Posts Tagged ‘enfant’
Posted by arbrealettres sur 21 mars 2023

Quelque chose dénoue le guetteur, le rend friable à la gorge.
La hache de l’évidence précède les ruisseaux, aux portes des rivières,
entre les mains des enfants.
Alors nous savons mourir, être la proie des roseaux,
et dans leur bec, rejoindre la vase, le lichen, le goémon.
(Dominique Sampiero)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 11 mars 2023

Illustration: Marie-Geneviève Chauvet
LE COQUELICOT
Des grelots des enfants de choeur
— enfants qui, cheveux au vent,
avançaient avec respect
sur les fleurs des petites filles,
de quelque chose de perdu
un homme se souvient ;
du temps où, cherchant son dieu,
il regardait plus haut que lui.
Larmes séchées par le soleil
— là, sous les longs cils des saintes,
les mots fervents du pèlerin
n’atteindront pas jusqu’au mur ;
elles l’effraient, ces vaines paroles
qui, montant, périssent
comme lorsqu’on a frappé du doigt
la fêlure sur une cruche.
(Jaroslav Seifert)
Recueil: Les danseuses passaient près d’ici
Traduction: Petr Kral et Jan Rubes
Editions: Actes Sud
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Posted by arbrealettres sur 10 mars 2023

sur une place sans arbres
fouettant par devoir
sa toupie de buis
un enfant reste bien réel
sans temps morts.
(Jean Follain)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 8 mars 2023

Illustration: Raymond Peynet
KLAGELIED
O misère de trop aimer.
On se tient mal à cause de cela.
Lorsqu’on donne la main, on rougit.
Pourtant, nous touchons aux fleurs,
Aux cristaux, aux petits encriers.
Et l’on se touche, pour pleurer.
Il me faut beaucoup de silence.
Rien qu’un bruit…
Tranquille au parc bleu :
Pas de l’enfant qui se lamente
En souvenir de tes yeux bleus.
(Léon-Paul Fargue)
Recueil: Poésies Tancrède. Ludions. Poëmes. Pour la musique.
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (Léon-Paul Fargue), aimer, beaucoup, bleu, bruit, cristal, donner, encrier, enfant, fleur, main, mal, misère, parc, pleurer, pourtant, rougir, se lamenter, se tenir, silence, souvenir, toucher, tranquille, trop, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023

