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Poésie

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L’UN ET LE TOUT (Johann Wolfgang Von Goethe)

Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2021



Illustration: Gao Xingjian
    
L’UN ET LE TOUT

Afin de se trouver parmi l’Illimité
L’être isolé voudra fuir dans l’inexistence
Là où s’évanouit toute satiété ;
Ce n’est point toi, désir, ni toi, lourde exigence
Mais vous, profond Vouloir, dure Nécessité
Qui donnez notre joie à notre obéissance.

Âme du monde, viens Ah! Tu nous pénétreras !
Alors, contre toi-même engager le combat
C’est le suprême appel que notre force entend.
De bons esprits compatissants,
Maîtres très-hauts, gouverneurs indulgents
Conduisent à celui qui crée et qui créa.

Et pour créer la créature, afin
Qu’elle ne s’arme point pour l’engourdissement,
L’Acte éternel agit, vivant!
Et ce qui n’était pas, veut être, veut enfin
Au soleil, à la terre, aux couleurs se mêler ;
Nulle chose jamais ne se peut reposer.

Il faut que tout agisse et soit mouvant et crée
Et que la forme change aussitôt que formée.
Tu n’es qu’une apparence, ô repos du moment !
Partout au plus profond se meut l’éternité,
Car toute chose ira se dissoudre au Néant
Si dans l’Être immobile elle veut demeurer.

***

EINS UND ALLES

Im Grenzenlosen sich zu fin den,
Wird gern der einzelne verschwinden,
Da löst sich aller Überdruß ;
Statt heißem Wünschen, wildem Wollen,
Statt lästgem Fordern, strengem Sollen
Sich aufzugeben ist Genuß .

Weltseele, komm, uns zu durchdringen!
Dann mit dem Weltgeist selbst zu ringen,
Wird unsrer Kräfte Hochberuf.
Teilnehmend führen gute Geister,
Gelinde leitend höchste Meister
Zu dem, der alles schafft und schuf.

Und umzuschaffen das Geschaffne,
Damit sichs nicht zum Starren waffne,
Wirkt ewiges, lebendiges Tun.
Und was nicht war, nun will es werden
Zu reinen Sonnen, farbigen Erden;
In keinem Falle darf es ruhn.

Es soil sich regen, schaffend handeln,
Erst sich gestalten, dann verwandeln ;
Nur scheinbar stehts Momente still.
Das Ewige regt sich fort in alien :
Denn alles mug in Nichts zerfallen,
Wenn es im Sein-beharren will.

(Johann Wolfgang Von Goethe)

 

Recueil: Elégie de Marienbad
Traduction: Jean Tardieu
Editions: Gallimard

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HAMLET (Nuno Jùdice)

Posted by arbrealettres sur 2 février 2021




    

HAMLET

Il y a un moment, avant le réveil, où
rêve et réalité se confondent. Certaines fois,
le sommeil empêche de faire cette distinction ;
d’autres, nous nous jugeons engagés
dans la vie sans savoir que nous ne sortons pas encore
des limbes nocturnes. Dans tous les cas,
émotions et sentiments saisissent
le corps; nous nous déplaçons d’un bord à l’autre
avec l’angoisse de cette double existence; en rien,
nous ne dominons les actions que, cependant,
nous subissons comme si quelque chose nous avait
arrachés
à notre lit. Pendant le petit déjeuner, en y
pensant, il reste déjà peu de chose
de la nuit. Ni les personnes, ni les mots,
ni les images ne nous tourmentent avec l’intensité
de naguère. Pourtant, c’est comme s’il manquait
une partie de nous-mêmes. Et, le jour, nous répétons
des gestes dont nous ignorons les destinataires;
nous entendons des phrases dont nous ne comprenons
le sens. Et nous ne savons pas, de fait,

(Nuno Jùdice)

 

Recueil: Un chant dans l’épaisseur du temps suivi de méditation sur des ruines
Traduction: Michel Chandeigne
Editions: Gallimard

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Va, mon chat! (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 3 août 2019


Va, mon chat!
Ce possessif
N’engage que moi.

(Guillevic)

Illustration: ArbreaPhotos

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L’INTERHUMAIN (Jean Rousselot)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2019




    
L’INTERHUMAIN

Tous les abonnés sont absents. Qu’ils disent.
Par la voix d’une indulgente aux griffes rouges, qui promet,
ça n’engage à rien, de transmettre mon message.

Non, non, pas de message ! Je voulais seulement leur dire… leur dire…

Leur dire que je suis là. Avec le vent. Avec le temps. Avec le sang. Que je suis là, battant.

Avec deux T, comme une porte ouverte ?

Va pour la porte ouverte !
O Dieu femelle en ton standard ! Peut-être ai-je mis la main sur ta cuisse, un jour, au cinéma.
Tu sens la permanente, j’entends grouiller ton ventre.

Et dire qu’il faut en passer par là. Toujours par là !
Raccrochez donc, Essence du Monde !

(Jean Rousselot)

 

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Je suis dans le train (Alexandre Romanès)

Posted by arbrealettres sur 13 janvier 2019



Illustration: Mathurin Méheut
    
Je suis dans le train, on traverse les Vosges.
De l’homme assis en face de moi
se dégage un parfum extraordinaire.
Je n’ai jamais rien senti d’aussi bon.
J’engage la conversation
et je lui demande ce qu’il fait.
« Je suis bûcheron. »
Ce parfum, c’était les arbres.

(Alexandre Romanès)

 

Recueil: Un peuple de promeneurs histoires tziganes
Traduction:
Editions: Gallimard

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DE LA DÉCEPTION QUOTIDIENNE (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2018



Illustration: Stéphane Texereau
    
DE LA DÉCEPTION QUOTIDIENNE

Toujours la même erreur et sa persévérance!
Dans l’ornière engagé,
Toujours les mêmes pas, du matin d’espérance
Au soir découragé!

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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Eux les tournesols (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 23 juin 2018



    
eux les tournesols
quand le soleil disparaît
leurs têtes s’inclinent
retombent ne sont plus
que ce coeur noir
ce jaune éteint

tu te voyais en eux

tête baissée
tu stagnais
prisonnier d’une attente
inerte

regard mort
ou tu fuyais par les rues mornes
aspirant à retrouver la terre
à sentir monter en toi
la lueur qui pourrait
te redresser
te donner le cran
d’engager le combat

sans lumière
tu étais sans force

(Charles Juliet)

 

Recueil: L’Opulence de la nuit
Traduction:
Editions: P.O.L.

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Confiance aux mains (Pierre Dhainaut)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2018




    
Confiance aux mains quand les regards défaillent,
elles ont peur autant qu’elles espèrent,
elles avancent: l’espace au bout des doigts,
le temps d’attiser l’air nocturne, s’éclairent en chaque cicatrice,
chaque silence, les premiers mots, un poème en connaît-il d’autres ?
ceux qui nous engagent à leur ressembler, téméraires, vulnérables,
à faire ainsi du moindre effleurement une rencontre
en lui apportant la chair vive, une parole aimante.

(Pierre Dhainaut)

 

Recueil: Sur le vif prodigue
Traduction:
Editions: Des Vanneaux

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La pleureuse à gages (Georges Brassens)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2017



Illustration: Istvan Janos Porubsky
    
La pleureuse à gages

Quand un vivant plie bagage
Et que les gentils héritiers
Ont les yeux trop secs, on m’engage
A venir faire mon métier.
Car je suis pleureuse à gages,
La plus capable du quartier.

La chose s’est souvent produite,
Mais je n’en tire aucun orgueil :
J’ai parfois des larmes gratuites ;
Je sais, parfois, pleurer à l’oeil
Pour des morts qui n’ont pas de suite
Et dont nul ne porte le deuil.
Je leur fais un brin de conduite,
Je leur mouille un peu le cercueil.

(Georges Brassens)

 

Recueil: Les couleurs vagues
Editions: Le Cherche Midi

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LES SOMNAMBULES (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2017



somnambules

LES SOMNAMBULES

Quand on est amoureux, on vit
A la façon des somnambules
Qui vont, plus légers que des bulles,
Sur le bord des toits, l’œil ravi.

Le bord glissant comme de l’huile
Est sûr et ferme sous leurs pas.
Le gouffre est là, qu’ils ne voient pas,
Au bout de la dernière tuile.

Ils marchent les bras en avant
Comme s’ils priaient leurs étoiles,
Et ne sentent pas dans leurs moelles
Monter le vertige énervant.

Débarrassés des lois physiques,
Un aveugle instinct les conduit.
Les précipices de la nuit
Ont pour eux de douces musiques.

La brise qui leur parle bas
A n’avoir pas peur les engage.
L’infini leur tient un langage
Que le monde ne comprend pas.

Soutenus par un souffle étrange
Ils cheminent, silencieux,
Gomme s’il allaient dans les cieux
Partir avec des ailes d’ange.

Ils vont ainsi jusqu’au moment
Où, d’un cri perçant leur oreille,
Quelqu’un qui les voit les réveille,
Et rompt le charme brusquement.

L’ange s’enfuit! Reste la bête,
Qui, soûle encor d’avoir rêvé,
Chancelle, et va sur le pavé,
Sanglante, se casser la tète.

(Jean Richepin)

 

 

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