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Poésie

Posts Tagged ‘entrelacer’

Le vagabond immortel (Guo Pu)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Le vagabond immortel

Les martins-pêcheurs jouent entre les lotus offerts.
Les teintes et les formes se prêtent leur fraîcheur
Le lierre entrelace ses feuilles sombres aux hautes futaies
Et marbre ainsi la colline de dessins ténébreux.
Sur ses hauteurs, un homme à la retraite paisible
Siffle allègre aux accords des cordes du luth qu’il caresse
Et libère ainsi ses pensées pour les élever au-delà du bleu.
Les étamines des fleurs parfument sa bouche,
Il plonge alors intrépide le long des eaux qui chutent.
Sung l’Immortel apparaît — vagabond des hauteurs.
Il chevauche une cigogne et prend appui sur la brume pourpre
Sa main droite se pose sur la manche de Colline Flottante ;
Sa main gauche accompagne l’épaule de Vaste Falaise.
Permettez-moi de demander à ces vies d’éphémères,
Ce qu’ils peuvent bien savoir des années de la tortue et de la grue.

(Guo Pu)

(276-324)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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LE MIROIR (Pai Chu Yi)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2022




    

LE MIROIR

Elle s’en est allée,
Laissant un miroir dans son coffret.
Depuis qu’il ne reflète plus le beau visage,
Il est comme une eau d’automne sans lotus.

De tout l’an je n’ai point ouvert le coffret,
La poussière a revêtu le bronze du miroir.
Je l’ai essuyé aujourd’hui
Pour y regarder mes traits las.

En le reposant, ma peine s’est accrue,
Il y a sur son dos deux dragons entrelacés.

(Pai Chu Yi)

(Traduction : Patricia GUILLERMAZ.)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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UN DUO (Jacques Lacarrière)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2021



Illustration: Giorgio de Chirico
    
UN DUO
(Le duo)

Un couple de mannequins en bois utilisé dans les ateliers de sculpture :
habitants typiques du monde chiriquien.
Qu’attendre des amours d’un tel couple
si ce n’est un rituel d’insectes rigides, une pariade de robots ?

— Étant sans bras pour nous étreindre, rien ne pourra nous séparer.
— Étant sans sexe pour aimer, rien ne pourra nous désunir.
— Sans yeux et sans nez, mon visage. je suis une élégie de cire.
— Sans front; sans bouche, mon partage. je suis un brouillon de sourire.
— Mannequins au torse d’absence ?
— Simulacres que l’éther encense ?
— Appelants du plus grand silence ?
— Aubiers d’être enfantés du tremble ?

Le savez-vous qu’ainsi livrés à la rigidité dorienne des momies,
vous êtes entrelacés à l’énigme du monde?
Le savez-vous qu’en cette terrasse ensoleillée
s’ébauche en vous une théologie des automates ?

(Jacques Lacarrière)

 

Recueil: A l’orée du pays fertile
Traduction:
Editions: Seghers

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PAIX SUR LA TERRE (William Carlos Williams)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2020



Illustration: Jacob Jordaens

Peintures Jacob Jordaens au Sénat
    
PAIX SUR LA TERRE

L’Archer est debout!
Le Cygne envolé!
Or contre bleu
Une flèche allongée.
On chasse dans le ciel –
Dors en paix jusqu’à demain.

Les Ourses sont au loin!
L’Aigle hurle!
Or contre bleu
Leurs veux étincellent!
Dors!
Dors en paix jusqu’à demain.

Les Soeurs reposent
Leurs bras entrelacés:
Or contre bleu
Leurs cheveux brillent!
Le Serpent s’entortille!
Orion écoute!
Or contre bleu
Son épée scintille!
Dors!
On chasse dans le ciel –
Dors en paix jusqu’à demain.

***

PERCE ON FARTE

The Archer is wake!
The Swan is flying!
Gold against blue
An Arrow is lying.
There is hunting in heaven
Sleep safe tilt to-morrow.

The Bears are abroad !
The Eagle is screaming!
Gold against blue
Their eyes are gleaming!
Sleep !
Sleep safe till to-morrow.

The Sisters lie
With their arms intertwining;
Gold against blue
Their hair is shining!
The Serpent writhes!
Orion is listening!
Gold against blue
His sword is glistening!
Sleep!
There is hunting in heaven
Sleep safe till to-morrow.

(William Carlos Williams)

 

Recueil: Les Humeurs
Traduction: Philippe Blanchon
Editions: La Nerthe

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Vivre (Robert Momeux)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020



Vivre

J’ai cueilli cette fleur sauvage
Elle n’était belle que de loin
Je l’ai cueillie pensant à vous
Et à ce bruit d’eau que font les jours

Nous reviendrons dans ce jardin
Une autre fois quand les étoiles
Guideront la barque de la lune
Où la nuit songeuse est assise

Mais ce soir je ne peux pas
Me souvenir de mes amours
Il fait très noir et je ne sais
Quel chemin suivre pour vous joindre

A l’aube sûrement nous pourrons
Entrelacer nos mains encore
Et tout sera tellement facile
Une alouette nous guidera

Même la mort n’y pourra rien
C’est très facile d’être seuls
Il suffit de fermer les yeux
Le reste est déjà là inscrit dans la rosée.

(Robert Momeux)

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AU NET (Jean Mambrino)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2019



AU NET

Dans l’ombre de la montagne
sous les sapins foudroyés
ce mamelon d’aiguilles roses
grouille du lent tourbillon
des fourmis-hiéroglyphes
qui entrelacent et brouillent
un dessin dicté.

(Jean Mambrino)

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Si tu veux que je meure… (Rémy Belleau)

Posted by arbrealettres sur 15 mai 2019



 

Giampaolo Ghisetti -  (1)

Si tu veux que je meure…

Si tu veux que je meure entre tes bras, m’amie,
Trousse l’escarlatin de ton beau pellisson
Puis me baise et me presse et nous entrelassons
Comme, autour des ormeaux, le lierre se plie.

Dégraffe ce colet, m’amour, que je manie
De ton sein blanchissant le petit mont besson :
Puis me baise et me presse, et me tiens de façon
Que le plaisir commun nous enivre, ma vie.

L’un va cherchant la mort aux flancs d’une muraille
En escarmouche, en garde, en assaut, en bataille
Pour acheter un nom qu’on surnomme l’honneur.

Mais moy, je veux mourir sur tes lèvres, maîtresse,
C’est ma gloire, mon heur, mon trésor, ma richesse,
Car j’ai logé ma vie en ta bouche, mon coeur.

(Rémy Belleau)

Illustration: Giampaolo Ghisetti

 

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Que l’enfantin récit (Lewis Carroll)

Posted by arbrealettres sur 28 juin 2018



Lewis Carroll
    
Que l’enfantin récit, par ta main caressé,
Soit bien reçu, Alice ;
Dépose-le avec les rêves du passé
Qu’entrelace Mémoire,
Comme ces fleurs qui, par le pèlerin tressées,
Meurent loin de leur sol.

(Lewis Carroll)

 

Recueil: Alice au Pays des Merveilles / De l’autre côté du Miroir
Traduction:
Editions: Folio

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QUAND QUELQUE CHOSE DOUCEMENT (Gottfried Benn)

Posted by arbrealettres sur 29 avril 2018



QUAND QUELQUE CHOSE DOUCEMENT

Quand quelque chose doucement dans un murmure t’enveloppe,
semblable à la splendeur de la glycine sur ce mur
vient alors l’heure de ce deuil
de ne pas te savoir riche et inépuisable,

comme les fleurs ou comme la lumière :
venant en rayons, se métamorphosant,
oeuvrant à des dessins semblables
que n’entrelace tous que l’une des ivresses,

que l’un des velours où reposent les choses
coulant ainsi et ainsi compactes,
qui tracent les frontières, retiennent les heures
et ne font rien en ce deuil.

(Gottfried Benn)

 

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Ah soudain la peur (Edouard Glissant)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2018




    
Ah soudain
la peur d’être deux
dans la beauté.

L’éclair de toi la chevelure des neiges
l’éclair de moi et amour entrelacés.
Toi serpente et labourée.
Moi, écume de tes pas.

(Edouard Glissant)

 

Recueil: Le sel noir
Traduction:
Editions: Gallimard

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