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Poésie

Posts Tagged ‘enseveli’

JARDIN SUSPENDU (Françoise Han)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2021




JARDIN SUSPENDU

Jardin suspendu
après nos jardins ensevelis

davantage pourtant
qu’un jardin d’ombres

nous n’avons pas introduit un printemps frelaté
subverti l’ordre des saisons

l’été a pris de la hauteur

entre tes lèvres et les miennes
il n’y a pas d’ortie

(Françoise Han)

Illustration: Gennady Privedentsev

 

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CHANSON (Tristan l’Hermite)

Posted by arbrealettres sur 4 mai 2019



CHANSON

Doux Printemps ne revenez pas
Avec tant d’appas
Vous opposer à ma mélancolie ;
Depuis qu’une Beauté que j’aimais chèrement
Se trouve ensevelie,
Tous mes plaisirs sont dans le monument.

O beaux jours si tôt allongés,
Que vous m’affligez
Moi qui toujours ai des pensers si sombres ;
Dès lors que le sujet de ma félicité
Erre parmi les ombres,
J’ai de l’horreur quand je vois la clarté.

Claires eaux qui lavez des fleurs
Ainsi que mes pleurs,
Votre cristal a pour moi quelques charmes :
En mon affliction j’aime à voir votre cours,
Il ressemble à mes larmes,
La Mort a fait qu’elles coulent toujours.

(Tristan l’Hermite)

Illustration

 

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Vous qui par jeu pénétrez notre ciel (Giani Esposito)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2019



Vous qui par jeu pénétrez notre ciel
Altérez notre soif pour que l’avide
en nous l’enseveli le seul vivant
se défigure
à votre image soit
l’espace
et l’inquiet mouvement d’ailes
le don de soi
et la clarté diffuse
qu’il soit énigme
à votre ressemblance
utile autant qu’un divertissement
et rêverie autant qu’une idée-mère

Oiseaux des profondeurs
vous qui jamais
n’avez quitté la face des abîmes
poètes

(Giani Esposito)

Illustration: Chantal Dufour

 

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Le coeur se tourne vers sa nuit (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2018



Le coeur se tourne vers sa nuit,
Scrutant le coin le plus sombre à l’affût de l’aube
D’un soleil enseveli :
Il n’en est pas d’autre.

***

Heart turns into its night
Scanning the darkest quarter for the dawn
Of a sun that set:
Else there is none.

(Kathleen Raine)

Illustration

 

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Tant de coeurs ensevelis (Kathleen Raine)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2018




Tant de coeurs ensevelis
M’instruisent quand je parle
De ce long pèlerinage
Que l’âme doit cheminer,
Les pieds sanglants,
Elle qui follement perdit celui
Qu’avec sagesse amère elle doit alors chercher.

***

How many buried hearts
Instruct me when I speak
Of that long pilgrimage
The soul must walk
On bleeding feet
Who has in folly lost
One whom in bitter after-wisdom she must seek.

(Kathleen Raine)

Illustration: Brandon Olterman

 

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L’unité ou la déchirure (Françoise Hàn)

Posted by arbrealettres sur 28 août 2018



L’unité ou la déchirure

Depuis qu’ils ne comprennent
plus le langage des bêtes
il leur faut articuler
des mots sur la pierre
taillée
sur la cassure
d’avec les éléments
sur la blessure

des mots qui contiennent
assez de terre et d’eau
d’air et de feu
interstitiels
pour refaire un monde

articulé sur la faille
que ne combleront jamais
les sédiments
les forêts ensevelies
les civilisations

un monde seulement humain
exclu de la résonance
première
mais rempli d’images de lueurs
qui bougent sur la paroi

parfois elle vacille

(Françoise Hàn)

Découvert ici: http://revuedepoesie.blog.lemonde.fr/

Illustration: Franck Gervaise

 

 

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LE DIEU DÉTERRÉ (Homero Aridjis)

