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Poésie

Posts Tagged ‘entrouvert’

Chaque soir laissez la porte entrouverte (Claude Esteban)

Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023




    
Chaque soir laissez la porte entrouverte,
il se pourrait qu’un souffle d’air veuille entrer
et avec lui peut-être un papillon de nuit, une feuille

tant de choses peuvent renaître
si le temps se promène à son gré
dans le noir des chambres

et s’attarde sur un miroir ou dessine
dans la tête de celui qui dort une autre pensée

le temps n’aime pas les portes
qui se referment pour se rouvrir au matin
comme si l’homme depuis toujours
disposait des heures qui tournent.

(Claude Esteban)

Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard

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Livre (André du Bouchet)

Posted by arbrealettres sur 15 février 2023



Illustration: Man Ray
    
livre
non
mais les lèvres
sur
lesquelles j’avais

lu

*
ces
lèvres alors comme
l’air

entr’ouvert

et
feuillage humain
remué

(André du Bouchet)

Recueil: Ici en deux
Traduction:
Editions: Gallimard

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Premier Matin (Charles-Ferdinand Ramuz)

Posted by arbrealettres sur 27 février 2022




    
Premier Matin

L’horloge a sonné quatre coups,
l’horloge sonne le réveil;
la rosée tombe et déjà l’aube cède à l’aurore.
L’aurore agite ses mains roses;
les fenêtres des étables
qui s’allument une une
ont de grandes ombres qui passent
à leurs croisées,
et les cheminées des cuisines fument.
Des sabots claquent sur les pavés,
un merle siffle dans les noyers
et, par les portes entr’ouvertes,
on entend le souffle des vaches,
le mouvement de leurs mâchoires
le bruit des chaînes contre le râtelier.

(Charles-Ferdinand Ramuz)

Recueil: Le Petit Village
Traduction:
Editions: Héros-Limite

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LE CHEMIN (Gilles Vigneault)

Posted by arbrealettres sur 10 juin 2020



Jeanie Tomanek  vigil [1280x768]

LE CHEMIN

Par son coeur à peine entrouvert sur l’Espace
Une étoile a posé son oeil sur mes jours
Et j’ai beau brouiller la surface
Et j’ai beau effacer ma trace
Dans ma main, le destin suit son cours

Dans ses yeux à peine entrouverts sur la ville
Un enfant pose un doigt nouveau sur la mer
Et j’ai beau lui parler des îles
Son regard au lointain s’exile
C’est marin de voir un rayon vert

Dans un corps à peine entrouvert sur ton âme
Je n’ai su que poser mes mains sur l’amour
Et j’ai beau brouiller la surface
Et j’ai beau effacer la trace
Dans ta main mon destin suit son cours

(Gilles Vigneault)

Illustration: Jeanie Tomanek

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Jour du sacrifice de printemps (Wang Jia)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2020



Illustration: Utagawa Kunisada
    
Jour du sacrifice de printemps

Au bord du lac aux Oies, riz et sorghos poussent drus
Poulaillers et porcheries ont leurs portes entrouvertes
L’ombre des mûriers s’allonge ; la fête prend fin
Saouls, on rentre, les uns les autres se soutenant !

(Wang Jia)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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Post-scriptum (Patrick Le Divenah)

Posted by arbrealettres sur 15 juillet 2018




    
Post-scriptum

Dieu qu’elle était fessue la petite serveuse
flattée d’un ceinturon qui lui bridait la taille
marchant à petits pas pour franchir le portail
peinant du poids des yeux sur ses formes pulpeuses.

lorsqu’elle revenait le plateau fier et haut
on attendait déjà l’instant qu’elle se tourne
qu’elle se penche un peu pour souligner ses courbes
et le désir croissait en descendant le dos

le regard s’attachait devinait des promesses
imaginait l’endroit où poser les caresses
se perdait dans l’espoir d’une autre découverte

mais déjà d’un pied ferme elle était repartie
laissant les yeux avides et inassouvis
se heurter à la porte laissée entrouverte

(Patrick Le Divenah)

 

Recueil: Blasons du corps féminin
Traduction:
Editions: L’Échappée Belle

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MAGRITTE (Jean-Pierre Lemaire)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2018



Illustration: René Magritte
    
MAGRITTE
(La Victoire)

Timidement, par la porte entrouverte,
un nuage passe.
Le plafond, les murs
sont devenus ciel pâle,
rivage inconnu
où poussent quelques herbes.
La mer brille au loin.
Les deux moitiés de l’horizon
se rejoindront bientôt
derrière la porte
couleur de ciel, de sable.
Elle seule est debout
dans la maison dissoute
pour t’accueillir,
doux messager,
agneau vainqueur.

(Jean-Pierre Lemaire)

 

Recueil: Figure humaine
Traduction:
Editions: Gallimard

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La fille de l’air (Jules Verne)

Posted by arbrealettres sur 4 mars 2018



    

La fille de l’air
A Herminie.

Je suis blonde et charmante,
Ailée et transparente,
Sylphe, follet léger, je suis fille de l’air,
Que puis-je avoir à craindre ?
Une nuit de m’éteindre ?
Qu’importe de mourir comme meurt un éclair !

Je vole sur la nue ;
Aux mortels inconnue,
Je dispute en riant la vitesse aux zéphirs !
Il n’est point de tempête
Qui pende sur ma tête ;
Je plane, et n’entends plus des trop lointains soupirs.

