Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘entrevu’

Coquelicots de mon enfance (Hamid Tibouchi)

Posted by arbrealettres sur 22 mars 2023



Coquelicots de mon enfance
entrevus à travers la fenêtre du train
petits cadeaux écarlates
bonheur des yeux

(Hamid Tibouchi)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | 2 Comments »

J’aime longer la rive (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2018




    
j’aime longer la rive
accompagner les eaux lentes
du fleuve qui descendent
vers le sud et la lumière

désentravée la pensée
n’est plus ce tourment
qui lancine t’oblige
à la combattre
lui imposer silence

elle s’échappe erre
explore des gouffres
se perd en des lointains
jamais entrevus
te coupe de ce qui t’ancre
en ce lieu et ce temps
qui donnent ses repères
à ta vie

quand tu te retournes
le chemin a disparu
qui te relie
à toi-même

(Charles Juliet)

Recueil: une joie secrète
Traduction:
Editions: Voix d’encre

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les Passantes (Georges Brassens)

Posted by arbrealettres sur 24 mai 2018



Illustration: Jacques Dormont
    
Les Passantes

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu’on connaît à peine
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais

A celle qu’on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu’on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant

Chères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir

(Georges Brassens)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LES PAROLES DU POÈME (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 24 avril 2018



 

LES PAROLES DU POÈME

Si mince l’anfractuosité d’où sortait la voix,
si exténuant l’édifice entrevu,
si brûlants sont les monstres, terrible l’harmonie,
si lointain le parcours, si aiguë la blessure
et si gardée la nuit.
Il faudrait qu’elles fussent justes et ambiguës,
jamais rencontrées, évidentes, reconnues,
sorties du ventre, retenues, sorties,
serrées comme des grains dans la bouche d’un rat,
serrées, ordonnées comme les grains dans l’épi,
secrètes comme est l’ordre
que font luire ensemble les arbres du paradis,
les paroles du poème.

(André Frénaud)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Image (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 4 décembre 2017




Illustration: Zinaïda Serebriakova
    

Image

Le père distribue la soupe à la tribu rongée d’amour
La mère signe le pain d’une croix salvatrice
où les enfants broiront l’ardeur de leurs baisers
le foin de leurs pensées s’incendie d’avenir.

Dans la tiédeur des mets languissent de belles lèvres
et le vin sent le sang, le sang frère et caché
le sang si doux dans la chair de verre :
« Que les enfants ont soif ! que les enfants ont faim ! »

Tous les désirs vivants semblent dormir ici
chiens muselés gardés la laisse au poing
et tous les tièdes yeux regardent dans la nuit
l’essaim des mouches blanches farder la terre.

C’est le silence et l’harmonie des coeurs
le père songe à la vache qui vèle
la mère songe au froid de cette neige
sur le froid du tombeau de l’enfant mort.

Jean-Paul songe à des chairs sans ombre
aux seins de la servante entrevus dans la grange
et Jeanne songe au berger de la sente :
ah ! neige née sur le feu de mon sang.

Les parents rient, des liserons de neige regardent la famille,
un Christ de poussière se meurt sur le mur
un Dieu laid comme un homme montre son coeur à nu,
l’horloge bat, ô mon coeur ! ô mon coeur ! si lente…

(Alain Borne)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Curandera

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Quand s’apaise le vent (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2017




    
Quand s’apaise le vent
Un cerf
brame au loin
Nous nous taisons

Quelle ombre lumineuse
attend encore

Jamais entrevue
Jamais ignorée
rappelant
soudain
La promesse tenue

Un jour d’avant
notre naissance

(François Cheng)

 

Recueil: A l’orient de tout
Editions: Gallimard

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le ciel était encore clair (Béatrice Marchal)

Posted by arbrealettres sur 26 mai 2017



Le ciel était encore clair
sur la masse des arbres noirs,
à la brume se mêlait une odeur
de feu de bois.
Un élan soudain
vers la joie l’amour
soulevait l’enfant
dans le crépuscule d’automne.

Sur la profondeur entrevue
se refermait la nuit,
il fallait rentrer.

(Béatrice Marchal)

Découvert chez la boucheaoreilles ici

Illustration: Lisa Lea Bemish

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »

Glorieuse naissance (Ilarie Voronca)

Posted by arbrealettres sur 11 août 2016



Glorieuse naissance

Etait-ce la mer qui apparut ou la forêt ou le feu
Ou la neige, ou la femme ou la gloire des villes ?
Quel fut donc le signe éblouissant, le soleil entrevu
Et qui fit que chacun de nous s’écria : « Je veux être ! »
car, pour qu’avec une telle force nous nous fussions arrachés
Aux entrailles des nuits, pour qu’avec une telle force
Nous eussions déchiré le ventre de nos mères,
Il a fallu qu’une joie immense nous appelât.
Je veux être ! cria chacun de nous, et nous fûmes,
Mais quel voyage lointain nous hantait déjà
Pareils au marin qui monte sur le pont du navire,
Ebloui par une secrète géographie ?
Retrouver ce qui fut le sens de nos naissances,
Ce qui nous remplissait d’une ardeur invincible !
Ne suis-je pas celui qui court vers la forêt
Mais ne connaît plus l’arbre où son trésor l’attend ?

(Ilarie Voronca)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 3 Comments »

ORAISON NOCTURNE (Maurice Maeterlinck)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2016



ORAISON NOCTURNE

En mes oraisons endormies
Sous de languides visions,
J’entends jaillir les passions
Et des luxures ennemies.

Je vois un clair de lune amer
Sous l’ennemi nocturne des rêves ;
Et sur de vénéneuses grèves,
La joie errante de la chair.

J’entends s’élever dans mes moelles
Des désirs aux horizons verts,
Et sous des cieux toujours couverts,
Je souffre une soif sans étoiles !

J’entends jaillir dans ma raison
Les mauvaises tendresses noires;
Je vois des marais illusoires
Sous une éclipse à l’horizon !

Et je meurs sous votre rancune !
Seigneur, ayez pitié, Seigneur,
Ouvrez au malade en sueur
L’herbe entrevue au clair de lune !

Il est temps, Seigneur, il est temps
De faucher la ciguë inculte !
À travers mon espoir occulte
La lune est verte de serpents !

Et le mal des songes afflue
Avec ses péchés en mes yeux,
Et j’écoute des jets d’eau bleus
Jaillir vers la lune absolue !

(Maurice Maeterlinck)

Illustration: Caroline Duvivier

 lair de lune

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 1 Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :