore, arbre, ardent, assassiner, à présent, écarter, écouter, été, éternité, étoile, étrange, bête, beauté, bien-aimé, bleu, brûler, briser, candide, chant, ciel, coeur, corail, désert, demeurer, descendre, Dieu, douleur, doux, eau, emporter, enfantin, faire, feuille, fin, fleur, fleuve, fond, frais, frôler, fuir, furtif, gagner, glisser, grange, heure, heureux, incandescent, jardin, joue, jour, laisser, lent, lumineux, marin, mémoire, mer, monde, mort, nourriture, nuit, oiseau, ombre, Ophélie, ouvert, ouvrir, paix, parler, partir, passant, passer, peser, peu, pierre, place, plaie, plaindre, plainte, poisson, porter, prière, proche, profondeur, pur, quenouille, raison, rapide, respirer, retenir, rivière, rose, s'étendre, s'ouvrir, saule, sceller, scintiller, se taire, sel, seul, siècle, silence, suspendre, terre, tomber, tranquille, transparent, tristesse, troubler, vase, vent, visage, voix, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 avril 2023

Illustration: Josephine Wall
Pour toute la beauté
Glose divinisée
Pour toute la beauté
jamais ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui s’obtient d’aventure.
1.
Saveur d’un bien qui est fini
à rien ne peut arriver d’autre
que de fatiguer l’appétit
et de ravager le palais ;
et ainsi pour toute douceur
moi jamais je ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
2.
Le coeur généreux jamais
n’a cure de s’arrêter
là où l’on peut passer
sinon dans le plus difficile ;
rien ne lui cause satiété,
et sa foi monte tellement
qu’il goûte d’un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
3.
Celui qui d’amour est dolent,
par le divin Être touché,
a le goût si transformé
qu’il défaille à tous les goûts ;
comme celui qui a la fièvre,
le manger qu’il voit le dégoûte ;
il désire un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
4.
Ne soyez de cela surpris
que le goût demeure tel,
parce que la cause du mal
est étrangère à tout le reste ;
et ainsi toute créature
se voit devenue étrangère,
et goûte d’un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
5.
Car la volonté étant
touchée par la Divinité,
elle ne peut être payée
sinon par la Divinité ;
mais sa beauté étant telle
que par foi seule elle se voit,
la goûte en un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
6.
Or d’un tel amoureux,
dites-moi si aurez douleur
qu’il n’y ait pareille saveur
parmi tout le créé ;
seul, sans forme ni figure,
sans trouver appui ni pied,
goûtant là un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
7.
Ne pensez pas que l’intérieur,
qui est de bien autre valeur,
trouve jouissance et allégresse
en ce qui donne ici saveur ;
mais par delà toute beauté,
et ce qui est, sera et fut,
là il goûte un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure
8.
Plus emploie son souci
qui veut s’avantager,
en ce qui est à gagner
qu’en ce qu’il a déjà gagné ;
ainsi, pour plus grande hauteur,
moi toujours je m’inclinerai
surtout à un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
9.
Pour cela qui par le sens
peut ici se comprendre,
et tout ce qui peut s’entendre,
fût-il très élevé,
ni pour grâce ni beauté
jamais je ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
***
Por toda la hermosura
Glosa a lo divino
Por toda la hermosura
nunca yo me perderé,
sino por un no sé qué
que se alcanza por ventura.
1.
Sabor de bien que es finito,
lo más que puede llegar
es cansar el apetito
y estragar el paladar ;
y así, por toda dulzura
nunca yo me perderé,
sino por un no sé qué,
que se halla por ventura.
2.
El corazón generoso
nunca cura de parar
donde se puede pasar,
sino en más dificultoso ;
nada le causa hartura,
y sube tanto su fe,
que gusta de un no sé qué
que se halla por ventura.
3.
El que de amor adolece,
de el divino ser tocado,
tiene el gusto tan trocado
que a los gustos desfallece ;
como el que con calentura
fastidia el manjar que ve,
y apetece un no sé qué
que se halla por ventura.
4.
No os maravilléis de aquesto,
que el gusto se quede tal,
porque es la causa del mal
ajena de todo el resto ;
y así, toda criatura
enajenada se ve,
y gusta de un no sé qué
que se halla por ventura.
5.
Que, estando la voluntad
de Divinidad tocada,
no puede quedar pagada
sino con Divinidad ;
mas, por ser tal su hermosura
que sólo se ve por fe,
gústala en un no sé qué
que se halla por ventura.
6.
Pues, de tal enamorado,
decidme si habréis dolor,
pues que no tiene sabor
entre todo lo criado ;
solo, sin forma y figura,
sin hallar arrimo y pie,
gustando allá un no sé qué
que se halla por ventura.
7.
No penséis que el interior,
que es de mucha mas valía,
halla gozo y alegría
en lo que acá da sabor ;
mas sobre toda hermosura,
y lo que es y será y fue,
gusta de allá un no sé qué
que se halla por ventura.
8.
Más emplea su cuidado
y así, para más altura,
quien se quiere aventajar
en lo que está por ganar
que en lo que tiene ganado ;
yo siempre me inclinaré
sobre todo a un no sé qué
que se halla por ventura.
9.
Por lo que por el sentido
puede acá comprehenderse
y todo lo que entenderse,
aunque sea muy subido
ni por gracia y hermosura
yo nunca me perderé,
sino por un no sé qué
que se halla por ventura.
(Saint Jean de la Croix)
Recueil: Jean de la Croix L’oeuvre poétique
Traduction: de l’espagnol par Bernard Sesé
Editions: Arfuyen
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Posted in poésie | Tagué: (Saint Jean de la Croix), allégresse, amour, amoureux, appétit, appui, arriver, aventure, élève, étranger, être, beauté, bien, cause, causer, coeur, comprendre, créature, créé, curé, défaillir, dégoûter, désirer, devenir, difficile, divin, dolent, douceur, douleur, employer, fatiguer, fièvre, figure, finir, foi, forme, gagner, généreux, goût, goûter, grâce, hauteur, intérieur, jamais, jouissance, mal, manger, monter, palais, payer, penser, perdre, pied, ravager, reste, rien, s'arrêter, s'avantager, s'entendre, s'incliner, satiété, saveur, savoir;obtenir, se perdre, sens, seul, souci, surpris, tellement, toucher, transformer, trouver, valeur, volonté | Leave a Comment »