Je vais où va l’aurore ;
On me retrouve encore
Aux mers où tout en feu se plonge le soleil !
Quand son tour le ramène,
Prompte, sans perdre haleine,
je le joins, et c’est moi qu’on salue au réveil.

Qui suis-je ? où suis-je ? où vais-je ?
N’ayant pour tout cortège
Que les oiseaux de l’air, les étoiles aux cieux ?
Je ne sais ; mais tranquille,
Aux pensers indocile,
Je m’envole au zénith, au fronton radieux !

Parfois je suis contrainte ;
Mais c’est la molle étreinte
De l’amour qui me berce en ses vives ardeurs !
J’en connais tous les charmes ;
J’en ignore les larmes,
Et toujours en riant, je vais de fleurs en fleurs

Vive, alerte et folâtre
De l’air pur idolâtre
Je vole avec Iris aux couleurs sans pareil ;
Souvent je me dérobe
Dans les plis de sa robe
Faite d’un clair tissu des rayons du soleil.

Souvent dans mon courage,
Je rencontre au passage
Une âme qui s’envole au céleste séjour ;
Je ne puis, bonne et tendre,
Lorsqu’elle peut m’entendre,
Ne pas lui souhaiter vers moi le gai retour !

Des échos la tristesse
M’apprend que l’allégresse
Ne règne pas toujours aux choses d’ici-bas,
Et que parfois la guerre
Va remuer la terre.
La faim, le froid, la soif ! qu’on ne m’en parle pas !

Si jadis quelque chose
Me venait ; de la rose
C’était le doux parfum que le vent m’apportait !
Je croyais, pauvre folle,
La rose, le symbole
Du bonheur que la terre à mes yeux présentait !

La terre par l’espace
Dans l’ordre qu’elle trace
Traîne trop de malheurs et de peine en son vol ;
Le bruit souvent l’atteste,
Son spectacle est funeste,
Et certes ne vaut pas un détour de mon col !

Pourquoi m’occuper d’elle,
Je suis jeune, et suis belle ;
Mes lèvres sont de rose, et mes yeux sont d’azur :
A mes traits si limpides
L’honneur mettrait des rides ;
La terre ternirait l’éclat de mon ciel pur !

Parfois vive et folette,
Poursuivant la comète,
Dans l’espace inconnu nous prenons notre essor !
A mon front je mesure
Sa blonde chevelure
Qui traîne dans les airs un ardent sillon d’or !

Lorsque je me promène,
Pour qu’elle m’entretienne,
Pourquoi pas de compagne aux mots doux et vermeils ?
Quoi ! n’en aurais-je aucune ?
Ah ! pardon, j’ai la lune,
L’étoile, la planète, et mes mille soleils !

J’ai quelquefois des anges,
Car leurs saintes phalanges,
Je les suis en priant ; plus prompte que l’éclair ;
Sans leur porter envie,
Je préfère ma vie :
Rien n’est si doux aux sens que de nager dans l’air.

Si le sommeil me gagne,
Ma couche m’accompagne,
Couverte d’un manteau brodé de bleus saphirs ;
Dans les flots de lumière,
Je ferme ma paupière,
Laissant flotter ma robe entrouverte aux zéphirs.

(Jules Verne)

 

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Je voudrais être seul dans le sud (Luis Cernuda)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2017




    
Je voudrais être seul dans le sud

Peut-être mes yeux lents ne verront plus le sud
Aux légers paysages endormis dans l’espace
Aux corps comme des fleurs sous l’ombrage des branches
Ou fuyant au galop de chevaux furieux.

Le sud est un désert qui pleure en sa chanson,
Et comme l’oiseau mort, sa voix ne s’éteint pas ;
Vers la mer il dirige ses désirs amers
Ouvrant un faible écho qui vibre lentement.

A ce si lointain sud je veux être mêlé.
La pluie là-bas n’est rien qu’une rose entr’ouverte ;
Son brouillard même rit, rire blanc dans le vent.
Son ombre, sa lumière ont d’égales beautés.

***

Quisiera estar solo en el sur

Quizá mis lentos ojos no verán más el sur
De ligeros paisajes dormidos en el aire,
Con cuerpos a la sombra de ramas como flores
O huyendo en un galope de caballos furiosos.

El sur es un desierto que llora mientras canta,
Y esa voz no se extingue como pájaro muerto;
Hacia el mar encamina sus deseos amargos
Abriendo un eco débil que vive lentamente.

En el sur tan distante quiero estar confundido.
La lluvia allí no es más que una rosa entreabierta;
Su niebla misma ríe, risa blanca en el viento.
Su oscuridad, su luz son bellezas iguales.

(Luis Cernuda)

 

Recueil: Un fleuve, un amour
Traduction: Jacques Ancet
Editions: Fata Morgana

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LES DIMENSIONS DU JOUR (V) (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2017



Illustration: Koloman Moser
    
LES DIMENSIONS DU JOUR (V)

Sur ton corps lisse de caillou
mes mains vont, forêts en liberté,
comme vers des sommets d’où je retombe,
source altérée de soleil.

Ton coeur est si proche de mon coeur
que nos artères se mêlent les unes aux autres
et ne retrouvent plus à nos fronts qu’une seule tempe
pour faire battre l’espace.

Bateau venu de la haute mer,
je vais très loin au fond de tes plages
et je me renverse dans les fougères
qui naissent de ton corps entr’ouvert.

Lorsque nous n’avons plus pour respirer
que l’air écrasé dans nos baisers,
le jour qui nous sépare a beau faire,
il n’arrive pas à être aussi nu que toi.

(Lucien Becker)

 

Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde

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