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J’aurais pu dire… (Bernard Pivot)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023




    
J’aurais pu dire :
Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable,
C’est douloureux, c’est horrible,
C’est déprimant, c’est mortel.
Mais j’ai préféré « chiant »
Parce que c’est un adjectif vigoureux
Qui ne fait pas triste.
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé
et l’on sait encore moins quand ça finira.

Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau.

On se sentait conquérant.
Invulnérable.
La vie devant soi.
Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante.

Si, si, je vous assure,
j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà,
entre-temps j’ai vu le regard des jeunes…..
Des hommes et des femmes dans la force de l’âge
qui ne me considéraient plus comme un des leurs,
même apparenté, même à la marge.

J’ai lu dans leurs yeux
qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard.
Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.

Sans m’en rendre compte,
j’étais entré dans l’apartheid de l’âge.

Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect »,
« En hommage respectueux »,
« Avec mes sentiments très respectueux ».

Les salauds !
Ils croyaient probablement me faire plaisir
en décapuchonnant leur stylo plein de respect ?
Les cons !

Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel
comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres
qui vous fiche dix ans de plus !

Un jour, dans le métro, c’était la première fois,
une jeune fille s’est levée pour me donner sa place…
J’ai failli la gifler.
Puis la priant de se rasseoir,
je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux,
si je lui étais apparu fatigué. !!!… ?

– « Non, non, pas du tout,
a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que”.
– Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? »
– « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus,
que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. »
– « Parce que j’ai les cheveux blancs ? »
– « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout
et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. »
– « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? »
– « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. »
– « Une question de quoi, alors ? »
– « Je ne sais pas,
une question de politesse, enfin je crois. »

J’ai arrêté de la taquiner,
je l’ai remerciée de son geste généreux
et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.

Lutter contre le vieillissement
c’est, dans la mesure du possible,
ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages,
ni aux spectacles, ni aux livres,
ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve.

Rêver, c’est se souvenir,
tant qu’à faire, des heures exquises.
C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C’est laisser son esprit vagabonder
entre le désir et l’utopie.

La musique est un puissant excitant du rêve.
La musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil
en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart,
soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur,
musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés
les paysages sublimes de l’au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.
Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.
Nous ignorons à combien se monte encore notre capital.
En années ? En mois ? En jours ?

Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.
Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables,
il faut jouir sans modération.

Après nous, le déluge ?…
Non, Mozart.

(Bernard Pivot)
    

    

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EXIL (Christoph Janacs)

Posted by arbrealettres sur 5 décembre 2022



Stefan Zweig
    
Poem in French, English, Spanish, Dutch and in Albanian, Arabic, Bangla, Bosnian, Catalan, Chinese, Farsi, German, Greek, Hebrew, Hindi, Icelandic, Indonesian, Irish, Italian, Japanese, Kiswahili, Kurdish, Polish, Portuguese, Romanian, Russian, Serbian, Sicilian, Tamil

Stefan Zweig, Kapuzinerberg, Salzburg, Clemensfranz

Poetry without borders
Ithaca 748 “EXILE” Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)

from „der Rede wert “, Edition kelper, Graz 2018

– All Translations are made in collaboration with Germain Droogenbroodt –

EXIL

pour Stefan Zweig

Etre un pèlerin du monde
a toujours été ton désir,
mais non être un expatrié.

pourtant tu le devins,
l’avais deviné dès l’origine :
comme écrivain

on perd son pays ;
ce qui reste, n’est que
sa propre langue

et la conscience
de partir un jour,
pour disparaître.

(Christoph Janacs)

, Österreich (Linz 1955)
Traduction Elisabeth Gerlache

***

EXILE

for Stefan Zweig

A world traveller,
you always wanted to be
but not an emigrant.

That you became one,
you suspected from the beginning:
As a writer,

you become homeless;
what you have left is nothing but
your own language

and consciousness,
to leave one day,
to disappear.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translation Germain Droogenbroodt-Stanley Barkan

***

EXILIO

para Stefan Zweig

Un viajero del mundo
siempre quisiste ser,
mas no un emigrante

que acabarías siéndolo,
lo sospechaste desde el principio:
como escritor

uno ya no tiene país,
lo que queda no es más que
el propio idioma

y la conciencia
de partir un día,
para desaparecer.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Traducción: Germain Droogenbroodt – Rafael Carcelén

***

EXIL

voor Stefan Zweig

Wereldreiziger
wou je altijd zijn,
maar geen emigrant.

dat je het werd,
vermoedde je vanaf het begin:
als een schrijver

wordt men landloos;
wat je rest, is niets anders dan
de eigen taal

en het bewustzijn,
op een dag te vertrekken,
om te verdwijnen.