Posted by arbrealettres sur 14 juillet 2018



 

fumeur Maya

LE DIEU DÉTERRÉ

Voilà qu’on sort à l’ombre devenue pierre
l’air fait limon
l’invisible fait temps
voilà que survient, fraction de nuit, l’oeil de pierre

La main perforée avec laquelle il regarda le monde
fut aperçue par le dieu de la mort
et son visage s’évanouit dans un autre visage
aux yeux plus profonds que l’oubli

Son corps, insaisissable, parcourut le jour
plus rapide que l’air et que l’esprit
toucha le vide de ses songes
et comme un feu se coucha sur ses braises

Voilà que l’on extrait le dieu de la fumée
le semeur de discorde et de maux
aux sandales d’obsidienne rompue
racines durcies d’un arbre de pierre

La lumière noire coule de ses doigts
comme cendre de son corps
la bouche insatiable, qui a tout avalé,
comme un miroir s’avale maintenant elle-même

Voici — disent-ils — le créateur
qui ne peut se donner la vie
une pierre de plus entre les pierres déchues
un instant enseveli sous des montagnes d’instants

(Homero Aridjis)

 

 

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Je cherche à comprendre (Etty Hillesum)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2018



 

Illustration: Otto Dix
    
Je cherche à comprendre et à disséquer les pires exactions,
j’essaie toujours de retrouver la place de l’homme dans sa nudité,
sa fragilité, de cet homme bien souvent introuvable.
Enseveli parmi les ruines monstrueuses de ses actes absurdes.

(Etty Hillesum)

 

 

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Il y a en moi un puits très profond (Etty Hillesum)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2018



Illustration
    
Il y a en moi un puits très profond.
Et dans ce puits, il y a Dieu.
Parfois, je pensais à l’atteindre.
Mais le plus souvent des pierres et des gravats
obstruent ce puits et Dieu est enseveli.
Alors il faut le remettre au jour.

(Etty Hillesum)

 

 

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Oceano Nox (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2018



Jacques Philippe de Loutherbourg_q85

Oceano Nox

Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune !
Dans une mer sans fond par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis !

Combien de patrons morts avec leurs équipages !
L’ouragan de leur vie a pris toutes les pages,
Et d’un souffle il a tout dispersé sur les flots !
Nul ne saura leur fin dans l’abîme plongée.
Chaque vague en passant d’un butin s’est chargée ;
L’une a saisi l’esquif, l’autre les matelots !

Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !
Vous roulez à travers les sombres étendues,
Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.
Oh ! que de vieux parents, qui n’avaient plus qu’un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus !

On s’entretient de vous parfois dans les veillées.
Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,
Mêle encor quelque temps vos noms d’ombre couverts
Aux rires, aux refrains, aux récits d’aventures,
Aux baisers qu’on dérobe à vos belles futures
Tandis que vous dormez dans les goëmons verts !

On demande : – Où sont-ils ? sont-ils rois, dans quelque île ?
Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? –
Puis votre souvenir même est enseveli.
Le corps se perd dans l’eau, le nom dans la mémoire.
Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,
Sur le sombre océan jette le sombre oubli.

Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.
L’un n’a-t-il pas sa barque et l’autre sa charrue ?
Seules, durant ces nuits où l’orage est vainqueur,
Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,
Parlent encor de vous en remuant la cendre
De leur foyer et de leur coeur !

Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,
Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre
Dans l’étroit cimetière où l’écho nous répond,
Pas même un saule vert qui s’effeuille à l’automne,
Pas même la chanson naïve et monotone
Que chante un mendiant à l’angle d’un vieux pont !

Où sont-ils les marins sombrés dans les nuits noires ?
O flots ! que vous savez de lugubres histoires !
Flots profonds, redoutés des mères à genoux !
Vous vous les racontez en montant les marées,
Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées
Que vous avez le soir quand vous venez vers nous !

(Victor Hugo)

Illustration: Jacques Philippe de Loutherbourg

 

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