Gabriela Mistral
CHOSES
A Max Daireaux.
J’aime les choses jamais eues,
avec celles que je n’ai plus.
Je palpe une eau silencieuse,
étale sur des prés frileux,
frissonnant sans la moindre brise,
dans un clos qui fut mon enclos.
Je la vois comme la voyais,
une étrange pensée me vient
et je joue, lente, avec cette eau,
comme avec poisson ou mystère.
Je pense au lieu où j’ai laissé
des pas joyeux que je n’ai plus
et sur le seuil, vois une plaie,
pleine de mousse et de silence.
Je cherche un vers que j’ai perdu
et que m’avait dit à sept ans
une femme faisant le pain,
dont je vois la bouche bénie.
Un parfum défait en rafales
m’apporte bonheur quand il vient,
si ténu qu’il n’est pas parfum,
et c’est l’odeur des amandiers.
Il redonne enfance à mes sens,
je lui cherche un nom et ne trouve
et flaire l’air et les villages,
en quête d’amandiers absents.
J’entends tout près une rivière;
je l’entends depuis quarante ans :
c’est le murmure de mon sang,
ou quelque rythme à moi donné;
ou bien l’Elqui de mon enfance,
que je remonte et passe à gué,
jamais perdu, coeur contre coeur,
nous allons comme deux enfants.
Lorsque je rêve de mes Andes,
j’avance par des défilés
où me parvient un sifflement,
presque une conjuration.
Je vois à ras de Pacifique
mon archipel violet sombre,
avec l’île qui m’a laissé
une âcre odeur d’alcyon mort.
Un dos, un dos grave et paisible
au bout du rêve que je fais
marque la fin de mon chemin;
je m’y repose quand j’arrive.
Tronc d’arbre mort ou bien mon père
est ce vague dos couleur cendre;
je ne l’interroge ni trouble,
je me couche à côté et dors.
J’aime une pierre d’Oaxaca
ou Guatemala; j’en approche;
fixe et rouge, elle me ressemble;
la crevasse en expire un souffle.
Dans son sommeil, je la vois nue,
et ne sais pourquoi la retourne.
Je ne l’ai pas eue peut-être :
c’est mon sépulcre que je vois.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), absent, aimer, air, alcyon, aller, amandier, approcher, arbre, archipel, arriver, avancer, avoir, âcre, étaler, étrange, béni, bonheur, bouche, brise, chemin, chercher, chose, clos, coeur, conjuration, crevasse, défaire, défilé, donner, dos, eau, enclos, enfance, enfant, entendre, expirer, faire, femme, fice, fin, flairer, frileux, frissonner, grave, gué, jamais, jouer, joyeux, lent, lieu, mort, mousse, murmuré, mystère, nom, nu, odeur, pacifique, pain, paisible, palper, parfum, parvenir, pas, passer, père, pensée, penser, perdre, perdu, pierre, plaie, plein, poisson, pourquoi, pré, quête, rafale, ras, rêve, rêver, redonner, remonter, reposer, ressembler, retourner, rivière, rouge, rythme, sang, sépulcre, se coucher, sens, seuil, sifflement, silence, silencieux, sombre, sommeil, souffle, ténu, tronc, trouver, vague, venir, vers, village, violet, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023
Illustration: Marianne Clouzot
ENFANT MEXICAIN
Me voici où je ne suis pas,
sur l’Anahuac argenté,
à sa lumière sans pareille
peignant un enfant de mes mains.
On le dirait, sur mes genoux,
une flèche de l’arc tombée
et que j’aiguise et que j’effile
en le berçant et chantonnant.
Dans un air si vieux et si jeune,
toujours il me semble trouvaille
et je le tourne et le retourne
avec le refrain que je chante.
Ses yeux d’un noir-bleu me regardent
d’un regard de vie éternelle
et comme d’un geste éternel,
moi, je le peigne de mes mains.
Sa nuque et ses bras sont coulée
de résines de pin ocote;
il est lourd et il est léger
d’être la flèche sans son arc…
Moi, je le nourris de mon rythme,
lui me nourrit de quelque baume,
qui est le baume des mayas
dont mes yeux n’ont pas eu la joie.
Je joue avec sa chevelure
que je sépare et que je lisse
et, dans ses cheveux, je retiens
les mayas en dispersion.
Voilà douze ans que j’ai quitté
mon petit enfant mexicain;
mais, dans la veille ou le sommeil,
je le peigne encor de mes mains…
C’est là une maternité
qui ne lasse pas mes genoux,
c’est une extase libérée
à jamais par moi de la mort.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), aiguiser, air, arc, argenté, à jamais, éternel, baume, bercer, bleu, bras, chanter, chantonner, chevelure, couler, dire, dispersion, effiler, enfant, extase, flèche, genoux, geste, jeune, joie, jouer, léger, libérer, lisser, lourd, lumière, main, maya, mexicain, mort, noir, nourrir, nuque, pareil, peigner, pin, quitter, résine, refrain, regard, regarder, retenir, retourner, rythme, séparer, sembler, sommeil, tomber, toujours, tourner, trouvaille, veille, vie, vieux, voivi, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023

