Nous nous enfonçons dans la mort de ceux que nous aimons
comme un buisson épineux, traversé mains tendues.
Nous sortons de l’autre côté merveilleusement écorchés.
(Christian Bobin)
Traduction:
Editions: Lettres Vives
Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022
Nous nous enfonçons dans la mort de ceux que nous aimons
comme un buisson épineux, traversé mains tendues.
Nous sortons de l’autre côté merveilleusement écorchés.
(Christian Bobin)
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Posted by arbrealettres sur 29 octobre 2022
Ce que j’ai dit m’asphyxie
et ce qu’il me reste à dire
me ronge.
(Henri-Frédéric Blanc)
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Posted by arbrealettres sur 16 mai 2022
Le poète n’est pas quelqu’un, il est bête chose
Qui de la geôle ou la cage a vagabondé
Et il parcourt le monde en cabriolant,
Souvenir du cirque qu’il a inventé.
Il étend sur le sol la cape qui le découvre,
Fait de la poitrine le tambour, et roule, saute,
Il est ours danseur, singe savant,
Oiseau torse du bec et échasse.
Pour finir il joue la fanfare du poème,
Grosse caisse, basson, notes écorchées,
Et parce que bête il est, bête il reste là
A chanter pour les étoiles éteintes.
***
Circo
Poeta não é gente, é bicho coiso
Que da jaula ou gaiola vadiou
E anda pelo mundo às cambalhotas,
Recordadas do circo que inventou.
Estende no chão a capa que o destapa,
Faz do peito tambor, e rufa, salta,
E urso bailarino, mono sábio,
Ave torta de bico e pernalta.
Ao fim toca a charanga do poema,
Caixa, fagote, notas arranhadas,
E porque bicho é, bicho lá fica,
A cantar às estrelas apagadas.
(José Saramago)
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Posted by arbrealettres sur 21 avril 2019
Illustration: Alex Alemany
Aux sables des tombeaux
la belle exposition
de ton corps nu
ouvre les secrets
de l’océan
ton ventre
où la pluie lave les larmes
est un soleil écorché
le bel esprit de ton corps nu
délivre le soleil
des entrailles de l’océan
en ces lieux où mon sang s’égare
il vaut mieux mourir
et prendre ta main pure
en ces lieux où dure l’insupportable
il vaut mieux brûler dans la lumière
et prendre ta bouche soyeuse
[…]
(Patrice Blanc)
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Posted by arbrealettres sur 16 mars 2019
Illustration: Olivier de Sagazan
L’impossibilité de vivre
se glisse en nous au début
comme un caillou dans la chaussure :
on le retire et on l’oublie.
Ensuite arrive une pierre plus grande
qui n’est plus déjà dans la chaussure :
le premier ou le dernier malentendu
se mêle à l’amour ou au doute.
Viennent après d’autres échecs :
la perte d’un mot,
la sauvage irruption d’une douleur,
une mort sur le chemin,
la chute d’une feuille sur notre solitude,
la vieillesse qui s’annonce
comme un soir écorché par la pluie.
Nous émergeons de tout
avec un tremblement qui dissout la confiance.
La lune pâlit,
nous commençons à nous méfier du soleil.
Et un jour quelconque,
dans la prairie ou le ciment,
dans la dissonance qui brise une chanson
ou une rotation inattendue au lit,
quelque chose nous blesse comme un fouet:
vivre c’est dévivre.
La promesse est rompue.
Qui a fait la promesse ?
Et qui peut la croire ?
Nous ne le saurons plus.
La promesse était autre.
Vivre est impossible.
Mais à l’intérieur du vivre il y a autre chose
que nous ne comprendrons jamais
et qui pourtant saute et joue
comme un dieu étonné
qui ne s’accordera jamais
avec les scandales successifs
de vivre sans vivre
et de mourir sans vivre.
***
La imposibilidad de vivir
se nos infiltra al principio
como una pequeña piedra en el zapato:
uno la quita y se olvida.
Luego llega un piedra mas grande,
y ya no en el zapato:
el primero o el último malentendido
se mezcla con el amor o la duda.
Vienen después otros fracasos:
la pérdida de un palabra,
la salvaje irrupción de un dolor,
una muerte en el camino,
la caída de una boja sobre nuestra soledad,
la vejez que se anuncia
como un tarde desollada por la lluvia.
Emergemos de todo,
con un temblor que disuelve la confianza.
La luna empalidece,
comenzamos a desconfiar del sol.
Y un día cualquiera,
en la pradera o el cemento,
en la disonancia que rompe una canción
o en una vuelta sorpresiva en el lecho,
algo nos hiere como un látigo:
vivir es desvivir.
