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Posts Tagged ‘écheveau’

Lointaine, la beauté fine (Marc-Henri Arfeux)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2022



Illustration
    
Lointaine, la beauté fine

Lointaine, la beauté fine est ascension,
Roseraie de neige
Formant une maison claire
Sur la fumée du bleu.
Le monde ainsi donné
Rejoint l’enfant de son visage
En un matin,
Et ton regard ouvre les passes
Au plus léger de la lumière.
Le jour alors te reconnaît.
La buée rouge des fleurs,
Un chant, qui tout le jour
Accompagne mes yeux,
Tandis que je traverse,
Avec la brise et l’alouette,
Ce monde abandonné.

Où vont les herbes et les nuages,
Les écheveaux de la lumière,
Le papillon d’après-midi devant la lune,
Et ma figure, baignée de tant de paysages
Versant leurs heures,
De proche en proche vers le plus seul?

Ni moi, ni mon cheval ne le savons.
Dormir d’un seul éclat,
Les yeux ouverts
Au seuil des grands parfums d’étoiles.
Se souvenir de la fascination
De la pivoine
Follement donnée
Aux mains de transparence qui peuplent l’air,
En ce jardin de mai où traverser était un geste d’aube,
Puis s’éveiller
Dans le sourire de la lenteur
Sans fin recommencée
Par les allées d’automne
Où les pétales jamais défaits
Rassemblent un avenir
Ganté d’abeilles et de pollen.

Les yeux, cherchant cet or,
Suivent à distance
La mince nuée de la beauté,
Statue mouvante insaisissable,
Épousant l’air de son absence
Sans fin recommencée.

Traversant les reflets,
Tu marches entre les marbres
Hantés d’amour,
Un bouquet nu à tes paupières,
La bouche fardée de nuit,
Pour mieux offrir Le grain de l’aube
A la pulpe du vent.

(Marc-Henri Arfeux)

 

Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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LE CANTIQUE DES CANTIQUES (Jacques Rabemananjara)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2022




LE CANTIQUE DES CANTIQUES

I

Nos destins vont franchir les termes des promesses.
Ils s’en iront, parmi les rondes des amours,
Annoncer le lever de nos astres qui naissent,
Fêter l’aurore unique et chanter tour à tour
et ta grâce et ta tresse.

Ma Bien-aimée, à toi ma vie, à toi mon coeur !
Par quel signe, quel mot te traduire ma flamme.
Pas un seul verbe humain, pas même tous mes pleurs
Ne sauraient exprimer les élans de mon âme
et toutes ses langueurs.

II

Nous voici parvenus au tournant de la voie.
Et, la main dans la main, vers un monde nouveau,
Nous allons parsemer la route de nos joies
Et dénouer du Sort l’énigme et l’écheveau
fait d’ardeur et de soie.

Sur la pente du ciel où l’Amour nous sourit,
L’Avenir, fraternel, escorte l’Espérance.
D’un geste tu m’auras de mes peines guéri ;
Et nous glorifierons, tous deux, d’un même cri,
l’heureuse délivrance.

Quel charme à notre ivresse ajoutera l’azur ?
La nuit multipliera l’éclat de ses étoiles.
Mais j’attends le signal où l’instant le plus pur
M’attachera captif à l’ombre de ton voile :
Tout est prêt ! Tout est mûr !

II

O Bien-Aimée, à nous la coupe des délices !
Nos voeux ont prospéré. Nos désirs sont comblés.
Pour consacrer l’aveu le temps se fait complice
Et je sens tout le ciel à mes genoux trembler
d’émois sans artifice…

L’étreinte de tes bras formera l’horizon.
Tout l’Univers, ce soir, d’un bout à l’autre pôle,
Viendra nous accueillir au seuil de la maison.
Le poids de mon bonheur chargera ton épaule
de jours en floraison.

(Jacques Rabemananjara)

Illustration: Marc Chagall

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Les Maisons (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
Les Maisons

Les vieilles maisons sont toutes voûtées,
elles sont comme des grand’mères
qui se tiennent assises, les mains sur les genoux,
parce qu’elles ont trop travaillé dans leur vie;
mais les neuves sont fraîches et jolies
comme des filles à fichus
qui, ayant dansé, vont se reposer
et qui se sont mis une rose au cou.
Le soleil couchant brille dans les vitres,
les fumées montent dévidées
et leurs écheveaux embrouillés
tissent aux branches des noyers
de grandes toiles d’araignées.
Et, pendant la nuit, sur les toits,
l’heure du clocher dont les ressorts crient — et le poids descend —

(Charles-Ferdinand Ramuz)

 

Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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MARINE (Fernand Gregh)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2021



MARINE

Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,
Et bercent dans le gréement
Les étoiles.

Et le roulis si doux,
Si tranquille,
Que le pont semble immobile
Devant nous,

Et qu’à travers le ciel libre,
Au vent frais
Où l’écheveau des agrès
Tremble et vibre,

On dirait que, dans l’air bleu,
Oscillante,
C’est toute la nuit qui, lente,
Roule un peu…

A peine si la mer gronde
Aux bords sourds
D’un récifs que bat toujours
L’eau profonde.

L’humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l’odeur sauvage
Des rochers.

L’ombre est orageuse et chaude ;
Dans les flots,
Un marsouin, près des hublots,
Souffle et rôde.

Et, sourd murmure à l’avant
Monotone,
J’écoute l’eau qui moutonne
En rêvant.

