Posted by arbrealettres sur 24 avril 2022

LE LUNATIQUE
Le soleil amorti s’absorbe dans la brume;
Ainsi qu’un astre mort mon amour s’est couché.
Le long des quais salis l’aveugle nuit s’allume;
Mon coeur est aussi vieux qu’Hérode et son péché.
Chaque vivant, moyeu d’un univers caché,
Bat, victime et bourreau, son malheur sur l’enclume;
Et les visages gris sont des flocons d’écume
Dans le noir flot humain sur l’asphalte épanché.
Amour, où sommes-nous? Est-il sûr que nous sommes? La
lune qui pâlit d’avoir pitié des hommes
Au bord des toits déserts verse un sanglot d’argent.
Et l’oeil fou des cités regarde sans envie,
Froidement lumineux et fixement changeant,
Cet astre déjà mort et plus pur que la vie.
(Marguerite Yourcenar)
Recueil: Les charités d’Alcippe
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 7 mai 2018
![Carrie Vielle (13) [1280x768]](https://arbrealettres.files.wordpress.com/2013/06/carrie-vielle-13-1280x768.jpg?w=859&h=513)
Tristesse
Au docteur Veyne.
Si je pouvais trouver un éternel sourire,
Voile innocent d’un coeur qui s’ouvre et se déchire,
Je l’étendrais toujours sur mes pleurs mal cachés
Et qui tombent souvent par leur poids épanchés.
Renfermée à jamais dans mon âme abattue,
Je dirais : » Ce n’est rien » à tout ce qui me tue ;
Et mon front orageux, sans nuage et sans pli,
Du calme enfant qui dort peindrait l’heureux oubli.
Dieu n’a pas fait pour nous ce mensonge adorable,
Le sourire défaille à la plaie incurable :
Cette grâce mêlée à la coupe de fiel,
Dieu mourant l’épuisa pour l’emporter au ciel.
Adieu, sourire ! Adieu jusque dans l’autre vie,
Si l’âme, du passé n’y peut être suivie !
Mais si de la mémoire on ne doit pas guérir,
À quoi sert, ô mon âme, à quoi sert de mourir ?
(Marceline Desbordes-Valmore)
Illustration: Carrie Vielle
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