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PARTENAIRES SOCIAUX DANS L’INDUSTRIE D’ARMEMENT (Hans Magnus Enzensberger)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022




    
PARTENAIRES SOCIAUX DANS L’INDUSTRIE D’ARMEMENT

A en grincer des dents ce spectacle
de gros pourceaux sur les terrasses
et sur les golfs des palaces
remontés à coups d’engrais et de vols,
des chouchous du bon dieu.

Plus dur
à supporter, toi qui n’es personne,
foreur au ciré bon marché,
petit-bourgeois, huissier, assesseur, coursier,
plus triste ton visage jauni.

Foutu
toi qui t’abandonnes à qui te mène
par le bout du nez, dé de vent modéré,
forgeron de tes menottes,
accoucheur de ta mort,
épicier du poison
qui te sera administré.

Sans doute
ils sont nombreux à te promettre
l’abolition du meurtre.
Les meurtriers t’invitent
à partir en guerre contre lui.
Ce n’est pas le crime qui perdra
la partie, mais toi : le crime
ne fait que changer de visage.
Le sang des victimes, lui, reste noir.

(Hans Magnus Enzensberger)

 

Recueil: Mausolée
Traduction: Maurice Regnaut et Roger Pillaudin
Editions: Gallimard

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KALEIDOSCOPE (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2020




    
KALEIDOSCOPE

Secoue de toutes tes forces
Comme un kaléidoscope
Ton propre crâne.
Et regarde ensuite
Par les trous de tes yeux
Pour voir ce qui en est sorti.
Si rien n’en est sorti, tout va bien,
Secoue encore une fois,
Trois fois, sept fois, neuf fois.
Si rien n’en est sorti, c’est toujours quelque chose;
Secoue, mon vieux, secoue,
Regarde encore une fois.
Et si tu vois de la beauté,
Secoue de sorte que la maison soit ébranlée,
Que le chemin se torde,
Que les montagnes tombent à genoux,
Que clignotent vite, vite, les étoiles
Et que l’homme pose sa main sur son coeur.
Mais s’il y a de la laideur,
Empoigne le crâne comme un pot fêlé,
Et jette-le !
Ou bien non !
Remplis-le plutôt de terre,
De bon engrais végétal
Et plantes-y
Un géranium rouge.

(Mihai Beniuc)

 

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Le langage (Gerrit Kouwenaar)

Posted by arbrealettres sur 18 mai 2017



    

Le langage

Le langage appartient aux oiseaux
je suis trop homme pour voler
je suis là comme une maison construite
sur le monde et de terre épaisse

je suis à peu près celui
qu’abrite l’intérieur des murs
et coule derrière les fenêtres
de l’arrière chambre bleue

ça sent l’engrais et l’amour
il y a une plante dans une cage
le langage appartient aux oiseaux
l’homme s’abrite dans les mots

(Gerrit Kouwenaar)

 

Recueil: Poètes néerlandais de la modernité
Traduction: Henri Deluy
Editions: Le Temps des Cerises

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Qu’est-ce que le poème arrange ou crie (James Sacré)

Posted by arbrealettres sur 14 mai 2017




Le paysage ou le dictionnaire,
une bête effarée qui regarde,
un vieux sac d’engrais en papier cousu,
le malheur humain dans sa guenille politique,

qu’est-ce que le poème arrange ou crie
à travers n’importe quoi, et qui serait son désir ?

(James Sacré)

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LITANIES DU PETIT HOMME (Félix Leclerc)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2017



 

Nikolay Butkovskiy 030

LITANIES DU PETIT HOMME

Et sur le chiffonnier
À côté de tes bas
Ma paye et mon tabac
Et sous le tisonnier
Une brassée de bois
Pour illuminer la soirée

Et depuis tant d’années
Ton coeur qui ne dit mot
Le mien qui parle trop
Ma hache à affiler
La maison à trouver
Nos quatre mains ont bien travaillé

Il vient au cinéma
Le visage qui te plaît
Le mien qui est si laid

Le loyer augmenté
Je t’aime plus que la vie
Les jurons que j’ai dit aujourd’hui

J’ai mal à ton côté
Tu as mal à mes yeux
C’est vrai c’est faux c’est les deux!

Et ce petit bouquet
Tout frais dedans ta main
Demain sera de l’engrais, ça c’est vrai

On est seul au monde
Chacun dedans son corps
Ensemble chacun son bord

Rendez-vous dans mille ans
Plus loin que l’Italie
Plus loin que ce pays

(Félix Leclerc)

Illustration: Nikolay Butkovskiy

 

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