Posts Tagged ‘(Emile Nelligan)’
Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022
LE LAC
Remémore, mon coeur, devant l’onde qui fuit
De ce lac solennel, sous l’or de la vesprée,
Ce couple malheureux dont la barque éplorée
Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.
Comme tout alentour se tourmente et sanglote !
Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,
Le lys s’y mire ainsi que l’azur plein d’oiseaux,
Comme pour y chercher une image qui flotte.
Mais rien n’en a surgi depuis le soir fatal
Où les amants sont morts enlaçant leurs deux vies,
Et les eaux en silence aux grêves d’or suivies
Disent qu’ils dorment bien sous leur calme cristal.
Ainsi la vie humaine est un grand lac qui dort
Plein sous le masque froid des ondes déployées,
De blonds rêves déçus, d’illusions noyées,
Où l’Espoir vainement mire ses astres d’or.
(Emile Nelligan)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Emile Nelligan), alentour, amour, astre, éploré, barque, coeur, couple, cristal, espoir, flotter, froid, illusion, image, lac, malheureux, masque, mirer, noyé, onde, or, pleur, rêve, remémorer, roseau, sangloter, se tourmenter, silence, soir, sombrer, vesprée | 2 Comments »
Posted by arbrealettres sur 2 avril 2022

Frissons
Aux becs de gaz éteints, la nuit, en la maison,
Ils prolongent souvent des plaintes éternelles;
Et sans que nous puissions dans leurs glauques prunelles
En sonder la sinistre et mystique raison.
Parfois, leur dos aussi secoue un long frisson;
Leur poil vif se hérisse à des jets d’étincelles
Vers les minuits affreux d’horloges solennelles
Qu’il écoutent sonner de bizarre façon.
(Émile Nelligan)
Recueil: le chat en cent poèmes
Traduction:
Editions: Omnibus
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Posted in poésie | Tagué: (Emile Nelligan), affreux, écouter, éteint, éternel, étincelle, bec, bizarre, dos, façon, frisson, gaz, glauque, horloge, jet, long, maison, minuit, mystique, nuit, parfois, plainte, poil, pouvoir, prolonger, prunelle, raison, se hérisser, secouer, sinistre, solennel, sonder, sonner, souvent, vif | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021
LE BERCEAU DE LA MUSE
De mon berceau d’enfant j’ai fait l’autre berceau
Où ma Muse s’endort dans des trilles d’oiseau,
Ma Muse en robe blanche, ô ma toute Maîtresse!
Oyez nos baisers d’or aux grands soirs familiers…
Mais chut ! j’entends la mégère Détresse
À notre seuil faisant craquer ses noirs souliers !
(Emile Nelligan)
Illustration: Henri Martin
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Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021
NUIT D’ÉTÉ
Le violon, d’un chant très profond de tristesse,
Remplit la douce nuit, se mêle aux sons des cors,
Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,
Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.
Le souffle du Veillant anime chaque feuille;
Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein;
Les oiseaux sont rêveurs; et sous l’oeil opalin
De la lune d’été ma Douleur se recueille…
Lentement, au concert que font sous la ramure
Les lutins endiablés comme ce Faust ancien,
Le luth dans tout mon cceur éveille en parnassien
La grande majesté de la nuit qui murmure
Dans les cieux alanguis un ramage lointain
Prolongé jusqu’à l’aube, et mourant au Matin.
(Emile Nelligan)
Illustration
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Posted in poésie | Tagué: (Emile Nelligan), amer, animer, arbre, aube, été, bois, chant, coeur, concert, cor, détresse, douce, douleur, endiablé, feuille, lune, luth, lutin, majesté, matin, mort, mourant, murmurer, nuit, oeil, oiseaux, opalin, plainte, pleurer, prolongé, ramage, ramure, rêveur, remplir, se recueillir, sein, son, souffle, souvenir, sylphe, tristesse, veillant, violon | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 juin 2021
À UNE FEMME DÉTESTÉE
Combien je vous déteste et combien je vous fuis:
Vous êtes pourtant belle et très noble d’allure,
Les Séraphins ont fait votre ample chevelure
Et vos regards couleur du charme brun des nuits.
Depuis que vous m’avez froissé, jamais depuis,
N’ai-je pu tempérer cette intime brûlure :
Vous m’avez fait souffrir, volage créature,
Pendant qu’en moi grondait le volcan des ennuis.
Moi, sans amour jamais qu’un amour d’Art, Madame,
Et vous, indifférente et qui n’avez pas d’âme,
Vieillissons tous les deux pour ne jamais nous voir.
Je ne dois pas courber mon front devant vos charmes ;
Seulement, seulement, expliquez-moi ce soir,
Cette tristesse au coeur qui me cause des larmes.
