Si j’étais cantate de Jean-Sébastien Bach
Dans la forêt aux mille chênes
Pierre de chapelle
Sans calvaire
Près de la source
Où les hortensias
Ont remplacé les lavandières
Où tes pas
Caressaient les néfliers sauvages
Par les chemins ombreux
Bordés de mûriers et de fougères
Je sèmerais ton nom
Fleur de sel
Perle des jours
Parmi les embruns nourris
Des ailes du goéland
[Rosalia]
Porto Rico,
Magnifique archipel…
Île aux embruns tropicaux.
Éternelle culture de l’ananas,
Éternelles cerises de café…
[Anita]
Porto Rico…
Dégoûtant archipel…
Île des maladies tropicales.
Toujours y soufflent les ouragans,
Toujours y augmentent la population…
Et les dettes,
Et les cris des bébés,
Et les balles qui sifflent.
J’aime l’île de Manhattan.
Fumer la pipe, c’est le paradis !
[Les Autres]
J’aime vivre en Amérique !
Pour moi tout va bien en Amérique !
Tout est gratuit en Amérique !
À bas prix en Amérique !
[Rosalia]
J’aime la ville de San Juan.
[Anita]
Je connais un bateau qui t’y emmènera.
[Rosalia]
Des milliers d’arbres en fleurs.
[Anita]
Des milliers de personnes qui grouillent !
[Toutes]
Il y a des automobiles en Amérique,
Il y a de l’acier chromé en Amérique,
Il y a des roues à rayon en Amérique,
C’est du lourd, en Amérique !
[Rosalia]
Je roulerai en Buick dans les rues de San Juan.
[Anita]
S’il y a une route à emprunter.
[Rosalia]
J’offrirai une course à mes cousins.
[Anita]
Comment tu vas t’y prendre pour les faire rentrer ?
[Toutes]
L’immigrant choisit l’Amérique,
Tout le monde se dit bonjour en Amérique ;
Personne ne se connaît en Amérique
Porto Rico est en Amérique !
[Rosalia]
J’apporterai une télé à San Juan.
[Anita]
Si il y a du courant !
[Rosalia]
Je leur offrirai une nouvelle machine à laver.
[Anita]
Qu’ont-ils à laver ?
[Toutes]
J’aime les côtes d’Amérique !
Le confort t’attend en Amérique !
Ils ont des poignées à serrure en Amérique,
Ils ont du parquet en Amérique
[Rosalia]
Quand je retournerai à San Juan.
[Anita]
Quand cesseras-tu de bavasser, va-t’en !
[Rosalia]
Tout le monde m’acclamera là-bas !
[Anita]
Là-bas, tout le monde sera parti ici !
(WEST SIDE STORY)
***
America
[Rosalia]
Puerto Rico,
You lovely island . . .
Island of tropical breezes.
Always the pineapples growing,
Always the coffee blossoms blowing . . .
[Anita]
Puerto Rico . . .
You ugly island . . .
Island of tropic diseases.
Always the hurricanes blowing,
Always the population growing . . .
And the money owing,
And the babies crying,
And the bullets flying.
I like the island Manhattan.
Smoke on your pipe and put that in!
[Les Autres]
I like to be in America!
O.K. by me in America!
Ev’rything free in America
For a small fee in America!
[Rosalia]
I like the city of San Juan.
[Anita]
I know a boat you can get on.
[Rosalia]
Hundreds of flowers in full bloom.
[Anita]
Hundreds of people in each room!
[Toutes]
Automobile in America,
Chromium steel in America,
Wire-spoke wheel in America,
Very big deal in America!
[Rosalia]
I’ll drive a Buick through San Juan.
[Anita]
If there’s a road you can drive on.
[Rosalia]
I’ll give my cousins a free ride.
[Anita]
How you get all of them inside?
[Toutes]
Immigrant goes to America,
Many hellos in America;
Nobody knows in America
Puerto Rico’s in America!
[Rosalia]
I’ll bring a T.V. to San Juan.
[Anita]
If there a current to turn on!
[Rosalia]
I’ll give them new washing machine.
[Anita]
What have they got there to keep clean?
[Toutes]
I like the shores of America!
Comfort is yours in America!
Knobs on the doors in America,
Wall-to-wall floors in America!
[Rosalia]
When I will go back to San Juan.
[Anita]
When you will shut up and get gone?
[Rosalia]
Everyone there will give big cheer!
[Anita]
Everyone there will have moved here!
