RETOUCHE A L’OUBLI
Doux est le pire
quand il s’en est allé
des givres encadrent l’été
et tous ces noms que nous avons aimés
sont le sel de la mer fermée
(Daniel Boulanger)
Posted by arbrealettres sur 21 juin 2022
RETOUCHE A L’OUBLI
Doux est le pire
quand il s’en est allé
des givres encadrent l’été
et tous ces noms que nous avons aimés
sont le sel de la mer fermée
(Daniel Boulanger)
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Posted by arbrealettres sur 21 mai 2022
Illustration: Giacomo Balla
« Soudain, je n’avance pas… »
Soudain, je n’avance pas, et soudain
Le geste vole en éclat, comme le verre.
Des voyelles remoulues à coups de pierre.
Des yeux vivants, dans la queue du paon,
M’ont encadré d’un tir sec,
Aveugles de trente soleils sans levers.
Comme, entre les dents, du sable prisonnier
Seulement en rayant l’émail se défend,
Des vers je fais des tranchants contre le rien.
Et suspendu de moi-même, la voix suspendue,
Dans la cécité des soleils j’ouvre des lampes
Que ma main transporte en aube.
***
«Num repente, não ando… »
Num repente, não ando, e num repente
O gesto se estilhaça, como o vidro
Das vogais remoídas a pedradas.
Olhos vivos, na cauda do pavão,
De seca pontario me enquadraram,
Cegos de trinta sóis sem madrugadas.
Como, entre dentes, areia prisioneira
No sel riscar do esmalte se defende,
Faço de versos gumes contra o nada.
E suspenso de mim, a voz suspensa,
Na cegueira dos sóis abro candeias
Que a minha mão transporta em alvorada
(José Saramago)
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Posted by arbrealettres sur 27 mars 2022
Illustrations: Vilhelm Hammershøi
V. HAMMERSHOI
Ce sont de longues et larges
pièces vides bleues et grises que
partout ailleurs on nomme
avancées progressives du chagrin
mais
dans la ligne du dos de cette femme
penchée à la fenêtre qu’encadrent des
mousselines blanches
mais
sur la table en bois d’aulne ou de châtaignier le
silence emmaillote la tige d’une orchidée et
foudroie les paroles vaines
mais
ce que vous nommez aisément
— vide impossible à meubler de sa propre présence —
en lui réside le paradis véritable :
vivre dans un tableau de V. Hammershoi
m’apprend à disparaître
sans esclandre.
(Cécile Coulon)
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Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2018
UNE VIE QUI N’EST PLUS…
Une vie qui n’est plus qu’une petite enclume
Un langage qui s’interdit toute écume
Tout juste ce qu’il faut pour la cuisine
Le gaz et le loyer
Vous voyez ?
Trop encore pour n’avoir pas à rougir
Des mots qui ne sont pas des choses
Mais le deviennent
Et nous emplâtrent
Et nous encadrent
Dans la vérité
Pas assez pour l’oxygène
Pas assez pour l’amour.
N’importe quel amour.
(Jean Rousselot)
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Posted by arbrealettres sur 30 juin 2017
Patience et long-vouloir surveillent ton ouvrage,
Châtelaine, en la salle austère du moutier;
Près du vitrail gothique apporte ton métier,
Permets qu’à tes genoux se blottisse ton page.
Qu’importe si le vent, fantasque cavalier,
Déroule ses galops par les bois qu’il ravage,
L’archiluth a frémi dans l’ombreux paysage
Encadrant sur les murs un combat oublié.
La Palestine est loin et cruelle l’attente,
Ecoute la chanson dont la langueur te tente,
Patience et long-vouloir sont mauvais conseillers;
Mais les accords dolents à tes pieds effeuillés
Disent: « Hormis l’amour, tout est mirage et leurre! »
Baise les cils mouillés de ton page qui pleure.
(Marie Dauguet)
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Posted by arbrealettres sur 27 septembre 2016
Elle passe…
LE ciel l’encadre ainsi que ferait une châsse,
Et je vivrais cent ans sans jamais la revoir.
Elle est soudaine : elle est le miracle du soir.
L’instant religieux brille et tinte. Elle passe…
Je suis venue avec la foule des lépreux
Dès l’aurore, ayant su que je serais guérie.
Ils regardent vers elle avec idolâtrie
En pleurant à voix basse. Et je pleure avec eux.
Un rayon d’espérance illumine l’espace,
Car ses pieds nus ont sanctifié le chemin.
Voyez ! un grand lys blanc est tombé de sa main…
Les sanglots se sont tus brusquement. Elle passe.
De nous tous qui pleurions elle a fait ses élus,
Et parmi nous aucun ne pleure ni ne doute.
Elle ne reviendra plus jamais sur la route,
Mais je la vis passer et je ne souffre plus.
(Renée Vivien)
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