Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘effrayer’

Qu’est-ce qui te fait errer dans la nuit printanière? (Heinrich Heine)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2023



 
    
Qu’est-ce qui te fait errer dans la nuit printanière?
Tu as rendu folles toutes les fleurs,
Les violettes, comme elles sont effrayées !
Les roses rougissent de honte,
Les lys sont blêmes comme la mort,
Ils se plaignent, hésitent et s’arrêtent !

Ô, chère lune, de quelle race pieuse
Sont donc les fleurs ! Elles ont raison,
Ce que j’ai fait est mal !
Mais pouvais-je savoir qu’elles écoutaient
Quand, enivré d’un brûlant amour,
Je parlais avec les étoiles là-haut?

(Heinrich Heine)

Recueil: Nouveaux poèmes
Traduction: Anne-Sophie et Jean Guégan
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Quand tu passes à côté de moi (Heinrich Heine)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2023



Illustration: Alfred James Munnings
    
Quand tu passes à côté de moi,
Il suffit que ta robe me frôle,
Mon coeur te chante sa joie et plein de fougue
S’élance sur les traces de ta beauté.

Alors tu te retournes et me regardes
Longuement de tes grands yeux,
Et mon coeur en est tant effrayé
Que c’est à peine s’il peut te suivre.

(Heinrich Heine)

Recueil: Nouveaux poèmes
Traduction: Anne-Sophie et Jean Guégan
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

L’école buissonnière (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2023



    

L’école buissonnière

Je t’ouvre des pays qui n’ont pas de frontières
Je te présente à Dieu
Tu prends fleur dans le vent
L’oiseau bâtit son nid au creux de ton épaule

Je te poursuis encor sur la mer
C’est pour toi
Que cette main devient étoile et primevère
Et c’est pour toi
L’envol inquiétant des fenêtres

En ce moment tu viens de m’apparaître
À la place que j’occupais
A celle que j’occuperai
Pendant bien des années encor
Tu es le lierre de mon corps

Je ne veux plus te voir effrayée
Mais dormante
Et la poitrine nue
Comme un pays neigeux
Je te destine au frais tumulte de ma bouche.

(René Guy Cadou)

Recueil: Frontières Petit atlas poétique
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LE COQUELICOT (Jaroslav Seifert)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023



Illustration: Marie-Geneviève Chauvet
    
LE COQUELICOT

Des grelots des enfants de choeur
— enfants qui, cheveux au vent,
avançaient avec respect
sur les fleurs des petites filles,
de quelque chose de perdu
un homme se souvient ;
du temps où, cherchant son dieu,
il regardait plus haut que lui.

Larmes séchées par le soleil
— là, sous les longs cils des saintes,
les mots fervents du pèlerin
n’atteindront pas jusqu’au mur ;
elles l’effraient, ces vaines paroles
qui, montant, périssent
comme lorsqu’on a frappé du doigt
la fêlure sur une cruche.

(Jaroslav Seifert)

Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Alors, elle a repris la route (Martine Laffon)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2023



Illustration: Marie Boutroy
    
Alors, elle a repris la route
là où elle l’avait abandonnée,
elle a repris son coeur
là où elle l’avait noyé.

Alors, patiemment,
elle s’est mise à aimer.
A aimer, à donner, à se perdre
sans rien demander.

Elle a aimé les gens
avec leurs pauvres maux de tous les jours,
avec leurs refus,
avec leur haine au fond des poings.

Elle a aimé les gens de peine,
ceux qu’elle trouvait sur le chemin.
Elle a aimé les gens de douleur,
ceux qui criaient, la bouche sanglante,
tout au bout de leur peur.

Elle les a accompagnés
au long de cette solitude désespérée
qui ne permet plus de marcher.

Elle a aimé l’enfant
abandonné.
Elle a aimé les vieux
effrayés par la mort,
effrayés d’avoir égaré
tout ce dont ils pensaient
avoir rempli leur vie.

Elle a aimé,
plus que de raison,
les esseulés, les blessés
d’amours piétinées.

Elle a aimé la mort,
la souffrance
et le désespoir
pour qu’aux autres
ils soient épargnés.

