C’est un drôle de pays
Où tout semble courbé
Les herbes les buissons
Les roches et les arbres
Et même les maisons
Sous leurs chapeaux d’ardoises
Se penchent
Vers cette terre noire
Que des femmes et des hommes
Écorchent vainement
Et qu’ils creusent un jour
Pour enfouir un semblable
(Franck Bouysse)
Recueil: Fenêtre sur Terre
Traduction:
Editions: Phébus
Moi j´aime le music-hall
Ses jongleurs, ses danseuses légères
Et le public qui rigole
Quand il voit des petits chiens blancs portant faux col
Moi, j´aime tous les samedis
Quand Paris allume ses lumières
Prendre vers huit heures et demie
Un billet pour être assis
Au troisième rang pas trop loin
Et déjà voilà le rideau rouge
Qui bouge, qui bouge, bouge
L´orchestre attaque un air ancien du temps de Mayol
Bravo c´est drôle, c´est très drôle
Ça c´est du bon souvenir
Du muguet qui ne meure pas, cousine
Ah! comme elles poussaient des soupirs
Les jeunes fillettes d´antan
Du monde ou d´l´usine
Qui sont devenues à présent
De vieilles grand-mamans
Ce fut vraiment Félix Mayol
Le bourreau des cœurs de leur music-hall
Mais depuis mille neuf cent
Si les jongleurs n´ont pas changé
Si les petits toutous frémissants
Sont restés bien sages sans bouger
Debout dans une pose peu commode
Les chansons ont connu d´autres modes.
Et s´il y a toujours Maurice Chevalier,
Édith Piaf, Tino Rossi et Charles Trenet
Il y a aussi et Dieu merci,
Patachou, Brassens, Léo Ferré.
Moi, j´aime le music-hall
C´est le refuge des chanteurs poètes
Ceux qui se montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes
Moi j´aime Juliette Gréco
Mouloudji, Ulmer, les Frère Jacques
J´aime à tous les échos
Charles Aznavour, Gilbert Bécaud
J´aime les boulevards de Paris
Quand Yves Montand qui sourit
Les chante et ça m´enchante
J´adore aussi ces grands garçons
De la chanson,
Les Compagnons
Ding, ding, dong
Ça c´est du music-hall
On dira tout c´qu´on peut en dire
Mais ça restera toujours toujours l´école
Où l´on apprend à mieux voir,
Entendre, applaudir, à s´émouvoir
En s´fendant de larmes ou de rire.
Voilà pourquoi, la, do, mi, sol,
J´aim´rai toujours le music-hall
J´aim´rai toujours, toujours, toujours,
Toujours, toujours, le music-hall.
Ce fut une étrange matinée-feuille
une étrange matinée-verte
les oiseaux tombaient des arbres
comme des feuilles les oiseaux tombaient,
bientôt le sol fut jonché d’oiseaux tombés
drôle de pays.
Il pleuvait des feuilles rapides denses comme la pluie,
sorties de nuages crevés.
Drôle de pays,
il n’y eut plus que des enfants,
couraient perdus hagards cherchaient,
– ne trouvaient pas.
Ces enfants étaient faits de pluie
lorsque s’entrouvraient leurs manteaux on les voyait
d’eau glacée trempés.
Ils avaient d’immenses yeux bleus
dont ils se servaient pour se battre
que dans leurs querelles ils se jetaient au visage,
qui tombés sur la terre vous regardaient, vous regardaient.
Ne cesseront plus de vous regarder.
(Marianne Van Hirtum)
Recueil: Bris de vers Les émeutiers du XXè siècle
Traduction:
Editions: Bruno Doucey
On répara le tonneau et les Danaïdes furent bien attrapées.
Il leur vint d’ailleurs une mauvaise graisse
et cela fit peine à voir.
Sisyphe n’en revenait pas.
Pourvu que mon rocher continue, pensait-il.
Ah, ceux qui ont la vocation du travail,
ça leur parait tout drôle quand la besogne est faite.