Posts Tagged ‘(Edmond Rostand)’
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2022

J’ai l’âme lourde encore d’amour inexprimé,
Et je meurs ! Jamais plus, jamais mes yeux grisés,
Mes regards dont c’était les frémissantes fêtes,
Ne baiseront au vol les gestes que vous faites;
J’en revois un petit qui vous est familier
Pour toucher votre front, et je voudrais crier…
(Edmond Rostand)
Illustration: Louis Janmot
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Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022

Illustration: ArbreaPhotos
Le Petit Chat
C’est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s’assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.
Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu’on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.
Quand il s’amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m’accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.
Tout d’abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu’il boit, un clapotis.
Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l’air étonné d’avoir déjà fini.
Et comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.
Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l’air d’un manchon ;
Alors, pour l’intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d’une ficelle invisible, un bouchon.
Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d’abord
Tient suspendue en l’air sa patte repliée,
Puis l’abat, et saisit le bouchon, et le mord.
Je tire la ficelle, alors, sans qu’il le voie,
Et le bouchon s’éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu’il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.
Mais dès que je lui dis : « Il faut que je travaille,
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant ! »
Il s’assied… Et j’entends, pendant que j’écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu’il fait en se léchant.
(Edmond Rostand)
Recueil: Les Musardises
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Posted in poésie | Tagué: (Edmond Rostand), abattre, agate, écrivailler, étendu, étonné, balancer, bleu, boire, bouchon, bouger, bruit, chat, clapotis, comique, débarbouiller, délicat, drap, drôlet, effrayer, effronté, entendre, envoyer, essuyer, extrême, fermer, feuillet, ficelle, flairer, flanc, frôler, fuir, galoper, gracieux, gros dos, happer, intriguer, invisible, jaune, joli, jouer, laisser, lait, langue, longtemps, lustrer, manchon, méchant, mimique, mine, minet, mordre, mouillé, moustache, museau, nez, noir, nonchalance, ourson, page, pataud, patte, pause, petit, plume, poil, propre, queue, rêche, regarder, relever, renifler, replier, ressembler, rester, revenir, rond, rose, rouge, s'accroupir, s'amuser, s'apercevoir, s'asseoir, saisir, sauter, se lécher, se lisser, se pourlécher, se renverser, soucoupe, suivre, suspendu, table, tache, tapage, ternir, tigre, tirer, travailler, velours, vivant, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 13 mai 2020

Je t’aime, je suis fou…
Je t’aime, je suis fou, je n’en peux plus, c’est trop ;
Ton nom est dans mon coeur comme dans un grelot
Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne,
Tout le temps, le grelot s’agite, et le nom sonne !
De toi, je me souviens de tout, j’ai tout aimé
Je sais que l’an dernier, un jour, le douze mai,
Pour sortir le matin tu changeas de coiffure !
J’ai tellement pris pour clarté ta chevelure
Que, comme lorsqu’on a trop fixé le soleil,
On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil,
Sur tout, quand j’ai quitté les feux dont tu m’inondes
Mon regard ébloui pose des taches blondes !
(Edmond Rostand)
Illustration: Bruno Di Maio
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Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2019

Les Rois Mages
Ils perdirent l’étoile, un soir ; pourquoi perd-on
L’étoile ? Pour l’avoir parfois trop regardée,
Les deux rois blancs, étant des savants de Chaldée,
Tracèrent sur le sol des cercles au bâton.
Ils firent des calculs, grattèrent leur menton,
Mais l’étoile avait fui, comme fuit une idée.
Et ces hommes dont l’âme eût soif d’être guidée
Pleurèrent, en dressant des tentes de coton.
Mais le pauvre Roi noir, méprisé des deux autres,
Se dit « Pensons aux soifs qui ne sont pas les nôtres,
Il faut donner quand même à boire aux animaux. »
Et, tandis qu’il tenait son seau d’eau par son anse,
Dans l’humble rond de ciel où buvaient les chameaux
Il vit l’étoile d’or, qui dansait en silence.
(Edmond Rostand)
Illustration: Leopold Kupelwieser
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Posted by arbrealettres sur 5 mai 2018

CHANSON DE JOFFROY RUDEL
C’est chose bien commune
De soupirer pour une
Blonde, châtaine ou brune
Maîtresse,
Lorsque brune, châtaine
Ou blonde, on l’a sans peine…
Moi, j’aime la lointaine
Princesse !
C’est chose bien peu belle
D’être longtemps fidèle,
Lorsqu’on peut baiser d’Elle
La traîne,
Lorsque parfois on presse
Une main qui se laisse…
— Moi, j’aime la Princesse
Lointaine.
Car c’est chose suprême
D’aimer sans qu’on vous aime,
D’aimer toujours, quand même,
D’une amour incertaine,
Plus noble d’être vaine…
Et j’aime la lointaine
Princesse.
Car c’est chose divine
D’aimer quand on devine,
Rêve, invente, imagine
A peine…
Le seul rêve intéresse,
Vivre sans rêve, qu’est-ce ?
Et j’aime la Princesse
Lointaine !
(Edmond Rostand)
Illustration: Anne-Marie Zilberman
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Posted by arbrealettres sur 9 mars 2018

VIEUX CONTE
Dans l’éparpillement soyeux des cheveux d’or
Et parmi les blancheurs des coussins toute blanche,
Ayant clos pour cent ans ses grands yeux de pervenche,
Souriant vaguement à son rêve, elle dort.
Sa tête de côté légèrement se penche.
Un vitrail entr’ouvert laisse voir le décor
Du parc, où les oiseaux ne chantent pas encor,
Car la Fée endormit chacun d’eux sur sa branche.
Au pied du lit sommeille un beau page blondin.
Elle dort, immobile en son vertugadin,
La jupe laissant voir un bout de sa babouche…
Toute rose, elle dort son sommeil ingénu,
Car le Prince Charmant n’est pas encor venu
Qui doit la réveiller d’un baiser sur la bouche.
(Edmond Rostand)
Illustration: Gustave Doré
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Posted by arbrealettres sur 3 août 2016

Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ?
Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer ;
C’est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d’infini qui fait un bruit d’abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d’un peu se respirer le coeur,
Et d’un peu se goûter, au bord des lèvres, l’âme !
(Edmond Rostand)
Illustration: Antonio Canova
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Posted by arbrealettres sur 14 janvier 2016

Ces vieux airs du pays, au doux rythme obsesseur,
Dont chaque note est comme une petite soeur,
Dans lesquels restent pris des sons de voix aimées,
Ces airs dont la lenteur est celle des fumées
Que le hameau natal exhale de ses toits,
Ces airs dont la musique a l’air d’être en patois !…
(Edmond Rostand)
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