Oui, ce soir, dans le silence
De la nuit,
Le monde sans fin, sans bruit,
Se balance…

Et je suis aussi bercé
Sur l’eau grise
Je me sens parmi la brise
Balancé,

Au long murmure de la grève
Doux amer,
Par deux infinis, la mer
Et le rêve…

(Fernand Gregh)

Illustration: Geneviève Goulley

 

 

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Règle d’action, de compréhension (Pierre Oster)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2020




    
Règle d’action, de compréhension :
il y a un écheveau à dévider
par la poésie et par l’amour.

(Pierre Oster)

 

Recueil: Paysage du Tout
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’ESPACE D’UNE FENÊTRE (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2020



Carry Akroyd _two_white_horses

 

L’ESPACE D’UNE FENÊTRE

Comment dans ce désert où s’engouffre un désert
dans ce gouffre qui se fuit et se perd
dans on ne sait quels sables d’une baie
que ronge on ne sait quelle marée
dans le déferlement de quelle absence
comment dans ce flagellement immense
du vent qui se blesse à lui-même
dans ce déni de la sève et des branches
dans cette friche mortelle aux graines
dans ce refus et cet exil des ailes
dans cet enlisement de l’écheveau
dans cet espace où nous cherchons les mots
qui pourraient dire ce vide torrentiel
comment la Terre niche-t-elle
et comment sommes-nous ses oiseaux ?

(Robert Mallet)

Illustration: Carry Akroyd

 

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COUPLETS DE LA FILEUSE (Philippe Soupault)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2020



Illustration: William Bouguereau
    
COUPLETS DE LA FILEUSE

Je file les rayons de lune
le vent qui souffle et la fumée
je file des lambeaux de brume
les cheveux d’ange et les reflets
Je choisis les parfums très doux
les lueurs de l’aube et les soucis
pour ma quenouille de cristal
et mes rêves les plus secrets

Quand le soir tombe je file encore
pour que passent le temps et la vie
Je prépare mon crépuscule
mon agonie et mon décès
Tous les fils de ma vie s’emmêlent
et je me perds dans mes regrets
dans l’écheveau de mes remords
en attendant l’heure de la mort

(Philippe Soupault)

 

Recueil: Poèmes et poésies
Traduction:
Editions: Grasset

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BESTIAIRE DE L’ÉCUREUIL (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 7 février 2020



Illustration

    
BESTIAIRE DE L’ÉCUREUIL

Tes doigts distraits, à force d’indolence,
de se dénouer, d’effleurer tes cheveux,
tes doigts légers, écheveau d’impatience,
ont inventé un pelage et deux yeux.

Un écureuil se glisse auprès de moi,
courtois et roux comme un bois en automne
sensible aux mots, aux regards, à la voix,
un écureuil, attentive personne.

Il me regarde et je regarde ailleurs.
Comment répondre à son appel discret ?
La vie est là, et moi toujours ailleurs,
pas plus que lui je ne sais le secret.

Être écureuil est un jeu difficile
hors des forêts, très loin des noisetiers.
Notre lit n’est pas arbre ni asile,
être écureuil ici devient très malaisé.

Tes doigts distraits, à force d’innocence,
ont effacé en peignant tes cheveux
cet écureuil, ce timide non-sens
qui vit ici – parce que je le veux.

(Claude Roy)

 

Recueil: Claude Roy un poète
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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JUSQU’AU AU BOUT ? (Françoise Coulmin)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2020



Illustration: Marilyne Bertoncini
    
JUSQU’AU AU BOUT ?

Des fils abandonnés
pour d’inextricables desseins
et des urgences ailleurs

Relier communiquer au-delà des abîmes
se libérer des contraintes
pour rallier des absences

Pelotes emmêlées
écheveaux en attente
labyrinthe condamné à l’échec

Et pourtant
ça marche
il semble certain
que même enchevêtré
chaque petit chemin
trouve son but.

(Françoise Coulmin)

 

Recueil: DE QUOI SE SOUVENIR ?
VAGABONDAGES dans BUCAREST À l’occasion du FESTIVAL INTERNATIONAL DE POÉSIE mai 2019
Traduction:
Editions:

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VILLE (David Hofstein)

Posted by arbrealettres sur 7 janvier 2020



Illustration: Sylvie Bartczak
    
VILLE

Ville!
De très loin tu m’as appelé
Avec tes écheveaux de fer,
Je te voyais toujours du haut des monts,
De très loin tu m’as attiré
Avec l’aimant
Des clartés, des miroitements,
Tu m’as leurré
Et tu m’as capturé !
Tu as transpercé
La paix de ma maison champêtre
Avec le sifflement des trains,
Effrité, fracassé,
Avec le tremblement des rails,
Dans les hauteurs toujours se balançait
Toujours s’avançait
L’inquiétude de tes échos ensorcelés,
Ville!
Tu m’as capturé !

Sous mes yeux éblouis
Ton corps de pierre omnipotent
S’étend à présent
Au hasard des champs et des bois,
Avec ses tuyauteries enracinées dans les profondeurs
de la terre,
Les bras écartelés,
Étage sur étage, cour sur cour,
Caisse sur caisse, pièce sur pièce,
Noir par le bas et scintillant dans l’altitude,
Aiguisé par les toits, dentelé par les tours,
De rails reptiliens noué et ceinturé,
Tendu, enchevêtré,
De toiles d’araignées de fer,
Ville !
Tu m’as capturé!

(David Hofstein)

 

Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard

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