Illustration: Cyril Leysin
LA RONDE
Où déviderons-nous la ronde ?
La ferons-nous sur le rivage?
La mer dansant de tous ses flots
y tressera fleurs d’oranger.
La ferons-nous au pied des monts?
La montagne nous répondra :
ce sera comme si les pierres
se mettaient toutes à chanter.
La ferons-nous dans la forêt?
Elle va mêler toutes voix
et les chants d’enfants et d’oiseaux
vont se confondre dans le vent.
Notre ronde sera sans fin :
nous la ferons dans la forêt,
nous la ferons au pied des monts
et sur tous les bords de la mer.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), bord, chant, chanter, danser, dévider, enfant, faire, fin, fleur, flot, forêt, mer, mont, montagne, oiseau, oranger, pied, pierre, répondre, rivage, ronde, se confondre, se mêler, se mettre, tresser, vent, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 26 février 2023
Illustration: Marianne Clouzot
L’ENFANT SEUL
A Sara Hubner.
Entendant pleurer, je m’arrêtai sur le chemin en pente
et m’approchai jusqu’à la porte de la cabane.
Un enfant aux yeux de douceur me regarda de son lit
et une immense tendresse m’enivra comme vin!
Sa mère s’attardait, courbée sur le chaume;
l’enfant, à son réveil, avait cherché le sein
et s’était mis à pleurer. Je le pris dans mes bras
et une berceuse monta, tremblante, jusqu’à mes lèvres.
Par la fenêtre ouverte, la lune regardait.
L’enfant s’était rendormi et la chanson baignait
comme d’un autre éclat, mon sein riche de son faix.
Et lorsque la femme tremblante ouvrit la porte,
elle dut voir sur mon visage un bonheur si vrai
qu’elle laissa dans mes bras l’enfant endormi.
(Gabriela Mistral)
Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi
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Posted in poésie | Tagué: (Gabriela Mistral), éclat, baigner, berceuse, bonheur, bras, cabane, chanson, chaume, chemin, chercher, courber, douceur, endormi, enfant, enivrer, entendre, faix, femme, fenêtre, immense, laisser, lèvres, lit, lune, mère, monter, ouvert, ouvrir, pente, pleurer, porte, prendre, réveil, regarder, riche, s'approcher, s'arrêter, s'attarder, se rendormir, sein, seul, tendresse, tremblant, trembler, vin, visage, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2023

Sans toi
J’écris comme on perd son sang
Comme on signe une traite
Dans la maison des morts
Comme un soir égaré
Qui lance ses tracts
Au coin des avenues
Il se fait tard peut-être
Là où tu es
Ou très tôt.
Chez nous,
La neige est venue vite
La nuit
Comme un voleur d’enfants.
(Claude de Burine)
Recueil: A Henri de l’été à midi
Editions: Saint Germain des Prés
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Posted in poésie | Tagué: (Claude de Burine), avenue, écrire, égarer, coin, enfant, lancer, maison, mort, neige, nuit, perdre, sang, sans, signer, soir, tard, tôt, tract, traite, venir, vite, voleur | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 février 2023

MA MORT EST MORTE AVEC TOI
Ma mort
Est morte avec toi
Jamais plus je n’aurai les fleurs
Leurs confidences
D’enfant au rosier.
Jamais plus je n’aurai le saule
Son doux visage d’orphelin
Ce «oui» coloré
Qu’on appelle la vie.
Le printemps est venu sans toi
Et je mourrai sans toi
Sans lui
Sur le territoire des cigognes
Sous la protection des mûres
Le long des noisetiers
Contre leurs doigts de joueurs d’échecs.
Qu’on me donne l’hiver
Son ventre plat
Son rire éteint de graminée
La neige fine de sa lampe
Et que j’éclate au loin
En campagne
En mer
Que je coule avec toi
Et sans fin avec toi
Morte avec toi
Un soir de safran
Et d’ornières.
(Claude de Burine)
Recueil: A Henri de l’été à midi
Editions: Saint Germain des Prés
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Posted in poésie | Tagué: (Claude de Burine), appeler, au loin, avoir, échec, éclater, éteindre, campagne, cigogne, colorer, confidence, contre, couler, doigt, donner, doux, enfant, fin, fleur, graminée, hiver, jamais, jouer, lampe, mûre, mer, mort, mourir, neige, noisetier, ornière, orphelin, oui, plat, printemps, protection, rire, rosier, safran, saule, soir, territoire, venir, ventre, vie, visage | Leave a Comment »