Christoph Janacs, Oostenrijk (Linz 1955)
Vertaling: Germain Droogenbroodt

***

MËRGIMI

për Stefan Cvajgun

Një udhëtar në botë
dëshiroje të ishe gjithmonë
por jo një emigrant.

që u bëre i tillë,
e dyshoje qysh në fillim:
si shkrimtar.

u bëre i pastrehë;
ajo që le s’është gjë tjetër veçse
gjuha jote

dhe vetëdija,
për t’u larguar një ditë,
për t’u zhdukur përgjithnjë.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translated into Albanian by Irma Kurti

***

مَنْفَى

لأجل ستيفان زويغ

لَطَالَمَا أَردْتَ أَن تَكُونَ
مُسَافِرًا عَبرَ العَالَم
وَليسَ كَمُهَاجِرٍ
لِتُصْبِحَ وَاحِدًا
يُشتَبه بِه مُنْذُ البِدَايَة
كَالكَاتِبِ
أَصْبَحْتَ يَائِسًا
لَمْ يَتَبَقَّى لَك سِوَى
لُغَتُكَ الأمُ
وَوعْيِكَ لِلمُغَادَرةِ فِي يَوْمٍ مِنَ الأيام
و لِت خْتَ فِ يْ

كريستوفر جاناكس (Christoph Janacs)، النمسا (لينز 1955)
ترجمة للعربية: عبد القادر كشيدة
Translation into Arab: Mesaoud Abdelkader

***

িনবাসন

ফান জইুগ এর জন

একজন িব মণকাির
হত চয়ছ তিম সবসময় িক হত চাও িন
একজন অিভবাসী ।

তিম য এখন হয়ছ একজন অিভবাসী,
তিম থম থকই করিছল
সহ:
একজন লখক প ।

তিম এক গহৃ হীন;
যা আছ তামার অবিশ
তা তামার িনজর ভাষা

এবং আচতনা,
আছ ছড় যাওয়ার জন একিদন,
অদশৃ হওয়ার জন িচরতর।

ফ জানাকস, ওরইচ
(লনজ ১৯৫৫)
Translation into Bangla: Tabassum Tahmina Shagufta Hussein

***

EXILE

za Stefana Zweiga

Svjetski putnik
oduvek si želeo da budeš
ali ne i emigrant.

da si postao jedan,
sumnjao si od pocetka:
kao pisac.

jedan ti beskućnik;
ono što ti preostaje nije ništa drugo nego
svoj jezik

i svijest,
otići jednog dana,
da nestane.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955.)
Prevjod na bosanski: Maid Čorbić

***

EXILI

Per al Stefan Zweig

Un viatger del món
sempre vas voler ser,
més no l’emigrant

que acabaries sent,
ho vas sospitar des del principi:
com a escriptor

hom ja no té país,
el que queda no és res més que
el propi idioma

i la consciència
de partir un dia,
per desaparèixer.

Christoph Janacs, Àustria (Linz 1955)
Traducció al català: Natalia Fernández Díaz-Cabal

***

放 逐

给斯特凡·茨威格

你一直想成为
一位世界旅行者
而不是移民。

你变成了一个,
从一开始你就怀疑的:
当一名作家。

一个人变得无家可归;
你所剩下的只有
你自己的语言

和你的意识,
有一天离开,
消失。

原作:奧地利 克里斯托夫·贾纳科斯(林茨,1955年)
英译:比利时-西班牙 杰曼·卓根布鲁特
汉译:中 国 周道模 2022-10-8
Translation into Chinese: Willam Zhou

***

تبعید

یک مسافر جهان
همیشه می‌خواستی باشی
نه یک مهاجر.
تو از همان ابتدا مشکوک بودی:
به عنوان یک نویسنده.
وقتی بی‌خانمان شدی؛
تنها چیزی که برایت می‌ماند
زبانت است
و وجدانت،
تا روزی بروی،
تا ناپدید شوی.