(Martine Laffon)

 

Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Vers du souvenir (Shen Yue)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Vers du souvenir

Je songe à sa venue
Brillante, brillante en haut des marches du jardin
Impatient, impatient de faire cesser notre séparation
Inépuisables, inépuisables, nous parlons d’amour
Nos regards s’embrassent sans pouvoir se rassasier
Je te contemple et en oublie ma faim

Je songe à l’instant où elle s’assit,
Consciencieuse, devant le rideau fin.
Elle chante par trois fois
Et par trois fois pince les cordes du luth.
Son rire efface le souvenir des autres êtres.
Elle fait la mine et n’en est que plus belle.

Je songe à son sommeil
Gardant l’éveil quand tous se reposent
Elle défait la torpeur sans y être poussée
Immobile sur le coussin,
Elle attend qu’une caresse la trouve.
Effrayée par mes regards,
Elle rougit sous la lueur des chandelles.

(Shen Yue)

(441-513)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Présentation du maître chan (Xutang Zhiyu)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Présentation du maître chan

Ce que le maître enseigne est déjà en vous-même,
Pensée inépuisable que vous scrutez sans voir.
Si, le coeur concentré, vous voulez la saisir,
Feuille effrayée d’automne, elle tombe dans le vide.

(Xutang Zhiyu)

Recueil: Poèmes Chan
Traduction: du chinois par Jacques Pimpaneau
Editions: Philippe Picquier

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La grotte opale du rêve (Katherine Mansfield)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2022




    
La grotte opale du rêve

Dans la grotte opale du rêve j’ai trouvé une fée:
Ses ailes étaient plus frêles que des pétales de fleur,
Plus frêles encore que des flocons de neige.
Elle n’était pas effrayée et se tenait sur mon doigt,
Puis délicatement elle rentra dans ma main.
J’ai joint mes deux paumes
Et l’ai tenue prisonnière.
Je l’ai portée hors de la grotte opale,
Puis j’ai ouvert les mains.
D’abord elle devint une aigrette de chardon*,
Enfîn une particule dans un rayon de soleil,
Enfîn — plus rien du tout.
Vide est maintenant la grotte opale de mon rêve.

***

The Opal Dream Cave

In an opal dream cave I found a fairy:
Her wings were frailer than flower petals,
Frailer far than snowflakes.
She was not frightened, but poised on my finger,
Then delicately walked into my hand
I shut the two palms of my hands together
And held her prisoner
I carried her out of the opal cave,
Then opened my hands.
First she became thistledown*,
Then a mote in a sunbeam,
Then—nothing at all
Empty now is my opal dream cave.

*Thistledown est le nom d’une fée dans un des contes de Louisa May

(Katherine Mansfield)

Recueil: Villa Pauline Autres Poèmes
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

Le Petit Chat (Edmond Rostand)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Le Petit Chat

C’est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s’assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu’on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s’amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m’accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d’abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu’il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu’il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l’air étonné d’avoir déjà fini.
Et comme il s’aperçoit qu’il s’est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l’air d’un manchon ;
Alors, pour l’intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d’une ficelle invisible, un bouchon.

Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d’abord
Tient suspendue en l’air sa patte repliée,
Puis l’abat, et saisit le bouchon, et le mord.

Je tire la ficelle, alors, sans qu’il le voie,
Et le bouchon s’éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu’il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.

Mais dès que je lui dis : « Il faut que je travaille,
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant ! »
Il s’assied… Et j’entends, pendant que j’écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu’il fait en se léchant.

(Edmond Rostand)

Recueil: Les Musardises
Traduction:
Editions:

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

JE RENTRE TARD, LA NUIT, À LA MAISON (Du Fu)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2021




Illustration: Roger Vieillard
    
JE RENTRE TARD, LA NUIT, À LA MAISON

A la nuit tombée,
je rentre par le sentier
où rôdent les tigres.
La montagne est noire,
le village endormi,
la Grande Ourse
se penche vers le fleuve.
Au-dessus de ma tête
l’éclat de Vénus
illumine le ciel.
Dans la cour,
la chandelle à la main,
je fouille des yeux
les arbustes ténébreux.
De la gorge montagneuse,
monte le cri effrayé
d’un singe.
Vieillard aux cheveux blancs,
je danse et je chante,
appuyé sur ma canne
je veille toute la nuit.
Et pourquoi pas ?

(Du Fu)

 

Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :