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Poésie

Posts Tagged ‘embrumé’

Un pauvre rayon, avec sa mesure froide (Ossip Mandelstam)

Posted by arbrealettres sur 22 mai 2018



Un pauvre rayon, avec sa mesure froide,
Sème la lumière dans l’humide forêt.
Je porte lentement dans mon coeur la tristesse,
Comme un oiseau gris.

Que faire d’une bête blessée ?
Le ciel s’est tu, il a expiré.
D’un clocher embrumé
On a ôté la cloche.

Et l’air se tient
Muet, orphelin —
Tel une blanche tour vide
Où c’est silence et brume.

Matin, insondable de tendresse —
Mi-songe et mi-réel,
Évanouissement inapaisé —
Le vague carillon de la pensée…

(Ossip Mandelstam)

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Musique slave (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2017




    
Musique slave

C’est le concert doux des voix pleureuses,
Vieux chagrins résignés et tendresses
Que l’on méconnut et la tristesse
Des élans réprimés. Effleureuses
Voix sourdes, pleurez comme les ifs
Embrumés qu’échevèle un vent convulsif.

C’est le concert tout en lancinances
Des désirs contraires et la ronde
Des corbeaux et des folles arondes
Par le ciel fleuri d’incohérences:
Rouges pompeux, tristes violets
Dont se mêlent, en accords faux, les reflets.

C’est le concert vraiment sans mesures
Des baisers profonds et des morsures;
Le vibrement nerveux des ciguës
Sous l’archet des bises ambiguës
D’avril où reluit un soleil blond
Que voile une averse blême de grêlons.

C’est surtout l’écart entre le rêve
Et le réel qui, sans nulle trêve,
Par des accents forcenés s’exprime,
Comme une blessure s’envenime,
Puis éclate enfin en gémissant
Et remplit l’horizon noir d’un flot de sang.

(Marie Dauguet)

 

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L’inerte chanson (Marie Dauguet)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2017




    
L’inerte chanson

Combien de baisers en suspens
Au bord des lèvres affamées
Et parmi les palais absents
De princesses inanimées
Dormant à jamais embrumées
Sous l’or de leurs cheveux dolents.

Combien à l’ancre au fond du port,
Et malgré les voiles vermeilles,
Souplement arquant leur essor,
De bateaux captifs qui sommeillent
Et qui jamais n’appareillent
Que vers ce havre noir, la Mort.

Combien de lys n’ont point éclos
Dont l’aube dédaigna l’offrande;
Et, sur des îles de coraux
Où leurs bras vainement se tendent,
Combien d’exilés qui t’attendent,
O Mort, sous tes verts oripeaux!

(Marie Dauguet)

 

 

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Rêve matinal (Bashô)

Posted by arbrealettres sur 28 juillet 2017



Rêve matinal J’y songe
Mais qu’était-ce?
J’ai l’esprit embrumé

(Bashô)


Illustration

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L’ombre des arbres (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2017



L’ombre des arbres

L’ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée,
Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles,
Se plaignent les tourterelles.

Combien, ô voyageur, ce paysage blême
Te mira blême toi-même,
Et que tristes pleuraient, dans les hautes feuillées,
Tes espérances noyées !

(Paul Verlaine)

 

 

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Dans l’armoire (Zbigniew Herbert)

Posted by arbrealettres sur 25 janvier 2017



Dans l’armoire

J’ai toujours soupçonné que cette ville était une attrape.
Mais ce n’est qu’au midi embrumé d’un printemps précoce,
quand l’air sent l’amidon, que j’ai découvert la tromperie.
Nous habitons à l’intérieur d’une armoire, tout au fond de l’oubli,
au milieu de cannes brisées et de boîtes ficelées.
Six murs marron, des bas de nuages au-dessus de nos têtes,
et ce que nous prenions encore récemment pour une cathédrale :
une bouteille effilée de parfums éventés.
Oh, les pauvres nuits où nous prions la comète filante d’une mite.

(Zbigniew Herbert)

 

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Les nervures des feuilles perdurent (Thierry Gaudin)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2017



 

Félix Vallotton klrl [1280x768]

Les nervures des feuilles perdurent
Sur les labours embrumés
Le cri des merles écartèle
Les striures dépouillées
La chaleur des vendanges
S’enferme au coeur des pierres

Sous le chaume au grenier
Dans l’ornière sous la pierre
Bat
La constance des semences

(Thierry Gaudin)

Illustration: Félix Vallotton

 

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Une pauvre lumière (Richard Wright)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2016



 

fontaine

Une pauvre lumière
Jaunissant l’aube embrumée
Refroidit le bourg.

***
.
A dim yellow light
Glowing in a misty dawn
Makes a village cold.

(Richard Wright)

Illustration

 

 

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L’air est les yeux (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2015



L’air est les yeux

on pose quatre mots
un piège
le monde tourne le dos
silence
silence et rumeur
la nuit en plein jour
les yeux partis loin
la tête à l’envers
et plus bas que tout
le ciel sous les pieds
tout à coup
trop de voix dans la main
la main aérée
et moi l’embrumé
me voilà hors je
alors couché là
le banc de soi-même
et là-haut debout
et soi de soi
l’ombre
puis tout projeté
pour combler l’espace
tout vers l’un tout vers l’autre
et l’empreinte d’air
tombant sur la page

(Bernard Noël)

Découvert ici: http://www.ipernity.com/blog/lara-alpha

Illustration: Gao Xingjian

 

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BUISSONS DE LA MORT (Jean-Pierre Schlunegger)

Posted by arbrealettres sur 11 octobre 2015



BUISSONS DE LA MORT

Quand je pense qu’un homme va mourir
Dans des buissons de flammes
Pour les canons en fête
Avec des cailloux secs enfoncés dans la tête
Les mains crispées sur un talus d’orties
Je le vois seul comme un enfant qui crie
Un enfant que n’écoute personne

Quand je pense qu’un homme va mourir
Avec des yeux d’enfant et des mains rouges
Avec un visage un corps des mains
Un poulpe d’angoisse au ventre et dans les reins
Le ciel se ferme et les oiseaux s’envolent

Quand je pense qu’un homme va mourir
Et qu’il se prend aux buissons de la mort
Dans les rizières embrumées
Je le vois aussi comme un bateau
Immobile un instant au sommet de la vague

Alors j’ai la tristesse du mendiant
Qui se laisse tomber au bord d’un champ
Pour aujourd’hui l’espérance est finie

(Jean-Pierre Schlunegger)

Illustration: Otto Dix

 

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