کریستوفر جاناش، اوستریخ ( لینز، ۱۹۹۵)
ترجمه از سپیده زمانی
Translation into Farsi: Sepideh Zamani

***

EXIL

für Stefan Zweig

Ein Weltreisender
wolltest du schon immer sein,
nur kein Emigrant.

daβ du es wurdest,
ahntest du vom Beginn:
als ein Schreibender

wird man heimatlos;
was einem bleibt, ist nichts als
die eigne Sprache

und das Bewuβtsein,
eines Tages aufzubrechen,
um zu verschwinden.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Übersetzung: Germain Droogenbroodt und Wolfgang Klinck

***

ΕΞΟΡΙΑ

Του κόσμου ταξιδιώτης
πάντα σου ήθελες να `γίνεις
κι όχι ο εμιγκρές

Που έγινες
απ’ την αρχή το υποπτευόσουν:
Σαν συγγραφέας

δίχως σπίτι που έμεινες
μόνο η γλώσσα σου `μεινε
και η συνείδηση σου

μια μέρα για να φύγεις
να εξαφανιστείς

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Μετάφραση Μανώλη Αλυγιζάκη
Translation into Greek: Manolis Aligizakis

***

גלות / כריסטוף יאנאש, אוסטריה (נ’ לינץ 1955)
CHRISTOPH JANACS
לסטפן צוויג

תָּמִיד רָצִיתָ
לָנְסֹעַ בָּעוֹלָם
אֲבָל לֹא כִּמְהַגֵּר.

שֶׁתַּהֲפֹךְ לְכָזֶה,
נִחַשְׁתָּ מִלְּכַתְּחִלָּה:
כְּסוֹפֵר.

אִם אָדָם הוֹפֵךְ לַחֲסַר בַּיִת;
לֹא נוֹתָר לוֹ דָּבָר
אֶלָּא שְׂפָתוֹ שֶׁלּוֹ

וְהַמּוּדָעוּת,
שֶׁיּוֹם אֶחָד יַעֲזֹב,
יֵעָלֵם.

תרגום מגרמנית לאנגלית: ג’רמיין דרוגנברודט
תרגום מאנגלית לעברית: דורית ויסמן
הפסל של סטפן צוויג
Translation into Hebrew: Dorit Weisman

***

निर्वासन

स्टीफन ज़्विग के लिए

एक विश्व यात्री
आप हमेशा बनना चाहते थे
लेकिन प्रवासी नहीं।
कि तुम एक हो गए,
आपको शुरू से ही शक था:
एक लेखक के रूप में।
एक कि तुम बेघर हो;
तुमने जो छोड़ा है वह और कुछ नहीं है
आपकी अपनी भाषा
और चेतना,
एक दिन जाने के लिए,
गायब होने के लिए।

क्रिस्टोफ़ जानक्स, ओस्टररेइच (लिंज़ 1955)
ज्योतिर्मय ठाकुर द्वारा हिंदी अनुवाद l
Translation into Hindi: Jyotirmaya Thakur.

***

ÚTLEGÐ

til Stefans Zweig

Þig langaði alltaf
að ferðast um heiminn
en ekki að flytja úr landi.

þig grunaði alltaf
að svo mundi fara:
sem rithöfundur.

heimilislaus;
þú skildir ekkert eftir
nema tungumál þitt

og vitund
um að fara einn daginn burt,
hverfa.

Christoph Janacs, Austurríki (Linz 1955)
Þór Stefánsson þýddi eftir enskri þýðingu Germains Droogenbroodt
Translation into Icelandic: Thor Stefansson

***

EKSIL

untuk Stefan Zweig

Seorang pengelana dunia
yang selalu kau ingin menjadi
tapi bukan imigran.

yang kau adalah salah satunya,
kau curiga dari awal:
sebagai penulis.

sekali kau menjadi tuna-wisma;
apa yang kau tinggalkan bukan apa-apa
bahasamu sendiri

dan kesadaran,
untuk pergi suatu hari,
untuk menghilang.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translation: Lily Siti Multatuliana (Indonesia)

***

IMIRCEACH

do Stefan Zweig

Níor mhian leat a bheith
i d’imirceach,
ach i do thaistealaí.

Ach rinneadh imirceach díot
sa deireadh
in éadan do thola.

Duine gan stát;
gan tada fágtha agat
ach do theanga féin.

Do choinsias glan,
do do leanúint
mar scáth i do dhiaidh.

Christoph Janacs, An Ostair (Linz 1955)
Aistriúchán le Rua Breathnach
Translation into Irish (Gaelic): Rua Breathnach

***

ESILIO

per Stefan Zweig

Hai sempre voluto essere
uno che viaggia per il mondo
ma non un emigrato.

Cos’eri tu,
lo sospettavi fin dall’inizio:
come uno scrittore.

Uno senza fissa dimora;
ciò che resta non è altro che
la propria lingua

e la consapevolezza,
di andarsene un giorno,
per scomparire.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Traduzione di Luca Benassi

***

亡命

〜ステファン・ツバイクのために

世界の旅人に
あなたはいつもなりたかった
移住者ではなく

そうなってからも
最初からすべてを疑った
ライターとして

あなたはホームレスになった
残したものは
自分の言葉と
良心だけ

それらもある日
消え去っていった

クリストフ・ジャナクす(オーストラリア・リンツ)
Translation into Japanese: Manabu Kitawaki

***

UHAMISHO

Kwa Stefan Zweig

Msafiri wa ulimwengu ambaye ulitaka kuwa, lakini sio mhamiaji.
kwamba ulikuwa mmoja ulishuku tangu mwanzo: kama mwandishi.
mtu asiye na makazi;
ulichoacha si kingine, ila ni lugha yako
na fahamu, kuondoka siku moja, kutoweka.

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Watafsiri na Bob Mwangi Kihara.
Translation into Kiswahili: Bob Mwangi Kihara

***

TARAWGE

Bona Stefan Zweig

Te tim dixwast bibî
geştiyarekî cîhanî,
lê ne koçber.

ku tu bûyî çi,
te di destpêkê de zanî:
çawa nivîskar.

mera ji welêt bê par dibe;
lê çi ji yekî re dimîne
her zimanê xweyî ye

û hişyarî
rojekê wê bê şikandin,
ta hindabibe.

Christoph Janacs, (Linz 1955), Nemsa
Translation into Kurdish: Hussein Habasch

***

WYGNANIE

Stefanowi Zweigowi

Podróżnikiem dookoła świata
zawsze być chciałeś,
lecz nie emigrantem.

że się takim stałeś,
podejrzewałeś od początku:
jako człowiek piszący.

Jeśli się stajesz kimś bez ojczyzny
to nie pozostaje nic więcej
jak własny język

i świadomość
że się pewnego dnia odejdzie
zniknie.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Translation to Polish: Mirosław Grudzień – Anna Maria Stępień

***

EXÍLIO

para Stefan Zweig

Um viajante do mundo
sempre quiseste ser,
mas não um migrante

que acabarias por ser,
suspeitaste-o desde o início:
como escritor

um já não tem país,
o que resta não é mais que
a própria língua

e a consciência
de partir um dia,
para desaparecer.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Tradução: Carlos Ramos

***

EXIL

lui Stefan Zweig

Mereu ai vrut să fii
prin lume călător,
nicidecum emigrant

de la bun început
ai intuit cumva
că, scriitor fiind,

vei fi un apatrid;
nu mai ai altceva
decât limba natală

și încredințarea că
ai să pornești cândva
la drum, ca să dispari.

Christoph Janacs, Austria (Linz 1955)
Traducere: Gabriela Căluțiu Sonnenberg

***

ИЗГНАНИЕ

Стефану Цвейгу

Путешественником
будешь всегда,
не эмигрантом.

Что так будет,
ты знал с начала:
писатель

теряет родные корни;
а что останется после – только
твой собственный язык

и осознание –
в один момент уезжаешь,
чтобы исчезнуть.

Christoph Janacs, Австрия (Линц 1955)
Перевод Гермайна Дрогенбродта
Перевод на русский язык Дарьи Мишуевой
Translation into Russian: Daria Mishueva

***

IZGNANSTVO

Za Stefana Cvajga

Hteo si uvek da budeš
svetski putnik
ali ne i iseljenik.

slutio si
da si postao upravo to
kao pisac, od samog početka.

usamljen beskućnik;
ostavi samo tvoj jezik

i saznanje
da ćeš otići jednog dana,
nestati.

Christoph Janacs, Austrija (Linz 1955)
Sa engleskog prevela S. Piksiades

***

ESILIU

Viaggiaturi di lu munnu
avissi vulutu essiri,
ma non un emigranti,
ca lu divintasti,
lu suspittavi dû principiu.

Comu scritturi
diventi senza patria;
chiddu ca ti rimani
autru non è
ca la to lingua

e la cuscenza
ca un jornu
ti nn’hai a ghiri
e scumpariri.

