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Poésie

Posts Tagged ‘en dedans’

Les Filles (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 2 mars 2022



Illustration 
    
Les Filles

Le dimanche soir, les filles se promènent dans
leurs belles robes, bras dessus bras dessous, en
grandes bandes sur la route;
elles vont jusqu’au bois, elles s’en reviennent,
les oiseaux se couchent dans les cerisiers.

On entend leurs rires : de quoi rient-elles ?
Ah ! les filles qui n’ont pas vingt ans,
ça ne sait que rire et de tout le monde,
mais c’est pour faire voir qu’on a de jolies dents.
Alors, les garçons vont à leur rencontre;
elles, elles les voient venir, elles cessent de
chanter; elles rient en dedans, les regards baissés,
on les voit qui se serrent les unes contre les autres
comme sous un arbre quand il pleut.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

 

Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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LA-BAS (Raymond Federman)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2021



LA-BAS

d’abord quand on entre
on pense que c’est juste
comme d’où on vient
sauf qu’il fait un peu plus noir

mais en fait on ne pense pas
on ne peut plus s’entendre penser
c’est pour cela qu’il nous semble
que tout est plus noir qu’avant
non seulement en dehors
mais aussi en dedans de nous
comme si la lumière était en train
de s’éteindre doucement vers le noir

c’est un endroit étrange
où nous aurions préféré ne pas aller
mais il est trop tard

***

OVER THERE

at first when you enter
you think it’s just like
whence you came
except it’s much darker
that’s what you think
but in fact you are
not thinking at all
because you can
no longer hear
yourself think
that’s why it feels darker
both outside and inside of you
as if the light was slowly dimming
towards total darkness

(Raymond Federman)

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Ce piano voyage en dedans (César Vallejo)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2019




    
Ce piano voyage en dedans,
voyage par sauts joyeux.
Ensuite il médite, en repos ferré,
cloué par dix horizons.

Il avance. Il se traîne sous des tunnels,
plus loin, sous des tunnels de douleur,
sous des vertèbres qui fuguent naturellement.

D’autres fois, ses trompes vont,
lents et jaunes désirs de vivre,
vont s’éclipsant
et s’épouillent d’insectiles cauchemars
déjà morts pour le tonnerre, héraut des genèses.

Obscur piano qui guettes-tu
avec ta surdité qui m’entend,
avec ton mutisme qui m’assourdit ?

Oh pouls mystérieux.

(César Vallejo)

 

Recueil: Poésie complète 1919-1937
Traduction: Nicole Réda-Euvremer
Editions: Flammarion

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Nous allons par un défilé (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2019




    
Nous allons par un défilé
qui se resserre peu à peu.
Nul ne sait s’il sortira.
Nul ne sait s’il avance ou recule
Nul ne sait si l’ombre est au bout ou la lumière.

Cette marche secrète nous confirme
Qu’entre l’oeil et son objet
s’interpose une pellicule obscure :
un filtre fait d’ombre
qui isole le regard pour toujours.

Regarder est un geste en dedans,
non en dehors.

***

Vamos por un desfiladero
que se estrecha poco a poco.
Nadie sabe si saldrá.
Nadie sabe si avanza o retrocede.
Nadie sabe si al final esta la sombra o la luz.

Esta marcha sigilosa nos confirma
que entre el ojo y su objeto
se interpone una oscura película,
un filtro hecho de sombra
que aisla para siempre la mirada.

Mirar es un gesto hacia adentro,
no hacia afuera.

(Roberto Juarroz)

 

Recueil: Quatorzième poésie verticale
Traduction: Sivia Baron Supervielle
Editions: José Corti

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Tu as le regard tourné en dedans (Jean-Pierre Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 28 juillet 2017




    
Tu as le regard tourné en dedans
vers le trésor coulé au fond de l’épave
les longs reflets d’or qui filent sous la mer.
Tu en as retiré parfois quelques pièces
un sabre, une croix — mais ton coeur reste en bas
ce coeur qu’il faudrait remonter enfin vide
si tu veux courir l’unique aventure
et partir vers le large, un soir, tous feux éteints.

(Jean-Pierre Lemaire)

 

Recueil: Le Pays derrière les larmes
Editions: Gallimard

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Heureuse rose (Rilke)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2016



Si ta fraîcheur parfois nous étonne tant,
heureuse rose,
c’est qu’en toi-même, en dedans,
pétale contre pétale, tu te reposes.

Ensemble tout éveillé, dont le milieu
dort, pendant qu’innombrables, se touchent
les tendresses de ce coeur silencieux
qui aboutissent à l’extrême bouche.

(Rilke)

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Le bourru (Pierre Menanteau)

Posted by arbrealettres sur 22 septembre 2016




Le bourru

Dans ma bogue de piquants
Luit sourdement la châtaigne:
Ma douceur est en dedans.

– Se peut-il que l’oeil atteigne
La promesse du luisant?
L’automne passe: il est temps.

– Il est temps, et mon coeur saigne.
– Moins que les doigts du passant.

(Pierre Menanteau)

 

 

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