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Le soleil du printemps
Te couvre de lumière
Tu respires de nouveaux parfums
Dans le jardin ressuscité
Quand un soleil perdu
Cherche sa route
Sur des cailloux et le long des murs
Ou parmi des nuages roussis
D’un ciel incandescent
Je baise tes joues fraîches
Et caresse tes seins somptueux
Jaillis de ta robe simple
Sur la nudité de l’herbe
Ton corps exquis rôtit
Dans un bain de couleurs
Dans la mélancolie du soir
Tu essuies les traces de nos pas
Avant d’affronter la nuit
Dans ta robe de désir
Et je pose de longs baisers
Sur ton visage mouillé d’embruns
Le vent vient en ma maison. Il gratte à ma porte.
Le vent m’emporte, me transporte, me rapporte.
Le vent me perd en chemin. C’est un diable, un requin.
Le vent a de grandes mains de lavandière, de mannequin.
Le vent broie le linge et le pain, boit mon vin,
Le vent courbe la fleur du lin, rameute les embruns.
Le vent convoque le thym. Le vent s’en va, s’en vient.
Le vent met le mal au bien, joue à la petite-main.
Le vent effraie mon chien. Le vent m’appelle :
je viens…
Relever la parole ancienne
Ranimer les mots refroidis
Fermente aux lèvres un nouveau chant
Embrasements ? non, embrasures
Où sur la fresque de midi
S’éploie un désir d’odyssée
Un désir d’odyssée
Par les routes imprononcées
Par les routes jamais écrites
Par les mers encore inchantées
Par les lagunes innommées
Et les déserts indénombrés
Par les chemins non murmurés
Un désir d’odyssée
Par les vents à réinventer
Les orages inéclatés
Les azurs à revisiter
Par les prodiges improclamés
Les sirènes à réenchanter
Sur le portulan des légendes
Un désir d’odyssée
Par les îles inépelées
Et les embruns imbalbutiés
Des vagues jamais chuchotées
Un désir d’odyssée
Vers le lieu ou l’Improféré
Sibylle des mots à venir
Guette en sa grotte improfanée
Le poète qui, d’un baiser
Sur sa bouche délivrera
Les oracles inapaisés.
(Jacques Lacarrière)
Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers
Au-delà du torii
Un nouveau monde se lève
Les lignes du temps se relâchent
Profondes respirations
Le long du sentier
De fines branches
Roses, rouges, blanches
Bruines colorées
Sur le vert des herbes tendres
Passé le petit pont moussu
Au fond de la rivière
Les galets chuchotent
Bercés par les saules pleureurs
Au détour d’un chemin
Une prairie gorgée de soleil
Des danseuses métalliques
S’élancent en cadence
Sous les arches d’un pont millénaire
Un peu plus loin
Sur l’onde calme
Reflets déliés
Des feuillages silencieux
Au-delà du torii
Une douce lenteur s’invite
Majestueuses partitions
D’ombres et de lumières
Embruns de bonheur
Seules les lanternes de pierre
Aux regards immobiles
Gardent mémoire du passage
Seins issus d’une fête labiale
et cachetés à la cire du souvenir
une fille sourit à sa peau
dans le vent nu des campagnes
puis ses mains descendent le long
comme l’ancre d’un vaisseau
reconduit à la terre
Reflet exténué des saisons vécues
elle se replie sur un mal
plus secret que toute mort
sur la tige nacrée de sa solitude
de son corps
sur l’odeur brusque de l’amour
dans un tiroir d’embruns
les doigts à l’épreuve du tambour
la taille sur la pente du cerceau
elle s’affaiblit dans l’eau légère
de sa propre distance
comme un sort mal jeté
Aucun réveil pourtant
aucun réveil possible
sans le retour des Dieux
auxquels nulle croyance n’est due.
Réveillant en creusant le printemps endormi sur la plage
Tu le mets dans tes cheveux et tu ries
Ton rire fait des ronds dans le ciel, éclate comme l’écume
Et la mer doucement réchauffe un soleil vert
Ah! Ta main dans la mienne!
Ton caillou jeté dans mon ciel!
Aujourd’hui, pétales filant au fond du ciel
Entre nos bras poussent des bourgeons
Au centre de nos regards
Un soleil d’or tourne et laisse ses embruns
Oui, nous sommes un lac les arbres
La lumière filtrant sur l’herbe
Les collines de tes cheveux où danse la lumière
Nous, nous!
Dans le vent nouveau une porte s’ouvre
D’innombrables mains nous appellent avec les ombres de la verdure
Un chemin vient de s’ouvrir sur la peau douce de la terre
Au milieu de la source resplendissent tes bras
Et sous nos cils, baignant dans le soleil
Commencent silencieusement à mûrir
La mer, les fruits