CHRISTOPH JANACS, Österreich (Linz 1955)
Traduzioni in sicilianu di Gaetano Cipolla

***

நாடு கடத்தப் பட்டவர் .

for Stefan Zweig

ஒரு உலகப்பயணி
எப்பொழுதுமே இருக்க விரும்பினீர்
நாடு விட்டுக் குடி பெயர்ந்து செல்பவராக இல்லை!

நீர் ஒருவரானீர்
எழுத்தாளராக
துவக்கத்திலிருந்தே சந்தேகப்பட்டீர்.

வீடு இல்லாதவராக ஆனீர்
உங்களுடைய மொழியையும்
உணர்வுகளையும்
மறைவதர்க்காக!

Christoph Janacs, Österreich (Linz 1955)
Translation into Tamil: DR. N V Subbaraman

Recueil: ITHACA 748
Editions: POINT
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A un écrivain de Bayonne qui m’avait envoyé son ouvrage (Henri-Frédéric Blanc)

Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022


jambon_d_auvergne_140

Ton livre est très intelligent, bon,
mais j’aurais préféré un jambon.

(Henri-Frédéric Blanc)

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Qu’aimez-vous ? (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2022



On demande à l’écrivain : « Qu’aimez-vous ? » —
J’aime l’eau, dit-il, un tas de planches, une belle fille,
le chaud, le froid, des bras de femme, une main d’homme,
un vieux pantalon, un pantalon neuf ; j’aime hier,
mais j’aime demain, j’aime le soleil, mais j’aime la pluie ;
j’aime tout ce en quoi je suis ; j’aime tout, parce que je suis tout,
et moi-même je n’existe pas.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

Illustration

 

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Du sable au creux d’une main… (Extrait) (William J.-F. Syad)

Posted by arbrealettres sur 4 octobre 2020




    

Du sable au creux d’une main… (Extrait)

Comme
le Khamsine
du désert
Tu as passé
dans ma vie
et pour toute
trace
Tu n’as laissé
que des sillons
vagues
et ce répit
de grâce

Je ne suis
je Te prie de croire
ni poète
ni écrivain
et pourtant quelque esprit
me pousse
à prendre la plume
griffonner les quelques pensées
palpables
que j’essaie
dans ma hantise rêverie
de toucher du doigt

Je ne suis
je Te prie de croire
ni poète
ni écrivain
et pourtant Tu vibres en moi
comme une pensée
insolite
qui vient déranger
l’instant
où je vis

je Te prie de croire
Je ne suis
ni poète
ni écrivain
mais une pensée
vouée à l’éternel néant
où tout est vibration
dans l’engrenage transitoire
où tout est rien
je ne suis
qu’une vibration
dans la myriade des mortels

(William J.-F. Syad)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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LA SOLUTION (Bertolt Brecht)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2020



Illustration: Akbar Behkalam 
    
LA SOLUTION

Après l’insurrection du 17 juin
Le secrétaire de l’union des écrivains
Fit distribuer des brochures dans l’avenue Staline.

On pouvait y lire que le peuple
Avait perdu la confiance du gouvernement

Et ne pouvait le regagner

Que grâce à un travail redoublé. Ne serait-ce
Pas plus simple que le gouvernement

Liquide le peuple et en
Choisisse un autre ?

***

DIE LÖSUNG

Nach dem Aufstand des 17. Juni
Ließ der Sekretär des Schriftstellerverbands
In der Stalinallee Flugblätter verteilen
Auf denen zu lesen war, dass das Volk
Das Vertrauen der Regierung verscherzt habe
Und es nur durch verdoppelte Arbeit
zurückerobern könne. Wäre es da
Nicht doch einfacher, die Regierung
Löste das Volk auf und
Wählte ein anderes?

***

Soluția

Urmare a răscoalei de pe 17 iunie
Secretarul Uniunii Scriitorilor a dispus
Să se împartă broșuri pe Aleea Stalin
În care se putea citi că poporul
Și-ar fi jucat încrederea guvernului
Și că numai prin muncă dublă
O va putea recâștiga.
N-ar fi mai simplu dacă guvernul
Ar dizolva poporul și
Ar alege altul?

(Bertolt Brecht)

 

Recueil: ITHACA 585
Traduction: Français Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache / Allemand / Roumain Gabriela Căluțiu Sonnenberg /

Editions: POINTS

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Tableau de Paris à cinq heures du matin (Marc-Antoine Désaugiers)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020




    
Tableau de Paris à cinq heures du matin

L’ombre s’évapore
Et déjà l’aurore
De ses rayons dore
Les toits alentours
Les lampes pâlissent,
Les maisons blanchissent
Les marchés s’emplissent :
On a vu le jour.

De la Villette
Dans sa charrette,
Suzon brouette
Ses fleurs sur le quai,
Et de Vincenne,
Gros-Pierre amène
Ses fruits que traîne
Un âne efflanqué.

Déjà l’épicière,
Déjà la fruitière,
Déjà l’écaillère
Sautent au bas du lit.
L’ouvrier travaille,
L’écrivain rimaille,
Le fainéant baille,
Et le savant lit.

J’entends Javotte,
Portant sa hotte,
Crier : Carotte,
Panais et chou-fleur !
Perçant et grêle,
Son cri se mêle
A la voix frêle
Du noir ramoneur.

L’huissier carillonne,
Attend, jure, sonne,
Ressonne, et la bonne,
Qui l’entend trop bien,
Maudissant le traître,
Du lit de son maître
Prompte à disparaître,
Regagne le sien.

Gentille, accorte
Devant ma porte
Perrette apporte
Son lait encor chaud ;
Et la portière,
Sous la gouttière,
Pend la volière
De Dame Margot.

Le joueur avide,
La mine livide,
et la bourse vide,
Rentre en fulminant ;
Et sur son passage,
L’ivrogne, plus sage,
Rêvant son breuvage,
Ronfle en fredonnant.

Tout, chez Hortense,
Est en cadence ;
On chante, on danse,
Joue, et cætera…
Et sur la pierre
Un pauvre hère,
La nuit entière,
Souffrit et pleura.

Le malade sonne,
Afin qu’on lui donne
La drogue qu’ordonne
Son vieux médecin ;
Tandis que sa belle,
Que l’amour appelle,
Au plaisir fidèle,
Feint d’aller au bain.

Quand vers Cythère,
La solitaire,
Avec mystère,
Dirige ses pas,
La diligence
Part pour Mayence,
Bordeaux, Florence,
Ou les Pays-Bas.

« Adieu donc, mon père,
Adieu donc, mon frère,
Adieu donc, ma mère,
– Adieu, mes petits. »
Les chevaux hennissent,
Les fouets retentissent,
Les vitres frémissent :
Les voilà partis.

Dans chaque rue,
Plus parcourue,
La foule accrue
Grossit tout à coup :
Grands, valetaille,
Vieillards, marmaille,
Bourgeois, canaille,
Abondent partout.

Ah ! quelle cohue !
Ma tête est perdue,
Moulue et fendue,
Où donc me cacher !
Jamais mon oreille
N’eut frayeur pareille…
Tout Paris s’éveille…
Allons nous coucher.

(Marc-Antoine Désaugiers)

 

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Le but de l’instruction (Michel Serres)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2019



    
Le but de l’instruction est la fin de l’instruction, c’est-à-dire l’invention.
L’invention est le seul acte intellectuel vrai, la seule action d’intelligence.

Le reste ?
Copie, tricherie, reproduction, paresse, convention, bataille, sommeil.
Seule éveille la découverte.

L’invention seule prouve qu’on pense vraiment la chose qu’on pense,
quelle que soit la chose.

Je pense donc j’invente, j’invente donc je pense :
seule preuve qu’un savant travaille ou qu’un écrivain écrit.

(Michel Serres)

 

Recueil: Le Tiers-Instruit
Traduction:
Editions: Gallimard

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Les poèmes sont difficiles à faire taire (Stephen Greenblatt)

Posted by arbrealettres sur 23 février 2019



 

Sarolta Bán 9jho1_500

Les poèmes sont difficiles à faire taire.
Il y a des moments rares et puissants où un écrivain disparu
depuis longtemps semble se tenir devant vous et vous parler
directement, comme s’il portait un message a votre intention.

(Stephen Greenblatt)

Illustration: Sarolta Bán

 

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L’HÉRITIER (Gilles Vigneault)

Posted by arbrealettres sur 18 octobre 2018



 

lune-hiver

L’HÉRITIER

Pendant que de lune en froidure
Décembre se dépense en vain,
Mon coeur ce soir manque de vin
Et mon âme dort sur la dure.

Mon vieil oncle le temps qui dure,
M’ayant laissé comme écrivain
Vers les mil sept cent quatre vingts
Son héritage de rature,

Je mets à le dilapider
L’entêtement des sédentaires
Qui vont de mystère en mystère,

Sans rien faire pour éluder
Ni les échos ni les empreintes
Par qui chantent les labyrinthes…

(Gilles Vigneault)

 

 

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