Posted by arbrealettres sur 12 mars 2021

La Dame de Syros
Bras croisés sur moi-même
je suis ma propre cage
à la fois prison et prisonnière
Visage absent du visage
nez repérant les morts serrés dans leurs bandelettes
ma silhouette silencieuse régnait
sur toute une nécropole
Le sculpteur de Syros le voulait il
m’avait élaguée tel un arbre malade
tailié le superflu à ma survie
effacé l’excédent à ma
temporalité gardé le cri invisible
le regard gelé tourné vers l’intérieur
Le sculpteur de Syros m’a voulue longiligne
comme un pieu
muette comme l’argile
immobile dans mon ossature
bras croisés au seuil de l’infini
(Vénus Khoury-Ghata)
Recueil: La Dame de Syros
Traduction:
Editions: Ekphrasis
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Venus Khoury Ghata), absent, arbre, argile, élaguer, bandelette, bras, cage, cri, croiser, effacer, excédent, garder, geler, immobile, infini, intérieur, invisible, longiligne, malade, mort, muet, nécropole, nez, ossature, pieu, prison, prisonnier, propre, règner, regard, repérer, sculpteur, serrer, seuil, silencieux, silhouette, superflu, survie, tailler, temporalité, tourner, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020

Illustration: William Turner
L’aurore s’allume
I
L’aurore s’allume ;
L’ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S’ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.
Tout chante et murmure,
Tout parle à la fois,
Fumée et verdure,
Les nids et les toits ;
Le vent parle aux chênes,
L’eau parle aux fontaines ;
Toutes les haleines
Deviennent des voix !
Tout reprend son âme,
L’enfant son hochet,
Le foyer sa flamme,
Le luth son archet ;
Folie ou démence,
Dans le monde immense,
Chacun. recommence
Ce qu’il ébauchait.
Qu’on pense ou qu’on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême,
Tout vole emporté ;
L’esquif cherche un môle,
L’abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité !
II
Vérité profonde !
Granit éprouvé
Qu’au fond de toute onde
Mon ancre a trouvé !
De ce monde sombre,
Où passent dans l’ombre
Des songes sans nombre,
Plafond et pavé !
Vérité, beau fleuve
Que rien ne tarit !
Source où tout s’abreuve,
Tige où tout fleurit !
Lampe que Dieu pose
Près de toute cause !
Clarté que la chose
Envoie à l’esprit !
Arbre à rude écorce,
Chêne au vaste front,
Que selon sa force
L’homme ploie ou rompt,
D’où l’ombre s’épanche ;
Où chacun se penche,
L’un sur une branche,
L’autre sur le tronc !
Mont d’où tout ruisselle !
Gouffre où tout s’en va !
Sublime étincelle
Que fait Jéhova !
Rayon qu’on blasphème !
Oeil calme et suprême
Qu’au front de Dieu même
L’homme un jour creva !
III
Ô Terre ! ô merveilles
Dont l’éclat joyeux
Emplit nos oreilles,
Eblouit nos yeux !
Bords où meurt la vague,
Bois qu’un souffle élague,
De l’horizon vague
Plis mystérieux !
Azur dont se voile
L’eau du gouffre amer,
Quand, laissant ma voile
Fuir au gré de l’air,
Penché sur la lame,
J’écoute avec l’âme
Cet épithalame
Que chante la mer !
Azur non moins tendre
Du ciel qui sourit
Quand, tâchant d’entendre
Je cherche, ô nature,
Ce que dit l’esprit,
La parole obscure
Que le vent murmure,
Que l’étoile écrit !
Création pure !
Etre universel !
Océan, ceinture
De tout sous le ciel !
Astres que fait naître
Le souffle du maître,
Fleurs où Dieu peut-être
Cueille quelque miel !
Ô champs ! ô feuillages !
Monde fraternel !
Clocher des villages
Humble et solennel !
Mont qui portes l’aire !
Aube fraîche et claire,
Sourire éphémère
De l’astre éternel !
N’êtes-vous qu’un livre,
Sans fin ni milieu,
Où chacun pour vivre
Cherche à lire un peu !
Phrase si profonde
Qu’en vain on la sonde !
L’oeil y voit un monde,
L’âme y trouve un Dieu !
Beau livre qu’achèvent
Les coeurs ingénus ;
Où les penseurs rêvent
Des sens inconnus ;
Où ceux que Dieu charge
D’un front vaste et large
Ecrivent en marge :
Nous sommes venus !
Saint livre où la voile
Qui flotte en tous lieux,
Saint livre où l’étoile
Qui rayonne aux yeux,
Ne trace, ô mystère !
Qu’un nom solitaire,
Qu’un nom sur la terre,
Qu’un nom dans les cieux !
Livre salutaire
Où le cour s’emplit !
Où tout sage austère
Travaille et pâlit !
Dont le sens rebelle
Parfois se révèle !
Pythagore épèle
Et Moïse lit !
(Victor Hugo)
Recueil: Les rayons et les ombres
Traduction:
Editions: Bayard Jeunesse
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), abeille, achever, agité, aimer, air, allumer, amer, ancre, appeler, archet, astre, aube, aurore, austère, azur, âme, ébaucher, éblouir, éclat, écouter, écrire, élaguer, épais, épeler, éternel, étincelle, étoile, être, blasphémer, boussole, bruit, brume, but, calme, cause, ceinture, champ, chanter, charger, chêne, chercher, ciel, clair, clocher, clos, coeur, cour, création, crever, cueillir, démence, devenir, Dieu, eau, emplir, emporter, enfant, entendre, envoyer, esprit, esquif, feuillage, fin, fleur, fleurir, flotter, folie, fontaine, force, frais, fraternel, front, fuir, fumée, gouffre, haleine, hochet, homme, horizon, humble, immense, inconnu, ingénu, joyeux, lame, lire, livre, luth, maître, môle, mer, merveille, miel, Moïse, mon, monde, mont, mourir, murmurer, mystère, mystérieux, naître, nature, nid, nom, nuit, obscur, océan, oeil, ombre, oreille, paître, parler, parole, paupière, pavé, pâlir, pôle, penché, penser, penseur, phrase, plafond, pli, ployer, poser, profond, pur, Pythagore, rayon, rayonner, réveil, rêve, rêver, rebelle, recommencer, reprendre, rompre, rose, ruisseler, s'épancher, s'emplir, s'ouvrir, sage, saint, salutaire, saule, se voiler, sens, solennel, sombre, songe, souffle, sourire, sublime, suprême, tarir, tendre, terre, tige, toit, tracer, universel, vague, vérité, venir, vent, verdure, village, voile, voix, voler, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 5 avril 2019

Illustration: Constantin Brancusi
L’OISEAU D’OR DE BRANCUSI
Et le jouet
devint l’archétype esthétique
Comme si la patience de quelque Dieu paysan
avait poli et poli
l’Alpha et l’Oméga
de la forme
à partir d’une masse de métal
Orientation dénudée
désempennée déplumée
dans la dynamique du vol
le rythme final
a élagué les extrémités
de crêtes et de serres
L’acte absolu
de l’art
accorda
à la chasteté de la sculpture
‒ nue comme l’arcade d’Osiris –
sein de la révélation
une courbe incandescente
léchée par les flammes chromatiques
dans les labyrinthes du jeu des reflets
L’hyperesthétisme
de ce gong de cuivre affiné
transperce l’air
comme
la lumière agressive
délivre
sa signification
L’immaculée
conception
de l’inaudible oiseau
jaillit
d’une superbe retenue
(Mina Loy)
WordPress:
J’aime chargement…
Posted in poésie | Tagué: (Mina Loy), absolu, accorder, acte, affiné, agressif, air, alpha, archétype, art, élaguer, Brancusi, chasteté, chromatique, conception, courbe, crête, cuivre, délivrer, dénudé, déplumé, Dieu, dynamique, esthétique, extrémité, flamme, forme, gong, immaculé, inaudible, incandescent, jaillir, jeu, jouet, labyrinthe, lécher, lumière, masse, métal, nu, oiseau, oméga, or, orientation, patience, polir, révélation, reflet, retenue, rythme, sculpture, sein, serre, signification, superbe, transpercer, vol | Leave a Comment »