(Emile Nelligan)
Illustration: Albert Edelfelt
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Posted by arbrealettres sur 29 juin 2021
LE VENT, LE VENT TRISTE DE L’AUTOMNE!
Avec le cri qui sort d’une gorge d’enfant,
Le vent de par les bois, funèbre et triomphant,
Le vent va, le vent court dans l’écorce qu’il fend
Mêlant son bruit lointain au bruit d’un olifant.
Puis voici qu’il s’apaise, endormant ses furies
Comme au temps où jouant dans les nuits attendries
Son violon berçait nos roses rêveries,
Choses qui parfumiez les ramures fleuries !
Comme lui, comme lui qui fatal s’élevant
Et gronde et rage et qui se tait aussi souvent,
O femme, ton amour est parallèle au Vent :
Avant de nous entrer dans l’âme, il nous effleure;
Une fois pénétré pour nous briser, vient l’heure
Où sur l’épars débris de nos coeurs d’homme, il pleure !
(Emile Nelligan)
Illustration: Da Svetlana Dimont
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Posted in poésie | Tagué: (Emile Nelligan), amour, attendrie, automne, âme, épars, briser, cri, débris, effleurer, enfant, fatal, femme, gorge, gronder, jouer, mêler, parallèle, parfumer, pénétrer, pleurer, rage, rêverie, rose, s'élever, triste, vent | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 29 juin 2021
AMOUR IMMACULÉ
Je sais en une église un vitrail merveilleux
Où quelque artiste illustre, inspiré des archanges,
A peint d’une façon mystique, en robe à franges,
Le front nimbé d’un astre, une Sainte aux yeux
bleus.
Le soir, l’esprit hanté de rêves nébuleux
Et du céleste écho de récitals étranges,
Je m’en viens la prier sous les lueurs orange
De la lune qui luit entre ses blonds cheveux.
Telle sur le vitrail de mon coeur je t’ai peinte,
Ma romanesque aimée, ô pâle et blonde sainte,
Toi, la seule que j’aime et toujours aimerai;
Mais tu restes muette, impassible, et, trop fière,
Tu te plais à me voir, sombre et désespéré,
Errer dans mon amour comme en un cimetière !
(Emile Nelligan)
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Posted by arbrealettres sur 24 juin 2021
THÈME SENTIMENTAL
Je t’ai vue un soir me sourire
Dans la planète des Bergers :
Tu descendais à pas légers
Du seuil d’un château de porphyre.
Et ton oeil de diamant rare
Éblouissait le règne astral.
Femme, depuis, par mont ou val,
Femme, beau marbre de Carrare,
Ta voix me hante en sons chargés
De mystère et fait mon martyre,
Car toujours je te vois sourire
Dans la planète des Bergers.
(Emile Nelligan)
Illustration: Georges Paul François Laurent Laugée
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Posted by arbrealettres sur 24 juin 2021
PLACET POUR DES CHEVEUX
Reine, acquiescez-vous qu’une boucle déferle
Des lames des cheveux aux lames du ciseau,
Pour que j’y puisse humer un peu de chant d’oiseau,
Un peu de soir d’amour né de vos yeux de perle ?
Au bosquet de mon coeur, en des trilles de merle,
Votre âme a fait chanter sa flûte de roseau.
Reine, acquiescez-vous qu’une boucle déferle
Des lames des cheveux aux lames du ciseau ?
Fleur soyeuse aux parfums de rose, lis ou berle,
Je vous la remettrai, secrète comme un sceau,
Fût-ce en Éden, au jour que nous prendrons vaisseau
Sur la mer idéale où l’ouragan se ferle.
Reine, acquiescez-vous qu’une boucle déferle ?
(Emile Nelligan)
Illustration: Renata Brzozowska
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Posted by arbrealettres sur 23 juin 2021
FRISSON D’HIVER
Les becs de gaz sont presque clos :
Chauffe mon coeur dont les sanglots
S’épanchent dans ton coeur par flots,
Gretchen !
Comme il te dit de mornes choses,
Ce clavecin de mes névroses,
Rythmant le deuil hâtif des roses,
Gretchen !
Prends-moi le front, prends-moi les mains,
Toi, mon trésor de rêves maints
Sur les juvéniles chemins,
Gretchen !
Quand le givre qui s’éternise
Hivernalement s’harmonise
Aux vieilles glaces de Venise,
Gretchen !
Et que nos deux gros chats persans
Montrent des yeux reconnaissants
Près de l’âtre aux feux bruissants,
Gretchen !
Et qu’au frisson de la veillée,
S’élance en tendresse affolée
Vers toi mon âme inconsolée,
Gretchen !
Chauffe mon coeur, dont les sanglots
S’épanchent dans ton coeur par flots.
Les becs de gaz sont presque clos…
Gretchen !
(Emile Nelligan)
Illustration: Delphin Enjolras
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