La promesa está rota.
¿Quién hizo la promesa?
¿ Y quién puede creerla?
Ya nunca lo sabremos.
La promesa era otra.
Vivir es imposible.
Pero adentro del vivir hay otra cosa,
que jamás entenderemos
y sin embargo salta y juega
como un dios asombrado,
que nunca armonizará
con los sucesivos escándalos
de vivir sin vivir
y morir sin vivir.
(Roberto Juarroz)
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Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2018
DIX LIGNES POUR ANTONI TAPIES
Sur les superficies urbaines,
les feuilles arrachées des jours,
sur les murs écorchés, traces
signes charbons, numéros en flammes.
Écriture indélébile de l’incendie,
ses testaments et ses prophéties
retours déjà taciturnes splendeurs.
Incarnations, désincarnations :
ta peinture est le linceul de Véronique
de ce Christ sans visage qui est le temps.
(Octavio Paz)
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Posted by arbrealettres sur 12 mars 2018
Des chevaux de corail effondrés sur la mer,
Et cette musique insolite
Charmant un arc-en-ciel que le rêve suscite,
Traduisent ton orgueil amer.
Es-tu l’écorché vif, l’ange chu de l’échelle
De Jacob, après le combat ?
Ta force s’est réduite à cette aile qui bat,
Et t’appartient ce sang qui gèle.
Grande comme un soleil une nocturne main,
Encense la rue où tu passes,
Et, sous ses doigts pourtant si bleus, les maisons lasses
Ferment leur coeur, et ton chemin.
(Jules Tordjman)
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Posted by arbrealettres sur 8 mars 2018
Posted in poésie | Tagué: (Guillevic), écorché, boeuf, caresse, chaleur, chantonner, flanc, lueur, miraculeux, oeil, peur, sang, trembler, viande | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2017
Illustration: Alexandre Folliot
TOMBEAU DU NÉANT
Ci-gît la vie,
ci-gît le rire,
ci-gît tout ce qui planait sur la montagne,
tout ce qui dansait au son de la résine ;
ci-gît un homme qui n’eut que le tort d’exister,
ci-gît un enfant qui crut saisir un peu d’espace.
Mort l’arc-en-ciel, vieux châle décrépi ;
morte la comète, d’avoir voulu se reposer ;
et l’arbre s’est pendu du haut de sa propre cime,
et le vautour s’est étranglé de son aile puissante,
et le poisson explosa en découvrant la brise pure.
« Désolées », disent les roches, et les voilà qui se réduisent en amadou ;
« Peinées », disent les vagues, et les voilà qui se transforment en écailles.
Où est celui qui s’obstinait à devenir lui-même ? on l’a tué ;
où est celui qui cherchait à savoir pourquoi l’on parle
pourquoi l’on pleure ? nulle part, il fut écorché vif.
Ci-gît quoi donc ? personne n’ose en discuter.
Ci-gît, pourquoi le dire ? quelqu’un sur qui déjà galope la bourrasque;
ci-gît ce qui est trop éphémère pour qu’on l’appelle mort ;
ci-gît…
qui donc encore comprend l’épitaphe ?
qui donc encore conçoit le deuil ?
qui donc encore s’émeut de voir
les gens tomber, les choses disparaître ?
(Joë Bousquet)
Recueil: Poèmes, un
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Joë Bousquet), aile, amadou, arbre, arc-en-ciel, écaille, écorché, épitaphe, brise, châle, chercher, comète, comprendre, concevoir, croire, danser, découvrir, désolé, deuil, disparaître, enfant, espace, exister, exploser, homme, montagne, néant, nulle part, peine, pendu, planer, poisson, pur, résine, rire, roche, s'émouvoir, s'obstiner, saisir, savoir, se reposer, se transformer, tombeau, tort, tuer, vague, vautour, vie, vif | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2017
Alkékenge
Voici le temps du canevas.
Pas de travail plus délicat
Que la robe de l’alkékenge:
Elle était rouge, elle est orange.
Et le coeur se montre à présent.
Ô feu du sol, ove de sang
Qui luis au fond de la lanterne,
Que le gel, le vent de galerne,
Ne consume pas ton éclat!
Voici le temps du canevas.
L’automne est une jeune fille
Qui prélève à pointe d’aiguille
Un bout de fibre, un peu de chair,
Avant l’écorché de l’hiver.
(Pierre Menanteau)
Posted in poésie | Tagué: (Pierre Menanteau), aiguille, alkékenge, éclat, écorché, canevas, chair, délicat, fibre, hiver, jeune fille, lanterne, luire, orange, ove, prélever, robe, rouge, sang, se consumer, sol, temps, travail | 3 Comments »